Le Manoir des Délices
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 Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV]

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Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV] _
MessageSujet: Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV]   Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV] EmptyMer 18 Jan - 1:44

Ce baiser... Ce doux contact qui n'avait rien de passionné, rien d'effrayant, non plus de déplacé. Cette main qui s'était saisi de la nuque sans force, comme si tout était naturel, comme si rien n'avait été plus normal, en fait, que ce simple mouvement. Et puis ces mots... ces promesses. L'image encore de cette cape qui disparait en l'embrasure d'une porte qu'elle aurait souhaiter faire disparaître. Violine pose ses doigts parfaitement manucurer, d'un rouge aussi violent que celui de sa perruque, contre ses lèvres.

Le temps a passé, mais ses souvenirs jamais ne se sont effacés. Ni cet étrange sensation qui l'eut parcourut, ni même ces questions toujours sans réponses qui depuis hante ses songes. Elle le revoit, parfois, du coin de l'oeil au bord d'une ruelle, puis se retourne et déjà ne le voit plus. Elle le déteste un soir et le désire un autre. Chaque matin, elle s'éveille en espérant le voir, en un promesse qu'il ne semble plus vouloir tenir. Elle l'attend pourtant, elle qui n'a jamais attend qui que ce soit. Elle, Violine Perraudin, maîtresse du manoir, fille de la nuit qui ne vit que des désirs éperdus des hommes en quêtes d'un peu de changement au sein de leur platonique vie.

Elle porte la tasse à ses lèvres, regardant les couples du fond de la pièce ou la pénombre lui offre un peu de calme, d'intimité. Le thé coule contre sa bouche et l'emplit, réchauffant sa gorge, ravissant ses papilles. Hélas, il semble avoir perdu goût, la jeune femme trop occupée à restée prisonnière de ses pensées. Elle se repasse encore et encore cette scène qui a brisé son armure d'amertume, sa carapace d'arrogance, cherchant sans relâche réponse à sa plus grande question. Pourquoi lui ?

Le temps passe, mais aucun réponse ne vient. Sa tasse est vide, son esprit empli d'encore plus de questions qu'il n'est possible de trouver de réponses. Violine ouvre sa bourse, y plongeant la main pour en retirer un petit montre de poche. Il se fait tard. Le travail va bientôt commencer et les Boldwins n'aiment pas quand les filles manquent à l'appel. Bien qu'elle n'ait aucun rendez-vous pour encore quelques heure, s'il advenait que trop de clients demandent à se voir servit, la jeune violoniste devrait revêtir son habit de femme soumise et agir comme toutes autres petites dépravées.

Un soupire. Les jeunes couples quittent le café, avec dans les yeux une lueur que la femme connait bien. Ils sont avides de l'un, de l'autre, buvant l'espoir de se perdre en ce vice qu'ils espèrent partagés. L'empressement se lit sur leur visage aux sourires trop béats. Déjà, leur doigt s'entortillent, leur paumes se cherchent. Bientôt, l'homme retirera le ruban du corset de la femme qui trouvera alors son pantalon, y glissant une main, timide ou non, mais sans aucun doute gourmande. Et tandis qu'il lapera sa féminité, elle le récompensera en recueillant sa précieuse semence, le laissant peut-être même choisir l'endroit ou il pourra se laisser aller...

Replaçant doucement la montre au sein de sa bourse, Violine replace une vilaine mèche derrière son oreille, observant de son regard encerclé de noir cette personne qui vient tout juste de prendre place en cette chaise qui lui faisait face. Son coeur fait un bond... ou plutôt s'arrête. Elle le constate un instant, hésitant sur la réaction à avoir, ne sachant d'abord même pas ce que cela lui fait. Rage ? Désespoir ? Joie ? Envie ? Ses lèvres s’entrouvrent et finalement, elles lui permettent un simple mot.

- Messager...
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Ezel Olven
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Ezel Olven

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Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV] _
MessageSujet: Re: Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV]   Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV] EmptyMer 18 Jan - 20:00

Combien de temps faudra-t-il encore pour que Fanny ne soit devant lui? Les contrats pleuvaient mais sa sœur étaient toujours aux abonnés absents. Assis devant une table bancale face à l’unique fenêtre de sa chambre, dissimulé sous les combles du café de Procope, il s’était fait un rituel de noter dans un carnet tout ce qu’il apprenait sur Fanny au jour le jour… Il le relisait souvent. Parfois sur une nouvelle page, il inscrivait quelques mots, quelques secrets qu’on lui avait confiés. Se faisant, il trouvait des liens entre certaines personnes, il remontait la piste de gens voulant se faire oublier mais jamais de Fanny… Il relu une nouvelle fois quelques pages de son carnet, quelques pages codées comme on le lui avait enseigné dans l’armée et il s‘arrêta un instant sur cette page loin de tout ordre logique, comme cachée à la fin de son carnet. Il la relu. Il retrouva dans les quelques lignes notées toute la prestance impériale de la Beauté aux cheveux de sang puis toute la langueur sensuelle de la Belle aux boucles brunes. Ce qui ne changeait pas? La couleur de ses yeux de miel et un frêle sourire illumina son visage alors qu’il soufflait sur la bougie qui retardait l’obscurité du soir.

Il poussa la grosse malle, presque unique mobilier de son petit chez lui et rangea le carnet sous une planche défaite avant de la repositionner et de laisser la malle reprendre place sur le bois usé. Il avait juré de revenir la voir… et il n’y avait pas une fois où, lorsque ses pas l’avaient conduits jusqu’au manoir, il n’eut songé à s’attarder et à grimper au premier pour venir se faire annoncer à Violine. Mais il n’y eut pas une fois où il oublia que Fanny aussi comptait sur lui… Deux femmes qui en valaient la peine mais un seul corps, un seul cœur, une seule âme pour les servir. Il était cependant homme de parole, il reviendrait la voir comme il le lui avait juré. Ça, il ne l’avait jamais oublié! Sa sœur ne serait pas sauvée ce soir de toute façon… selon les rumeurs qu’il avait extirpé à la sueur de son front, quelques nouvelles -des apprenties- avaient rapidement évoluée… Il connaissait Fanny, il savait qu’elle n’était pas une femme dominatrice qui se serait battue de manière directe… Elle aurait plutôt accepter de se courber le temps que la bonne occasion se présente. Ezel ne poussa pas plus la réflexion… songer à tout ce qu’elle avait sacrifié pour avoir une chance de s’en sortir le révoltait. Il n’avait qu’une seule envie, arracher le cœur du couple Boldwin et l'écraser dans sa main.

Mais l’heure n’était pas à se noyer dans les envies de vengeance… Non, il fallait rester maître de soi à tout prix. Il se saisit de sa cape, la plaça correctement sur ses épaules, abattit sur son crâne la lourde capuche sombre, se noyant à nouveau dans les ténèbres, redevenant le spectre de Paris… le Messager. L’homme quitta le silence des toits, descendant calmement l’escalier étroit menant dans la cour derrière le café et il rejoignit la rue, prenant une pleine bouffée de l’air frais. Deux tourtereaux pressés de s’envoler ensemble manquèrent de le percuter, reculant effrayés avant de finalement se remettre à courir main dans la main, heureux, l’un ayant trouvé l’autre.

Finalement, peut-être que sans ce petit incident, Ezel n’aurait jamais vu cette silhouette familière assise dans le fond du café : Violine. Même si de la rue, il constate que la belle est bien plus apprêtée que lors de leur dernière rencontre, il ne peut s’empêcher de revoir pendant un instant, cette même femme dans son habit de nuit. Il esquisse un pas vers la porte du café mais s’arrête tout un coup… Et si elle n’était plus la Violine qu’il avait rencontré? Il posa la main sur la poignée de la porte… il saurait la retrouver.

Se frayant un chemin à travers les tables, il rejoint la sienne et il fût aisé de constater que plus d’un homme dans cet endroit aurait aimé avoir cette audace de venir saisir cette chaise et de s‘y asseoir. Il attendit que les yeux couleur de miel ne pénètrent l’obscurité de sa capuche et débuta paisiblement
:

_ Vous paraissez soucieuse? Me permettez-vous de m’invitez à vos côtés?

Son prénom n’aurait pas mieux sonné entre ses lèvres rouges que « Messager ». Ne lui avait-il pas dit que lors de leur prochaine rencontre, il écourterai celle-ci si la jeune femme ne souhaitait pas le revoir? Remettant les cartes entre les mains de la jolie perle rubis, il attendit la marque de son jugement.
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MessageSujet: Re: Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV]   Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV] EmptyMer 18 Jan - 23:02

Il existe en ce bas monde des coïncidences qui n'en sont pas. De simples évènements qui, dans leur insignifiances, provoque des changements si importants, que l'on s'y perd. De drastiques métamorphoses des âmes, d'incompréhensibles modifications, d'humeurs ou de personnalités. Il y a ce genre de scènes qui défilent devant nous, sans que nous en soyons l'acteur, sans qu'aucune de nos actions n'ait un effet quelconque. Est-ce que l'on nomme le destin ? Peut-être le karma, alors ? Comme une insidieuse vengeance de la vie pour nous être joué d'elle, pour lui avoir, parfois, tourné le dos. Existe-t-il donc un échappatoire à cette prison ? Peut-on vraiment éviter l'inévitable ? Changer l'inchangeable ? Non. Car tout comme il est impossible de pardonner l'impardonnable, il est impossible de changer l'inchangeable.

Elle ne voit d'abord que ses lèvres. Mais c'est tout ce qu'il lui faut pour comprendre. Alors qu'elles bougent, elle le reconnaît et souffle le nom qu'il s'est donné, le seul qu'il lui ai offert. Bouche entrouverte, yeux rivés vers celle de l'homme, Violine se voit submergé par une puissante vague, une rafale d'émotions qui semble vouloir la noyer. Un instant passe. Quel réaction aborder ? Quel mots choisirent ? Sans même vraiment savoir ce qu'elle ressent, elle ose. Un simple souffle.

- Bonsoir.

Elle ne peut que tenter de garder son calme, d'un bien trop fière pour se laisser apercevoir en proie à une telle faiblesse, de deux observés par de potentiels clients qui ne doivent pas voir qu'au fond, elle n'est qu'une jeune femme fragile et que l'homme devant elle a su le comprendre, le voir.

- Cela fais bien longtemps que je n'ai croisé votre visage, Messager...

Le sien n'est déjà plus de glace. Merci à sa maîtrise de l'acte, la revoilà en son rôle de Maîtresse Violine, dans toute son excentricité, dans sa légendaire arrogance et son amertume à l'oeil.

- Oh, mais que dis-je. Je ne le vois pas, puisque vous êtes encore affublé de cette ridicule cape.

Ses doigts se saisissent doucement de la tasse vide, elle l'examine comme pour en trouver le défaut, que ce soit craquelures ou motifs peints de travers. Pourtant, elle n'y trouve rien. Au fond, elle n'y voit que sa futile tentative de paraître de glace devant l'homme. Son regard se porte donc vers celui qu'elle ne voit pas, le devinant sans doute, dans cette obscurité si familière.

- Pardon...

Rien n'y fait. Le jeu n'existe pas pour lui. Elle n'est que la véritable Violine, celle qu'elle avait oublié, celle qu'elle avait tentée d'effacer. Les maux se bousculent, mais aucun mots ne franchit la commissures de ses lèvres pincées en une muette excuse. Pitoyable se sent-elle, alors qu'au fond, tout ce qu'elle désirait fut de se perdre en ces bras qui lui avaient semblé si forts, contre ce torse à l'allure protecteur et près de ce visage sévère qui raconte sagesse et immaturité.
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Ezel Olven
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MessageSujet: Re: Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV]   Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV] EmptyJeu 19 Jan - 0:43

Ils se faisaient face dans cet endroit bien moins intime que l‘était l‘antichambre du manoir. Ici, pour peu que les individus alentours aient l’ouïe fine, chacun des mots échangés pouvaient être entendus, pouvaient être mémorisés, -déformés parfois- puis colportés. Oh Ezel n’était pas un homme en train de tromper sa femme et il n’avait aucune honte à s’afficher avec une femme… car c’était bien une femme qu’il regardait. Une femme, non une catin, une prostituée, une fille de joie, une fille de mauvaise vie, une pute… Non! C’est Violine qu’il contemplait à travers le doux sucre de son iris. Son maquillage, sa coiffure extravagante, n’étaient que des embellissements mais le meilleur était là, au fond d’elle. Et bienheureux était l’homme qui, une fois dans sa vie, arrivait à effleurer Violine. Quelque chose dans le cœur du messager, lui disait que ça ne devait pas arriver très souvent… il ne se rappelait que trop bien comment d’un coup derrière les jambes, elle lui avait empoigné les cheveux et mit à genoux.

Mais voilà, dans un lieu public, le jeu des apparences est quelque chose qui vous rattrape. Ne pouvant se soustraire aux regards curieux, aux oreilles traînantes, le couple ne pouvait que jouer leur propre jeu et il ne s’étonna pas d’entendre la langue sifflante de la vipère claquer sur lui comme un fouet lacèrerait sa peau nue. Ezel ressentait la maîtrise de ce jeu auquel elle devait jouer depuis de nombreuses années, mettant à ses pieds tous les hommes par sa vivacité d‘esprit… lui n’en était que la victime qui refusait de se laisser abuser par des faux-semblants. Mais comme la première fois, il ne sembla pas témoigner de rancœur, ni même chercher à lui soutirer la moindre excuse. Il savait! Il savait mais de ce secret, il n’en témoignerait rien… cet honneur qu’elle lui avait jadis fait, il le garderait en son être comme un cadeau, quelque chose de glorifiant car c’était un honneur de voir une femme se dévoiler à vous comme si vous n’étiez qu’un reflet dans une glace, incapable de lui reprocher quoique ce soit, incapable d’essayer de la changer mais aux premières loges pour vous délecter de tout ce qui faisait d‘elle une personnalité captivante. Il ne s’amuserait pas plus à lui rappeler de quel manière ses yeux s’étaient chargés d’une tristesse sans équivoque lors de leurs derniers échanges… il ne lui cracherait pas sa faiblesse au visage alors qu’à présent elle jouait la fière. Non, il ne voulait pas de ce genre de pouvoir qui écrase les autres pour un profit personnel.

