Le Manoir des Délices
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 Jouer avec le feu [Alan] [Terminé]

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Jouer avec le feu [Alan] [Terminé] _
MessageSujet: Jouer avec le feu [Alan] [Terminé]   Jouer avec le feu [Alan] [Terminé] EmptyMer 25 Avr - 17:04

« A trop jouer avec le feu, on se brûle… »

***

Je revois encore leurs regards haineux et néanmoins satisfaits lorsqu’ils m’ont dit ça d’une seule et même voix. Lady Boldwin fulminait. Elle me détestait et m’aurait tuée sur place si elle l’avait pu. Son aversion pour moi sautait aux yeux. Maxime, quant à lui, était également furieux. Il me connaissait mieux qu’elle, nous avions partagé quelques années d’un amour sans ombre. Ce que je lisais en lui n’était pas de la haine, mais c’en était proche. Peut-être était-elle teintée de doute. D’incompréhension. Comment moi, qui étais encore légalement sa femme, pouvais-je lui causer tant de soucis ? Pourquoi ne me contentais-je pas de le respecter, et de m’estimer heureuse qu’il ne m’ait pas laissée pour compte dans la rue ? La maison Boldwin était tout de même la plus prestigieuse. Voilà ce qu’il devait penser. Et maintenant, il devait réfléchir à ce qu’ils allaient faire de moi. Je ne pouvais pas être livrée aux clients. Je risquais de déclencher un esclandre. En effet, je ne m’en serais pas privée. Je n’habitais pas le Manoir depuis longtemps, mais j’en avais suffisamment vu pour alerter les autorités royales. La vraie question était : comment l’aurais-je fait ? Et qui s’en souciait, de toute façon ? Mais ce n’était pas la question que se posaient Lady Boldwin et Maxime, plus menaçants que jamais.

Une fois réprimandée comme une enfant, et rappelées mes tâches et ma place au sein du Manoir, ils me firent sortir. Je ne rejoignis pas tout de suite les dortoirs. Il était tard : certains habitants dormaient, d’autres poursuivaient les réjouissances commencées plus tôt dans la soirée. Mon oreille traîna donc encore un moment près de la porte du bureau. Leurs phrases me parvenaient hachées, selon que les mots étaient prononcés plus ou moins forts. J’entendis parler de justice, de collier, et de condamnation. J’avais un peu peur de faire un lien entre tous ces mots et moi. Mais après tout, je persistais à croire que ma situation ne pouvait pas être pire qu’elle l’était actuellement. Alors je finis par rejoindre mon lit, sans plus me soucier de l’avenir. Là, j’entendis les autres filles chuchoter, rire à voix basse, rentrer tardivement épuisée de leur commerce de la nuit, … Mais je ne trouvai le sommeil qu’au petit matin.

Le lendemain, au soir, je fus rappelée. Les affaires n’avaient pas traîné. J’appris que j’allais quitter le Manoir sur-le-champ. En compagnie de Maxime, certes, mais était-ce là la punition qui m’était réservée ? J’en aurais ri si Lady Boldwin n’avait immédiatement ajouté, sur un ton mystérieux :
« A trop jouer avec le feu, on se brûle… »

***

Tout ceci était loin aujourd’hui. J’étais revenue de mon exil, j’avais récemment gagné un grade. De leur côté, mes ennemis croyaient avoir gagné la partie. Je n’étais plus en apparence qu’une docile jeune fille, travaillant avec application de manière à ce qu’aucun client n’ait à se plaindre de moi. Mais je bouillais intérieurement. Le risque de jouer double-jeu était de se trahir. Un seul faux-pas et je perdais tout. Surtout l’espoir d’une vie meilleure. Alors, régulièrement, je m’isolais, pour me calmer, m’évader par la pensée. D’autant plus que mon goût pour la lecture ne m’avait pas quittée. Je crois même que je n’avais jamais autant lu que depuis mon retour au royaume de France. Comme si la lecture m’avait manquée. Pourtant, ma vie là-bas ne s’était pas passée comme ils l’avaient prévue, le vent avait tourné en ma faveur. Dans mes derniers mois loin de mon enfer, je ne m’ennuyais pas. Je pouvais même dire que j’avais été heureuse.

J’avais passé cet après-midi de printemps dans le parc. Entre mes mains, un roman en provenance directe d’Angleterre. C’était un des rares avantages de la maison : les propriétaires étant d’origine anglaise, ils en recevaient parfois ce qui s’y faisait de meilleur, dans tous les domaines artistiques. Partagée entre l’intrigue développée et le ressassement de mes souvenirs, je vis à regret le jour décliner. Bientôt, il me faudrait rentrer, ne plus penser à ces romanesques aventures pour aller partager les envies et la couche d’un homme qui, souvent, m’inspirait le dégoût. Dans le meilleur des cas, j’y restais insensible.

