Le Manoir des Délices
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.


si vous rencontrez un pb à l'inscription, rdv sur facebook Manoir des Délices pour le signaler
 
AccueilDernières imagesRechercherS'enregistrerConnexion
-45%
Le deal à ne pas rater :
WHIRLPOOL OWFC3C26X – Lave-vaisselle pose libre 14 couverts – ...
339 € 622 €
Voir le deal

Partagez | 
 

 Besoin d'aide ... [Bérénice]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité
Anonymous


Besoin d'aide ... [Bérénice] _
MessageSujet: Besoin d'aide ... [Bérénice]   Besoin d'aide ... [Bérénice] EmptyMer 8 Déc - 8:59

Si j'avais apprit une chose dans cet endroit de perversion, c'était la comédie. Les filles ici, la plupart en tout cas, étaient toutes devenues d'excellentes comédiennes. Car rares étaient celles qui appréciaient leur condition de fille de joie. Rares étaient celles qui écartaient les cuisses avec plaisir. Alors nous devions faire semblant … Faire croire à nos clients qu'ils étaient uniques, beaux, intelligents et de merveilleux amants. Il fallait parfois, souvent pour moi, simuler la jouissance et ainsi flatter leurs égos de mâles dominants. Nous devions être tout à la fois, l'amante, l'amie, la femme, la confidente, la tortionnaire. Il nous fallait endosser plusieurs costumes, toujours avec le sourire, sans jamais soupirer. Ainsi nous étions parfois payées un peu plus. Il nous fallait tout accepter, même le pire.

Ce début de soirée s'était annoncé sous un signe particulier. Lady Boldwin m'avait prévenu qu'un client spécial allait se présenter et qu'elle m'avait recommandé à lui. Je ne su jamais le nom de cet homme qui m'avait faite préparer dans la salle la plus horrible du Manoir, la chambre appelée ''Crimes et Châtiments''. Selon les désirs du clients, j'avais été attachée nue au mur, les poignets encerclés par de lourdes menottes reliées à d'imposantes chaînes. Je n'était pas née de la dernière pluie, je sus de suite que la soirée allait être désagréable.

Avais-je eu peur ? Oui je l'avoue. Ce genre de client n'inspire jamais confiance. Pourtant lorsqu'il était entré dans la pièce, son regard bleu azur avait su me pénétrer, me faisant certainement rougir. Il ne devait pas avoir plus de vingt-cinq ans. Un beau jeune homme au visage d'ange, aux cheveux blonds tombant soigneusement sur ses épaules. On lui aurait donné le Bon Dieu sans confessions. Seulement son regard changea vite d'intensité, devenant froid et glacial comme une nuit d'hiver. Lorsqu'il s'était retrouvé face à moi, ses mains chaudes s'étaient glissées sur ma peau nue, palpant mes seins, mon ventre, mes hanches, se glissant entre mes cuisses, ce qui le fit sourire. Et la première gifle fut infligée.

« Tu vas perdre ton sourire ma jolie. »

Sa voix me glaça le sang. Mon supplice débuta. Je fus d'abord frappée, griffée, mordue. Lorsqu'il eut assez de me voir saigner, de voir mon regard embuée par les larmes, il me détacha et me jeta sur le sol froid. Première prise de force. Entre mes cuisses il s'installa, me pénétra avec violence. Ses coups de reins secouèrent mon corps pendant que ses ongles agrippèrent mes hanches. Mais il ne libéra pas sa semence en moi. Pas de suite en tout cas. Ce fut avec force qu'il me retourna, me plaquant sur le ventre. Seconde prise de force. Son membre s'était glissé entre mes fesses rebondies, m'arrachant un cri de douleur. Aucune tendresse.
Lorsqu'il décida qu'il était temps de se retirer, il se vida sur mon visage, me forçant à avaler sa semence dégoûtante.

S'il s'était arrêté là, je me serais estimée heureuse. Mais mes pleurs et mes cris de douleurs ne furent visiblement pas assez intenses pour lui. Le fouet à la main, il fit claquer les lanières de cuir sur mes cuisses, fendant ma chaire. Me glissant tant bien que mal jusqu'au lit, je voulu me relever, fuir. En vain. Il fut bien plus fort que moi.