Et puis, même ses mots qui sonnaient cinglants ne changerait pas l’essentiel du message. Le messager était ainsi à ne pas se focaliser sur un élément mais à voir le contexte dans son ensemble. Il aurait pu se lever, quitter la table, heurté ou non par les mots de la belle, où il pouvait choisir de voir qu’elle ne le chassait pas. A sa façon bien à elle, Violine venait de lui dire, « restez avec moi un instant ». Et s’il s’était trompé, les excuses qui suivirent ne firent que confirmer ce qu’il pensait et bien plus, que Violine, celle qu‘il avait découverte était toujours là. Il n’aurait pas été malheureux de partager quelques instants avec l’extravagante catin… il lui trouvait tout autant de charme et de présence d’esprit. Mais à savoir si Violine se sentait mieux dans la peau de son personnage ou dans celle que lui dictait son cœur, il n’aurait su donner une réponse
.

_ Ne vous excusez pas. Vous ne m’avez en rien offensé.

Et si ça ne tenait qu’à lui, cette cape et bien plus encore cette capuche serait terrée au fond d’une armoire. Mais en tant que fugitif, et peu importe les kilomètres le séparant de son pays, il ne voulait prendre aucun risque… Et il ne voulait pas plus ancrer son visage dans la tête des habitants de la ville. Non, il ne voulait être qu’un fantôme qu’on oublie lorsqu’il aura accompli sa mission. Et Violine dans tout cela? Il s’y était attaché sinon il ne serait pas là… mais ne serait-ce pas lui qui tiendra le rôle de bourreau lorsque viendra le jour où il lui dira qu’il va rentrer chez lui. Son regard scruta la tasse vide qu’elle tournait entre ses doigts :

_ Vous alliez partir, il me semble… Me permettez-vous de vous raccompagner?

Il lui épargnerait le beau discours du « Les rues ne sont pas sûres à cette heure ». Ce n’était pas pour s’assurer qu’elle rentrerait sans encombre mais juste parce qu’il souhaitait passer du temps en sa compagnie, plus que ces quelques minutes à table. En fait, il remarqua que le temps passé avec Violine paraissait à chaque fois trop court et que chaque seconde accordée devenait un luxe, une rareté qu’il fallait comme défendre. Il n’avait aucun voile devant les yeux sur ce qu’elle ferait de sa nuit dans les bras d’hommes divers, il regrettait simplement que cela ne signe la fin d’un moment échangé.
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Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV] _
MessageSujet: Re: Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV]   Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV] EmptyMar 24 Jan - 18:49

Et la faible lueur osant caresser le visage de Violine, permit à celle-ci d'apercevoir au fond de la capuche, un regard qui lui était presque douloureux. Un souvenir auquel elle s'était accroché, telle une gamine au coeur faible, une précieuse mémoire pour laquelle elle aurait fait du mal. Voila qu'elle s'y perdait, buvant ses paroles comme si elles avaient été la source de la fontaine de jouvence. Elle l'observait ainsi, sans mots, ses yeux accrochés aux siens, ne cherchant plus à soigner son image, ignorant les visages insolites qui s'attardaient sur le sien en l'espoir de pouvoir le caresser.

- Me raccompagner ?

Souffla-t-elle, alors que de sa torpeur elle émergeait. Son regard quitta celui de son bel ami et elle regarda autour d'eux, derrière lui. Les oreilles étaient fines, mais pas les bouches. S'ils étaient de potentiels clients, ils apparaissaient maintenant comme des vipères au regard amère de la belle qui en dévisagea plus d'un. C'était mauvais pour ses affaires si l'un d'eux osait croire ou porter la rumeur qu'elle avait sembler n'être qu'une pucelle face à un parfait inconnu. Violine restait Violine. Peut importe l'homme face à elle et elle devrait le leur montrer.

- Et bien dans ce cas, vous ne verrez pas d'ennui à payer la tasse de thé que je viens à peine de terminer...

Sa main glisse, frôle celle du Messager et y dépose une pièce. Non, elle ne voulait pas qu'il paye pour elle. Peut-être n'avait-il pas d'argent. La scène, de nouveau, lui appartenait, et la violoniste devait jouer son rôle comme à toutes les fois. Celui d'une femme insoumise, d'une indomptable matrone, comme si le monde était à ses pieds, comme si elle n'avait que faire de ceux qui ne la payait point. Sa voix s'était fait claire, tranchante comme l'acier de son regard qui avait laissé place à cette touche d'amertume qu'on lui connaissait bien.

- J'espère que vous savez ce qui vous attend.

Une langue glisse contre ses pulpeuse lèvres, un regard plein de promesses se pose contre l'homme devant elle.

- Je ne suis pas de ces jeunes apprenties qui ne connaissent rien à la luxure. Mes techniques ne sont pas douces et la seule promesse que je puis vous offrir, c'est que vous serez à mes genoux la nuit tombée.

Sa langue claquait en sa bouche telle le fouet qu'elle aimait utiliser sur certains clients. Elle avait joué son rôle à merveille, une fois de plus. La graine avait été semée et les rumeurs qui quitteraient le café ne seraient que celles qu'elle avait désirer faire naître. Vicieuse, la jeune femme connaissait plus d'un moyen de parvenir à ses fins. Elle espérait simplement qu'en son dernier regard, beaucoup plus simple, le Messager aurait compris que le tout n'était qu'une couverture, que tout ce qu'elle désirait, c'était qu'il lui offre son bras, qu'il l'accompagne en une marche qui ne leur serait pas trop courte...
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Ezel Olven
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MessageSujet: Re: Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV]   Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV] EmptyMar 31 Jan - 22:32

Non, il n’était pas homme à avoir une fortune suffisamment conséquente pour pouvoir s’offrir à répétition les services d’une Délicieuse. Sa chambrette au-dessus du café, les soins de son cheval, et tous les à-côtés lui permettant de vivre ou de délier quelques langues pesait lourd à sa bourse tous les jours. Son train de vie n’était toutefois pas inconfortable pour quelqu’un qui a de modestes attentes, à condition qu’il travailla chaque jour et qu’il resta disponible même la nuit, pour des messages qui se dissimulait sur fond de crimes et de corruptions… Toujours en mouvements, rarement chez lui, le pavé de Paris devenait sans doute sa véritable demeure, faite de briques éphémères et fragiles mais qu‘il pouvait démonter et remonter à volonté quelque soit l‘heure ou l‘endroit. Rien n’était pensé pour laisser une trace durable de son passage… et puis vînt Violine.

Cette femme était comme un vent glacial qui se lève d’un coup et qui d’une bourrasque vous rappelle que l’Indocile aime mener la danse. Mais les mots, le comportement de la belle catin avait beau essayé de le geler, c’est comme si la glace n’arrivait jamais à atteindre le cœur. Il continuait de battre à son rythme, à peine ralenti par les éclats de grandeur de la jeune femme et jamais haineux de ce qu‘il entendait. Il ne s‘emballait pas de colère pour lui rappeler qu‘elle n‘était qu‘une prostituée du sexe faible, qu‘elle n‘était qu‘une esclave du sexe et de l‘argent.

Quelques mots impérieux, une main qui voleta jusqu’à la sienne et c’étaient ses doigts qu’Ezel aurait pensé emprisonné. Mais le contact lourd et froid de l’argent qui mordit sa peau était comme un rappel. Violine n’était plus en surface… mais qu’importe, il la sentait présente. Et s’il n’aimait pas vraiment la situation dans laquelle elle le mettait -il lui aurait volontiers offert la tasse de thé même si celle-ci n’entrait pas dans ses dépenses prévues- il devenait quelque part un goujat à qui la grossièreté imposait de ne faire plaisir à une femme. Le petit café devint soudainement comme une salle de spectacle où l’actrice parle fort et distinctement pour que l’auditoire écoute, la comprenne, s‘émerveille de son jeu, oublie que ce n‘est qu‘un masque et se plonge dans son univers sans savoir où commence la vérité et où finit les illusions.

Plus qu’avec des mots, Violine jouait avec les attitudes, allumant le vice par ses cils battants, par sa langue caressant ses lèvres rouges. Il y’avait du désir dans les yeux des clients, il y’avait du désir dans les yeux des serveurs, dans les yeux du patron, il y’avait du désir dans les yeux du messager... C’était une femme somptueuse dans toutes ses extravagances, même dans la manière qu’elle avait de se vendre. Car ce discours, il n’en avait jamais douté, ne lui était pas destiné. Sa petite autopromotion aurait sans doute son effet. Que ces hommes soient révoltés par l’idée d’être dominé par une femme ou excité par cette pensée, le nom de « Violine » serait dans tous les esprits. Et en cela, elle aurait gagné. Peut-être certains seraient même dans son lit cette nuit. Ezel déposa naturellement la pièce sur la table en regardant distraitement le panel de clients potentiels… tous ne recevaient pas la palme de l’excitation visuelle. Finalement, il lui accorda son bras, entrant d’une voix amène dans son jeu, sans pourtant vraiment s’y attarder
.

_ Et je sais que vous faites cela, à la perfection.

Cette fameuse "nuit tombée" les attendait déjà dehors où l’obscurité se faisait croissante. Les allumeurs de réverbères sortaient de leur sommeil et donnaient tour à tour quelques éclats aux rues qui commençaient à se noyer dans le silence de cette fin de journée. Violine à son bras, c’est comme s’ils se connaissaient depuis des années alors qu’un gouffre de non-dits peuplaient leurs deux existences. Lui, le soldat, elle, la catin… Lui l’ancien caporal, elle, la Délicieuse. Le monde tournait d’une façon qui devait sans doute leur échapper malgré leurs efforts respectifs de le garder dans son axe. Un pas lent les éloignait du café qui les avait réunis en une coïncidence remplie de possibilités…
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Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV] _
MessageSujet: Re: Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV]   Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV] EmptyMer 1 Fév - 5:10

Si Violine semblait forte, extravagante et sur d'elle, elle n'en était pas moins une femme. Et comme toutes les autres, afin de venir mature, elle avait du assassiné la petite fille en elle. Car la femme naît des cendres de l'enfant, Violine avait du très tôt se rendre compte qu'elle ne pourrait plus jouer aux poupées. Le temps ou son amant prenait soin d'elle telle la parfaite princesse qu'il se plaisait à l’appeler, était révolu. Son présent était fait de sourire empli d'une fausseté bien calculé, ses rires ayant perdu l'éclat de leur franchise. Car l'amour elle avait perdu, du vice elle s'était gorgée. Pourtant, le regret n'était pas dans sa palette d'émotions. Pas une seule fois elle s'était demandé si son choix était le bon. Certes, les premiers jours furent plus que difficile. Aucune femme ne peut comprendre ce qu'est la véritable prostitution avant de la vivre, avant de dépendre du simple plaisir des hommes. La jeune violoniste était peut-être plus forte que les autres, au fond.

Et peut-être était-ce pour cela que la prodige aimait l'homme qui lui avait tendu son bras, autant qu'elle le haïssait. Cet étrange mélange de colère et de désir. Pour elle qui avait l'habitude des drastiques contraste, il aurait été facile de croire que cela lui aurait plus. Qu'elle aurait pu s'y habituer, comprendre l'essence même de tous ces sentiments qui se plaisaient à se contredirent les uns, les autres. Facile, aurait-il été de croire que Violine s'y serait senti à l'aise. Bien entendu... Mais la vérité était tout autre. Ce messager, comme il s'était nommé, la troublait. Pour elle qui n'avait jamais cru bon de trouver réponses à des questions qui lui auraient trop pris la tête, voila qu'il était bien désagréable d'être prise au piège d'un jeu qu'elle ne connaissait pas.

Elle serra son bras contre le sien, y pressant sa poitrine alors que leurs pas les menaient vers leur futur séparation. La violoniste laissa un sourire naître sur ses pulpeuses lèvres carmins. Ils ne marchaient pas très rapidement et cela était tout à fait voulu. Elle n'avait pas besoin de le connaître. Sa présence était le plus intense baume qu'elle avait connu à ce jour. Peut-être même, dirait-elle, qu'il l'apaisait plus que l'opium.

- J'ai cru que vous ne reviendrai jamais me voir...

Dit-elle avec, en sa mielleuse voix, une touche d'accusation.

- Je n'aime pas les promesses, car il semble bien, que vous, les hommes, ayez de la difficulté à les tenir.

Son petit rire s'éleva entre eux, rejoignant le ciel noir, sur ce trottoir qui ne connaissait plus qu'eux. Et tandis qu'une lampe les éclairait, elle leva son regard d'acier vers lui, l'observant d'un oeil tendre, tout en lui offrant un sincère sourire. Comme c'était bon... de retrouver la franchise en ses lèvres. Même après avoir détourné son regard et ses joues rosit, Violine sentait ce sourire qui ne voulait plus mourir. Des souvenirs lui revinrent. Ils ne furent pourtant pas douloureux. Au contraire, elle les accueillit au creux de son coeur, appréciant pour la première fois, depuis fort longtemps, le moment présent.

Bientôt, la main de la belle se glissa doucement contre le bras du messager, allant cueillir sa paume, puis ses doigts. Elle y entremêla les siens et les serra doucement, laissant planer un silence qui n'avait rien de lourd. Le regard perdu vers le chemin qui s'offraient à eux, Violine songea un instant, avant de demander bien simplement :

- Pourriez-vous...

Une pause. Allait-elle vraiment demander ça à un inconnu ? Devait-elle le faire ? Certes lui était-il étranger, mais il y avait en lui une chose qu'elle n'arrivait à expliquer. Sans savoir pourquoi, elle lui faisait confiance. Ce genre de sentiment qui ne se comprend pas et qui, sans doute, ne sera jamais compris. Et donc, de nouveau, elle leva son visage pâle vers lui, lui offrant un regard suppliant, à lui, le seul homme qui n verrais jamais ce regard de sa part.