Je n’avais pas envie d’aller travailler.
Il y avait longtemps que ma patronne ne m’avait pas menacée. Mais son vieil avertissement se faisait encore un écho en moi tandis que je regardais le ciel et hésitais à rentrer. Il ne me fallait pas perdre si bêtement tout ce que j’avais acquis. Ç’aurait été dommage. Alors je rassemblai mon courage, ma volonté et mon espoir, pour me lever. Mes pas machinaux étaient traînants. Tout en moi trahissait cette envie de rester à l’extérieur. La pénombre étendait son empire, il m’aurait été facile de me cacher derrière un arbre pour passer inaperçue. Mais mon absence parmi les filles, elle, ne passerait pas inaperçue. Je n’avais pas vraiment le choix. Sur mon visage, aucun sourire. Je ne prêtai aucune attention aux personnes croisées, je me fichais de savoir si elles étaient domestiques ou clientes. D’ailleurs, je ne voyais personne. Je venais de me fixer une nouvelle mission : éviter le plus de monde possible afin d’aller mettre le livre à l’abri et de commencer mes activités nocturnes.


Dernière édition par Bérénice de Millet le Dim 29 Avr - 20:42, édité 1 fois
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Alan Duchesne
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Jouer avec le feu [Alan] [Terminé] _
MessageSujet: Re: Jouer avec le feu [Alan] [Terminé]   Jouer avec le feu [Alan] [Terminé] EmptyMer 25 Avr - 19:14

La nuit a une nouvelle fois étendu son noir manteau sur la ville. A nouveau je vais me détendre au manoir comme une routine bien rodée. Dépenser des fortunes pour assouvir mes vices ne me dérange pas, mais je commence à m'ennuyer, connaissant la plupart des jolies minois du manoir. La plupart de mes filles favorites ont disparus et même chez les délicieuses, je peine à trouver des filles que je pourrais qualifier de régulières. Soit j'ai affaire à des filles vulgaires, soit à des novices dont le dressage m'épuise. Même les délicieuses ont tendance à me porter sur les nerfs ce soir par leur orgueil insensé.

J'ai toujours ma réputation au manoir... Client exigeant louant les filles non à l'heure mais à la nuit, j'attends un service irréprochable ou je puis me montrer aussi méchant que je suis généreux. Parfois je choisis une rebelle pour assouvir mes penchants sadiques dans la chambre crime et châtiment.... Parfois mais pas ce soir alors que mon carrosse s'arrête devant le manoir.

Je baille en descendant. La journée a été fatigante. J'ai de nouveau ruiné un noble ou deux... Oh ils ne le savent pas encore mais Versailles est la bénédiction de la bourgeoisie d'affaire. Être prêt du roi n'est pas gratuit et les terres ne suffisent pas à la noblesse pour tenir leurs rangs. Que sa majesté dise aimer le vert et c'est une garde robe à refaire. Heureusement ce brave monsieur Duchesne est toujours là pour prêter quelque argent, gagé sur les terres.

Ils me méprisent ces nobles, moi qui ne suis qu'un riche bourgeois. Ils me méprisent et me craignent car j'ai nombre de lettres de créance. Je ne suis pas stupide, je ne garde pas tout en France mais je possède des propriétés dans nombre de pays. Qu'on me touche et je me charge de déshonorer le fautif et sa famille... Bien trop souvent mon or sert à financer des choses peu avouables.

Mais cela je l'obtiens non par ma naissance mais par mon travail. Un travail qui me fatigue et qui requiert que je m'accorde des moments de détente.

Je m'attarde à l'entrée puis mu par une impulsion soudaine, je dédaignais le salon d'accueil où la marchandise attendait pour m'offrir le luxe d'une promenade dans les jardins. En cette époque de l'année, les frimas de l'hiver s'évanouissent pour laisser place aux premières fleurs écloses dont le parfum m'emplit les narines. Et oui, on peut être un homme d'affaire sans pitié et sans morale et aimer les choses simples.

M'engageant dans une allée, j'entends alors un bruit de pas... Une des filles du manoir, grande brune élancée au visage triste semble se diriger vers le lieu où l'attend son office. Je l'ai déjà vu à vrai dire mais je n'ai pas encore consommé ses charmes. Non qu'elle soit laide, mais elle semble si triste....

