Rencontre inopinée [pv Violine]

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Le balancier de la grande horloge du hall agrémentait de son rythme régulier et rassurant l’atmosphère si paisible du manoir en ce début de matinée. Et lorsque la longue aiguille atteignit la plus petite, le gong caractéristique résonna neuf fois dans les couloirs de la maisonnée. Les filles de joie encore épuisées de leur longue nuit d’amour dormaient paisiblement rendant le palais aux milles plaisirs bien silencieux. Les luxueuses moquettes, les somptueuses tapisseries, la richesse des salons et le scintillement des lustres n’avaient que peu de saveurs lorsque le jour était levé et que le vide avait envahi la demeure des délices… Pourtant, l’heure était déjà bien avancée pour les petites mains des domestiques qui travaillaient en ces lieux. La nuit avait laissé place à la lumière, mais il fallait briquer les sols, ranger les chambres et nettoyer la vaisselle pour que la maison rouvre ses portes sur une nouvelle nuit de débauche.

Le concierge, à l’instar de ses collègues, profitait de cette accalmie passagère pour réparer certains disfonctionnements ou aider les servantes à rendre le manoir présentable pour la soirée à venir. Equipé de sa trousse à outil, il grimpa quatre à quatre les marches qui menaient au second étage, empruntant le somptueux escalier qui embellissait le hall d’entrée. Mais sa course ne s’arrêtait point à ce niveau et il dû encore utiliser les marches qui menaient aux combles pour atteindre son but. Doucement, précautionneusement et sans précipitation aucune Edmund avançait prudemment sur la pointe des pieds dans le corridor qui jouxtait les chambres des délicieuses. Il ne fallait surtout pas éveiller les jeunes femmes sous peine de représailles de la part de Miss Boldwin. S’avançant encore, le parquet grinça soudain de façon tout à fait disgracieuse et le concierge se figea sur place, tendant l’oreille à l’affût du moindre son qui proviendrait de l’une des chambres. Un soupir féminin et un froissement de tissu se fit alors entendre, quasi inaudible si l’on n’y prêtait pas attention. Le cœur battant, Edmund n’osa se remettre en marche de peur de provoquer à nouveau le gémissement du vieux plancher.
Mais lorsque le calme fût revenu et qu’aucun autre indice de mouvement ne paru durant plusieurs minutes, il finit par reprendre son avancée, redoublant d’efforts pour ne pas faire grincer le sol de bois ce qui ne fit que freiner encore son allure déjà plus que lente… Arrivé au bout du corridor, la sueur perlant sur son front tant l’angoisse d’éveiller les filles l’avait envahi, il osa un soupir avant d’éponger de sa manche les gouttelettes d’eau salée. Déposant sa main sur le bouton de la porte, il le tourna avec toute la délicatesse dont il était capable avant de pousser doucement le battant qui gémit pour le dérangement occasioné. Serrant les dents, Edmund se promit de venir huiler cette fichue porte dès le lendemain. Repoussant cette dernière, il referma soigneusement derrière lui, non sans provoquer un nouveau grincement qui l’angoissa d’autant plus. S’adossant à la planche de bois, il souffla un instant, tendant à nouveau l’oreille par la même occasion pour s’assurer que tout était resté calme dans le corridor.

D’un regard circulaire, le jeune homme considéra la salle d’eau commune. Une des filles avait signalé une fissure dans l’une des vasques qui composait la pièce. Minutieusement, Edmund examina un à un l’émail des bassins, mais il du en passer au moins cinq avant de trouver celui qui était abîmé. Farfouillant dans sa trousse, il en sortit une sorte de vernis qu’il appliqua avec attention sur la craquelure en question. S’insinuant dans la crevasse, le produit devait sécher durant de longues heures et le bassin serait inutilisable pour la journée. Le concierge déposa donc un vieux journal sur le dessus de la vasque, histoire de signaler le problème, en espérant que les utilisateurs comprendraient la subtilité. Reculant de quelques pas, il sentit quelque chose sous son pied, mais trop lent pour réagir à temps, il bascula dans la baignoire centrale encore emplie d’un fond d’eau usagée. Le savon qui trainait sur le sol carrelé, légèrement humide avait fait glisser le malheureux qui n’eut d’autre choix que de s’asseoir violemment dans le grand bassin en une éclaboussure grandiose.