- ... pourriez-vous faire comme si j'étais une dame normale ?
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Ezel Olven
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MessageSujet: Re: Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV]   Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV] EmptyDim 5 Fév - 22:06

Ils marchaient… L’action était d’une simplicité enfantine. Il ne s’agissait que de deux corps, avançant l’un à côté de l’autre. D’un homme et d’une femme marchant dans les rues de Paris de la façon la plus naturelle qui soit. Pourtant, foudroyant ses habitudes de solitude, Ezel avait à son bras une femme. Osant parfois un regard bienveillant vers Violine, il s’assurait silencieusement que la vitesse de leur pas lui convenait. Il avait l’habitude de marcher à une allure de course et il s’était considérablement ralenti pour faire durer le moment et ne pas faire chuter son accompagnatrice sur les pavés glissant de cette fraîche soirée. Il se serait montré bien maladroit de donner une cadence militaire à son pas quand il pouvait avoir le sentiment de ne plus être un soldat. D’être simplement un homme avec à son bras, une beauté à l’apparence fragile. S’il avait été plus rêveur, peut-être aurait-il pu visualiser cette scène comme s’il n’était plus qu’un homme marié, revenant d’une soirée entre amis avec à son bras sa femme… rejoignant tout deux, le confort modeste de leur maison et leurs deux beaux enfants. A vrai dire, depuis qu’il avait quitté l’Italie, depuis que sa sœur avait disparu, ce fût comme si sa vie s’était figée, comme s’il n’envisageait plus de construire son avenir. Le regard posé sur l’horizon, Ezel murmura plus qu’il ne prononça ces quelques mots :

_ Vous avez raison, je devrais arrêter de jouer aux jeux des promesses, j’ai le sentiment de ne pas y être très doué.

Après tout, il avait juré à sa petite sœur d’être toujours là pour la protéger. Ce n’étaient que des paroles d’enfants mais l’écho de ces mots résonnaient encore dans son cœur d’homme et le lui écorchait par son incapacité à avoir été là le jour où elle en avait eu le plus besoin. Les promesses sont comme des poignards mais il gardait en sa conscience qu‘il n‘avait pas menti à Violine et que seule la mort aurait pu le détourner des mots qu‘il avait prononcé ce jour là… Mais devait-il comprendre par ce sujet échangé qu’elle avait donné de l’importance à cette promesse, qu’elle l’avait attendu… espéré peut-être. Lui, le messager? L’homme des rues? Le Vagabond? Bien qu’aucun commentaire ne franchit ses lèvres, le sentiment d‘avoir été attendu était apaisant… comme une empreinte de douceur, de chaleur, de respect, un baiser léger donné du bout des lèvres.

Il osa un nouveau regard sur ce visage poudré y trouvant le plus beau des présents qu’il puisse être donné de se voir offrir : un sourire sincère qui marqua son esprit et lui offrit sa part de bonheur. Pourquoi arborait-elle un tel visage rayonnant? Il aurait été curieux de savoir ce qui entraînait cet éclat dans son regard. Malgré l’effort de lui rendre un semblant de gaieté, sous la noirceur de sa capuche, ses traits ne purent se défiger de cette neutralité qu‘était la sienne. Accoutumé à ne rien laisse paraître, malgré la lente fonte des glaces de son cœur, le masque ne pu changer. Et lorsque ses doigts se mêlèrent aux siens, ce fut une douce torture. Il la devinait douée à ce jeu mais il s’estimait bien plus résistant encore. Pourtant, cette peau douce et délicate lui rappelait tous les silences qu’il s’imposait, tous les problèmes qu’il cachait. Et l’envie d’être honnête, de lui parler de tout ce qu’il gardait pour lui pour ne plus jouer double-jeu et être entier dans ses sentiments, le lacérait. Accroché à son bras, elle était comme toutes les autres femmes mais les doigts ainsi entremêlées, la jeune femme prenait une position beaucoup plus intime. Cœur et esprit se combattait. L’un ne voulait pas faire souffrir Violine en lui donnant ce qu’il devrait lui reprendre le jour de son départ, l’autre se perdait à abandonner sa solitude pour sentir la présence bienfaisante d’une femme vers qui allait toute son affection… et peut-être plus.

Son pas se stoppa un instant. Une dame normale? Mais elle n’était rien d’autre à ces yeux… Lui avait-il laissé à penser qu’il la traitait comme une prostituée? Oh, Violine n’était certes pas une femme des plus banale, elle avait une vivacité d’esprit, elle faisait preuve de caractère, de culot… et c’était autant horripilant que totalement captivant. Stoppant un instant son pas pour lui faire face, et lui répondre, il vînt saisir affectueusement sa seconde main
:

_ Si je vous ai laissé à penser que vous étiez autre chose qu’une dame « normale » à mes yeux, je m’en excuse.

Il voulu saisir cet instant pour peut-être oublier le poids qu’avait Violine auprès des Boldwin et lui révéler une part de lui mais derrière ses yeux qui lui clamait toute la sincérité de son cœur, ses lèvres ne purent laisser échapper ne serait-ce que l’empreinte de son prénom. Il laissa donc le silence de la Raison dicter sa conduite et serra un peu plus fort la main de Violine dans la sienne alors qu’il reprenait la marche lente vers le Manoir.
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Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV] _
MessageSujet: Re: Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV]   Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV] EmptyMar 7 Fév - 5:07

Et puis voila ou mènent les pas des imprudents... Dans l'ignorance, quelque chose, quelque part, se joue de nous, de nos désirs, de nos malheurs. Une force plus puissante encore que celle de la volonté, plus intuitive que l’instinct même, voila qu'elle vous attire à elle, vous agrippe de ses griffes, de ces mains sales qui ne cherchent plus qu'à vous souiller, qu'à étendre sur votre innocence le voile des déceptions, la vérité des mensonges. Prisonniers alors nous devenons de ce que toujours nous avons fuit, de ce qui, encore, nous effraye plus que le noir, plus que les monstres qui s'y cachent, plus encore que cette mort qui nous attend tous. Et elle se rit de nous, cette insidieuse traitresse qui, au bout du chemin, ne fera que nous faire souffrir, nous offrant plus de bonheur que nous en souhaiterions, simplement pour nous le reprendre, et s'esclaffer de cet éphémère qui nous terrasse si facilement. Et finalement, pantin nous devenons, simples marionnettes destinées à être ses esclaves, à cette violente vérité. La réalité.

Alors donc, peut-être était-ce l'explication que Violine recherchait. Ce pourquoi le messager qui accompagnait ses pas, en cette nuit fraiche, lui était si troublant. Car elle ne pouvait plus le nier, cet homme avait marqué sa vie, dans son bref passage, comme s,il y avait posé une indélébile marque, en ce baiser qu'il s'était vue lui offrir en un adieu douloureux. Pourquoi l'avait-il été d'ailleurs ? Car, tout simplement, il ne faisait pas partie de cette réalité qui s'était tissé tout autour d'elle. Parce que dans son interdit, il offrait le possible, parce que dans l'inconnu, elle reconnaissait pourtant son regard. En ces bras, il l'avait porté, sans efforts, vers un monde de rêve, vers un endroit ou elle pouvait s'inventer reine, là ou, peut-être, elle avait toujours existé. Univers parallèle aux autres, mais si lointain. Il lui rappelait son violon, qui de ces notes lui avait offert une porte de sortie, une endroit bien à elle, un royaume ou régner. Sans lui, elle serait devenu folle. Elle aurait, depuis longtemps, perdu toute lucidité en son esprit tordu, troublé, brisé.
As-tu enfin pris forme humaine, mon Roi ?

Les paroles lui parvinrent comme une douloureuse blessure que l'on inflige aux gens que l'on aime. Son visage se crispa, ses sourcils s'haussant vers le ciel, comme si elle l'implorait à l'instant, alors que l'homme lui serrait tendrement les mains. Sa bouche aux fines lèvres rouges s'entrouvrit, comme pour parler, mais rien ne sortit. Elle ne put que fixer cet homme qui n'avait pas compris. Il n'avait saisi de ses propres paroles, que leur apparence simple. Pourtant, Violine n'avait pas souhaité qu'il les comprennent ainsi. Voila pourquoi, alors qu'il reprenait sa place à ses côtés et entamait de nouveau leur longue marche de quelques pas, la jeune femme ne bougea pas.

- Vous m'avez mal compris...

Sa voix s'était brisée. Les poings serrés, la gorge l'étant tout autant, elle posa sur lui un regard perdu, comme un enfant cherchant désespérément la peluche qui le réconforte, de peur de voir des monstres lui agripper les chevilles de sous son lit. La nuit était maintenant bien présente, la lune absente, les passants aussi. Ils étaient seuls, seuls dans ce silence qui s'était installé, ce glacial moment qu'elle aurait voulu briser de toutes ses forces. Violine le constata un instant, comme sur le point de pleurer, comme si elle ne voulait pas parler, comme si pourtant cela lui était nécessaire. Un combat s'acharnait en elle, comme le désir des hommes recouvrent les femmes, comme leur argent leur permet de les détruire.

- Jo... Josianne Mariçault. C'est mon vrai nom...

Son coeur sembla se serrer si fort, qu'il aurait pu imploser. Elle y porta une main hésitante, alors que son regard se porta vers le sol, ce pavé qui semblait les protéger dans son obscurité, dans sa froideur. Lorsque la jeune femme s'était présenté au manoir, elle avait rencontré en personne dame Boldwin. Une magnifique femme, d'une prestance sans égale, qui lui avait tout de suite plu. Elle avait su écouter se désirs, ses besoins. Peut-être n'avait-elle pas tout à fait compris les raisons qui avaient poussées la belle à s'offrir elle-même comme employée des nuits, mais elle avait du moins sembler compatir. Mais une condition lui avait été demandée. Le passé. C'était comme une promesse d'appartenance. Comme si, à l'instant ou le manoir avait tué Josie, on avait fait naître Violine de son corps. Les souvenirs ne pouvaient lui être enlevé, mais son nom, son histoire, tout lui était retiré. Sur le moment, elle n'avait pas hésité. Il était clair, pour elle, que son choix n'était que le bon. Bien sur, encore aujourd'hui, les regrets n'existent pas pour elle. Mais ce soir-là, près de l'homme mystérieux à la capuche qu'elle aurait aimé arracher, Violine ne volait plus être.

- Je sais bien qu vous ne me considérez pas comme une vulgaire catin. En vos yeux je vois autre chose que du désir. Peut-être est-ce de la pitié, mais alors, je m'en fou. Je la désir, votre compassion. Je la veux, car je veux de vous ce qu'aucun homme n'a su m'apporter depuis... longtemps.

Ses pas se firent rapides, décidés, comme ceux d'une guerrière, ayant abandonné la peur de mourir, se jetant sur ce champ de bataille qui lui avait tant fait peur. Comme si elle allait à la rencontre de ses cauchemars, sur son visage, les pleurs coulaient déjà.

- Je ne veux pas être Violine ce soir !!!

Et puis voila ou mènent les pas des imprudents... Alors que la réalité de la femme vole en éclats, voila qu'elle redevient la jeune fille, celle qui a peur, celle qui n'ose pas, celle qui, des hommes, ne sait rien. Ses lèvres emprisonnent celle du messager, alors qu'elle s'est jeté à son cou, enlaçant sa nuque de ses bras tremblants. Est-ce le froid ? Peut-être, mais il n'est pas le seul à la faire frissonner. Sa bouche plaquée contre celle de l'homme, elle lui vole un naïf baiser, à peine déposé, pour ensuite lui implorer d'une voix brisée par les pleurs :

- Je veux retrouver Josie... celle qui a peur... celle qui doute...

Elle cligne des yeux, la petite enfant perdu, brisée, fixant ce regard, s'y accrochant comme s'il avait été sa dernière promesse de vie, comme si, au fond, c'est tout ce qui comptait. Sa main glisse contre la joue rapeuse de l'homme, son pouce s'attardant sur ses lèvres. Violine n'est déjà plus. Il n'y a que celle qu'elle était, une jeune femme tout ce qui a de plus normal, éprise de l'interdit, entichée de l'inaccessible. Hypnotisée par le silence, par ce regard qu'elle a presque peur de quitter, elle s'offre à lui plus qu'elle ne la jamais fait, comme si cet homme aurait pu lui prendre sa virginité autant de fois qu'il l'aurait voulu, comme s'il était le détenteur de cette seule innocence qui lui restait encore.
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Ezel Olven
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MessageSujet: Re: Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV]   Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV] EmptyJeu 9 Fév - 2:31

Rien n’était simple et encore moins lorsqu’il s’agissait de Violine. Ezel en prenait de plus en plus conscience lorsque l‘équation devenait de plus en plus compliquée. La solution qui lui paraissait tellement évidente encore ce matin en se levant, devenait terriblement flou ce soir, en présence de cette incomparable compagnie. Il devait prendre en compte un facteur émotionnel que l’armée lui avait apprit à gérer mais que, pour une raison qui lui échappait, il ne parvenait pas à appliquer à la lettre… ou n’avait pas envie d’appliquer. Trop d’erreurs étaient commises. Des détails qui en fin de route commençait à prendre de l’ampleur. Il impliquait ses sentiments dans ce qui ne devait être qu’une simple mission d’extraction et le conflit intérieur prenait des allures de combat latéral. Pourquoi n’avait-il pu rencontrer Violine plus tôt ou plus tard? Quand sa vie aurait été stable, quand il aurait pu être l’image d’un homme capable d’aimer? Quand il aurait été sûr de ne pas la blesser? Peut-être est-ce pour cela qu’il n’avait pas comprit où elle voulait en venir? Peut-être ne le voulait-il pas?

Son pas fût retenu par le corps inerte de Violine, figé par sa méprise. Il se retourna alors, quelques instants surpris de sa résistance alors que la nuit les enlaçait de ses bras sombres, pour voir à la lueur des réverbères, une femme meurtrie. Bien de l’incompréhension passa en son esprit… il se souvînt de tous les sentiments qui avait déferlé sur le visage de Violine le jour où il s’était vu la première fois et encore aujourd’hui, elle le surprenait en passant du rire aux larmes. Elle qui était si rayonnante quelques secondes plus tôt, était redevenue comme une poupée de porcelaine délicate et fragile.

