Depuis quelques semaines maintenant, je me rendais plusieurs fois dans la semaine, au manoir des Boldwin. Sans prétention aucune, je commençais à être reconnu. Il faut dire qu’hormis les messieurs de passages, occasionnelles, nous n’étions finalement pas tant que cela, à venir plusieurs fois dans la semaine. Il fallait avoir les finances pour s’assurer une telle régularité après tout. La dame, à l’accueil, m’accueillait toujours avec le même sourire charmant, et petit à petit, j’avais établis avec elle, une sorte de relation plutôt amicale. Je devais être le plus poli, courtois possible, afin de ne pas attirer négativement l’attention sur moi. Mon supérieur, après mes premiers rapports, m’avait rappelé la nécessité de laisser de mon passage en ce manoir, qu’une vague impression, une image floue de moi. C’était bien trop difficile et je lui avais expliqué, en vain, qu’il m’était bien trop difficile de ne pas me montrer agréable et élégant, plutôt que détaché et discret. D’ailleurs, la discrétion attirait souvent mon attention, bien plus que quelqu’un de souriant, chaleureux…

En cette soirée, après avoir dormi quelques heures dans l’après midi, je m’étais décidé à faire une visite au manoir. Comme à l’habitude, j’y fus accueillit avec courtoisie. L’on me conduisait dans le salon d’accueil, afin d’attendre une demoiselle. J’indiquais alors discrètement à la dame de l’accueil, que je souhaitais discourir avec Angelina. Lui glissant une piécette pour ce service, qu’elle ne tarderait pas à me rendre, j’attendais alors patiemment dans ce salon. Il n’était nul besoin de commencer une conversion, ou même de saluer, les autres clients. Beaucoup étaient des hommes mariés, voir des pères, et près peu, pour ne pas dire aucun, ne souhaitaient qu’on les reconnaisse, ou qu’on les dérange. C’était étrange à vrai dire. A la fois, ils devaient ressentir une certaine satisfaction à tromper la confiance, à plaire encore, ou à avoir l’illusion de séduire de jeunes femmes, et en même temps pourtant, ils éprouvaient une sorte de honte, de gêne à venir se perdre dans les méandres de la luxure, en cet endroit. Une conception qu’il m’était difficile d’expliquer, de cerner. Pour ma part, je n’avais pas réellement à me soucier de ses questions, n’étant pas marié, n’ayant personne chez moi à m’attendre. Et puis, en tant qu’officier, je m’étais toujours un point d’honneur à assumer mes actes, mes choix…

"Monsieur, si vous voulez bien me suivre."

La dame de l’accueil était venue me chercher, lorsqu’elle s’était assurée qu’Angelina était libre, et prête à me recevoir. J’avais connu Angelina au manoir, ici même. Une femme tout à fait charmante, souriante, avenante, d’une beauté certaine. Très vite, et sans que je puisse l’expliquer simplement, une amitié était née entre nous. Bien sur, je restais quelque part, le client pour elle, mais j’avais très rapidement surmonté l’image que je pouvais avoir d’elle, en tant que simple professionnelle. Si mon but n’était certainement pas de me créer, des amitiés superficielles, visant qu’à améliorer l’efficacité de ma mission en ce lieu, j’avais développé pourtant quelques véritables liens avec des filles travaillant ici. C’était à la fois bien plus agréable, car je ne devais que peu tricher en réalité avec elles, et surtout, la confiance aidait grandement pour obtenir de précieuses informations. La dame me conduisait maintenant dans le couloir, sur lequel donnaient plusieurs chambres. Puis, elle se stoppait devant l’une d’elle, me laissant là finir le chemin par moi-même. Aussitôt, je frappais à la porte devant moi, avant d’entrer…

"Bonsoir Angelina."

Je pénétrais dans la chambre lentement, prenant soin de refermer la porte derrière moi, avant de venir saluer la demoiselle d’un sourire, mais aussi et surtout, d’un baise main. Un geste que l’on disait réservé à la noblesse, aux dames mariées, de bonnes fortunes, mais que j’aimais aussi partager avec quelques personnes ici…

"Je rentrais du travail, et j’ai eu l’envie de venir te voir"

L’on aurait presque dit un couple, mais il n’en était rien. J’avais des objectifs en tête, de la suite dans les idées, et même si je respectais beaucoup Angelina, j’avais un roi à servir, à renseigner régulièrement. Passant la main dans la poche intérieure de mon veston, j’en ressortais un paquet, noué d’un joli nœud rose…

"Je me suis dit que cela te ferait plaisir. Ce sont des chocolats de Bruges. On les dit délicieux."

