Elle était là. Entre les portes du manoir. J’avais pensé à elle toute la journée, toute la semaine même, en fait. Elle m’avait manqué comme Eugénie pouvait me manquer parfois, même plus, peut-être. Et je me retrouvais là comme un imbécile, assit dans l’escalier habillé d’une chemise usée et d’un pantalon brun à l’attendre comme si elle m’emmenait mon seul et unique repas de la journée. C’était un peu le cas, au final. Elle m’emmenait ma dose d’elle même. Ma dose de son sourire et de son regard dans le mien. Ma dose d’attention de sa part. Elle me tenait au creux de sa main avant même d’avoir passer la porte. Elle me tenait dans le creux de sa main avant même d’avoir annoncé son arrivé. Elle. Elle m’avait emmener ici et j’avais accepté comme si c’était rien du tout. Je me vendais pour elle. J’étais capable de faire ce genre de chose. Pour elle.
Avec un peu de chance, elle porterait ce rouge à lèvre vif que j’aimais tellement voir sur ces lèvres et taché ma joue. Je me rappelais toujours sa figure magnifique comme je l’imaginais encore lorsque j’oubliais pourquoi je continuais à me vendre aussi bien… Je me rappelais que je lui devais ma position. Que je lui devais ma présence ici et que c’était une excellente chose. J’étais capable d’économiser comme ça, de vivre pour moi. De travailler pour moi même et n’étais plus dépendant de mon père et des navires sur la scène pour vivre, manger et exister…

Ici, tout était mieux. Je sentais bon, je n’étais plus qu’un mécanicien, je plaisais aux gens. J’avais une vrai famille, au manoir. Olympe, moi et Eugénie aussi.
J’essayais de ne pas trop sourire sur ma marche d’escalier, mais je ne pouvais pas m’en empêcher, quelque part. Je ne pouvais pas me laisser avoir par mon envie de la voir exactement comme je ne savais pas m’empêcher de me laisser avoir par ce même sentiment. Je ne voulais pas la garder loin de moi, ni la garder trop proche de moi. Sauf qu’elle était au creux de mon coeur. Au plus près. Plus près que n’importe qui d’autre. Si Eugénie me tenait entre ses cuisses et au bout de ma laisse, Olympe, elle me tenait au creux de sa main. Un petit coeur minuscule battait au creux de sa paume et je lui offrais avec un grand sourire fendant mon visage masculin…

Personne ne savait. Peut-être même ne s’en doutait-elle même pas de tout ce que j’éprouvais pour elle. Elle devait forcément savoir, non ? Après tout les coups que j’avais osé lui faire. De me présenté nu pour elle, de m’offrir gratuitement à son corps alors que je ne laissais pratiquement personne d’autre m’approcher sans d’abord tendre la bourse. Elle et Eugénie avait simplement marqué ma vie. Ma vie et mon corps.
Je l’attendais donc, juste là. Assit simplement sur l’escalier qui faisait face à la porte d’entrée… J’étais pathétique. Pathétique et impatient de la voir…