Ce nom qu’elle lui offrait gage de sa sincérité à son égard lui heurta le cœur comme si une ruée de chevaux l’avait piétiné en s’enfuyant. Plus, elle faisait de pas vers lui et plus il se sentait dans l’obligation de reculer alors que son cœur souhaitait bondir en avant et la saisir d‘un de ses battements. Le poignard qu’elle avait lancé, sans s’en doute le vouloir, avait atteint sa cible… son âme saignait de ne pouvoir faire preuve d’autant de droiture à son égard. Un nom, rien qu’un nom, Ezel. Ne peux-tu au moins lui offrir cela? Sa conscience le harcelait. Trop atteint, son visage figé dans ses traits inaltérable, ne put laissé échapper l’ombre d’un mot. Pour exercer leur métier, certaines catins se construisait un personnage pour ne pas se détruire mais ce personnage prenait souvent beaucoup de place et étouffait celle qui avait été. Violine, ou plutôt Josyane, non! Le messager inclina respectueusement la tête comme s’il la rencontrait pour la première fois.

Mais lorsqu’elle parla de la pitié qu’elle lui inspirait alors il brisa ce silence. Il ne pouvait la laisser se méprendre sur ce que son regard capturait à chaque seconde qu’il passait à la contempler. Et si ce n’était pas cela qu’elle voulait trouver dans ses yeux, si d’autres hommes la regardait de cette façon, alors tant pis, elle resterait unique à ses yeux même s’il n’était qu’un homme parmi d’autres aux siens
.

_ Nulle pitié. Je n’ai pour vous que de l’admiration

Sa phrase fût fauchée par le geste lorsque ses lèvres capturaient déjà les siennes en un baiser volé, le ramenant au silence. Ce contact n’avait rien d’un jeu et d’ailleurs, cela ne l’amusait pas. Un nouveau coup de poignard le saigna sur le pavé mais le mutisme le tenait toujours debout. Des larmes qui traçaient des sillons sur sa peau poudrée. Son regard s’y refléta. Son bras se tendit alors qu’une main caressa chaque joue en venant essuyer ses larmes. Est-ce que le retour de Josie était une bonne chose pour la catin? Il n’en savait rien et il craignait d’avoir soulever sans le vouloir de vieux démons… A moins que ce ne soit des anges. Ce nouveau nom glissa entre ses lèvres sans difficulté :

_ Josyane… peut-être viendra un temps où je pourrais vous dire tout ce qu’il vous plaira d’entendre à mon sujet. Et je ne saurai dire à quel point j’espère ce moment et à quel point j’aimerai être le reflet de vos attentions mais je ne peux l’être pour le moment.

Il la prit dans ses bras, la tête posée contre son cœur, ses mains qui enserrèrent délicatement son corps et se posèrent dans son dos, le survolant avec tendresse. Il en était encore à un stade où l’on se pose mille questions. Elle, semblait s’en moquer pourvu qu’on lui rende ce qu’on lui avait jadis volé. L’homme, le soldat, avaient terriblement peur de lâcher prise et de perdre le contrôle sur leurs pas. Il était façonné telle une partition dont on ne s’éloigne pas des notes. Pourtant la prodige lui chantait que la musique se vit, se sent, plus qu’elle ne se joue. Finalement, il lui avoua ses craintes :

_ Je suis inquiet à l’idée que le gouffre que je met entre nous vous éloigne de moi.

Tantôt il voulait l’éloigner parce qu’il trouvait cela juste de la prévenir des éventuelles blessures qu’il lui causerait mais l’instant d’après, il se surprenait à lui avouer que son absence ne le laisserait pas de marbre. Violine s’en relèverait sans doute mais Josie? Ezel ne voulait pas balayer à jamais cette trace du passé de la belle qui avait fait rayonner le soleil dans ses yeux.
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MessageSujet: Re: Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV]   Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV] EmptyLun 13 Fév - 21:23

Elle buvait ses paroles comme l'on boit l'eau fraîche après s'être perdu dans un désert aux arides chaleurs. Son visage bien près du sien elle observait ce regard qui lui était trop souvent caché, refusé. Comme il était beau, là, si proche d'elle. Ses yeux miroitaient sous ses larmes, offrant un air perdu. Elle n'aurait voulu quitter le confort de ces bras pour rien au monde, bien trop comblé par l'odeur du Messager, par sa chaleur, son contact. Ce pouce qui glissait contre sa joue empourpré de passion, chassant une larme qui avait quitté le seuil des paupières de la gamine au corps de femme. Et elle lui sourit, bêtement, pendu à son cou comme à sa vie.

Mais les mots ne vinrent pas apaiser ses blessures, comme elle l'aurait cru. Son coeur... elle le sentit fendre, déchirer, voler en éclat avec une violence qu'elle ne connaissait pas. Et tandis que les lambeaux de ses espoirs retombaient doucement tout près de cet amertume qui se riait soudain d'elle, le Messager plaqua doucement sa tête contre sa dure poitrine. Elle obéit aux gestes, appuyant sa joue en un regard vide, une expression inerte qui ne lui ressemblait pas. Elle qui était la fougue et la vie, elle qui ne pouvait que crier ou pleurer, que faire la fête ou être en colère... voila qu'on venait de la tuer, d'un coup si puissant, d'une lame si fine, qu'elle en avait perdu les mots, les réactions.

Les yeux figés vers la vitrine de l'autre côté de la rue, elle regardait les poupées derrière le verre teinté, mais ne les voyait pas. Son esprit déjà torturé, brisé, depuis si longtemps, elle en avait oublié la douleur. Celle qui glace le sang et vous fait perdre vos moyens, celle qui, sans que l'on puisse l'expliquer, vole notre personnalité pour en faire ce qu'elle veut, pour ne faire de nous qu'une ombre de ce que nous avons un jour été. Et juste là, oui, tout près de sa gorge qui se serrait, à cet endroit ou elle croyait avoir un coeur, elle ne sentit plus rien... Qu'un insupportable vide qui aspirait en lui tout ce qui était lumière, espoirs et rêves. Et ça sert, encore et encore, pour finalement devenir si douloureux, si insupportable, que les larmes coulent, sans mots, cherchant à apaiser un maux qui ne connait pas de baume. Violine s'effrite, se brise encore, alors qu'il la repousse, lui, ce simple homme qui n'a pas voulu voir que ses caprices, lui qui lui avait souffler du rêve, pour mieux le lui reprendre. Pourquoi ?

Ses poings se serrent, appuyés contre ses cuisses, alors qu'elle tente de réfréner ce hoquet. C'est insupportable !

... Te souviens-tu, maintenant, petite fille ? N'est-ce pas cette même blessure qui revient, ce même mal qui te prend, alors que tu n'oses plus bouger, pas même respirer en les bras de cet homme qui, peut-être même sans le savoir, t'as voler de si belles choses. N'est-ce pas ce même vide qui s'installe insidieusement en toi, alors qu'en ton regard meurt cette lueur que l'on te connaît. Oui. C'est cette même sensation que lorsqu'il est mort, n'est-ce pas ? Ton fidèle amant. Le seul homme à t'avoir aimé d'un amour pure, simple, sincère. Celui qui t'as tout donné, celui qu'on t'as volé. Pourquoi ? Oui, tu te demandes. Pourquoi encore ? Qu'as-tu fait ? Tu te questionnes bien sur tes actes, tes caprices. As-tu été si vilaine que les cieux ont décidés de t'abandonner de nouveau ? Oh, douce enfant, de nouveau tu dois mourir, offrir ton âme au Diable pour mieux oublier ce Dieu qui ne cesse de t'arracher les choses qui t'étaient si précieuses ...

Et elle meurt, encore, cette fleur qui, à peine avait-elle laissé ses pétales s'épanouir pour que la douce chaleur du soleil vienne la réchauffer, la réconforter, voit l'orage gâcher le tout. Déjà elle se fane, car n'est-ce pas destin de toutes fleurs que de mourir ? Violine se retire de l'étreinte de l'homme qui n'est plus qu'un inconnu pour elle. Son visage baigné de larmes fait face au sien et pendant un instant, elle laisse encore ce lourd silence les envelopper, les tuer. Comme elle aurait voulu goûter à ses rires, partager quelques tasses de thé, lui faire l'amour. N'aurait-il pas été un bon amant ? Si, voyons. Un homme comme lui aurait pu lui offrir plus que quelques coups de reins. Il aurait pu la transporter, et ce bien plus qu'au lit. Elle se serrait plus à l'écouter parler, raconter sa vie, ses histoires et ses peurs. Peut-être aurait-il voulu entendre sa musique ? Elle lui présenterait son Roi, et leur univers composés de leurs notes, de leurs mélodies. Un sourire, c'est tout ce qui comptait.

Alors elle afficha le sien. Droite, fière, essuyant ses larmes d'une main agile, comme si elle l'avait fait tant de fois avant... mais ne l'avait-elle pas fait ? Son regard retrouva sa lueur, mais elle n'était plus la même. La colère, peut-être. Ne préférait-elle pas détruire qu'être détruire ? Mais bien sur. elle n'était pas Violine pour rien. Elle l'observa donc une dernière fois, puis déposa un doux baiser contre sa joue. La politesse était toujours de mise, devant les inconnus, non ?

- Je dois rentrer, merci pour votre compagnie, monsieur.

Et déjà ses talons claquaient contre le pavé qui devint ce gouffre dont il avait parlé. La douleur reprit la Délicieuse qui sentait chacun de ses pas devenir plus difficile que le précédent. Mais elle resta droite. Marchant d'un pas normal, ni pressé de quitter cette torture, ni désireuse d'y rester. Son regard noyé de nouveau, elle fut contente que l'homme soit derrière elle, ne cherchant pas à la retenir. Elle devait quitter les lieux, retourner au réconfort des vices du manoir. L'Opium, oui, sa douce drogue la calmerait. Elle s'abandonnerait dans les bras d'un homme, vengeant cette tristesse profonde qu'elle changeait en colère sur le pauvre client qui aurait désirer choisir Violine la Dominatrice.

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Ezel Olven
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MessageSujet: Re: Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV]   Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV] EmptyMar 14 Fév - 16:55

Peut-être qu’il n’aurait pas dû rentrer dans ce café… peut-être la laisser espérer en vain aurait été une blessure plus tendre… Peut-être. Mais n’était-ce pas se jouer d’elle que de ne pas honorer ces mots? Même si c’était la rencontre de trop, Ezel ne regrettait pas d’avoir pu revoir une dernière fois ce visage poudré, ces yeux miel cernés de noir, rendant son regard intense, et ses lèvres vermeille du plus belle éclat. Comme un visage gravé en sa mémoire, comme un souvenir qu’il garderait bien à lui, l’image de Josiane resterait sienne à jamais car celle-ci ne pouvait s‘éloigner de lui. Que son corps le quitte, qu’ils ne se revoient plus mais qu‘elle reste à jamais dans son cœur! Voilà, c’était cela la meilleure solution. Il n’était fait que d’éphémère et il avait essayé de le lui faire comprendre avant qu’elle ne commence à croire en lui, en l’illusion d’un homme qui pourrait lui apporter ce dont elle avait besoin. Comment aurait-il pu se douter qu’en l’espace de deux rencontres ce fût déjà le cas?
La décision était difficile à prendre car le cœur n’était pas en accord avec la raison. Mais il veillerait à ce qu’elle ne s’attache pas davantage à lui, et la blessure s’effacerait sans doute avec le temps. Il n’avait pas voulu que leurs cœurs se rencontrent aussi vite, il savait que cela n’amènerait rien de bon entre eux… parce qu’Ezel n’était qu’un fantôme. Alors, il l’éloignait et par des mots qu’il avait voulu sincère mais sans cruauté, elle choisissait de tout abandonner. Elle ne l’attendrait pas comme une partie de lui l’avait espéré. Elle l’avait embrassé comme on gifle quelqu’un et appelé « monsieur » avec ce détachement qu’il ne pensait plus voir en sa présence. Le masque avait retrouvé sa place… et ils redevenaient l’un pour l’autre des étrangers… elle, la catin et lui, le messager.

La métamorphose… Il la perdait, sa seule amie… la seule qui comptait dans cette ville qui n’était pas la sienne. Et même si ses épaules restèrent droites, son visage impassible, il eut le sentiment d’être aspiré par le bas. Ne voulant se confronter plus longtemps, il lui redonnait dès maintenant son espace. Elle ne le verrait plus… il laisserait les paquets à l’entrée du manoir comme il ne le faisait jamais. Il disparaîtrait, par respect de ne plus la faire souffrir, retrouvant l’ombre qu’il n’aurait jamais dû quitter. Réalisait-elle l’exploit accomplie lorsqu’elle avait malgré tout, réussit à le détourner de son objectif premier? La jeune femme avait réussit à s’emparer de petits bouts de son cœur et c’est avec eux qu’elle s’éloignait… sans peut-être le savoir. Elle les aurait sur elle, pour toujours. Quand bien même ces pas le ramèneraient en Italie, une partie de lui resterait à jamais à Paris.

