Perdition [Adrian]

Invité

Sa longue robe glissait sur les pavés des rues de Paris, alors que le cœur battant, elle poursuivait la visite de son nouvel environnement. Jade ne pouvait s’empêcher de se demander où étaient passés les sourires, la terre et la simplicité qu’elle aimait tant en campagne. Personne ici ne semblait se regarder dans les yeux, la crainte se lisait même sur les regards lorsque les pas d’Aaron croisaient leur chemin. Jade se sentait si petite, si menue. Elle aurait voulu pouvoir dire insignifiante, mais, sa main annelée sur le bras de son époux, elle ne pouvait qu’attirer des regards plus ou moins concupiscent. Sa tête se tourna vers lui, alors qu’il regardait droit devant. Cette ville était son entre, il semblait la connaître parfaitement. Cette assurance, cette pseudo arrogance pourtant, elle les trouvait apaisantes, car il agissait, comme il lui en avait donné l’habitude dès les premiers instants, avec aplomb,habitude, et expérience. Alors elle l’écoutait lui raconter l’histoire de cette ville, le destin funeste de certaines personnes qu’il y avait rencontré, … Il lui parlait de chaque quartier, de chaque rue et de chaque ruelle, lui indiquant celles qu’elle pourrait se permettre de fréquenter en toute sécurité, et celle qu’elle devrait éviter envers et contre tout. Mais très vite, par peur ou par manque d’habitude, elle se perdit dans les noms qu’il lui rapportait, mais elle se garda bien de le lui avouer. Elle voulait lui plaire, voulait bien faire, et tant qu’il serait à ses côtés, quel risque aurait-elle de se tromper ?

Soudain ils s’arrêtèrent devant une porte et il se retourna devant Jade. Il lui annonça avoir une surprise pour elle, mais qu’avant ça il avait un petit rendez-vous d’affaire. Il lui demandait de l’attendre dans le hall en insistant sur le fait qu’il n’en aurait pas pour longtemps. Elle acquiesça devant la porte, il l’embrassa délicatement comme si elle était un précieux joyau qu’il ne parvenait pas à identifier, et une main posée sur la sienne, il pénétra dans le manoir après y avoir été invité. Une ambiance chaude et tamisée y régnait. Des hommes et des femmes discouraient, elle aurait presque pu se laisser aller à penser qu’elle se trouvait dans un lieu de poésie, de rencontre. Un lieu où hommes et femmes se retrouvaient pour discourir de politiques ou de littératures. Mais et alors qu’elle était présentée à un homme qu’elle remarqua à peine, elle perçut des mains baladeuses, des jupes qui se retroussent, des baisers, des caresses qui lui parurent parfaitement choquants. Un homme passa à côté d’elle en la détaillant de pieds en capes. Profondément choquée elle eut l’impression que le monde se mettait à tourner autour d’elle. Elle eut l’impression d’étouffer,toute sa conscience, toute son éducation se rebellait quand à ce lieu, quant à ce qu’il s’y passait. L’intimité qu’elle avait avec son époux, était justement de l’ordre de l’impunité, ce qu’elle voyait n’aurait pas du être vu, c’était, c’était… Elle suffoquait, elle voulait partir, elle se sentait mal, elle tremblait comme une feuille et elle finit par le lui dire.

-Aaron, partons je t’en pris ! Je …

Immédiatement il se retourna sur elle, visiblement inquiet. Très probablement comprit-il bien vite les raisons de son malaise puisqu’il lui prit la main dans un petit sourire réconfortant et y déposa-t-il un chaste baiser.

-Ne t’inquiète pas ma douce, tu ne crains rien ici. Ne bouges pas, je reviens vite.

-Non ! Aaron je t’en pris.

-Chuttttttt ! Fais-moi confiance !

Murmura-t-il contre ses lèvres, une main posée sur sa joue.Cet accord, elle lui avait déjà fait quelques jours plus tôt. Lors de leur nuit de noce. Aussi le laissait-elle s’esquiver, perdue et en jetant des regards affolés autour d’elle. Instinctivement elle se glissa dans un angle, dans un coin un peu plus tranquille, et regarda-t-elle les gens évoluer en tâchant de se faire toute petite tout en l’attendant. Une main posée sur son cœur et tremblante, elle ferma les paupières pour prier le seigneur.