Jurant intérieurement, Edmund agrippa les rebords de marbre pour enfin se redresser. Il frotta douloureusement l’arrière de son crâne qui avait cogné brutalement la bordure de la baignoire et se rendit soudain compte qu’il était totalement trempé. Soupirant d’exaspération, il observa les alentours à la recherche d’une serviette. Son regard se posa sur l’objet en question et il ôta sa chemise ainsi que ses chaussures et son pantalon, se retrouvant quasiment nu, quoiqu’il garda son caleçon.
Accrochant ses vêtements sur l’une des cordelettes installées à cet effet, il attrapa ensuite la serviette et entreprit de se sécher. Personne ne devrait venir l’importuner à cette heure matinale et il pouvait patienter un moment ici, le temps que ses vêtements sèchent au moins un minimum. Ah ce qu’il pouvait détester les journées qui débutaient ainsi, ce genre de commencement qui ne présageait rien de bon pour le reste du jour. Frottant à nouveau l’arrière de son crâne, il jeta la serviette dans un coin avant de s’installer dans une posture nonchalante sur l’une des chaises présente dans la pièce.

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Tandis que mes iris se rétractaient en mon premier regard, je sentis déjà les effluves de la veille me prendre de plein fouet. Le soleil me réchauffait déjà de sa subtile caresse, glissant en travers de cette fenêtre sur laquelle j'avais hormis de tirer le rideau. Un sourire s'installe confortablement sur mon visage alors que je soupire, encore un peu atteinte par les reste de ma nuit. Voila que ma journée s'annonce tôt.

Je m'étire en poussant non-nonchalamment l'homme à mes côtés. Je n'ose pourtant pas me lever, quelque peu lâche en cette prématuré matinée. Mes souvenirs se sont entremêlés et je m'applique à les remettre en ordre. Un homme, vieux, obèse. Il a payé pour la nuit, et pourtant, n'a exigé de moi que des plaisirs buccaux... Décevant. Je me vois donc dans l'inconfort de m'éveiller avec cette envie pressente de caresses. Et si ce n'était pas assez, voila que mes souvenirs d'Opium reviennent en mon corps. Vilaine vile Violine, encore tu t'aies laissée emportée par cette douce drogue qui maintenant rend plus difficile ton éveil.

Au diable. Je n'ai pas envie de me lever, mais pas plus besoin de voir l'homme reprendre vie à mes côtés. Le choix me semble donc inévitable et finalement, je me redresse, retirant cette perruque qui me gratte un peu. Mes cheveux bruns se libèrent enfin, cachant mon dos et mes seins nus en une cascade de boucles brunes. Mes bras s'élèvent vers le ciel et j'arque mes muscles en un nouvel étirement. Il y avait si longtemps que je m'étais éveillée si tôt. Peut-être pourrais-je découvrir quelconques trucs amusants à faire au manoir pendant la journée.

Sans vraiment croire à cette pensée, je me lève finalement, passant seulement la chemise de nuit en soie que je m'étais laissée à disposition sur le dos d'une chaise. Les domestiques viendront prendre soin de l'homme qui devra quitter et ils ramasseront mes vêtements pour les laver et les porter à ma chambre. Ils sont si efficaces, je n'ai plus à douter de leur compétences et je les sais bien assez peu courageux pour oser voler et se voir affronter le gourou de nos maîtres.

Voila que je ne m'attendais pas à cela. Mes pas me menant vers la salle de toilette, mon envie pressante de rencontrer de nouveau la bassine chaude, cet eau si réconfortante. Et puis moi qui croyait me retrouver seule, voila que je me retrouve face à face devant un homme que je n'avais pas vue auparavant. Quoi que... à bien y penser, il à une tête de domestique. Je lui souris poliment, me rendant bien compte qu'il ne porte pas grand chose.

Peut-être mon envie qui n'était pas apaisé, mais je le fixe quelques instants, observant son corps aux muscles découpés, d'apparence pourtant fragile. Son visage est délicat, sa chevelure tombant parfaitement pour encadrer ce regard qui... Mais qu'est-ce qu'il a ce regard fuyant ? Il me plaît !

- Bon matin...

Inconfort. Ma présence semble l'importuner.

- Je ne pensais pas qu'il y avait quelqu'un, j'espère ne pas vous déranger pendant votre... peu importe ce que vous êtes en train de faire. Je vais simplement me laver, ne faites pas attention à moi.

Non, justement, viens donc t'assurer que l'eau de mon bain est aussi chaude que les pensées qui me traversent à l'instant.