Mais était-ce suffisant? Quelle femme trouverait grâce à ses yeux après une telle rencontre? Ezel réajusta sa cape alors qu’elle s’éloignait. Il n’avait pas estimé devoir répondre à ce qui semblait plus une attaque blessante qu’un réel au revoir. Elle ne l’avait même pas laissé la raccompagner jusqu’au manoir… mais il ne lui donnerait pas tort d’avoir choisi de partir. Il n’essaierait pas de la retenir, estimant que cette solution était la meilleure pour tous les deux. Lui, retrouverait Fanny et elle, retrouverait Violine… cette femme que rien n’affecte. Son pas commença à l’éloigner de l’extravagante. Chacun dans une direction… le gouffre s’étendait mais il la sentait encore auprès de lui. Son parfum, un peu de poudre satiné sous ses doigts… Peut-être demain, en ce nouveau jour, la blessure qu’il s’était lui-même infligé finirait par s’apaiser mais pour l‘heure, il disparu dans les quartiers les plus animés, non pas pour s‘enivrer, mais pour se remplir la tête d‘informations et oublier un instant ce mur qu‘il avait heurté. Retrouvé sa sœur valait bien ce sacrifice, non?
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MessageSujet: Re: Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV]   Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV] EmptyMer 15 Fév - 0:51

Cette rencontre n'avait été qu’un désastre. Mieux aurait-il fallu qu'elle ne le revoit jamais, qu'elle ne le rencontre tout simplement pas. Mais peut-être, alors, n'aurait-elle jamais du voir le jour. Tout cela était inutile. Savoir à qui était la faute ne réglerait pas le problème et ne penserait certainement pas sa blessure. Les maux sans baumes ne guérissent qu'avec le temps, en espérant d'abord que l'amertume ne l'envahisse pas telle l'infection dans le sang. Les puissants soupires de la belle ne semblait pas non plus vouloir apaiser ce mal qui la laissait si ... muette. Son corps lui semblait lourd, ses pas difficile, presque douloureux. Elle aurait préféré se jeter contre le sol, contre ce froid pavé qui ne recueillait plus que ses pas, que ses larmes. Cesser d'être lui semblait une promesse plus agréable, plus réconfortante que celle de continuer à se diriger vers le manoir qui ne la remplirait plus que de mensonges.

Le manoir. Un instant passa et Violine sursauta. Seigneur ! Mais quelle heure était-il donc ? Son regard ne croisait que la pénombre, trop peu éclairé de ces lanternes éparpillées. Elle s'approcha de l'une de ces-dernières, plongeant la main au sein de sa petite bourse pour en sortir cette montre de poche qu'elle affectionnait tant. Oh ce n'était pas bon ! Il se faisait tard et la Délicieuse ne s'était même pas préparé encore. La panique l'a prit, chassant ses remords et son désespoir d'un coup qu'elle ne sentit pas. Le bruit de ses pas se fit plus bruyant, plus rapide. Décevoir ses patrons était l'une des choses qu'elle détestait le plus, et elle ne lasserait pas cela arriver. Pas ce soir. Elle avait eu assez d'émotions pour un bon moment et était fort loin de désirer croiser la colère de Dame Boldwin.

Les ruelles, moins éclairées que les rues, étaient pourtant de bonnes amies lorsqu'on les connaissait bien. La plupart pouvaient nous faire gagner un temps plus que précieux. Heureusement pour la jeune femme, elle y avait vécu toute sa précédente vie et elle possédait une très bonne mémoire. Elle s'y élança donc, laissant la pénombre l'avaler, l'engloutir vers ce qu'elle ne pensait être qu'un raccourcit vers ce qu'elle appelait désormais ; sa maison.

- Regarde ... héhé !

Elle ne l'entendit pas.

- Oh la vache ! C'est pas ...
- Si, c'est elle ! C'est cette violoniste qui est venu jouer pour notre maître il y a quelques mois.
- Mais qu'est-ce qu'elle fait là, à pareille heure, c'pas très prudent ~

Elle ne vit pas non plus ces sourires plus mesquins que la mesquineries même.

- Dîtes, vous vous souvenez l'avoir entendu gémir, cette petite garce ?
- Si j'me souviens ? Putain j'en avait le manche si dure que ça faisait mal !!
- Chut !

Elle ne compris pas ce qui se passa, lorsque son visage rencontra durement le torse d'un homme très grand. L'impact la propulsa à direction opposé, la faisant tomber par terre.

- Pardon !!!

S'excusa la belle en frottant l'une de ses fesses meurtri par la chute.

- Je ne regardais pas vraiment devant moi, j'espère ne pas ...
- Bonsoir, Violine.
- E...

Son regard encore rougit par les précédentes larmes, elle leva le visage pour observer la personne qu'elle avait percuter. Elle n'était pas seule. Ils étaient deux, des hommes aux sourires trop grands, aux regards trop lumineux.

- Nous nous connaissons ?

Non, bien sur que non. Il n'était pas vêtus comme des clients, encore moins comme des employés du manoir. Ce n'était que de jeune hommes pauvres, voyant devant eux une femme portant des habits de riche, une jeune femme dont il savait la profession pour en connaître le prénom.

- Disons que tu as bien connu l'homme qui nous employait, à l'époque.
- Héhé !
- Oh, euh, je vois. Veuillez cependant m'excuser, je suis attendu quelque part.

Mais ils ne désiraient pas la voir partir. Non, car lorsqu'elle décida de reculer, voulant rebrousser chemin pour retrouver le confort des lanternes, la sécurité de leur lumières, voila que son frêle dos rencontrait en un puissant frisson d'effroi, le torse d'un troisième homme. Son coeur se serra, alors qu'il glissa une main avide contre cette fesse qui lui était douloureuse.

- Je suis certain que les personnes qui vous attendent saurons patienter quelque peu, pas vrai ?
- C-c'est bien mal les connaître, que de dire qu'il voudrait m'attendre bien sagement alors que je suis déjà en retard...

La peur. Voila qu'elle la ressentait comme elle ne l'avait plus ressenti depuis longtemps. Violine avait acquis au manoir une protection qu'elle affectionnait particulièrement, une sécurité qui l'empêcherait de tomber dans ce genre de situation. Mais voila qu'elle avait stupidement voulu marcher seule, trop pressée de quitter l'atmosphère trop lourd entre elle et lui. Le messager. Une pensée alla pour lui alors que les hommes s'approchait de plus en plus d'elle.

- Je vous déconseille de faire ce à quoi vous pensez, jeunes hommes ! Vous ne savez pas à qui vous vous attaqués et vous connaissez encore moins les conséquences qui vous attendent.
- Oui, vas-y, débats-toi, c'est encore plus excitant ...
- Ta réputation te précède, il paraît que seuls les hommes les plus vigoureux arrivent à te faire jouir !
- Sommes-nous assez imposants pour toi ? Hein ? Vas-tu crier pour nous ?

Et elle cracha sur celui qui se tenait devant elle, alors que celui derrière éclatait de rire en lui attrapant les bras pour les retenir dans son dos. Il la poussa violemment contre l'autre, l'immobilisant entre les deux torses. La pauvre voulu hurler, mais celui derrière semblait savoir quoi faire, puisque son imposante main vint se plaquer contre les douces lèvres rouges.

- Héhé ! Je parie que quand on la baise, c'est comme avec une vierge !

Les pleurs vinrent naître aux yeux de la Délicieuse qui se tortillait en tous les sens alors que le troisième homme tirait sur sa robe pour la lui déchirer avec une aisance alarmante. Bientôt, elle ne se retrouva plus qu'en demi-corset et en collants. On lui écarta les jambes, la jetant presque contre les boîtes en bois non plus. Ses bourreaux utilisèrent bien intelligemment un lambeau de la robe pour en faire un imposant bâillon. Violine eut alors l'occasion, pendant un instant, d'hurler comme jamais elle ne l'avait fait. Son cri mourut entre les murs qui la retenait prisonnière, alors qu'on la frappait derrière la tête.

- Sale peste, tu vas te tenir tranquille, oui ?

Ria l'un d'entre eux alors que la Délicieuse sentait sa tête tourner. Dans une bien ingrate posture, elle se retrouva les seins pressés contre le bois dure, ses rondeurs pointées devant l'homme qui tenant en sa main une masculinité pulsante d'envie.

- Oh Seigneur ! Vous avez vu ça ! Putain c'qu'elle est bonne !!!

Pleurant en un silence insupportable, la jeune femme pensa au Messager, à leurs paroles échangés et à sa réaction si pathétique. Elle regrettait de l'avoir quitter, de lui avoir offert cet amer baiser et ces mots cinglants, empli de son venin, de sa colère. Dans sa panique, le visage du bel homme lui revint en tête et elle sentit de nouveau son coeur lui faire mal, si mal. Pourquoi ? Pourquoi ne pouvait-elle être près de lui ? Qu'avait-elle fait au cieux pour qu'ils désirent la faire souffrir encore et encore, toujours plus fort. Les paroles des hommes et leur mains sales parcourant ses courbes lui semblèrent soudain si loin. Elle n'entendit pas les hommes se disputer pour être le premier à la prendre. Elle ne les sentit pas se bousculer contre elle. Elle ne vit qu'en son esprit le regard du Messager, alors qu'il lui offrait son premier baiser. Cette tendresse qui les avait enveloppés de sa réconfortante chaleur. Et de nouveau, le vide s'installa, le regard de la belle mourut, alors qu'elle poussait un hurlement qui s'estompa contre le bâillon qui grugeait ses lèvres. L'un d'eux avait forcé l'entrée...

"Seigneur, laisse-moi mourrir..."
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Ezel Olven
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Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV] _
MessageSujet: Re: Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV]   Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV] EmptyMer 15 Fév - 17:20

Avancer… ne pas resonger à ce qui venait de se produire, ne pas se demander s’il y’avait eu une autre manière d’agir… il était trop tôt pour faire le point, et ce soir, s’étendre sur quels mots ou quels gestes auraient été pour Violine de moins violents maux, ne changerait pas le résultat. Il l’avait éloigné et il l’avait perdu… Et la chute avait été tout aussi rude pour lui qu’elle ne semblait l’avoir été pour elle. A aucun instant, il ne pensait que sa requête aurait été expédiée aussi sec. C’était une bataille qu’il avait mené de front et qui dans la victoire, se retrouvait tout de même perdant. Le temps n’était pas à revoir sa stratégie… il s’était montré trop doux, trop affectueux, avait laissé la jeune femme marcher dans son espace, l’avait peut-être même provoqué par ce baiser qu’il lui avait donné la toute première fois… peut-être était-il coupable finalement, de tout ce mal qu’il avait imposé à Violine, la forçant à se rappeler de Josie, l’amenant à découvrir son cœur et à en examiner chaque morceau? Oui, sa faute était grande! Il savait à quel point le passé a son importance dans une vie. Certains le fuient, d’autres le célèbrent… et lui, donnerait tout ce qu’il avait pour revenir quelques années en arrière, alors qu’il n’était pas encore un homme, alors que de toutes les choses de la guerre et du sang, il n’en connaissait rien. L’enfant ne connaissait que l’amour et la paix. Pourquoi avait-il fallu grandir si vite? Pourquoi avait-il dû dire tant d’adieux dans sa vie… son père, sa mère, sa sœur, des amis tombés pour le pays… et Violine. Il avait toujours crû faire ce qui était approprié alors il se demandait pourquoi la récompense donnée aux justes était si anormale.

Et le revoilà marchant seul dans la rue. Une rue comme tant d’autres dans Paris, vêtue de ces mêmes pavés glissants sur lesquels Ezel craignait que Violine ne glisse. La rue qu’il emprunte est sombre, paré de réverbères trop espacés pour en éclairer toute la surface mais il entend déjà, au bout de ce quartier, les cris festifs des ouvriers, des travailleurs venus noyer une époque rude dans le vin et la musique. Musique. Son pas ralentit alors qu’il resonge à Violine, la violoniste, la prodige dit-on. Il s’arrête. Il observe cet attroupement d’hommes au loin que la boisson a rendu agressif, bestial… un mot plus haut que l’autre et voilà qu’ils frappent sans réfléchir sur leur voisin et le messager réalise aussitôt qu’il a manqué de prudence. Son pas est vif alors que son corps fait demi-tour dans la nuit. Il a laissé Violine rentrée seule jusqu’au manoir et il s’inquiète devant le spectacle de cette meute inhumaine qui n‘aurait fait qu‘une bouchée d‘une femme.

Une course comme celle-ci? Il n’y avait que sur le champ de batailles qu’il avait couru de cette façon, sa rapière frappant sa cuisse à chaque nouvel appui de son pied sur le sol, sa cape se soulevant par la vitesse. Il lui fallut à peine quelques minutes pour rejoindre cet endroit où elle lui avait offert le dernier de ses baisers… et dès lors, beaucoup de chemins s’offraient à lui et il ne su lequel choisir. Sa seule certitude était la direction dans laquelle elle était partie. Réfléchir. Ezel prit quelques secondes pour penser. Leur lente balade avait retardé Violine, peut-être avait-elle voulu rentrer au plus vite… mais peut-être qu’au contraire, elle avait préféré tarder encore, le temps de se remettre de cette « rupture ». Parfois, il faut suivre son instinct… espérons que le cœur s’alliera à l’intuition car Paris était un labyrinthe de rues et de ruelles mais qu’importe, il s’élança dans passage, gravissant le mur d’une des plus hautes demeures de ce la rue, son ventre se gonflant et se dégonflant au rythme de sa rapide ascension.

S’élever pour mieux avoir une vue d’ensemble… Debout sur les ardoises grises, il regarda tantôt les grandes allées, tantôt les artères plus sombre où il peinait apercevoir quelque chose. Quand soudain il y’eut ce cri… Violine! Son sang ne fit qu’un tour alors qu’il dévalait la toiture en direction de la ruelle vers laquelle il craignait d’imaginer ce qui avait porter un tel cri jusqu’à lui. Sautant sur des toits de plus en plus bas, il rejoint d’un bond les trois vicelards entassés autour de la jeune femme. Ce genre de situation ne le rendait pas très bavard et il s’abattit sur le premier homme, l’interrompant dans la tâche qu’il avait débuté pour l’envoyer heurter les caisses de bois en un bruit sinistre. Sa main aurait presque tremblée de désir que de saisir sa rapière et de trancher de haut en bas chacune de ses bêtes… mais il ne voulait que reprendre Violine. Il s’occuperait d’eux plus tard…

Visiblement les deux compères ne l’entendirent pas de cette oreille, se ruant sur celui qui les avait dérangé. Plaqué contre le mur, Ezel bloqua les mouvements de l’un alors qu’il éloignait l’autre d’un coup de pied en plein estomac. L’adversaire se plia à en cracher sa bile sur le sol, le laissant tranquille pour quelques instants. L’ombre d’un mouvement dessiné dans son dos, une impulsion sur le côté pour éviter le coup fatal et le troisième compère remis de sa rencontre avec le bois, déchirait sa chemise et entaillait les côtes d’un tracé net. Ezel se servit de son otage pour déséquilibrer l’adversaire armé d’un poignard et se garder hors de portée de la lame. L’homme frappa à nouveau mais d’une main vide dont il n’eut pas le temps de comprendre le sens alors qu’Ezel s’était emparé de l’arme, frappant d’un coup de manche en plein visage, lui arrachant sans regret la lèvre et lui brisant le nez. Les jambes le lâchèrent et il tomba sonné contre le mur. Le dernier debout frappa le messager dans les côtes, à l’endroit sanguinolent, emportant avec lui une plainte pleine de colère alors qu‘il venait l‘entourer de ses bras et serrer sa poitrine, l‘empêchant de respirer. La succession de coup de coudes jetés en arrière qu’il reçut en guise de réponse finit par le faire lâcher sa prise. L’attrapant par le col, il le fit basculer dans la bile toute fraîche de son compagnon et sortit sa rapière en un bruit métallique qui leur fit ouvrir des yeux ronds. La pointant vers eux, menaçant dans la pénombre de sa cape, le Messager ordonna
:


Partez! Vous aurez votre heure… très bientôt.