Je m'apprête à détourner le regard... Et je vois un détail intéressant. Elle tient un livre.... Une femme cultivée, qui sait lire et écrire et qui y prend plaisir voilà qui soudain éveille en moi un intérêt des plus soudains. Je l'ai déjà dit, je cherche des femmes qui savent certes écarter les cuisses mais aussi me distraire de par leur conversation ou leurs autres talents. D'une voix sure, je l'interpelle:


Mademoiselle. Venez par ici.

Je souris alors que je la détaille. Est-elle une débutante inexpérimentée ou au contraire sait elle satisfaire un homme comme moi ? Difficile à dire même si l'ouvrage dont le titre anglais ne m'échappe pas joue en sa faveur. Je dois en savoir plus pour elle:

Alors dites-moi, serez vous pensionnaire en ce lieu ? Je vous vois depuis peu.

Parle-moi, petite, parle moi de toi que je sache si je te croquerai. J'observe, j'étudie sa tenue simple et seyante, sa démarche, tout détail qui m'en apprendrait plus sur elle.

Mais je manque à tous mes devoirs... Alan Duchesne, client de ce lieu de perdition. A qui ai-je donc l'honneur ? Vous devez bien avoir nom et statut.

Je m'approche... je ne suis pas vêtu pauvrement avec les boutons de ma redingote faits de pierre précieuses et ma canne de bois rare. L'argent aide parfois à motiver les filles...


En tout cas, je vois que vous vous intéressez à la littérature.... c'est rare et je dois dire plaisant. J'attache grande importance à la culture.

Réponds donc ma belle et qui sait.... cette soirée marquera peut être un tournant dans ta carrière au manoir. J'espère juste qu'elle n'a pas trouvé ce livre et se contente de le ramener....

Mais mon instinc me souffle que je vais passer plaisante nuit.
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MessageSujet: Re: Jouer avec le feu [Alan] [Terminé]   Jouer avec le feu [Alan] [Terminé] EmptyVen 27 Avr - 12:57

Je repensais au vol dont on m’avait accusée. Il leur fallait bien un chef d’accusation pour justifier mon exil. En dépit de ce que l’on pourrait croire, le semblant de justice qui régnait dans ce royaume avait encore besoin d’une raison avant de se débarrasser des gêneurs. Même si cette raison était banale et qu’il n’y avait ensuite eu aucune enquête. Je ne pesais rien face à mes accusateurs. Ils n’ont rien eu de plus facile à faire que de dissimuler un collier et de me faire porter cette responsabilité. Comme si j’avais besoin d’un collier ! Je ne pensais pas être si matérialiste. Comment une idée aussi stupide avait-elle pu naître dans leurs têtes ? Je les voyais plus intelligents et imaginatifs. Mais sans doute n’avaient-ils pas eu beaucoup de temps.
Voilà que je cherchais des excuses à Amélia et Maxime… C’était un comble ! Et pourquoi me sentais-je obligée de repenser à eux, de ressasser le passé ? Peut-être parce que la punition ne s’en était pas vraiment avérée une… Mais peut-être aussi parce qu’ils m’avaient interpellée sur le même ton, de la même façon qu’une voix masculine m’interpella à l’instant :


« Mademoiselle. Venez par ici. »

Je tressaillis. Allait-on me reprocher d’avoir emprunté ce livre ? Allait-on m’accuser de l’avoir volé ?

Je savais que nombre d’événements dans la vie résultaient de nos choix. J’en avais deux : répondre et obéir à cet homme, ou bien poursuivre mon chemin vers le Manoir. Je n’avais pas envie de rentrer. Si, pour retarder ce moment, il me fallait répondre par l’affirmative à l’inconnu, c’était ce que je choisissais. Quel qu’il soit. Je prenais le risque. Ce risque consistait en un geste infime, si courant que l’on n’y prêtait plus attention, mais qui pouvait décider de la suite de la nuit entière : je souris.


« Monsieur… », le saluai-je d’une légère inclination du buste lorsque j’arrivai près de lui.
C’était monsieur Duchesne. J’avais déjà entendu parler de lui. Sa réputation au Manoir n’était plus à faire, il venait presque tous les soirs, et il avait goûté aux charmes de nombre de mes collègues. Mais pas aux miens. Ce qui n’allait sans doute plus tarder. A partir du moment où je connaissais son identité, je savais un peu plus quel direction donner à mon attitude, mes gestes, et mes réponses.


« Vous avez l’œil, en effet. Je m’appelle Bérénice, monsieur, et je suis Ribaude, bien que je ne sois pas ici depuis longtemps. »

Il ne connaissait pas l’histoire de mes frasques passées, c’était une chance. Une chance de plus pour mon nouveau départ, en quelques sortes.