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Le silence ambiant appesantissait l’atmosphère de la salle d’eau déjà encombrée d’une légère brume de vapeur. L’agréable tiédeur matinale emplissant la pièce d’un voile de douceur mais le jeune homme installé sur l’une des chaises de bois s’impatientait.. Alors que ses doigts tapotaient nerveusement le rebord d’une vasque tant la perte de temps occasionnée par sa maladresse l’irritait, le bruit sourd d’une porte qui s’ouvrait dans le couloir le sortit de sa torpeur passagère… Cessant tout mouvement, retenant sa respiration, il tendit l’oreille, scrutant le moindre indice auditif. Soudain, la lourde planche de bois bascula pour laisser apparaître une jeune femme à la longue chevelure brune. La chemise de soie qui recouvrait à peine le corps suave de la belle laissait deviner, par ses jeux d’ombres et de transparence, des courbes aguicheuses et Edmund ne pu empêcher ses iris de parcourir avec envie et crainte ce qui s’offrit à eux..

Figé, temporairement incapable de réagir convenablement, il resta visiblement inerte face à la nouvelle venue… Pourtant, une vague de chaleur intense s’était insinuée en lui, comme un fluide brûlant qui traversa chaque parcelle de ses membres et un frisson parcouru son échine, contraste poignant entre la température de son corps et celui de l’air ambiant. La jolie brune, quant à elle, le dévisagea d’un regard étrange et lorsque l’orbe doré de ses yeux croisa le visage d’Edmund, ce dernier ne pu le soutenir, fuyant l’intrusion avec empressement. Ce fût à ce moment qu’il réalisa soudain que les traits fins de la dérangeante évoquait un quelconque souvenir en son esprit.. Il avait déjà croisé ce regard chapardeur au sein du manoir, mais il ne parvenait pas à remettre un nom sur ce dernier, pourtant, il était certain de l’avoir déjà rencontrée.

Les paroles de la sulfureuse arrachèrent soudain le jeune homme à sa léthargie passagère et il se redressa avec empressement, attrapant la serviette qu’il avait jeté négligemment sur le sol quelques instants plus tôt pour l’amener à son corps, trop dénudé pour la situation. Il voulait cacher sa pudeur autant que les cicatrices qui maculaient son corps, souvenirs cuisants de son enfance douloureuse… Hésitant, il se tenait à présent debout, le regard perdu dans la contemplation futile du carrelage, à peine dissimulé par une serviette trop petite…

- Je… Bonjour Mademoiselle…

Elle enchaîna poliment, invitant le jeune homme à ignorer sa présence… Mais comment pourrait-il ? S’il craignait maladivement les contacts trop rapprochés avec les femmes, il n’en restait pas moins sensible à leurs charmes... Et il fallait bien avouer que la créature qui se présentait à lui en ce doux matin était d’une beauté incontestable, sans parler de son corps qui… Edmund se frotta les yeux, gêné que de telles images de voluptés puissent embrumer ses pensées de la sorte…Et si seulement le phénomène avait pu se cantonner uniquement à son esprit ! Hélas, son corps semblait réagir tout autant, tant par la chaleur qui s’était invitée en son sein que par ce réflexe idiot qui l’obligea à cacher l’outrage de son entrejambe par sa main droite…
Avalant difficilement sa salive, il détourna à nouveau le regard, fuyant la vue charmeuse, et s’efforça de concentrer ses pensées sur des considérations plus terres à terres avant de s’exprimer à nouveau.

- Veuillez m’excuser.. J’ai… Mes vêtements sont trempés et je… Je me suis dis que personne ne viendrait ici en cette heure matinale… Mais… Enfin… Je suis désolé… Ma tenue… Elle est indigne et incongrue… Je vais vous laisser vaquer à vos occupations.. Je ne voudrais surtout pas vous gêner…

Adossé au rebord de l’une des vasques, il opéra un déplacement sur le côté, sans lâcher du regard la jeune femme, il cherchait à atteindre ses vêtements, encore suspendus à quelques mètres sur sa gauche…Si la jeune femme osait retirer le peu de tissu qui masquait encore ses courbes généreuses, Edmund en serait d’autant plus gêné, quoiqu’émoustillé, et il tenait à éviter le problème… Ah, ce qu’il détestait dévoiler cette facette honteuse de sa personnalité, lui qui pouvait se montrer si nonchalant et provocant en d’autres circonstances… Cet emploi aux services du manoir le mettait dans des situations réellement incommodantes pour lui et parfois, il regrettait presque de l’avoir accepté... Quoiqu’il n’avait pas vraiment eut le choix…

Il avait fini par attraper son pantalon et, maladroit, tentait de l’enfiler… Hélas, la jambe coincée dans le tissu, il dérapa et s’étala sur le sol, poussant un juron de colère.

- Merde !

Qu’est ce qu’il pouvait se montrer gauche lorsque le trouble gagnait son esprit, c’était inouï ! Soupirant, il tenta vainement de se défaire du pantalon qui s’était enroulé autour de sa jambe d’une façon inédite.