Recroquevillée contre le lit, nue comme un vers, je pleurai à chaudes larmes, abandonnée dans la pièce. L'homme avait jeté les pièces sur le sol, me crachant au visage. Mes cuisses étaient rougies par le fouet et le sang qui s'était échappé des plaies. Morsures, griffures, mes hanches, mon ventre, mes seins, mon cou … Presque toutes les parties de mon corps étaient marquées par cet homme abominable.

Je n'avais plus de force. Pourtant je pleurais rarement, j'assumais ma vie, m'estimant heureuse d'être encore en vie. Mais là les larmes coulèrent, ne voulant plus s'arrêter. Je n'eus pas la force de me relever, de bouger. Être salie n'était en soi pas un problème, c'était une habitude. Mais être ainsi violentée n'était pas une vraie habitude. Je sanglotai, tremblant sur le sol frais de la pièce.

-Aidez moi.

Ce furent les seuls mots qui s'échappèrent de mes lèvres lorsque j'entendis des pas dans le couloirs. Le supplice allait peut-être reprendre, mais j'espérai qu'une âme charitable viendrait m'aider.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


Besoin d'aide ... [Bérénice] _
MessageSujet: Re: Besoin d'aide ... [Bérénice]   Besoin d'aide ... [Bérénice] EmptyVen 10 Déc - 17:41

« Aidez-moi… »

Des mots simples, et un résultat si difficile à obtenir. Des mots difficiles à exprimer, également. Reconnaître sa propre situation de détresse est, pour certaines personnes, un grand pas en avant. Dans mon cas, c’est une évidence telle que je n’ai pas besoin de m’analyser pour comprendre ce dont j’ai besoin.
Je veux sortir d’ici. Retrouver ma vie d’avant.
S’il m’est impossible de retrouver mes parents, je veux au moins retrouver mon mari. Même s’il ne m’aime pas et n’aimera jamais une femme qui ne lui donnera pas d’héritier. Au moins possédais-je avec lui quelques affaires personnelles, des robes, bien plus que je n’ai pu en prendre avec moi, et des livres, surtout. Mes livres ! Bien entendu, je n’ai pas été vendue avec.
Je pense qu’il les a brûlés juste après mon départ forcé.
Il ne m’aime pas, il hait tout ce qui me rappelle à lui. Plutôt que de regretter cette période, je ferais mieux, moi aussi, de le chasser de mon esprit.
Mais pour quelle autre vie !...

Je suis encore une novice, ici. Il me faut accepter ma condition avant que l’on puisse me donner à quelque homme que ce soit. Je n’ai encore rencontré aucun client. Je n’ai pas le droit de descendre à leur rencontre. Ce soir, j’ai envie de désobéir.
Je me sens comme une enfant à qui l’on interdit un bal, parce qu’elle est trop jeune. Je ne suis pas trop jeune ! J’ai 22 ans et je me suis mariée ! Pourquoi obéirais-je aveuglément aux ordres de ces gérants dont je ne connais même pas le visage ?
J’entends des voix, des rires, l’ambiance est festive. Puisque je suis condamnée à vivre ici, pourquoi ne puis-je pas me joindre à la fête ? Je veux m’y joindre et personne ne m’en empêchera.

J’ai gardé une simple robe bleue, légère, qui flotte autour de moi. Elle enveloppe mes pas, les rendant de velours. Je me déplace silencieusement, précautionneusement, prête à disparaître au moindre bruit suspect.
Qui aurait cru que je retrouverais mon âme d’enfant en Enfer ?

C’est un Enfer inhabituel. Un Enfer où l’on est partagé entre tentation et horreur.
Je cède à la première tentation et me retrouve, seule, dans un couloir du premier étage. Je veux descendre encore plus, mais je suis arrêtée par cet appel, le même qui emplit tout mon être et que j’aurais du prononcer, mais que j’ai refoulé pour aujourd’hui parce que je n’avais personne à qui l’adresser.