Ne réveillons pas le passé, cher ami…
Je suis là depuis peu, et mon grade est relativement élevé en regard de mon temps passé à œuvrer pour les clients. C’est un juste retour de la peine que je me donne. Je le mérite.

« Cela est certes rare, mais j’aime à m’adonner à la lecture. Il ne faut pas se fier aux apparences. Ce Manoir n’est pas qu’un lieu de perdition, comme vous le dites. Ces murs renferment également une bibliothèque bien fournie, qui est un de mes lieux préférés, lorsque je ne suis pas en compagnie d’un gentilhomme, bien sûr… »

Mon rire sonnait faux à mes oreilles. Je m’étonnais des progrès que mon voyage forcé m’avait fait faire. Mentir, jouer sur les apparences… Au fond, c’était le lot de tous, ici. Une fois ceci compris, l’avenir était assuré. Monsieur Duchesne ne devait pas échapper à la règle. Je ne me gênais pas pour le regarder, tout comme il le faisait avec moi. Si nous devions passer la nuit ensemble, nos regards ne devaient pas nous gêner. Il était richement vêtu, sa réputation n’était pas fausse. Un homme riche, peut-être plus riche que mes autres clients… Parfois la chance se présente sans s’annoncer, il ne faut pas la laisser filer.

« J’aime mes lectures, elles me permettent de vivre de nouvelles aventures sans bouger d’ici. Le pouvoir de l’imagination est fantastique, ne trouvez-vous pas ? Je trouve cela fascinant, et c’est d’autant plus plaisant lorsque l’intrigue est bien menée. Lady Boldwin fait venir des romans directement d’Angleterre et les laisse ensuite à disposition dans la bibliothèque », expliquai-je en lui montrant la couverture du roman. « Et vous, qu’aimez-vous dans la littérature ? Votre métier vous laisse-t-il un peu de temps pour lire ? Aller au théâtre ? »

Je réprimai un soupir. Ces sorties me manquaient. C’était très étrange pour moi de parler littérature et culture alors qu’à quelques pas de nous, le rituel avait déjà commencé : les intérêts des protagonistes étaient bien éloignés des plaisirs de l’esprit. Une telle conversation pouvait-elle avoir lieu entre une ribaude et un client ? Cela paraissait un peu trop beau pour continuer ainsi.
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Alan Duchesne
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MessageSujet: Re: Jouer avec le feu [Alan] [Terminé]   Jouer avec le feu [Alan] [Terminé] EmptyVen 27 Avr - 14:42

N'importe quel client de mon statut vous le dira. Il ne suffit pas à une fille d'écarter les cuisses pour pouvoir satisfaire des hommes comme moi. Lorsque je viens au manoir, je choisis ma compagne non à l'heure mais à la nuit. J'ai les moyens de mes ambitions et si, par malheur, on vient à me décevoir en me distrayant mal, je peux me montrer fort cruel avec l'objet de mes attentions.

Pour le moment, dans le calme de ce jardin, j'observe ma proie. Elle me regarde en face, ce qui n'est pas pour me déplaire. Son éducation n'est pas à faire, chose rare en ce lieu où hélas la majorité des pensionnaires peinent déjà à écrire leur nom.


Bérénice.... Voilà prénom intéressant. Seriez-vous donc l'incarnation de l'amour perdu de Titus revenue sur terre à la recherche de votre empereur ?

Je m'amuse à voir si elle saisira l'allusion à la pièce de monsieur Racine. Mon esprit toutefois tourne à pleine vitesse. Je suis client fidèle depuis fort longtemps et je suis au courant de bien des rumeurs. Bérénice.... Ce nom me dit quelque chose et je ne mets guère de temps à trouver de quoi il s'agit...

Seriez-vous donc cette fille de retour des Indes ? Voilà qui est intéressant ma chère.

Très intéressant même. Je me demande ce qu'elle a pu y apprendre. On dit que l'art de faire l'amour en orient est poussé à l'extrême. De quoi éveiller l'imagination du libertin que je suis.

Ne vous inquiétez pas... je n'ai que faire de votre passé. Ce qui m'intéresse c'est le présent.

Et ce dernier se passe plutôt bien. Elle lit, et y prend plaisir. Enfin une fille avec qui, entre deux étreintes, je pourrai converser de sujets autres, rassasiant mon esprit autant que mon corps. D'un pas je m'avance vers elle, me retrouvant à peine à une distance familière.