Pour ce genre de chocolat, il fallait débourser une vraie petite fortune, sans parler du voyage jusque cette ville célèbre justement pour ses chocolats. Je n’avais jamais encore parler de mon métier à Angelina, malgré les fois où l’on s’était vus…

J'avais passée une soirée mouvementée. Je décidais de prendre un bain histoire de me détendre avant le prochain client. J'en avais vraiment besoin. J'étais endolorie et fatiguée... J'avais fait couler un bon bain chaud et je m'y installais lorsqu'il fut rempli. Je fermais les yeux, laissant mes pensées vagabonder et mon corps se détendre sous la chaleur de l'eau. Une heure après je finis par sortir de l'eau, le bain commençait à être froid et je voulais passer un peu de temps pour me préparer. Je me séchais, et enfilée un corset blanc décorée de perles transparentes. Je portais également une robe transparente par dessus. Je me dirigeais vers ma coiffeuse pour me pomponner un peu en ajoutant de la poudre de riz sur mon visage et mes épaules. Je démêlais mes long cheveux et fixais quelque rubans parsemés de perles transparentes assortie à mon corset. Je me fixais dans le miroir et me forçais à sourire un peu. J'avouerais que je n'étais pas d'une humeur joyeuse ce soir-là. Je n'avais pas vu de clients régulier depuis quelques temps et cela m'inquiétais un peu. Et je n'étais pas la seule à m'en être aperçue... J'essayais de ne pas trop y penser bien que certains me manquaient quelques peu... Tel que Tristan... Un homme charment et respectueux que j'appréciais énormément. Malgré que se soit seulement un client, je m'étais un peu attachée à lui parce qu'il était vraiment gentil et doux à la fois. Seulement, je savais que nous n'étions pas du même monde et que nous ne vivions pas du tout pareil. Nous étions bien pour seulement quelques heures et cela nous suffisait ...

J'étais assise à ma coiffeuse, j'allais pas tarder à descendre lorsqu'on frappa à ma porte. Je me détournais légèrement fronçant quelques peu les sourcils. Pas grand monde était convié à entrer chez moi.

- Entrez!

Je souriais de bonheur à la vue de cet être qui se tenait devant ma porte et qui la referma derrière lui. Je restais assise le voyant s'approcher de moi et lui rendis son sourire charmant. Il me prit alors la main et, y déposa un baiser comme il l'aurait fait à une grande Dame. Avec lui je me sentais différente, à chacun de ses gestes, chacune de ses paroles ...

- J'en suis heureuse, et je suis ravie de te revoir Tristan. Ça fait tellement longtemps!

Malgré le fait qu'il soit courtois, gentil et respectueux envers moi, nous étions très différents et n'avions pas les même objectifs en tête. Je ne connaissais pratiquement rien de la vie de Tristan et j'estimais que cela ne me regardais pas. S'il voulait m'en parler il était libre de le faire, sinon je ne lui en voulait pas pour ça. Surtout pas à lui. Il était libre de ses choix, tout comme je l'étais des miens. Je le vis sortir un paquet de sa veste qu'il me tendis par la suite. Il m'expliqua alors ce que c'était et je souriais, heureuse de ce présent. Je le regardais dans les yeux profondément.

- Oh,... c'est vraiment très gentil. Il ne fallait pas voyons ... Je te remercie.

Je me levais, rangeais les chocolats dans l'un de mes tiroirs et m'approchais de Tristan pour déposais un baiser sur sa joue. Je me doutais que Tristan voyageait beaucoup mais je ne lui avais jamais trop poser de questions. Ça ne me regardais pas après tout. Je le pris par la main et l'emmena s'asseoir sur le lit comme nous le faisions très souvent pour discuter de temps à autre.

- Alors comment vas-tu depuis tout ce temps?

J'avais garder sa main dans la mienne. Nous étions très proche et j'aimais énormément cette relation qui nous unissaient tous les deux. Mon regard était ancré dans le sien, un sourire dessiné sur mes lèvres.