« Aidez-moi… »

*Non ! Vous, aidez-moi ! Vous ne savez pas qui je suis ! Je vaux mieux que ce à quoi on me destine. Vous devez me faire sortir ! Qui a parlé ?...*

Puis c’est une porte ouverte sur l’horreur. Une femme, par terre. Elle saigne. Je me signe, machinalement. Est-elle morte ? Comment est-ce arrivé ? C’est un triste spectacle que je n’ai encore jamais vu.
Tant de questions se bousculent dans ma tête. En revanche, je n’hésite pas une seule seconde sur la conduite à tenir. Je m’engouffre dans la chambre, sans prêter attention aux alentours. Il me faut venir en aide à cette pauvre femme. Car personne d’autre ne le fera.
A la vue des multiples blessures, qu’on lui a fraîchement infligées, je me sens mal. Je n’ose imaginer les conditions dans lesquelles elle s’est trouvée, quelques minutes seulement auparavant. D’un bond je sors de la chambre. Pour la bonne cause, en ne cessant de prier pour que personne ne lui fasse davantage de mal en mon absence.
Je sais que la salle de toilette commune renferme le nécessaire dont j’ai besoin pour m’occuper de cette femme. Un linge propre, de l’eau, et je redescends à pas de loup, refermant sur nous la porte de cette chambre maudite.

La douleur peut rapprocher des êtres. Mes soins se font délicats tandis que j’éponge le sang qui s’échappe de son corps. Contre ses larmes en revanche, le remède doit être oral. J’adopte le tutoiement comme si je la connaissais depuis toujours.

« N’aie pas peur. Je vais m’occuper de toi… »
*Oh Seigneur, aidez-la !...*

Parfois l’on se rend compte qu’il y a pire souffrance que la nôtre sur Terre…
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


Besoin d'aide ... [Bérénice] _
MessageSujet: Re: Besoin d'aide ... [Bérénice]   Besoin d'aide ... [Bérénice] EmptyLun 20 Déc - 9:23

Lady Boldwin nous répétait souvent que nous devions être fière d'être des filles de joie. Selon elle nous apportions énormément aux hommes et aux femmes qui venaient se livrer à des plaisirs presque interdits. Le libertinage, l'adultère, devaient ne pas être dévoilés, pourtant tous ici le pratiquaient. Nous donnions du plaisir et offrions du bonheur là où épouses et parfois époux, ne parvenaient plus à en donner. Voilà pourquoi nous devions être fières de nous. Pourtant rares étaient celles qui assumaient cet emploi, rares étaient celles qui étaient consentantes. Moi j'assumais. Ne sachant plus qui j'étais, je m'étais construite ma vie ici? J'étais une catin, j'assumais entièrement. Mais parfois il y avait ces clients que ne nous respectaient pas. J'en venais à me demander comment les Boldwin pouvaient ainsi laisser n'importe qui entrer dans leur Manoir. N'avaient-ils pas besoin de leurs filles ? Pourquoi ? Pourquoi laissaient-ils des monstres nous mener la vie dure ? C'est vrai, je n'avais pas souvent rencontré de tels hommes depuis mon arrivée ici. Mais ce genre de client pouvait nous marquer à vie. J'étais douce, courageuse je crois. Pourtant à cet instant j'avais peur et surtout j'avais mal.

Un espoir ou une désillusion ?

Les pas sur le seuil de la porte auraient peut-être du m'angoisser. Mais que pouvait-il m'arriver de pire ? Que le client revienne ? J'en doutais fortement? Ce genre d'homme là préférait passer à autre chose. Ses pulsions avaient été satisfaite plus qu'il ne l'avait certainement espéré et j'osais croire que par crainte il avait fuit le Manoir pour ne jamais y remettre les pieds. En tout cas je priais pour que jamais il ne revienne ici, qu'il ne touche à aucune autre fille. Car certaines étaient plus fragiles que moi, moins fortes. D'autres étaient bien plus rebelles et auraient peut-être souffert plus que moi.

Mon corps tout entier me faisait souffrir. Le sang commençait à sécher par endroit, tiraillant ma peau, alors qu'à d'autre, là où le fouet m'avait lacéré, le sang coulait encore. Ma tête commençait à tourner à cause du choc et de la douleur. J'aurais voulu me débrouiller seule, mais je ne parvenais pas à trouver la force de me relever par moi-même. J'étais plus du genre à aider les filles du Manoir, pas du style à me plaindre, à pleurnicher. Mais là j'avais réellement et sincèrement besoin d'aide.

Les pas entrèrent dans la pièce et je fus soulagée de voir qu'il s'agissait d'une femme, d'une des filles du Manoir. Je l'avais déjà aperçue, je sus don de suite que je ne risquai plus rien. Mon regard plein de larmes se posa sur elle, suppliant de me venir en aide. Elle semblait choquée de me voir ainsi. Oui je l'avoue, ça n'était pas tous les jours -heureusement d'ailleurs- qu'une fille se faisait abîmer ainsi. Mais sans rien dire elle quitta la chambre.