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Et je le vois donc s'affoler ainsi, telle une bête effrayée par la lumière qui l'incommode. Mon regard le suis, curieux de voir un tel phénomène dans une maison ou les hommes rampent normalement aux cuisses des dames de joie. J'en souris, face à cette ironie qui me comble. Le voila qui dissimule maladroitement un bien large manche qui fais miroiter mes yeux d'acier. Rêverais-je ? Un jeune domestique, ainsi énervé par ma simple présence ? Mais voila qui flatte cet égo qui déjà n'était pas petit.

- Oh...

Doux murmure à peine audible, rapidement coupé par ces paroles qui me sont offertes en cascades, telle une chute de mots qui se bousculent à leur sortie. Je le constate, glissant machinalement ma langue contre mes pulpeuses lèvres qui semblent déjà gourmandes. Ma nuit ne m'a pas satisfaite, bien au contraire, elle n'a semblé qu'éveillée en moi cet animal que je me dois d'assouvir. Je laisse donc le silence planer alors que le jeune domestique qui me semble familier se dirige vers l'endroit ou des vêtements sont suspendus. Sans doute les siens.

- Seigneur !

Dis-je d'une voix effrayée alors que je vois sa chute. Diantre qu'il est maladroit ! Il me rappelle certaine de mes prouesses alors que je n'étais encore que jeune fille pure. Je ne peux donc m'empêcher un rire franc qui s'élève entre nous, se répercutant contre les murs de la salle de toilette, allégeant quelque peu l'atmosphère qui semblait s'être chargée.

- Et bien, et bien ! Il semble que vous soyez bien timide en ce matin plus que tranquille.

L'une des baignoires je contourne, alors que mon regard ne quitte plus son visage angélique.

- Quoi qu'il en soit, puisque vous êtes là, et parce que vous êtes un employé du manoir, j'ai besoin d'aide pour me laver. Hier mon client était plutôt extravagant et j'ai du m'étirer un muscle du bras, car il me fait mal. Je ne pourrai donc pas avoir accès à mon dos.

D'un sourire et d'un haussement de sourcil, je suis fière de mon coup.

- D'ailleurs, cette baignoire est vide et j'aimerais bien que vous la remplissiez d'une eau tiède. Trop froid me serait inconfortable et trop chaud mauvais pour ma peau fragile.

Le tout soufflé dans une politesse exagérée, me voila qui lui tourne le dos, tournant la tête pour l'apercevoir du coin de l'oeil, alors que je laisse glisser les pans de ma chemise de soie contre ma peau. Je sens la tension faire un bond dans la pièce alors que le tissu atteint le sol, dévoilant mon dos cicatrisé de mille et unes blessures, offrant à l'homme la vue de mes parfaites lunes et de mes jambes effilées. Un silence plane, je le regard de mon seul oeil pointé vers lui.

- Allons... j'ai froid...

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Le froissement du tissu à la facture grossière troublait la quiétude tout juste interrompue par l’exclamation inquiète de la jolie brune… Edmund se débattait littéralement avec son pantalon, tant et si bien qu’il se retrouva allongé sur les carreaux froids qui recouvraient le sol de la salle d’eau, la jambe en l’air, se déchaînant vainement sur la pauvre étoffe qui n’avait rien demandé… Un rire franc résonna en écho sur les murs lisses de la pièce, rappelant au malheureux la présence de la jeune femme… Excédé et honteux, il fini par abandonner l’idée de se revêtir, retirant le peu de tissu qui recouvrait la pudeur de sa cuisse, il se redressa et énervé, jeta d’un geste brusque le pantalon sur le sol.
Debout, son regard s’attarda à nouveau sur le corps voluptueux de l’importune, rappelant à son esprit la gêne qu’il avait ressenti quelques instants plus tôt… Par réflexe sans doute, il fit un pas en arrière, comme pour accentuer la distance qui les séparait, se retrouvant tout contre l’une des vasques…Silencieux, il observait la sulfureuse, paralysé par la situation incongrue dans laquelle il se trouvait... La jeune femme tenta vaguement de détendre l’atmosphère électrique qui avait envahie la pièce en lançant une remarque amusée au concierge…

- Je… C’est que… Enfin… Je ne m’attendais pas à trouver quelqu’un ici à cette heure…