Messages : 328 Date d'inscription : 26/09/2010

Comme tous les matins, je m’étais levé tôt. J’avais du dormir quatre heures tout au plus, mais je n’avais pas besoin de beaucoup de sommeil. Il en avait toujours été ainsi. Je savais me contenter de peu. Après avoir déposé un doux baiser sur l’épaule nue et chaude de mon aimée encore dans les bras de Morphée, j’avais quitté le cocon douillet de notre amour pour me rendre aux cuisines. J’avalais rapidement un quignon de pain et pris la direction des écuries.

J’appréciais monter à cheval, m’offrir une ballade digne de ce nom dans la campagne environnante. Elle me permettait de me détendre, de me changer les idées, puis de me dépenser physiquement également. Avant d’être un Lord, j’étais un soldat et j’avais besoin d’activité et de grands espaces. Mon activité débordante, ne me permettait pas de m’octroyer ce moment de plaisir tous les jours, mais dès que l’occasion se présentait, je ne m’en privais pas. Aujourd’hui je n’avais pas de rendez-vous particulier, j’en profitai donc.

Cette fois encore, j’avais fait préparer ma monture et une fois prête je m’étais dirigé au trot à travers le dédalle des rues, prenant la direction des bois.
Je chevauchais ainsi pendant une bonne partie de la matinée, me défoulant à mon aise. L’air fouettait mon visage et j’éprouvais ainsi un pur moment de liberté, je relâchais la bride et le laissait prendre de la vitesse, cela me grisait et me vidais l’esprit.
J’appréciais ces instants sur mon cheval, seul.

Une fois ma soif de sensation comblée, je m’en retournais tranquillement au Manoir. Je prenais mon temps, rien d’urgent ne m’attendait.
J’en profitai donc pour rendre visite à un de mes clients, un bon client, mais un mauvais payeur. Il nous devait à ce jour pas mal d’argent et il fallait coûte que coûte que sa dette soit épongée. La discussion fut houleuse, car le bougre avait de sérieux soucis d’argent, mais nous ne pouvions plus nous permettre de lui faire crédit… les bons comptes font les bons amis... et là ce n’était plus possible.
D’humeur magnanime, je lui laissai jusqu’à la fin du mois pour nous régler ce qu’il nous devait… Passé ce délai, je risquai d’être beaucoup moins coulant.
Il me promit que se serait chose faite et cette fois, je pris le chemin du retour, pour en faire le compte rendu à Amélia.

Arrivé à bon port, je m’occupai moi-même de mon cheval, aimant cet instant avec l’animal. J’avais une passion certaine pour ces bêtes pleines de noblesse et de force…
Une fois terminé, je rentrais par la porte de service et me pris un déjeuner complet. Cela fut vite avaler, je n’aimais pas perdre mon temps pour des besoins aussi primaire.

Parfaitement détendu, j’entrepris de rejoindre le hall d’entrée. Mes bottes claquaient sur le parquet parfaitement ciré, mon épée cliquetait contre ma jambe.

C’est là que je l’aperçus, charmante créature. Jolie brin de femme, fine et racée. Elle avait l’air perdu, ne sachant ce qu’elle faisait ici. Mon regard connaisseur, suivait la ligne parfaite de ses formes, appréciant les contours parfait.

Un sourire aux lèvres, je m’approchai d’elle et me présenta.

« Bonsoir, Milady… Lord Boldwin pour vous servir… »

Je lui fis une révérence polie, attrapant ses doigts fins dans les miens. Mes lèvres vinrent effleurer ses doigts fins, dans un baisemain protocolaire….

« Puis-je savoir ce qu’une aussi charmante créature telle que vous fait dans ce lieu de débauche ? Vous cherchez quelqu’un, peut-être puis-je vous aider ? »

Souriant et courtois, j’attendais qu’elle se présente à son tour. Ne me lassant pas d’admirer ses yeux clairs et magnifiques.