-Attends ! Soufflai-je avec le peu de force qui me restait.

Je voulu me relever, regarder par dessus le lit, mais une douleur violente dans les côtes me stoppa net, m'arrachant une grimace et un gémissement de douleur. A cet instant précis je cru sincèrement devoir me débrouiller seule. Seulement je n'en avais pas la force, même avec toute la bonne volonté du monde.

Soudain j'entendis la prote se refermer et des pas doux revenir vers moi. Mon regard se posa à nouveau sur la demoiselle, la remerciant ainsi sans rien dire. Alors mes larmes coulèrent à nouveau à flot tandis qu'elle épongeait le sang de mes plaies. Ce fut douloureux mais je pus le supporter. Ses mots me firent du bien et sous mes larmes de peine et de souffrance, un léger sourire s'afficha.

-Merci, dis-je d'une voix douce, cherchant à me redresser, enfin à me mettre assise. J'ai cru que personne ne m'entendrait.

Une nouvelle grimace. Je crois n'avais jamais connu de douleurs aussi intenses depuis ma guérison d'après mon ''accident'', celui où les Boldwin m'avaient récupéré.

-Je m'appelle Rose, et toi ? Tu es nouvelle ici non ?

Malgré les douleurs je restais calme et agréable. Je sentis sa peur à elle ou quelque chose qui s'en approchait. Éprouvait-elle de la pitié ? J'espérais que non, je ne voulais pas de pitié. De l'amitié oui, mais rien d'autre. Sa présence était déjà réconfortante. Car il n'y avait rien de pire que la solitude dans une telle situation.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


Besoin d'aide ... [Bérénice] _
MessageSujet: Re: Besoin d'aide ... [Bérénice]   Besoin d'aide ... [Bérénice] EmptyJeu 23 Déc - 22:00

S’oublier un instant en se préoccupant d’une autre vie que la nôtre. Je n’ai jamais pris conscience des bienfaits de cette attention dispensée, envers la personne qui en est l’objet comme envers la personne qui les dispense ; moi en ce cas présent.
Je suis en effet totalement absorbée par ma tâche, ne pensant plus qu’à effacer les traces de son calvaire. Sa peau est pâle, presque translucide, une fois le linge humide passé sur ses blessures. Elle est sans défense, sans remparts contre les assauts du monde, totalement abandonnée à mes soins. Si fragile… Je sais bien que rien de ce qui est en mon pouvoir ne pourra lui faire oublier cette soirée, car je ne possède pas beaucoup plus qu’elle, si ce n'est même moins. Je sais qu’elle souffrira encore physiquement et psychiquement. Que la peur l’habitera encore pendant des nuits interminables.
Mais cela ne me coûte rien de déployer quelques moyens pour lui redonner foi en la nature humaine. Il ne faut pas qu’elle puisse perdre ce qui a raccroché plus d’un être à la vie.
L’amitié est une raison de vivre légitime.
Car qui, mieux qu’un ami, peut comprendre vos doutes et vos bonheurs, vos joies comme vos peines ?

Alors que je me ferme petit à petit au monde qui nous entoure, sa voix se fait entendre, faible, très faible, mais suffisamment sonore pour me faire légèrement sursauter. Je ne m'étais pas attendue à ce qu'elle me parle si vite et, dans le silence complet, même le vol d'une mouche m'aurait peut-être surprise. Cette chambre a sans doute été conçue pour filtrer les bruits extérieurs… ou plutôt pour cacher aux passants du couloir les cris qu’elle renferme. On ne peut donc rêver meilleur endroit isolé. De ce point de vue, nous y sommes en sécurité.
Et pourtant, je ne peux me départir d’une certaine angoisse, fondée seulement sur des suppositions, mais des suppositions réalistes : Et si son bourreau revenait ? Et si un nouveau tortionnaire attendait après cette chambre et se voyait ravi de partager cet endroit avec plusieurs femmes ? Et si le couple Boldwin s’impatientait de voir sortir la fille de joie pour lui demander je ne sais quoi ? Une chose est sûre : elle n’est pas en état de recevoir d’autres clients cette nuit, et ne le sera sans doute plus pour plusieurs nuits d’affilée. Elle n’est même plus en état de se relever, ni de marcher seule. Elle n’est en état pour rien, si ce n’est se reposer et reprendre des forces. Il faut que je l’éloigne du lieu de son cauchemar. Mais comment faire ? Déjà l’empêcher de bouger en vain.