Oui, je vais au théâtre une fois par semaine et j'ai ma loge à l'opéra. Je fréquente aussi nombre de salons et soutient financièrement quelques uns des grands esprits de notre temps que certains dévots à la cour du Roy se piquent de vouloir interdire. Je connais d'ailleurs personnellement Voltaire et Rousseau, dont je possède un exemplaire de chaque livre.

A vrai dire je finance tout ce qui permet d'ébranler le pouvoir de la noblesse, discrètement bien sur. Je suis à l'image de cette nouvelle bourgeoisie qu'on évite d'ennuyer de par sa richesse. Une bonne partie des proches du Roy est endettée et je profite de cette situation pour m'affirmer.

Il m'arrive parfois d'ailleurs de m'y faire accompagner par une fille d'ici.... J'aime à me détendre de plaisante façon lors des entractes, même si rares sont celles à pouvoir saisir la profondeur de certaines œuvres. C'est dommage mais tout le monde n'a pas forcément de culture, hélas.

Voilà pourquoi la plupart de mes congénères entretiennent des maitresses. Je n'en ai pas, préférant m'encanailler au manoir mais parfois cela me manque de n'avoir personne à l'esprit aiguisé. Toujours souriant, je porte ma main à la joue de la brune que j'effleure de la pulpe de mes doigts:


On a du vous dire que je suis client exigeant. C'est vrai et je suis fort gourmand dans la couche... Vous avez de l'esprit, ce que j'apprécie, mais pensez-vous pouvoir satisfaire homme comme moi ? En général je choisis sans laisser le choix mais votre culture vaut bien que je vous laisse cette décision.

Je ne sais que trop que si elle n'est pas à la hauteur, ma colère sera à l'image de ma déception. Or, je ne veux pas abimer une des seules capable de comprendre une œuvre littéraire dans cette batisse. En même temps, on ne devient pas ribaude sans expérience.

Pensez-vous me satisfaire toute une nuit sur le plan charnel, puisque je n'ai point de doute que vous le ferez sur le plan de l'esprit ? Que me proposez-vous pour me détendre après journée éreintante de travail ?

Mon sourire s'est élargi. L'heure tourne et les clients doivent se presser dans le salon d'accueil. Si elle me refuse, peut être tombera t'elle sur quelque marchand gras qui en finira vite avec elle ou un noble beau mais décadent qui voudra supplicier son corps.

Le manoir est le royaume du vice après tout et je ne suis ni meilleur, ni pire que la plupart des clients qui le fréquentent. Un peu plus riche c'est vrai....

Mais ce soir elle a le choix. Un choix limité mais rare en ce lieu.
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MessageSujet: Re: Jouer avec le feu [Alan] [Terminé]   Jouer avec le feu [Alan] [Terminé] EmptySam 28 Avr - 9:02

Mon empereur… Oh oui, nous nous étions trouvés. Je ne vivais plus que pour lui, pour l’espoir de le revoir un jour. J’avais le moyen de le contacter mais il m’avait fallu, dans les premiers temps de mon retour, brouiller les pistes, placer mes pièces. Aussi n’avais-je pas encore pris la plume pour confier au papier quelques secrets parmi les mieux gardés de mon cœur. De mon côté non plus, je n’avais encore reçu aucun signe de lui. Mon amour était vrai et sincère. Cependant, lorsque le sommeil me fuyait, je ne pouvais m’empêcher de douter, de penser à ce qu’il se passerait s’il décidait de ne pas attendre et d’épouser une femme de sa condition. Et surtout, de son pays.

« L’ingrat, de mon départ consolé par avance,
Daignera-t-il compter les jours de mon absence ?
Ces jours si longs pour moi lui sembleront trop courts. » *

Envisager plus longtemps cette possibilité ne ferait qu’embuer mes yeux de larmes, alors qu’ils avaient besoin de briller d’intelligence.

« Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous,
Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ?
Que le jour recommence et que le jour finisse,
Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice,
Sans que de tout le jour je puisse voir Titus ? »
*

J’affichai un sourire forcé. Je n’avais pas déclamé ces vers, mes préférés de cette pièce, depuis longtemps. Je remarquai, en les prononçant, qu’ils avaient aujourd’hui un sens tout particulier. Ils étaient mon histoire. Ils avaient été écrits pour moi.
Pensée présomptueuse ? Oui, peut-être. Mais qu’importe.


« J’ai souvent pensé que mes parents m’avaient nommée ainsi en référence à la pièce de monsieur Racine. Ou bien en hommage direct à la Reine. Mais la vérité est souvent moins romanesque que ce que nous imaginons : en fait, je ne sais pas ce qu’il en est réellement », avouai-je.