Invité

*Je ne crains rien ! Je ne crains rien ! Je ne crains rien !*

Appuyée contre son mur, elle tentait de se faire aussi discrète et petite que possible en trouvant, soudain, le décolleté de sa robe complètement indécent. Sous le regard de certains hommes, une ou plusieurs femmes pendues à leurs bras, elle se sentait comme un petit animal sauvage qu’on s’apprêtait à dévorer. Jade était à deux doigts de se jeter, genoux au sol pour prier le ciel de la protéger des diables qui se trouvaient dans cet enfer. Mais alors même que, tremblante de peur, et les yeux clos pour éviter de regarder ces gens, elle allait succomber à son envie de prière, un homme s’approcha et se présenta à elle. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, la première chose qu’elle vit fut ses yeux. Un bref instant la surprise se peignit sur son visage et sa mâchoire se décrocha. Etait-ce un ange ? Ces prières avaient-elles été exaucées avant même qu’elles ne soient proférées ? Tout en douceur et galanterie, lors Boldwin, qui venait de lui donner son nom, poursuivit la conversation en embrassant sa main délicate. Il lui fallut attendre d’avoir à nouveau croisé son regard pour pouvoir enfin lui répondre.

-Lord Boldwin !

Lui dit-elle en lui rendant sa révérence.

-Je suis lady McGraw, j’ai accompagné mon époux qui avait quelques affaires à voir en ce lieu.

Ignorante des liens qui unissaient l’épouse d’Adrian à son propre époux. Jade n’avait pas conscience de l’implication de ses paroles. Ancienne nonne, la belle ne voyait le mal nulle part, où plutôt tentait-elle de voir le bien partout. Elle n’était que pureté et douceur. Elle avait vécut une existence, jusqu’ici qui était à lustre de ce qu’elle était en mesure de comprendre et d’accepter à la vue de ce lieu. Et cette femme qui était entrain de remonter ses jupons et se laissait dévorer la nuque juste derrière Adrian, lui fit écarquiller les yeux de stupeur et de honte. Le rouge lui monta aux joues alors qu’elle s’excusait. C’en était trop pour elle…

-Je… Je ne peux pas… Veuillez m’excuser, je dois sortir d’ici !

Une nouvelle courbette pour s’excuser, presque en larme, et elle commença à se décaler pour gagner la sortie. Mais soudain une pensée la retint.

-Savez-vous… Savez-vous où je pourrais attendre mon mari en toute…

Son regard se porta à nouveau alentour, effrayée par ce qu’elle voyait et ce qu’elle venait de comprendre. Comment Aaron pouvait-il venir en ce lieu ? Pourquoi surtout ? Etait-il avec une femme en cet instant ? Plusieurs ? Est-ce qu’il était venu chercher en ce lieu ce qu’elle-même ne parvenait pas à lui apporter ? Etait-elle à ce point décevante en tant qu’épouse ? Mon Dieu, mais qu’avait-elle fait pour mériter ça ?

-…tranquilité ?

Finit-elle enfin alors que ses yeux s’étaient à nouveau portés alentour avant de se reporter sur lui. Le regard qu’elle lui montra devait probablement en dire long sur ce qu’elle ressentait en cet instant. Désillusion, honte, culpabilité, trahison, tristesse, dévotion, perte d’espoir… Jade était complètement perdue, à quoi bon prendre femme si s’était pour l’abandonner à peine la nuit de noce terminée. La jeune mariée regarda alors plus attentivement son vis-à-vis, détaillant sa silhouette fine mais assurée. Ses lèvres qui s’étaient étirées dans un sourire ravageur, un brin coquin un peu plus tôt, et son regard, ce bleu intense avait une intensité peu commune. Cet homme était-il en mesure de comprendre ce qu’il se passait dans sa tête en cet instant ?

-Vous êtes-vous déjà dis que la vie avait des manières bien à elle de se jouer de vous ?

Une larme glissa sur sa joue, avant qu’elle ne fasse une nouvelle révérence et ne lui tourne le dos cette fois, se demandant ce que lui-même pouvait bien faire en ce lieu, ou plutôt, au vu du « travail » exercé par ces… femmes ; ce qui pouvait bien le retenir ici plutôt que dans les bras d’une seule et unique femme… A moins, bien sûr… que ce ne soit pas une femme qu’il vienne chercher en ce lieu ?!... ( :p)