« Je t’en prie, c’est tout naturel. Je ne pouvais pas te laisser, j’en aurais perdu toute humanité », réplique ma voix qui se veut douce. « L’humanité, l’amitié, c’est bien ce qui nous fait tenir ici, non ? »
C'est son expérience que je questionne ici. Je ne sais depuis combien de temps elle exerce au Manoir, mais une chose est sûre : elle y est depuis plus longtemps que moi.

Ne pouvant ignorer plus longtemps les tentatives de Rose pour se redresser, j’entreprends de glisser mes mains sous ses bras pour maintenir son buste le plus droit possible et la faire asseoir contre le lit.
Puis je poursuis avec un mince sourire. Mince, mais franc.
« Tu as tout à fait raison, je viens d’arriver. Il y a un ou deux jours. Oh, et je m’appelle Bérénice. »

D’habitude, je fais immédiatement suivre mon prénom de mon nom de famille, et je toise, même inconsciemment, du regard la personne qui me fait face si elle est d’un rang inférieur au mien. Je n’ai pas encore eu le temps de me faire à l’idée qu’ici, je n’ai plus de rang. Je suis une apprentie, autant dire, plus rien. Envers Rose, je ne ressens aucune supériorité.
Suis-je en train de perdre mes habitudes ?

Mes mains s’égarent dans ses cheveux, sans aucune arrière-pensée, juste l’envie d’apaiser ses tourments et de lui prouver qu’elle peut compter sur quelqu’un. Et peut-être me le prouver à moi-même. Je n’ai encore pas songé me faire des amies ici. Les autres filles, je ne les ai croisées que fugacement dans les couloirs, ou je les ai regardées dormir.
C’est une force naturelle qui nous pousse à tisser des liens, pour ne pas sombrer dans un isolement qui entraînerait la folie.
Madame Hooper semblait confiante lorsqu'elle m'a reçue. Elle sait que des liens indestructibles entre les filles se tissent dans la douleur commune.

Sans plus attendre, j’ai besoin de lui faire partager mes pensées.
« Ce genre de... torture se produit-il souvent ? C'est un endroit infâme, ce Manoir. Je n'ai pas choisi d'y venir, je m'y suis à peine installée, mais je ne rêve que d'une chose : en repartir. J'imagine que toi aussi, n'est-ce pas ? »
Simple question rhétorique car pour moi, sa réponse coule de source. Une réponse négative m'aurait surprise, voire déstabilisée. C'est pourquoi je n'attends pas pour poursuivre mon monologue à voix haute, m'enflammant de plus en plus.

« Mais je pense que le plus important pour l'heure est de sortir d'ici avant que quelqu'un d'autre n'arrive. C'est incroyable ! Pourquoi personne n'a réagi avant moi ? Il doit forcément y avoir une infirmerie, un médecin ! Crois-tu que tu pourras marcher un peu ? Je vais te soutenir bien sûr... »

Et dès que tu auras besoin de mon aide, je serai là, car il semble que nous soyons seules au monde. Seules face à son absurdité, et seules face à ses horreurs.
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


Besoin d'aide ... [Bérénice] _
MessageSujet: Re: Besoin d'aide ... [Bérénice]   Besoin d'aide ... [Bérénice] EmptyMar 28 Déc - 15:32

Elle était nouvelle, j'en aurais mit ma main à couper. J'avais déjà vu son visage mais n'avais jamais parlé avec elle. Parfois les soirées étaient si pleines que nous avions tout juste le temps de parler entre nous et lorsqu'enfin nous pouvions nous reposer, nous tombions de fatigue sans dire un mot. Certains pouvaient croire que nos vies étaient faciles, ça n'était guère le cas. Mais qui tenait compte des pensées d'une fille de joie ? Pas grand monde malheureusement. Nous pouvions nous estimées heureuses lorsqu'un homme agréable payait pour partager nos draps durant quelques heures. Ces moments là étaient bons, des moments de répit durant lesquels nous pouvions presque nous sentir femmes.