Pas devant Violine. Qu’ils ne se pensent pas tirer d’affaires pour autant. Ce qui pouvait paraître de la clémence n’en était pas. Les deux hommes bondirent sur leurs jambes et abandonnèrent le dernier de leur compère sans en demander davantage. Le jeune homme rangea son épée et ramassa le poignard qu’il avait lâché, alors qu’il s’était vu écrasé dans les bras du fuyard. Il s’approcha du dernier homme, lui plaquant la lame sous la gorge avant qu’il n’ait esquissé un geste. Le visage carré de l'homme au nez brisé et au regard implorant, chercha la pitié dans l’immatérialité de son visage dissimulé, comme captivé par ce qu’il ne pouvait voir. Alors le couteau glissa lentement sur son ventre et un cri de porc qu’on égorge remplit la ruelle alors que l’homme assis se voyait dépossédé de son attirail masculin, plongeant subitement dans un parfaite inconscience.

Si le combat n’avait duré que quelques minutes, il lui sembla durer une éternité tant s’occuper de Violine lui importait. Il était quelque part arrivé trop tard et n’en finissait plus d’échouer. Il défit sa cape, qu’il mit sur les épaules de Violine, couvrant sa nudité et lui rendant toute la pudeur et la protection qu‘elle pouvait lui offrir. Il caressa sa joue, essuyant à nouveau ces larmes et murmura
:

_ Ne restons pas ici
.

D’autres pourraient arriver. Il aida Violine à se relever. Il la porterait s’il le fallait car ignoble est celui qui penserait que sous prétexte qu’elle en voyait défiler tous les jours entre ses jambes, elle n’avait rien ressenti de ce viol heureusement interrompu. Si seulement, il avait été plus rapide...
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MessageSujet: Re: Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV]   Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV] EmptyMer 29 Fév - 17:14

Toutes les larmes de son frêle corps n’auraient sans doute jamais été suffisantes pour apaiser cette douleur qu’elle ressentit alors que l’homme entrait en elle. Sa profession n’avait maintenant plus rien à voir. Car peu importe ce que l’on en disait, lorsqu’un femme ne désirait pas laisser entrer quelqu’un, son corps se crispait et empêchait tout contact. Voila pourquoi quand un homme forçait le passage, une brûlure parcourait le corps de celle qu’il prenait contre son gré. Violine hurlait sa douleur, alors qu’elle avait l’impression d’être lacérée. Sur sa main, on plaqua rapidement une pesante main, sur laquelle ses larmes glissèrent, emportant avec elles la saleté qui s’y trouvait. Était-ce donc sa punition pour avoir si longtemps laissé autant d’hommes la posséder ? Dieu se vengeait-il sur elle, car elle n’avait pu être rien d’autre que la putain que tous ne connaissaient que trop bien ?

Les mouvements de bassins de son agresseur étaient pires que tout ce qu’elle avait connu. Maîtresse de la douleur et fille des nuits, elle n’avait jamais eu à détester les blessures. Pourtant, celle-ci, gorgée d’une honte profonde, ne parvenait pas à être ignorée, appréciée. Violine supplia le seigneur de la reprendre à ses côtés, de faire cesser son mal… tous ses maux… Les images se succédèrent en son esprit torturé par cette blessure qui immobilisait son corps meurtri, lui rappelant à quel point sa vie n’avait été qu’une pathétique suite d’échecs. Les mémoires de son amant lui revinrent, celui qui l’avait aimé si fort, qui lui avait offert tout ce qu’elle désirait, et plus encore. Elle se mit à pleurer plus fort, maudissant la vie de lui avoir arraché tel cadeau. Et puis le messager refit surface en ses souvenirs. Son cœur voulut mourir. Elle l’avait lui aussi perdu. Pourquoi ? Pourquoi devait-elle dire adieu à toutes ces choses qu’elle aimait tant ?

Mais quelqu’un vint l’arracher à sa mort imminente. Violine s’écroula contre les boîtes de bois, glissant vers le sol ou ses jambes rencontrèrent le froid de la terre. Elle cacha son visage dans ses mains, entendant le combat sans le vouloir. Ses pleurs se firent plus silencieux, sans toutefois disparaître. Pourquoi ? Pourquoi désirait-elle que les hommes continuent ainsi de lui faire mal ? C’était comme si elle acceptait sa punition, comme si elle les suppliait de la tuer. Car la mort ne serait-elle pas une délivrance ? Elle ne penserait plus à ce messager plus à son vieil amour, pas non plus à ses clients et à sa précieuse opium. Les souffrances s’apaiseraient et elle n’aurait plus à jouer la comédie. Oui… elle avait presque honte d’ songer, mais sa mort ne sembla soudain plus quelque chose d’effrayant. Plutôt comme une promesse de douceur, d’apaisement.

- Partez! Vous aurez votre heure… très bientôt.

Les sens de la jeune femme s’éveillèrent de nouveau, la sortant de sa folie suicidaire, l’obligeant à relever ce visage qu’elle avait caché entre ses doigts jusqu’à maintenant. Cette voix… Violine observa la scène, voyant ses assaillants dans un bien piteux état. Et puis elle le vit, le reconnu. Cette silhouette, puis cette cape qui s’abattait sur ses épaules. La réconfortant juste par son contact.

- Ne restons pas ici.

Le regard de la Délicieuse s’accrocha à celui de l’homme qui lui essuyait ses larmes d’une main si tendre, qu’elle sentit son cœur fendre. Il était revenu… Pour elle. L’avait-il cherché ? Voulait-il s’excuser ? Lui demander pardon de l’avoir laissé partir sans lui ire qu’elle comptait à ses yeux ? Une lueur vivante revint en son regard, elle s’accrochait à lui. À l’espoir qu’elle ait une quelconque importance pour cet homme qui lui avait volé quelque chose. C’était maintenant elle qui portait cette cape qu’elle avait détesté de la priver de ce visage si doux. Une main se posa sur la joue de l’homme alors qu’il l’aidait à se relever. Violine ignora la fulgurante douleur qui s’en prit à son ventre, ne voulant plus quitter ce regard qu’elle pouvait enfin avoir rien que pour elle. Et aucun instant ne passa avant qu’elle ne se jette dans ses bras, quémandant sa chaleur, pleurant à chaudes larmes, s’accrochant à lui.

- Vous êtes là !

Elle ne pouvait plus bouger, ses jambes figées, son corps lourd et douloureux. Pourtant, cela n’était pas important. Elle était contre lui, contre cet homme qui était revenu pour la sauver, qui s’était jeté devant trois hommes, sans peurs, seulement pour elle…

- Emmenez-moi loin…

Sa voix s’était brisé, ses mots plus doux, ses forces l’abandonnant. La pénombre semblait s’être glissé dans son regard et sa raison n’était que présente grâce au contact de la chaleur des doigts du messager, toujours présente contre sa peau. Mais il ne fut pas long avant que Violine tombe dans le noir, accueillant le sommeil sans peine, laissant son corps à l’homme.

- Je te suivrais au bout du monde…


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Ezel Olven
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MessageSujet: Re: Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV]   Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV] EmptySam 3 Mar - 14:25

Ils ne restaient plus qu’eux dans la ruelle, eux deux et la carcasse inconsciente et ensanglantée du porc qui la violait. Le désert de cette artère de Paris était pourtant chaos… Outre les caisses renversées, le bois brisé et le sol souillé de sang et de bile, l’endroit était devenu le symbole, la signature de cet odieux crime commis sur Violine. Il était synonyme de colère et de rage glaciale et il n‘y avait aucun doute que ces trois hommes paieraient le prix fort pour leur acte.

Seul face à Violine, il ne trouvait plus ses mots pour justifier son manque de bon sens. Il avait peut-être trop facilement accepter les forces de caractère de cette femme et en avait l’espace d’un instant, occulté ses faiblesses. Il n’était pas responsable de ce qui s’était produit pourtant il sentait la culpabilité lui serrer les poings lorsqu’il regardait ce visage noyé de pleurs. La vie était véritablement une garce! Voilà encore la récompense donnée pour un acte de protection? Où était-elle passée cette vie faites de cadeaux et de rires? A croire qu’en dehors de l’armée et de sa vie de soldat qui lui avait pris les 10 dernières années, il faisait un bien piètre homme. Violine voulait du réconfort, ce qui était normal après un tel choc… lui ne pensait qu’à la mettre en sécurité. Il avait besoin de réapprendre ce que les femmes attendent.

Il caressa la main de la douce amie qu’il pensait avoir perdu lorsqu’elle se posa sur son visage mais ne pu afficher autre chose que la déconvenue d’être arrivé trop tard. Oh! Comme il s’en voulait! Il l’accueillit dans ses bras, donnant à son étreinte toute la force des excuses qu’il ne parvenaient pas à prononcer. Si seulement quelque chose avait changé, si seulement il savait qu’il pouvait s’ouvrir à elle sans craindre le retour de flammes, sans craindre la trahison… Pouvait-il lui offrir la même chose en échange? Il profita de ses secondes d’étreinte comme si elles étaient les seules qu’il puisse un jour lui donner, comme si elles étaient les dernières, comme des secondes pour qui un amour était impossible. Mais pouvait il faire taire des émotions qui lui étaient de plus en plus réelles, des émotions dont le sens devenait de plus en plus évident. Il réalisait la force de cet attachement maintenant qu’il la retrouvait… fallait-il que son cœur la choisisse elle?

Et puis soudain, il la sentit partir, son corps se dérober, retenu par ses bras. « L’emmener loin »… Voilà ce qu’elle lui demandait. La raison l’aurait poussé à la ramener au manoir, cet endroit qu’il détestait tant, mais où elle aurait pu voir le médecin, où elle aurait retrouvé son lit chaud, où les domestiques auraient pris soin d’elle… N’est-ce pas ce qu’il devrait faire? Mais dans les derniers mots qu’elle avait prononcé, il comprit que ce n’était pas ce qu’elle voulait. Il n’y avait qu’un seul « ailleurs » où il aurait pu l’emmener pour prendre soin d’elle mais sa petite chambrette sous les toits de Paris n’avait rien d’accueillant. Il n’avait pourtant pas les moyens de lui offrir plus. Bien enveloppé dans sa cape, il attrapa la belle dans ses bras et se mit sans tarder en marche pour rejoindre le café Procope. Bien lui en prit de ne pas s’attarder davantage car à peine avait-il quitté cette ruelle qu’il entendit des bruits de pas derrière eux, beaucoup de pas, et des épées tirées de leur fourreau, beaucoup d‘épées
.

_ Où sont-ils! Ragea l’un des hommes de l’attroupement.

Ne restant pas là à observer, Ezel s’éloigna dans l’obscurité d’un pas discret mais néanmoins rapide. Il rejoignit facilement l’arrière-cour du Café Procope et monta une à une les marches de l’escalier en prenant soin de ne pas cogner Violine dans cet étroit couloir. Lorsqu’il atteignit le dernier étage et plus encore sa chambre, il se dit qu’ils pouvaient commencer à se détendre. L’endroit n’était pas une résidence fortifiée mais il n’avait croisé personne et qui se douterait qu’un messager abritait une prostituée? Il la déposa délicatement sur le lit et se risqua à s’assurer qu’elle n’était pas blessée, examinant cette peau blanche en oubliant le désir qu‘elle lui inspirait. Il la vêtit finalement d’une de ses chemises prise dans sa malle et rabattit la couverture sur elle, ainsi que sa cape étendu sur le lit pour s’assurer qu’elle n’aurait pas froid.

Il resta un instant à l’observer avant qu’une main ne se porte à caresser son visage avec tendresse.



« Mais qu’est-ce que tu fais Ezel? Tu agis à l’envers… tu fais le contraire de ce que tu sais être le mieux… Tu veux l’éloigner pour qu’elle n’ait pas à sacrifier sa vie, à souffrir, pour un homme éphémère et tu la ramènes chez toi. Tu ne veux pas d’un amour mais tu l’aimes déjà si fort! Et pourtant tu continues à tout lui cacher.»