Embarrassé par sa tenue autant que par celle de la nouvelle venue, Edmund ne savait comment agir, figé par le stress engendré… Et lorsque la belle se mit soudain en mouvement, le jeune homme ne pu empêcher son corps de réagir par un infime spasme… Il sentait le regard oppressant de la sulfureuse sur lui alors qu’il faisait tout pour l’éviter justement, terrifié bien plus que soumis… Et lorsqu’elle l’interpella, exigea son aide, le reléguant brutalement au rang des domestiques, Edmund n’en fût que plus embarrassé encore… Il n’avait pas pour habitude de servir directement les délicieuses, c’était le rôle de femmes de chambre et des servantes… Son rôle à lui se cantonnait à divers travaux et entretiens du manoir en lui même… Jamais il n’avait eut à assister l’une des filles de la maisonnée…

Sa première idée fut d’abord de fuir, prétextant d’aller quérir l’aide d’une servante plus habituée à ce genre de tâche, mais il se ravisa bien vite lorsque sa tenue vestimentaire se rappela soudain à son esprit… Edmund ne pouvait décemment pas se promener dans les couloirs du manoir vêtu de la sorte, Madame Boldwin ne le tolèrerait pas, il en était certain…

Perdu dans la contemplation du carrelage, il réfléchissait à la meilleure façon d’agir lorsqu’une étoffe de soie se rependit sur le sol… Une boule se format alors dans la gorge serrée du jeune homme qui réalisait à peine la signification de ce phénomène. Tétanisé, son regard remonta machinalement le long des jambes longilignes, se heurtant à la croupe voluptueuse de la belle avant de parcourir, hébété, le dos maculé de cicatrices… Et comme un courant électrique s’infiltrant dans son corps tout entier, Edmund comprit aussi vivement qu’un éclair ce qui se déroulait sous ses yeux… Reprenant conscience de ses mouvements, il se retourna brusquement, persuadé que son regard n’était pas digne de la beauté qui s’offrait à lui…

- Je… Veu…Veuillez m..m’excuser… Il… Je…

Le souffle court, ses doigts tremblants tant la situation lui échappait, Edmund ne parvenait pas à rassembler ses pensées… Perdu, le concierge ne savait comment agir malgré les ordres lancés par la sulfureuse qui ne l’avait pas épargné de politesses. L’esprit du jeune homme semblait s’être échappé de son corps inerte, paralysé par la peur… Et les images des agressions de son beau père ne tardèrent pas à envahir ses pensées par de violents flashs. Il secoua la tête, tentant de chasser ces horribles souvenirs, il frotta son visage, essuyant la sueur qui perlait alors sur son front fiévreux...
Soudain, les mots impatients de la jeune femme se heurtèrent à lui, l’arrachant à sa torpeur passagère… Il devait agir et masquer sa gêne autant qu’il le pouvait sous peine de subir les taquineries de la belle, cette résolution apparaissait tout à coup comme une évidence…

Avalant difficilement sa salive, il se dirigea vers le poêle, évitant soigneusement de laisser son regard se perdre dans la contemplation des courbes aguicheuses de la jolie brune… Remplissant un seau d’eau chaude, il revint vers le bassin qu’avait choisit la délicieuse et en déversa le contenu… Il répéta l’opération à plusieurs reprises, s’obligeant avec violence à ne regarder que le récipient qui lui servait à remplir la baignoire… Mais il n’était qu’un humble humain, et la curiosité ne tarda pas à le reconquérir au gallot… Après cinq allers-retours, l’orbe de ses yeux émeraude s’échappa du cycle qu’il s’était imposé, se posant sur la poitrine aguicheuse de la belle… Perturbé par cette vue soudaine, le jeune homme en perdit tous ses moyens, lâchant le seau qui ricocha sur son orteil avant de rebondir sur le sol en un bruit de casserole… Surpris par le glas autant que par la douleur lancinante provoqué par la chute du seau sur son pied, Edmund reprit très vite ses esprits et, inspirant profondément, il entreprit de délier enfin sa langue, serrant néanmoins les dents pour cacher la souffrance physique qui l'assaillait…

- Mademoiselle… Veuillez pardonner ma maladresse… Je ne suis pas habitué à ce genre de travaux et je m’en excuse, mais… Puis-je oser vous demander de vous revêtir le temps que je remplisse votre bain ? Il… Il est pour moi très difficile de me concentrer lorsque je… Votre nudité m’incommode… Enfin… Non… Vous… Vous être très belle, mais… Comprenez-moi… Je suis un homme, même si à vos yeux, je ne suis qu’un serviteur… et…

Il se tu, prenant conscience du tremblement de sa voix à mesure que son discours dérapait… Son timbre avait clairement trahi son état de stress intense et il ne savait comment allait réagir la jolie brune suite à cette intervention plus que catastrophique…