J’évitais de penser à Nazeer, j’évitais aussi de penser à ma famille. Mais mes pensées ne connaissaient pas la raison. Dès l’instant où j’évoquais ces personnes chères à mon cœur, je les rejoignais, ne serait-ce qu’un petit instant. Ma famille ne savait plus rien de moi depuis que je ne leur appartenais plus. Le manque de nouvelles les inquiétait-il, ou bien pensait-il que j’étais si heureuse que je les avais moi-même oubliés ? Et, quand bien même je leur écrirais, que leur dirais-je ? Fallait-il tout raconter, pour espérer un dénouement heureux que nous n’obtiendrions pas ? Non. Nous ne ferions que nous frustrer.
J’avais néanmoins besoin d’un espoir pour continuer, même si cet espoir était loin. Au-delà des mers. Aux Indes, justement. Mon périple était donc parvenu aux oreilles de cet homme, sans que je puisse deviner ce qu’il en savait exactement.


« Vous avez raison, c’est bien moi, et je comprends là que vous êtes un habitué de la maison. Sinon, comment auriez-vous pu entendre parler de moi ? »

Devais-je aller plus loin ? Je me considérai ce soir relativement chanceuse d’avoir rencontré monsieur Duchesne. Il avait l’air capable de s’intéresser à autre chose qu’à mon corps, ce qui n’était pas pour me déplaire. Mais si je lui dévoilais la véritable raison pour laquelle j’avais été envoyée aux colonies, comment réagirait-il ?
Fort heureusement, il me rassura instantanément. Mon histoire ne l’intéressait pas, et le sourire que je lui offris alors devait être un peu plus enjoué qu’il n’aurait dû l’être.


« C’est aux Indes que j’ai acquis mon expérience », me contentai-je de répondre, laissant planer le sous-entendu qui n’avait pas dû lui échapper. C’était vrai. J’avais appris là-bas des techniques et un art de l’amour exotique qui plaisaient beaucoup à mes clients. Je comptais bien lui en faire profiter aussi. Tout comme il me faisait rêver, probablement sans le savoir. Me parler salons littéraires, théâtre et opéra, voilà ce qu’il me fallait, précisément. Il ne fit qu’accentuer mon intérêt et ma curiosité en affirmant fréquenter Voltaire et Rousseau. Et peut-être certains autres de leurs amis. J’avais déjà fréquenté quelques salons, mais très peu. Tout cela, c’était avant. Je m’étais suffisamment épanchée sur mes souvenirs dans mes premiers temps au Manoir, puis m’étais empressée de tout oublier après avoir éprouvé un violent mal du pays. Je pensais ne plus jamais avoir affaire à tout cela.
A présent, il me faisait miroiter une nouveauté, la possibilité d’approcher à nouveau toutes ces œuvres, autrement que par le biais des livres de Lady Boldwin.

Alors je compris, tandis qu’il effleurait ma joue de ses doigts. Cette nuit était ma chance. C’était, en quelque sorte, mon entretien d’embauche. Il s’agissait de ne pas déraper. Le cœur battant, je lui répondis simplement, dans un murmure :


« Oui, je vous connais. »

Oui, je relève le défi, renchérissaient mes yeux, sans jamais franchir mes lèvres.

« Vous êtes fatigué, je comprends. Venez… »
J’avais une voix et un air compatissants. Telle une nymphe des bois, je l’entraînai par la main là où les arbres et les bosquets se faisaient plus nombreux et plus touffus. Il y avait là un banc qui semblait nous attendre. Sans un mot, toujours guidé par ma main et ma volonté, je le fis asseoir afin d’être à bonne hauteur.

« Détendez-vous », lui conseillai-je tandis que je m’éloignais en direction du potager. J'avais avisé une plante aromatique qui avait le pouvoir de guérir tous les maux, selon la croyance.
Je revins vers lui sans précipitation, réduisant en bouillie les quelques feuilles entre mes doigts, afin de m’en enduire les paumes. Le parfum de la sauge le délasserait, à défaut d’une épice plus exotique. Me plaçant derrière le banc, derrière son dos, je commençai sans attente mon office. Un massage, voilà ce que j’avais prévu. Mes doigts s’affairaient dans son cou, à la naissance de sa colonne vertébrale. Ils remontèrent le long de ses joues pour un massage facial tout en douceur. Je savais où accentuer la pression de mes doigts pour une relaxation efficace : l’arête du nez et les tempes de l’homme se virent l'objet de toutes mes attentions.