Finalement le messager se leva, marcha vers la fenêtre, observant les vitres éclairées du manoir qu’il apercevait depuis son perchoir parisien. Pour la première fois, le soldat, le stratège ne savait plus ce qu’il devait faire ou non et demeurait perdu. Au bout d’un instant, la tâche de sang qui s’était propagé sur sa chemise le rappela à l’ordre. Il attrapa la cruche d’eau froide dont il versa un peu de son contenu dans une bassine et retira sa chemise qu’il pendit au bord du meuble, pour nettoyer la plaie. Il se libéra de sa rapière qu’il posa tout à côté, ôta le poignard porté à sa ceinture et retira les bracelets de cuir qui serrait ses poignets. Comme il l’avait senti, la plaie était étendue mais pas très profonde, ne nécessitant pas d’être recousue, juste nettoyer et correctement soigné et surveiller avec de la gaze propre. Nul ne savait où la lame qui l’avait entaillé avait déjà traîné et une infection pouvait arriver rapidement. La blessure ne laisserait probablement aucune cicatrice malgré une collection déjà assez conséquente. Fouillant à nouveau dans sa malle, il en tira de quoi faire un pansement propre et enfila une nouvelle chemise qu’il commença à boutonner en se rapprochant du lit.
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MessageSujet: Re: Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV]   Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV] EmptyLun 5 Mar - 21:40

Le désir des notes impures... Tu t'éloignes de la rive.
La pénombre tombe, les flots martèlent la coque et tu chavires.
Et tandis que l'océan recueille ton corps meurtri de tes infimes espoirs, tu deviens l'éphémère de l'un, puis de l'autre. Et s'annonce ton dernier souffle, perdu en une marée de frayeurs inavouées, de désirs inassouvis. Ces promesses inaccomplis, ces amours si peu chéris, et puis cette passion qui pue la trahison. Tu cherches, tu cherches, mais tu ne sais quoi. Le cœur est vide, le tien, le sien. Brouillée est ta vision dont les larmes ont pris possession. Vide est ce cadavre que tu étais, que tu es, et que tu seras. Les mensonges en songes, tes prières d'hier. Tu te noies en l'océan de tes propres peurs. Tu ne sais plus, tu n'a jamais su. Mais qui donc es-tu, pour croire ainsi posséder la force de vivre de bobards, ceux-là même que tu es la seule à continuer de croire. Et tu cherches, et tu cherches, mais tu ne sais pas quoi. Tu ne sais pas car tu ne sais rien. Rien de toi, rien de la façon d'être, rien de tout ce qui t'empêchera de sombrer, de te noyer. Car les flots sont toujours là, bien présents, attendant le temps. Le temps ou tes forces ne seront plus, ou ta vision de noir s'obturera. Déjà tu n'es plus, mais tu ne le sais pas. Prisonnier de ton esprit, ton corps continue d'avancer, vide, fragile, car tu n'as pas su le protéger contre toi-même. Et déjà tu n'es plus, mais tu cherches et cherches encore, en un bien triste espoir qu'un jour la mer te laissera partir, qu'un jour les vagues ne seront plus.


Violine s'éveille. La douleur n'est plus aussi vive, pourtant, il semble que ce soit la première chose que la jeune femme ressent en s'extirpant de son rêve. Les sourcils se froncent, les dents se serrent. C'est à ce moment qu'elle se rend compte qu'elle n'est pas dans sa chambre. Un instant confus, elle se rappelle alors le messager, la ruelle... les hommes. Comprenant alors qu'elle a perdu connaissance, la jeune femme redresse sa tête pour voir la cape recouvrir son corps et le drap. La simple vue du tissu détend ses muscles, apaise sa conscience. Elle tend une main, s'appuyant sur l'autre coude, pour atteindre le vêtement qu'elle caresse doucement. Il est encore frais, signe qu'ils ne sont pas rentrés depuis très longtemps. La jeune femme tire un peu la cape pour recouvrir sa tête, s'allongeant de nouveau, la douleur en son ventre la forçant à se calmer.

Un sourire s'affiche sur son visage, malgré les événements. Humant l'odeur qui la recouvre, elle soupire d'aise, fermant ses grandes paupières, alors que sa main se faufile sous la perruque pour en retirer la longue chevelure brune. Les cheveux flamboyants tombent derrière elle et soudain, elle entend un bruit qui n'est pas le sien. Violine tire un peu sur le tissu, le stoppant sous son nez, pour observer plus loin une silhouette que la faible chandelle a peine à illuminer. Le cœur qui s'emballe, elle espère voir le propriétaire de ce vêtement sous lequel elle se cache.

- Messager ?

Souffle-t-elle, un instant avant qu'il ne se retourner vers elle, lui offrant la subtile vue d'un torse que l'on recouvre d'une chemise. Elle se surprend à rougir, comme une jeune fille de bonne famille. N'est-ce pas ironique que cette simple scène puisse ainsi arraché une telle réaction d'une prostituée de renom ?
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Ezel Olven
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MessageSujet: Re: Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV]   Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV] EmptyMar 6 Mar - 0:31

La belle s’éveille. Ce visage si parfait, si blanc, si sensuellement dessiné : de la longueur de ces cils, la courbe de son nez en passant par le bombé de ses lèvres… Il aurait passé des nuits entières à l’observer sans trouver chez elle la moindre imperfection mais les nuits ne lui sont pas offertes et c’est avec un goût amer qu’il regarde cette colombe au corps blanc qu’il faudra relâcher. Cette pureté lumineuse est un paradoxe dans son monde à lui, où la boiserie n’a pas le raffinement de son visage poudré. Ici, les lattes du plancher grincent, les murs sont décrépits et la peinture, d’une couleur pistache usée, craquelle en certains endroits. Des traces d’humidité dessinent des fresques grossières autour des fenêtres et les imposantes poutres portants ce pan de mur incliné ne sont plus aussi lisse que dans leur prime jeunesse. Est-ce ce monde si imparfait que Violine voulait connaître? Elle ne trouvera nulle cheminée pour se repaître de sa chaleur, nulle tapisseries aux murs, nuls rideaux à la fenêtre, nulle sonnette pour appeler les domestiques, nulle baignoire pour se détendre dans un bain chaud. Elle est dans l’antre du messager où rien n‘est fait pour durer. Pas de signe de vie, l‘appartement est dénudé de tout bien affectif… Il n’y a que cette rapière accolée au meuble de toilettes où git quelques tissus sanguinolents. Que cette rapière et son corps pour témoigner de ses origines.

Messager n’est pas un métier des plus prestigieux comme le sont les banquiers ou autre médecin. Mais malgré tout, s’il l’avait voulu, Ezel aurait pu choisir quelque chose de plus grand et confortable dans un quartier moins fortuné et plus éloigné de sa cible. Mais ô grand jamais, il souhaitait renoncer à cette vue laissant entrevoir le manoir, et qui le rapprochait de sa sœur. Parfois, accolé contre la fenêtre alors que la nuit régnait dehors et que derrière les vitres éclairées, on voyait des ombres se mouvoir, il imaginait que l’une d’entre elle était Fanny, et qu’elle regardait par la fenêtre pour peut-être l’apercevoir. Leur deux regards se croisaient-il peut-être sans pouvoir se voir? Mais à chaque regard a travers cette fenêtre, il ressentait toute la peine de ne pas avoir sa sœur à ses côtés… Son sourire lui arrachant les siens, leur complicité… tout ça lui manquait tant.

Ezel se saisit de la bougie qui luit sous son dôme de verre et la porte avec lui auprès de la belle. Le toit incliné l’oblige à se pencher alors qu’il s’approche à pas léger et la dépose sur la table de nuit vétuste. Le messager s’assoit sur le bord du lit qui grince un instant, révolté car peu habitué à accueillir deux corps
.

_ Veuillez m’excusez, je ne voulais pas vous réveiller.

Il marque une pause, un silence voulu. La flamme dansante donne une couleur hypnotique à ce regard doré et les lueurs orangés réchauffent cette peau pâle dont le véritable teint s’exhume des sillons marqués par ces pleurs. Ces joues portent encore l’imperceptible trace de la caresse de son pouce sur sa peau et il le sent encore sous ses doigts : ce velouté exubérant.

_ Comment vous sentez-vous? Désirez-vous que je fasse venir le médecin ou que je prévienne quelqu‘un?

Il ne sait pas vraiment quoi faire pour lui rendre l’expérience moins pénible. A la frontière autrichienne, l’ancien caporal avait sous sa coupe, une petite dizaine d’homme… mais pouvait-il donner le même discours patriotique à Violine pour qu’elle se remette debout que celui qu’il aurait donné à ses hommes? Il ne pouvait décemment pas se contenter d’une bonne claque virile sur l’épaule pour conclure une tirade stimulante. Loin du front, les fragilités du corps et de l‘esprit, il les retrouvait auprès de la belle prostituée et bien avant que n’arrive ce malheur, il n’était plus le même que le premier jour où il avait foulé les premiers pavés de la Capitale.

_ Désirez-vous manger quelque chose, boire quelque chose peut-être? Je n’en aurai que pour quelques instants, le café Procope se trouve au rez-de-chaussée…

Il se lève comme pour affirmer sa bonne volonté. Encore à demi-penché au-dessus du lit, son bras fléchit s’appuie contre le pan de mur incliné, la chemise pendante jusqu’à mi-cuisse alors qu‘il guette un mot, un souffle. Ezel n’est pas un soumis, il n’est pas de ceux qui font les quatre volontés des autres mais ce soir, il veut lui être agréable… dans la mesure de ce qu’il peut lui donner.
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MessageSujet: Re: Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV]   Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV] EmptySam 10 Mar - 3:19

Et elle le regarde s'approcher telle une promesse de réconfort, celui qu'elle a tant besoin en ce précieux instant. La chaude lumière de la bougie danse contre le visage de l'homme qui se penche au-dessus de la jeune femme, provoquant des palpitations en son cœur, comme s'il avait été sur le point de l'embrasser. Un subtile sourire effleure ses lèvres, éclairant un peu son visage et réanimant ce regard jusque là trop terne. Lorsqu'enfin il se pose sur le lit, c'est presque avec bonheur que Violine entend le grincement du lit couvrir le soupire de satisfaction qu'elle a poussé, à le sentir si près. La voix rauque du messager vient caresser le creux de ses oreilles, ordonnant à son corps frêle de se détendre, de décrisper ces muscles qui, de par un mauvais réflexe, s'étaient bandés au réveil. Pourtant, il lui sembla que le silence qui suivit en fut plus agréable. Elle écoute le bruit du rien, l'absence de tout, retirant un peu le tissu qui la recouvre pour y passer un bras et s'appuyer sur son épaule. Doucement, sa main vient se poser sous sa tête, qui s'approche du bord du lit, comme pour mieux observer le visage de l'homme.

- Je vais bien. Je veux simplement me reposer ici...

Répondit-elle à ses questions, d'une voix douce, si faible, qu'un simple bruit aurait pu en couvrir les notes. Elle lui offre un sourire tout aussi tendre, comme si les événements d'à peine quelques minutes plus tôt n'avaient jamais eu lieu. Un instant, elle croit enfin touché à un bonheur dont la pureté est complète, et le second, elle le voit se relever.

- Non, ne partez pas!

Son bras suivit la route emprunté par celui du jeune homme, tandis que sa main alla quémander la chemise. Elle s'y accroche, le regardant d'un œil apeuré, comme si le seul fait de le laisser partir la tuerait. Et elle le fixe ainsi, sans que rien ne se passe, sans que réaction satisfaisante ne soit ordonné à son corps endoloris. Son regard s'accroche au sien, telle la feuille à la branche qui l'a laissé s'épanouir. On pourrait presque dire qu'elle est sur le point de pleurer, pourtant la tristesse ne connaît plus son cœur, lorsque ces yeux elle voit, lorsque ce visage elle peut enfin voir pleinement. Son sang cogne contre sa chaire, réveillant tout ses sens, la faisant frissonner; ce genre de sensation que l'on ressent juste avant de se jeter du haut d'une chute.

- Reste avec moi...

Sa phrase avait sonné comme une supplication, sa voix s'étant brisé vers la fin. Le visage vers le haut, sans même quitter son sauveur du regard, la belle redresse lentement son corps, posant une paume contre le matelas pour l'aider à se hisser, utilisant l'autre pour tirer sur la chemise et rendre son corps moins lourd. Elle ignore la douleur, tout comme ce tissu qui quitte son corps, le dévoilant à l'homme sous cette lueur faible. Les yeux comme hypnotisés, Violine s'élève vers lui, jusqu'à ce que leurs peaux se rencontrent enfin, en un baiser gorgé d'une tendresse que la prostituée ne s'était pas connu. Ses paupières se font lourdes et elle se cache derrière la noirceur qu'elles lui offrent, laissant son corps s'électriser à ce contact simple, et pourtant si puissant. Son cœur qui jusqu'alors s'était emballé semble maintenant avoir implosé, ne laissant derrière lui qu'un amas d'émotions plus fortes les unes que les autres, s’entrechoquant en un violent combat qui la tire vers la folie. Elle se sent pétale consumée par l'ardent brasier d'un soleil trop puissant, elle se sent plume aspirée par le vent qui aurait soufflé trop fort.
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Ezel Olven
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MessageSujet: Re: Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV]   Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV] EmptySam 10 Mar - 16:53

Était-ce cette même femme qu’il avait rencontré il y’a si peu de temps? Cette même femme qui de sa différence et de son franc-parler, avait fait une force… cette femme insoumise et flamboyante avec qui tout avait commencé sur un mensonge et se poursuivait sur des non-dits? Pour cette femme magnifique vers qui il ne pouvait nier une attirance certaine, s’était levé au-delà de tous désirs, un sentiment de besoin comme si ses aventures solitaires n’avaient désormais plus de sens s‘il les poursuivait seul. Un espace vide creusé à même son cœur et qui se comblait que lorsqu’une pensée, un regard se portait sur le visage de la jeune femme. Pourtant, il n’était pas permis de s ‘y abandonner… Violine était une bien cruelle tentation et lui un bien malhonnête homme. Il ne cherchait pourtant pas à jouer avec elle, à la tromper… mais qui était-il à ses yeux si ce n’Est-ce messager sans identité qui s’échappait sans cesse à ses bras :

_ Bien, prenez votre temps.

Il n’avait en effet, aucune envie de la chasser de chez lui. D’ailleurs, il n’avait jamais considéré cet endroit comme son chez lui. Il ne faisait pas grande crainte de ce qui pourrait arriver à cette chambre si elle était mise à sac et ne la regretterait pas. Rien d’inoubliable n’en avait marqué les murs. Il n’avait qu’une seule maison et elle était là-bas sur les terres des Duchés d’Italie, auprès de sa famille. Une famille disloquée qui n’attendait plus que d’être réunie mais le serait-elle un jour?

Quand elle agrippa sa chemise, le poids de son regard apeuré pesa plus lourd sur lui, que son frêle corps, qu’il aurait emporté sans effort, s’il avait décidé de partir malgré sa demande. Il se rassit sur le bord du lit, sans volonté de résistance et chercha à ramener le calme en elle, caressant la courbe d‘une épaule révélée sous sa chemise trop grande. Il se battrait comme un beau diable pour la protéger, il le savait! Il ne craignait pas d’affronter ces hordes armées pour la savoir vengée… il irait porter lui-même le châtiment qu’elle méritait de donner.