La jeune femme m'aida à me redresser un peu, adossée contre le lit. Je cherchai à taire les douleurs qui ravagèrent mon corps et qui firent brûler mes yeux de larmes. La voix de Bérénice, car c'était ainsi qu'elle se présenta à moi, était douce et agréable à entendre. Une voix réconfortante qui ne pouvait que me faire du bien à cet instant. Elle était donc une apprentie et j'imaginais facilement que sa vie ici ne lui plaisait pas. Mon regard brillant lui prouvait ma souffrance mais également toute ma sympathie lorsque ses doigts fins et gracieux glissèrent dans mes cheveux, en une caresse apaisante et délicate. Elle se voulait rassurante à mes côtés alors qu'elle-même semblait trembler de peur.

-Tu as raison, l'amitié nous aide à tenir. Il faut s'aider et se soutenir sans cesse dans les moments difficiles. Mais toutes n'ont pas cette vision des choses et prônent le ''chacun pour soi.''

Bérénice allait être étonnée de découvrir que certaines filles étaient prêtes à se taper dessus pour se faire le plus de clients possible, pour avoir encore et encore de l'argent. Les Délicieuses aimaient leur travail, ne rechignaient jamais et parfois elles pouvaient se montrer hautaines, mépriser les plus petites, les moins expérimentées. La jeune Apprentie allait vite comprendre le fonctionnement des lieux, elle allait vite se rendre compte qu'ici tout n'était pas toujours rose et que les clients n'étaient pas toujours à l'origine de nos ennuis. Mais si elle le voulait, si elle acceptait mon aide alors elle serait la bienvenue à mes côtés. Je connaissais les filles et j'étais une fidèle amie. Avec moi elle pourrait rire, pleurer, parler sans avoir honte. Après tout nous étions toutes au même rang, nous exercions le même métier avec plus ou moins de dégoût ou de plaisir.

Lorsqu'elle reprit la parole, je compris qu'elle avait besoin d'être rassurée ou tout simplement d'entendre la vérité. Elle ne portait pas cet endroit dans son cœur. Je ne connaissais encore rien de son histoire mais il était évident qu'elle haïssait les lieux de toute son âme et elle rêvait déjà d'en partir, pensant que c'était également le cas pour moi. Elle dut le penser si fort qu'elle ne me laissa pas le temps de répondre. J'aurais voulu lui expliquer que moi je ne rêvais pas de partir d'ici, car je n'avais nul part où aller. Ma vie était ce Manoir, même si tous les jours n'étaient pas évidents à vivre. Je ne connaissais rien d'autre, j'avais tout oublié.

Avais-je été une fille de grande famille riche et influente ? Avais-je été mariée, avais-je des enfants ? Souvent je m'étais posée ces questions, cherchant à raviver des souvenirs enfouis dans ma mémoire, mais rien ne revenait, tout était oublié. Alors qu'avais-je d'autre que ce Manoir que les Boldwin m'avaient autoriser à habiter ? Rien, rien du tout. Je ne connaissais même pas mon vrai prénom. J'étais Rose, voilà tout.

Oh si tu savais Bérénice comme nous sommes différentes toutes les deux. Tu rêves de quitter cet endroit, retrouver les tiens. La vie ici te fais peur. Moi c'est l'extérieur qui m'effraye chaque jour, c'est de ne pas savoir qui je suis qui me fait peur. Je n'ai rien, plus rien à moi si ce n'est mes robes et mon corps.
Ma nouvelle amie, du moins je l'espérais, souhaitait me sortir de cette chambre. Je n'avais rien contre l'idée, bien au contraire. Cette pièce me donnait toujours froid dans le dos et par chance je n'avais pas eu à m'y rendre bien souvent. Je n'étais pas certaine de pouvoir aller bien loin, mais en faisant un gros effort je pouvais marcher malgré tout.

-Il y a un infirmerie, je ne sais pas si le Docteur Langlois est là aujourd'hui. Un soupire s'échappa de mes lèvres alors je bougeai un peu. Si tu m'aides je devrais pouvoir marcher un peu, je l'espère en tout cas. Je ne veux pas rester dans cette pièce plus longtemps. Il ne reviendra pas mais … cet endroit me répugne.

Avec son aide je fus mise debout, difficilement car tout mon corps me faisait terriblement souffrir. Je n'avais jamais connu ça auparavant, du moins pas avec les clients; Car en plongeant dans mes souvenirs je pouvais facilement me rappeler mon réveil ici, après mon accident, le corps meurtrit.