Lorsque je le jugeais détendu, je vins me poster face à lui, car son vêtement m’avait empêché l’accès à ses épaules. Je ne comptais pas laisser de place à la frustration. Un tout petit instant, j’observai mon client, son visage, à la recherche des effets visibles de ma « médecine ». Pour savoir si je pouvais, et devais, continuer dans cette voie. Sans gêne, je m’installai ensuite à califourchon sur lui, relevant sans pudeur ma robe au-dessus des genoux afin de ne pas la déchirer, et entrepris de déboutonner sa redingote. Mes mains glissèrent à nouveau sur son cou, et se faufilèrent cette fois sur ses épaules en mouvements circulaires. Mais je ne pouvais plus laisser son visage en reste. Ce fut tout naturellement que ma bouche se rapprocha de la sienne jusqu’à joindre nos lèvres.


« Je crois beaucoup aux vertus du baiser, même ici. Mes collègues ont tendance à ne pas en donner assez, ne trouvez-vous pas ? », lui confiai-je, comme pour m’excuser. Mais c’était peut-être un moyen de le forcer à me reconnaître une place différente de celle des autres. Une concurrence perpétuelle, voilà ce à quoi nous étions promises, nous, filles de joie. Devais-je me réjouir de commencer à entrer dans le jeu, ou bien craindre mes propres paroles ?


* Racine, Bérénice, IV,5


Dernière édition par Bérénice de Millet le Sam 28 Avr - 11:58, édité 1 fois
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Alan Duchesne
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MessageSujet: Re: Jouer avec le feu [Alan] [Terminé]   Jouer avec le feu [Alan] [Terminé] EmptySam 28 Avr - 11:43

Sa culture n'est pas que façade, je m'en rends compte à présent. Elle déclame le vers comme si elle venait de lire ce dernier. Voilà qui est intéressant, autant que son corps pour l'être que je suis. Elle semble s'approprier le personnage à la perfection et sa diction est un ravissement.

Son passé aux Indes enflamme l'imagination. J'aime ces pays lointains que je ne connais que de réputation, ne m'étant jamais éloigné d'Europe. Se comportera t'elle comme ces favorites de maharadjah, ces maitresses couvertes d'or détentrices des secrets tantriques menant un homme au plaisir ? Je l'espère et la regarde un présent d'un œil nouveau et plaisant.

De son coté, elle semble décidée à relever le défi que je lui ai soumis. Voilà qu'adroitement elle prend les choses en main, m'emmenant vers un banc pour m'y faire assoir. J'aime les femmes qui savent avoir des idées, prendre des initiatives pour mon plus grand plaisir. Je ne peux me contenter de débutantes juste capables d'attendre que le moment passe.

J'observe toujours et je ne peux qu'être heureux de la direction que prend notre rencontre. Un massage dans ce lieu enchanteur, au moment où l'obscurité taquine s'étend, voilà une chose que je peux que savourer... D'autant qu'elle s'y connait, détendant mon corps fourbu, lui redonnant par des caresses travaillées vigueur pour la nuit. Fermant les yeux, je laisse échapper mon contentement:


Voilà qui est fort bon mademoiselle.

Oui fort bon et je ne peux que lui sourire lorsqu'elle reprend place devant moi, s'installant sur mes genoux, contact fort agréable entre nos deux corps. C'est presque naturellement que mes bras trouvent le chemin de sa taille, l'enlaçant et explorant son dos, tandis que mes lèvres touchent à présent les siennes, les effleurant en un jeu de séduction auquel je ne suis pas indifférent.


Vous avez raison quand au baiser. Je trouve que c'est un acte érotique fort plaisant et j'évite de fréquenter celles de vos collègues qui y répugnent.

Joignant geste et paroles, nos lèvres se trouvent enfin alors que nos langues font connaissance, s'invitant à danser mutuellement. Lentement, notre valse augmente doucement en rythme alors que je continue à la caresser de mes mains. Je prolonge le baiser, je fais monter la température cherchant mon plaisir certes mais aussi celui de ma partenaire. Ma fierté, c'est de pouvoir faire s'abandonner les filles du manoir dans mes bras.

Enfin je rompt le baiser sans aller plus loin car sinon je risque de vouloir l'honorer de suite, à même le sol du jardin. Or je connais les règles de ce manoir et les respectent.


Charmante.... Vos baisers sont un ravissement. A présent ma curiosité est éveillée et je me dois vous demander si vous voulez être mienne cette nuit.