Son corps ne pu trouvez assez rapidement la force d’échapper à ce contact. De tout son être, il désirait Violine. Il la désirait comme un homme quelconque, comme un amant sauvage, comme un soldat, comme un amoureux épris. Il la désirait si fort que la douleur de se soustraire à sa douceur lui contracta tous les muscles. Ses lèvres s’esquivèrent alors qu’il se levait d’un air grave et s’éloignait jusqu’à la fenêtre où les lueurs bleues de la nuit éclairèrent son visage d’une bien triste manière. Il mit quelques secondes à retrouver le courage de la regarder sans avoir envie de plus d’un baiser, sans avoir envie de se souder à son corps et de se noyer dans les vagues de sa chevelure brune
.

_ Violine, écoutez-moi!

Le messager reprit le contrôle sur sa voix, sur ses émotions. Il redevînt plus détaché mais la morsure de ce baiser si tendre l’avait considérablement affaiblit et son regard transparaissait de la tempête intérieure qui le déracinait violement de tout ce qu’il pensait juste. Les douleurs physiques lui avaient toujours été plus supportable que les douleurs psychologiques mais il n’était pas de ceux à plier au moindre coup de vent :

_ Violine… vous le savez, je ne peux répondre à vos attentes.

Cette fois, il prit le parti de lui en dire davantage, pour qu’elle parvienne enfin à comprendre qu’il en souffrait tout autant mais qu’il y avait une responsabilité autrement plus importante que les besoins de son cœur. Qu’il devait d’abord s’y soumettre avant de penser égoïstement à lui :

_ Si je suis venu à Paris, c’est pour régler une affaire importante. Je ne puis vous assurer être encore ici demain. Ne vous accrochez pas à un homme qui a si peu à vous promettre et encore moins à vous offrir. Je vous dirai tout sur moi… mais il est encore trop tôt pour cela.

Pourtant il veut croire qu’il n’est pas le jouet entre ses mains, qu’elle l’aime d’un réel amour et que jamais elle ne trahirait ses secrets s’il les lui révélait. Mais est-ce possible après si peu de temps? Elle lui a jadis dit n’être qu’un trésor éphémère pour la satisfaction d’homme cupide et il lui a certifié qu’elle n’avait rien d’éphémère à ses yeux. Aujourd’hui, il y croyait bien plus encore que la première fois qu’ils les avaient prononcés mais il ne pouvait lui prouver son attachement car dans tout cela, c'était lui l’éphémère.

_ Êtes-vous sûre de ne vouloir prévenir personne? Delilah, Fanny, Elisabeth ou quelqu’un d’autre?

Quelques noms de délicieuses qu’elle aurait pu connaître, quelques noms dont celui de sa sœur glissé subtilement, en espérant peut-être un rebond de sa part

_ Vous devez avoir des amies inquiètes? Je le serai terriblement

Tout comme il l’avait été lorsqu’il s’était lancé à sa recherche après l’avoir quitté sur une « dispute » qu‘il regrettait amèrement.
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MessageSujet: Re: Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV]   Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV] EmptyLun 23 Avr - 18:53

Il était devenu ce que toutes les femmes de la rue redoutent. En elle, il avait fait naître un besoin plus fort que tous, un intarissable désir qui n’avait vue le jour qu’en un subtil baiser. Un geste aux allures insignifiantes, porté dans un but qu’elle désirait maintenant être plus qu’une simple envie. L’homme parvenait à la mettre dans tous ses états, d’une incontrôlable colère à une profonde tristesse, mais il la faisait aussi rire, puis rougir. Était-il devenu opium ? Plus fort encore que toutes les drogues, plus euphorique à toucher que tout ce qui puis être, même son précieux violon. Honteuse fut-elle de laisser cette pensée caresser son esprit, mais elle du bien se l’avouer, pour cet inconnu, elle jouerait nuit et jour, puis jour et nuit, pourtant si elle devait se départir de son précieux instrument pour qu’en cet instant précis le messager la laisse effleurer ses lèvres… alors, oui, elle cru pouvoir le faire. Et voila qu’enfin, elle cueillait ce baiser tant convoité, du bout de sa bouche entrouverte, d’où s’échappait son anxieuse respiration. La belle pressa ses lèvres contre celles de celui qu’elle désirait amant, d’entre tous, agrippant plus fermement le col de sa chemise, ignorant la pudeur de son corps, pour ne plus qu’écouter l’affolement de son cœur qui lui chantait un rythme éperdu. Elle était brebis, et il était loup. Pourtant, voila qu’elle priait ce Dieu en qui elle ne croyait plus, pour qu’il le laisse rien qu’une fois dévorer sa chaire brûlante, impatiente de goûter à sa violence.

Et voila que tout comme elle lui avait tourné le dos, le Seigneur ignora sa silencieuse prière. Le messager recula, déliant les doigts crispés de la prostituée du tissu qui la fuyait. Ce qu’elle ressentie alors fut une douleur plus aigu que les autres. Pour dame Violine qui connaissait pourtant si bien les plaisirs de la douleur, celle-ci fut pourtant insoutenable, inapaisable. Son corps de femme brisée s’immobilisa, appuyé contre ses genoux éraflés, les mains se réconfortant l’une et l’autre, posées entre ses petits seins, là où son cœur ne sembla plus vouloir battre. La voix de l’homme s’éleva dans ce silence plus lourd que la pierre des montagnes, exigeant de la jeune femme qu’elle écoute ses paroles. Elle l’entendit pourtant sans l’écouter, trop secoué par ce refus qui la saignait plus que n’importe lequel. Comme si son sang s’était figé en elle, un frisson la parcourut, glaçant sa peau pâle, alors qu’elle baissait le regard comme pour constater sa bêtise. Ses gestes s’exécutèrent d’eux-mêmes, ses yeux miroitant sous la faible lampe, gorgés de larmes brûlantes qu’elle se refusait à laisser tomber. Violine quitta le matelas, respirant à peine, l’air trop suffocant à son goût.

- Des amies…

Sa voix était faible, mais le rire faux qui suivit l’était encore plus.

- Je n’ai d’amis que mes clients et mon violon, cher… messager. Les seules personnes à s’inquiéter de mon absence ce soir, ce ne sont que mes employeurs. Les Boldwins font plus d’argent avec les Délicieuses qu’avec les autres, c’est connu.

Sa voix était chevrotante, mal assuré, tout comme cet air qu’elle se donnait, comme si tout cela ne la blessait pas. Pourtant ses doigts étaient crispés, ses ongles enfoncés dans la chair de sa paume, comme si la douleur parvenait à lui garder les idées en place. Elle voulait se jeter sur lui, non pas pour le ravager de sa colère, mais pour le supplier de cesser de la repousser ainsi. Comme elle aurait aimé être dans l’un de ces romans qu’on lui avait lu. Une histoire sans tâche, ou l’amour est la raison de toute chose et où… l’amour… venait-elle vraiment juste de penser cela ? Elle se retourna, cacha son visage qui n’avait su retenir une larme. De ses mains tremblantes, Violine agrippa le drap du lit, se retournant pour ne pas être vue. Elle se sentait si nue, elle qui portait son habit d’Ève avec tant d’assurance. Voila qu’elle rougissait, qu’elle était presque apeurée à l’idée que le messager la voit si peu vêtue.

Un nouveau rire qui ne sonnait que trop faux.

- Je suis stupide…

Ses paroles, pourtant, sonnait bien trop vrai.

- Croire qu’un étranger pourrait s’enticher d’une pute…

Elle rigola certes, de son talent d’actrice, mais le jeune homme ne pouvait voir que son dos, autour duquel Violine avait glissé la couverture, cachant cette nudité qui lui était si insupportable en cet instant.

- Il faut m’excuser, c’est sans doute ton… votre côté exotique, vous savez, les françaises raffole des accents, surtout des italiens…

Du revers de la main, elle chassa l’eau salée de ses joues, puis se retourna d’un coup, un sourire se voulant réjouis accroché à ses lèvres.

- Vous me ramener au manoir ? J’ai des hommes à baiser !

Ô douce enfants aux rêves perdus, ceux qui avaient fait de toi une femme aigris aux humeurs plus changeantes que le vent en plein hiver. Petite poupée désarticulée, dirigé par le pantin d’un esprit que tu avais construit plus fort que son cœur. La douleur, la douleur, comme elle était vive, comme elle était brûlante, lacérant la chair de ta poitrine que tu aurais aimé arraché et lancer au bout de tes bras. Tu iras de nouveau te perdre en l’opium, cherchant refuge en des bras que tu ne reconnaîtras même pas, noyant ton chagrin en une violente débauche. Ta tristesse ce soir alimentera ton désespoir et n’oublies pas, oiseau de nuit, que c’est lui qui fit de toi la reine de minuit !
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Ezel Olven
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MessageSujet: Re: Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV]   Et puis voila ou mène les pas des imprudents... [PV] EmptyLun 30 Avr - 13:54

Vous vous promenez sur une plage déserte, vous vous promenez seul et tout à coup à vos pieds s’étend un bric à brac de petits objets salis et terne. Vous êtes curieux, vous en saisissez un, vous grattez un peu la surface abîmée et vous découvrez sous la crasse, le plus beau trésor qui puisse exister. Vous êtes éblouis, votre cœur palpite… Vous réfléchissez à comment le garder, mais l’esprit et le cœur trop chargé, vous ne pouvez l’emporter avec vous. Vous y renoncer. Vous l’enterrer dans le sable en espérant pouvoir revenir sur vos pas, en espérant que personne ne vous volera ce trésor. Vous prenez peur… Vous avez conscience de votre soudaine faiblesse, de votre besoin de savoir cette merveille dans un lieu sûr, proche de vous… Mais vous êtes arrivés trop tôt et vous priez pour ne pas revenir trop tard. Violine, par pitié, attends-moi!

Le messager se savait dans une situation difficile. Son cœur jouant à tout rendre plus complexe, il ne savait plus si les décisions qu’il prenait était les bonnes, perdu dans les élucubrations de ses pensées perturbées. Chaque pas loin de la prostituée devenait plus étouffant… Cette femme le privait d’air, le privait de sa Raison… et pour quelle raison? Cette femme était-elle une sorcière pour que d’un regard, d’une rencontre, d’un baiser, elle l’ait ainsi pousser à remettre en question sa présence à Paris. Devait-il partir avec Fanny? Devait-il rester à Paris? Quel avenir s’offrirait à deux personnes que tout opposait? Damné soit son cœur, lui qui avait passé sa vie à être le dos droit et fort, les épaules robustes de la famille. Il était tombé amoureux d’une fille de joie! D’une fille que les hommes ne respectent pas… Comment pouvait-il espérer exister pour elle? Perdurer dans son cœur alors que des centaines d’hommes se bousculeraient entre ses cuisses. Il ne la possédait pas encore mais il avait déjà peur de la perdre… Mais n’était-ce pas ce qu’il faisait en ce moment même? Pourtant il fit un pas dans sa direction, un pas affirmé, un pas qui lui redonna une bouffée d’air à la fois dangereuse et revitalisante
:

_ Je suis votre ami.

S’il était trop tôt pour se laisser aller à l’amour, il pouvait lui offrir cette amitié… un besoin d’elle contenu dans un écrin trop petit pour garder tous ses sentiments mais qui serait comme un baume sur son cœur lorsque loin d‘elle, il resongerait à l‘éclat de ses yeux d‘or. Il voulait lui offrir la lune mais hélas, il ne possédait qu’une étoile et c’est avec sincérité qu’il la lui donnait.

_ Peut-être un étranger ne peut-il s’enticher d’une pute, mais l’homme peut s’éprendre d’une femme.

Sa phrase avait été lancé fermement et ne laissait pas de place à l‘extrapolation. Fallait-il qu’il la répète en fixant ce regard qui le fuyait. Toutes les femmes avaient le droit à l’amour et cela même si toutes les femmes n’étaient pas dans les meilleures dispositions pour l’obtenir. Il aurait menti en disant que cela ne lui posait aucun problème, il aurait menti en disant préférer une prostituée à la jeune fille candide d’un canton de son pays mais son cœur avait choisi et qui pouvait rivaliser avec la Beauté de Violine, son regard à la fois tempétueux et doux et la verbe déroutante de ses conversations? Tantôt aussi vertueuse dans ses mots que la fille d’un pasteur puis soudainement aussi crû qu’un homme sans éducation, elle était Violine : une femme hors du commun.

Il se rapprocha une nouvelle fois, s’acharnant à remettre sur cette peau douce et blanche, la chemise bien trop grande qui en aurait contenu deux comme elle et ajouta d’un ton prévenant
:

_ Vous ne devriez pas travailler cette nuit. Vous devriez voir un médecin. Et je me fous de l’avis des Boldwin!

Une once de colère avait fait vibrer sa voix lorsqu’il avait mentionné les Boldwin, cause de tellement de douleurs, la sienne et tant d‘autres. Il était impensable que ce couple incite une femme venant d’être violée à honorer ses engagements de la nuit! A moins que Violine décide de ne rien en dire… et tel le messager qu’il était, il n’en dirait rien si cela était son choix même si de tout son cœur, il voulait qu‘elle renonce à s‘offrir cette nuit. Attrapant la cape restée sur le lit, il la posa sur ses épaules… Peu pratique pour la jeune femme, trop petite pour que la traîne ne touche pas le sol sur de nombreux centimètres, mais capable de couvrir son évidente nudité.

Le Messager n’avait nul envie de la ramener au Manoir. Sa présence à ses côtés lui étant trop agréable… libératrice et au-delà de cela, près d‘elle, il était en mesure de prendre soin d‘elle, de la protéger. Pourtant, il aida la jeune femme à regagner cette bâtisse du beau Paris, cette demeure où il détestait mettre les pieds
.

[Je sais pas si tu veux conclure par une rep… anyway, je t’envois un petit MP pour la suite si ça te tente! ^^]



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