La tête me tournait, d'une voix douce je lui demandai de m'installer d'abord sur le lit, pour reprendre mon souffle qui me manquait déjà. Doucement je tirai les draps sur moi, enroulant mon corps dans le fin tissu pour cacher les marques et ma nudité. Après un nouveau soupire et un petit sourire je fus prête.

-Nous pouvons y aller, du moins essayer.

J'espérai de tout cœur arriver jusqu'aux dortoirs ou l'infirmerie mais je n'étais guère certaine d'y parvenir.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
Anonymous


Besoin d'aide ... [Bérénice] _
MessageSujet: Re: Besoin d'aide ... [Bérénice]   Besoin d'aide ... [Bérénice] EmptyJeu 17 Fév - 22:07

Je n'ai pas souvent connu d'emportement aussi virulent. Je suis une personne calme, qui se contente de ce que les autres veulent bien lui donner. Je suis du genre à me laisser marcher sur les pieds, et à m'excuser par dessus le marché. Mais pour une fois, une cause me tient à coeur, une cause me demande beaucoup d'investissement personnel, et cela est simple à fournir, plus simple que je le pensais, car je n'ai pas le choix. Je suis au coeur de cette cause, j'en suis une des principales concernées. Venir en aide aux femmes qui souffrent, pour oublier ma propre souffrance. Il y a un petit côté égoïste, dans la tâche que je me suis fixée, mais pourquoi renierais-je ce qui me pousse à agir ?
Et je commence avec Rose...

Mais avec Rose, ce n'est pas pareil. Elle est véritablement la première femme que je rencontre, la première à connaître la même situation que moi. Pourtant, elle n'est pas très loquace. J'aimerais qu'elle se confie à moi, qu'elle oublie ses peurs et qu'elle cesse de taire ses doutes, mais il me faut la comprendre. Comment se confier librement à quelqu'un qu'on ne connaît que depuis quelques minutes à peine ? Elle-même ne sait rien de mes secrets ni de mon histoire. J'espère que ce manquement sera vite comblé.
J'ai besoin de quelqu'un à mes côtés, je n'y arriverai pas seule.

J'admire vraiment la force d'âme de cette femme. En dépit de tout ce qu'elle a subi, elle trouve encore la force de prendre sur elle, d'essayer de me protéger. C'est ainsi que j'interprète la façon dont elle s'enroule dans les draps de manière à dissimuler le plus possible les marques de son calvaire, et le sourire dont elle orne son visage. Je la vois si forte que je me permets d'anticiper sur l'avenir :
« Tu vas pouvoir marcher, j'en suis sûre. »
Et je lui adresse à mon tour un sourire d'encouragement avant de me diriger vers la porte. Je l'ouvre, et passe rapidement la tête au dehors pour m'assurer que le couloir est désert. Je cours à nouveau vers Rose pour lui apporter mon aide.

Après quelques pas maladroits, nous arrivons déjà dans le couloir.
« Tu vois ? Nous sommes bientôt arrivées. Ne pense pas à l'effort, pense au repos qui t'attend lorsque nous aurons atteint l'infirmerie... »
Mais je dois bien avouer que je dis cela pour me convaincre moi-même. Car je n'ai aucune idée du chemin à emprunter pour atteindre le lieu de soins de la où nous nous trouvons. Instinctivement, je l'entraîne vers le seul lieu connu : le dortoir. C'est au moment où je reprends conscience de ma responsabilité que je sens la pauvre Rose chanceler plus que jamais.
Une évidence s'impose à mon esprit, une évidence dont j'aurais dû me rendre compte bien plus tôt : nous n'atteindrons pas la porte menant aux dortoirs. Et quand bien même nous y arriverions, elle ne pourra monter l'escalier.

Une porte, une seule porte se trouve à notre proximité. Je n'hésite pas une seconde. Rose doit s'asseoir, s'allonger.
Et nous voilà, sans que je le sache, dans le sanctuaire interdit.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé




Besoin d'aide ... [Bérénice] _
MessageSujet: Re: Besoin d'aide ... [Bérénice]   Besoin d'aide ... [Bérénice] Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

Besoin d'aide ... [Bérénice]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Le Manoir des Délices :: Epilogue :: Archives RP-