La question peut paraître idiote car les filles du manoir n'ont pas le choix. Je lui laisse toutefois cette possibilité. Qui sait si elle n'est pas réservé à quelque usager ? Car c'est pour la nuit et non pour une heure que je la veux, la désire, me demandant déjà comment elle fait l'amour.


Néanmoins ce massage vaut selon moi pourboire particulier. Faites moi part d'un livre que vous désireriez, non pas dans la bibliothèque du manoir mais à votre chevet et je vous le ferais parvenir.

Généreux je le suis lorsqu'on me satisfait pleinement. Elle a su prendre l'initiative et je lui en suis reconnaissant. Qu'elle me déçoive et elle verra mon coté obscur alors que je continue de mes mains à la caresser, délassant même au passage une partie de sa robe.


Que diriez vous pour votre première nuit en ma compagnie de la chambre nuptiale ? Il faudra aussi nous faire porter de quoi reprendre des forces.

Tous ces services sont faits par le manoir pour satisfaire le client. Le prix n'est pas un souci, je l'ai déjà dit et je ne saurai me contenter de chambres simples:

Ainsi nous pourrons deviser entre deux étreintes et voir si vous souhaitez devenir une des filles que je vois régulièrement en ce lieu.

Une de mes favorites.... Un poste exigeant qui peut couter autant qu'il rapporte. La promesse d'un avenir meilleur ou le début de la déchéance ?

C'est à elle de voir si elle veut jouer tandis qu'attendant sa réponse, me penchant je commence à dévorer son cou de ma bouche.
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MessageSujet: Re: Jouer avec le feu [Alan] [Terminé]   Jouer avec le feu [Alan] [Terminé] EmptySam 28 Avr - 20:57

Je me souviens…
Il y a quelques années, je n’aurais pas été capable d’un tel comportement. Aveuglée par tout ce que j’avais perdu, je me serais plutôt révoltée, j’aurais refusé de m’offrir à cet homme au risque de devoir passer la nuit avec un homme laid et rustre, ou bien d’être punie, comme j’avais d’ailleurs fini par l’être. Tout se passait comme si Amélia et Maxime avaient gagné, comme si j’étais devenu la catin docile qu’ils avaient voulu que je sois. Celle qui se donne sans broncher et rapporte de l’argent. Celle qui, au fond, n’a jamais rêvé meilleur destin que celui d’avoir un toit et deux ou trois repas quotidiens. Celle qui sait se contenter de peu.
Mais je n’avais jamais été comme ça.
Aujourd'hui, ou plutôt ce soir, j'étais ambitieuse. Monsieur Duchesne avait su allumer en moi une lueur nouvelle. Pourtant, nous ne nous connaissions pas depuis très longtemps. Mais, en ces lieux de débauche, nul n'avait besoin de beaucoup de temps. La nature faisait son affaire, l'alchimie fonctionnait ou non. Deux corps s'attiraient ou se repoussaient. C'était tout.


Je me souviens…
Les livres avaient toujours été mes amis. J’avais rencontré mon premier client, à l’époque, grâce à un livre. Je tenais un livre dans les bras, qui avait volé lorsque j‘avais heurté l’homme. Léandre était un pianiste qui jouait de temps à autre au Manoir. Il y avait bien longtemps que je ne l’avais pas vu. Pourtant, il était un des rares à savoir être tendre et respectueux, à ne pas forcer les femmes. Je me demandais s’il venait toujours ici.
Mais je ne pouvais pas lui en vouloir. Que de chemin parcouru depuis lors ! Pourquoi en serait-il autrement pour lui ?


Je me souviens la timidité qui était mienne ; je me souviens la tristesse ; je me souviens la colère ; je me souviens le sentiment d’impuissance. Je me souviens l’amour.
Je semble décider qu’il est temps de vivre.

Alors je savourai ses mains sur moi comme il semblait savourer les miennes. Nous partagions le même avis sur la culture et sur les baisers. C’était là une bonne entrée en matière.

« Je ne vous ai pas massé pour obtenir une récompense, monsieur… Seul votre plaisir me contentera, vous savez. Mais… merci. J’y penserai », dis-je maladroitement.

En effet, pour l’heure, je ne savais pas quel livre je lui demanderai. Mais j’appréciai son cadeau, qui me surprenait, à tel point que j’aurais répondu à quiconque m’en aurait posé la question, que j’avais hâte de partager une chambre avec lui.


Je me souviens…
Avant, je ne dissociais pas l’acte charnel de l’amour. Tout le reste était viol à mes yeux. Aujourd’hui, je savais plus que jamais que ce pouvait être bien mieux.


Nous voguons vers... Les promesses de la nuit...
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