La calèche était arrêté depuis quelques minutes déjà, mais je ne pouvais me résoudre à en descendre. Face à moi l'une des antre de la luxure parisienne. L'endroit préféré de Victor, on me l'avait assuré, là ou il allait pour prendre ce que je ne parvenais à lui donner. Ma décision était prise depuis plusieurs jours déjà, l'occasion était trop belle, il se trouvait en voyage. Mannhein l'appelait. Il me fallait voir qu'elles étaient ses femmes, il me fallait comprendre. La porte s'ouvrit et le cocher me tendit sa main, j'y posais la mienne ganté. L'air était frais et je resserrai mon manteau autour de moi. Je lui avais demandé de m'attendre, il ne partirait pas. Avant d'en avoir pris conscience je m'avançais déjà vers la porte. Mon cœur battait fort dans ma poitrine, tout mon être me hurlait de partir, de fuir cet endroit dans lequel je n'avais pas ma place. Pourtant déjà entre mes doigts je tenais le heurtoir, frappant deux coups.

La porte s'ouvrit sur un endroit que j'imaginais bien moins raffiné. Un domestique pris ma veste et mon chapeau. J'avais sorti certains de mes plus beaux atours, bijoux et coiffure. Je croisais mon reflet dans un miroir, mon expression était si déterminée, alors que j'ignorai quoi faire. Une femme vint à ma rencontre, j'ignorai si elle était la mère maquerelle, ou je ne savais quelle domestique. Mais elle me demanda ce que je cherchais exactement.

« La femme que mon mari vient voir lorsqu'il n'est pas dans mon lit. »

Mon ton était glaciale, et la femme passa devant moi, songeant sans doute me dissuader.

« Je veux la rencontrer. »

Comme elle insistait posant sa main sur mon épaule dans un geste censé me calmer. Je vis rouge, chassais sa main sèchement, et m'engageait de mon propre chef dans le manoir. Des rires fusaient de derrière une porte que je poussai sans plus de cérémonie. Le spectacle était décadent, des femmes à peines vêtues, des hommes aux sourires goguenard, ma présence ne sembla perturber personne. Mais déjà la vieille femme était sur mes pas.

« Ne vous avisez même plus de vous interposer ! La favorite de Victor Nogaret, où l'une d'elle en tout cas, qu'elle se manifeste. »

Je voulais pouvoir mettre un visage et un prénom sur celle que mon mari préférait à moi. Mon regard scrutait les silhouettes, constatant avec un certain déplaisir que cet endroit ne recelait pas comme je le pensais des femmes plus vulgaire les unes que les autres, sans aucun charme. Non, elles rivalisaient de beauté, étalant leur charme sans aucune pudeur, pourtant chez certaine brillait encore une certaine dignité, d'autre se permettait d'afficher un sourire moqueur. Quelques regards s'étaient tourné vers moi, vaguement intrigué ou amusé. Mais j'étais décidé à ne pas bouger. Laquelle de ses filles pouvaient bien me remplacer, avec laquelle de ses prostitués préférait-il passer la soirée ?

« Je peux payer ce qu'il paie pour un rendez-vous. »

Je déliais une bourse que je déposais sur un guéridon. L'argent déliait plus rapidement les langues, et cette cela eut soudainement l'air d'apaiser la femme. Non je ne comptais pas me battre, je n'aurai même pas su comment procéder, je ne comptais pas non plus discuter en pleins milieu de ce salon. Je voyais déjà rouge à l'idée que le tout Paris, qui sans nulle doute passait ici, et en avisant quelques visages familiers je n'en doutais plus, sache que j'étais incapable de satisfaire mon époux. Force était de constater que je n'étais pas la seule, mais cela ne me réconfortait pas. Bien au contraire.

Je n'eus guère longtemps à attendre, une femme se leva. Grande et belle, sa démarche était fière et c'est sans empressement qu'elle s'approcha. Elle me déconcerta, Victor parlait donc de moi ? Je ne savais pas encore si je devais m'en sentir soulagée ou furieuse. Mais plus que cela, elle nommait art cette profession. Si je n'étais pas si déstabilisée par l'endroit sans doute aurais-je laissa le cynisme m'emporter. Mais je n'y avais pas le cœur. En outre, son regard clair me donnait l'impression d'être un livre ouvert pour elle, jusqu'à quel point Victor avait-il étalé notre vie. Sans réfléchir d'avantage je la suivis dans un coin plus isolé, soulagée de ne plus être exposée à certains regards. Mais également vaguement mal à l'aise, cet endroit n'était pas mon milieu, et la prestance qui se dégageait de cette jeune femme me le démontrait. Elle avançait comme une reine au milieu de sa cour, une dignité que je n'aurai jamais imaginé trouver chez une fille de joie. Je n'hésitais qu'un moment avant de prendre place face à elle, un peu raide dans ce fauteuil pourtant confortable.

« Aloysia Nogaret, mais ma présentation est obsolète. Mon époux vous a de toute évidence parlé de moi. »

Je n'étais pas venu ici pour la supplier de rester à l'écart de Victor. Un acte inutile et désespéré. Supplier une prostituée, fallait-il n'avoir aucune dignité pour croire que cela pouvait avoir une quelconque incidence. Venir ici m'avait déjà éclairer sur un point, ce n'était pas ces filles qui se jetaient sur les hommes, les hommes les choisissaient. Alors à quoi bon jouer les épouses éplorée, je ne l'étais pas. Je mentirai en disant que je ne comprenais pas ce qu'il vient chercher ici. Je connaissais l'homme et à aucun moment je n'avais imaginé qu'il se contenterait de ce que je lui offrais. Habituellement j'ai un talent inné pour ne voir que ce qui me convient, cette fois la vérité m'a éclaté au visage lors de notre dernière dispute. Notre seul moyen de communiquer. Je n'ai pas eut à chercher bien loin pour trouver l'adresse de cet endroit.

Elisabeth ne paraissait nullement gêné, j'imaginais sans mal que je n'étais pas la première épouse à venir la trouver. Il n'y a pire prédateur sur cette terre qu'une femme jalouse. Mais je n'étais pas entièrement motivée par cela. Mais pour le moment il me fallait savoir une chose, car il n'y avait de confidences plus sincère que celles faites au creux d'un oreiller.

« Que vous as dit Victor ?  »

Il ne me cachait pas ses reproches, mais je voulais entendre quelle image il dépeignait de moi. J'en avais besoin. En était-il déjà venu à la haine ? Pour quelques temps encore il serait en Allemagne, et dès son retour j'avais décidé de régler certaines choses. Il le fallait, l'atmosphère de notre résidence était alourdis, c'était à peine supportable, tant est si bien que je passais le plus de temps possible loin d'elle et Victor faisait de même. Les premiers jours heureux de notre mariage me paraissent remonter à une autre vie. Je crains que nous ayons confondu vitesse et précipitation, dire que notre mariage prends l'eau serait bien faible, nous sommes déjà si profondément engloutis que j'en viens à douter de pouvoir un jour ou l'autre retrouver mon souffle.

« Ne prenez pas la peine de me ménager. »

Lui ne le fais plus de toute manière. D'un geste je dépliais mon éventail, d'avantage pour m'occuper les mains, le feu de cheminé crépitait doucement dans l'âtre, mais la température n'était pas étouffante, ce geste avait un effet apaisant sur moi. Rassurant.