Le Manoir des Délices
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 Une rencontre inconvenante [PV Bertrand de Montarcy]

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Isabeau d'Aban

Isabeau d'Aban

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Une rencontre inconvenante [PV Bertrand de Montarcy] _
MessageSujet: Une rencontre inconvenante [PV Bertrand de Montarcy]   Une rencontre inconvenante [PV Bertrand de Montarcy] EmptyLun 20 Mai - 16:34

Spoiler:

Trois semaines. Cela faisait trois semaines maintenant que je n'étais plus vierge. Je l'avais perdu sans même une larme et je ne regrettais rien. J'avais passé une nuit merveilleuse et je n'avais éprouvé qu'une faible douleur. Le mignon avait fait ce qu'il fallait et je ne regrettais rien. Bien sûr, hormis lui et la tenancière du manoir, personne n'était au courant de cela et heureusement. Pour le moment, j'étais encore fiancée et la date du mariage était arrêtée. Il aurait lieu dans quatre mois. Cela me semblait si court et en même temps si long. Le pire étant que je devais de plus en plus subir mon futur époux. Cet homme immonde et détestable qui ne cessait de balader ses mains sur moi sans aucune gêne même devant mes parents. Ceux-ci cautionnaient plus ou moins la chose vu que l'homme les amènerait dans la haute noblesse. Cela ne faisait que me révulser d'avantage. Je cherchais tous les prétextes possibles pour lui échapper mais c'était de plus en plus difficile. Le mignon qui m'avait dépucelé avait de bien meilleurs manières que cet être abominable. Certes, il avait été payé mais quand même. Il avait su être doux et prévenant, gentil. Cela comptait beaucoup pour moi. Je n'étais pas amoureuse de lui mais j'avais apprécié sa façon d'être et de faire. Si la possibilité m'était donné, je retournai le voir mais mon temps était plus que compté. On ne me laissait plus aussi libre qu'avant. On craignait surement que je perde ma si précieuse virginité. Mais là ils arrivaient trop tard, c'était déjà fait.

Le sourire plaqué aux lèvres, je feignais le bonheur alors que mon futur époux me faisait danser. Nous formions le couple le plus mal assorti qui soit mais la noblesse n'en avait cure. Seul l'argent et le rang comptaient. Habituée à donner le change, à porter continuellement un masque, je faisais comme si tout allait bien, comme si j'étais heureuse de mon sort. Rien n'était moins vrai mais il fallait paraître et non être. C'était la règle que j'avais suivi tout au long de mon existence. La première et la plus importante de toutes celles que l'on m'avait enseigné. Je dansais sans rien dire alors que les mains masculines se permettaient certains mouvements déplacés mais je ne relevais pas, je le laissais faire. Que pouvais-je faire de plus ? La musique enfin s'arrêta et nous aussi par la même occasion. Mon père vint nous rejoindre, une coup de champagne à la main. Il avait organisé ce bal en l'honneur de mon fiancé et de notre futur mariage. Toutes la bonne société parisienne, les nobles bien sûr, avait été invitée.


"S'il vous plait... S'il vous plait... Mes amis. A tous aujourd'hui, je veux faire partager mon bonheur de père. Dans quatre mois à compter d'aujourd'hui, ma fille, Isabeau, épousera monsieur le duc d'Enghein, membre du conseil royal. Je ne peux vous décrire ma joie face à cette union. Aussi profitez tous de cette soirée afin de fêter dignement leurs futures épousailles. Aux futurs mariés."

Toute l'assemblée reprit en coeur les derniers mots de mon père. J'affichais toujours mon sourire plus que polie mais je saignais en mon coeur. Il ne se réjouissait pas pour moi, il se réjouissait de l'alliance que symbolisait mon mariage. Je lui en voulais pour cela. Il préférait son nom et sa position sociale au bonheur de sa propre fille. Depuis le temps, je devrais le savoir mais cela faisait toujours aussi mal. Comme tous, je buvais une gorgée de mon verre avant d'être de nouveau pelotée par le duc en question qui ne se lassait pas de me faire des sous-entendus à peine voilés. Je ne le supportais plus.[/i]

"Excusez-moi mon ami mais je dois aller saluer Madame de Viremont. Je reviens vite."

Sans attendre de réponse et avec une adresse peu commune, je virevoltais entre les invités. J'allais rapidement saler la dame en question avant de me faufiler par une petite porte rejoignant l'un des salons attenant à la grande salle de bal du château. Les doubles portes assuraient une certain isolement. Mais la musique arrivait quand même mais très assourdie. Je soufflais. Enfin seule ! J'allais m'asseoir dans le sofa couleur vert d'eau. L'endroit était de petite taille mais c'était aussi bien comme ça. J'étalais ma robe autour de moi, essayant de ne pas fondre en larmes. Je voyais mon avenir sous le ciel le plus sombre qui soit et sans grand espoir de le voir s'illuminer. Je respirais profondément pour me calmer. Je devais profiter de ce rare moment de calme. Mais à croire qu'on ne voulait pas la laisser en paix. Elle entendit la poignée de la première porte grincer. Se relevant rapidement, elle alla se cacher derrière les lourds rideaux de velours verts qui masquaient les grandes fenêtres. Il y avait assez de place pour une voir deux personnes entre les rideaux et les fenêtres. Je restais aussi silencieuse que possible alors que j'entendais des gens entrer. Je préférai me cacher que de devoir retourner auprès du duc. Les yeux rivés sur le jardin baigné d'ombres, j'espérais que les personnes n'allaient pas s'attarder en ces lieux.
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Bertrand de Montarcy

Bertrand de Montarcy

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MessageSujet: Re: Une rencontre inconvenante [PV Bertrand de Montarcy]   Une rencontre inconvenante [PV Bertrand de Montarcy] EmptyJeu 23 Mai - 0:01

La salle de bal était bondée. S'y côtoyait ici la fleur de l'aristocratie établie dans la région parisienne et alentour, ainsi que celle de moindre lignage mais qui constituait, malgré tout, la bonne société occupant les terres environnantes. On était ici en bonne compagnie, raison pour laquelle Bertrand avait accepté sans hésiter l'invitation qu'on lui avait fait parvenir.

Il n'y avait pas très longtemps encore qu'il était revenu de Suède et il avait le dessein de se montrer afin de se faire des amis. Depuis son retour, il avait découvert avec délice les charmes d'un certain Manoir, mais il devait aussi prévoir de s'acoquiner avec des gens de son milieu comme le souhaitait son père.
De plus, c'était une occasion supplémentaire de mettre une bienheureuse distance entre son insipide épouse et lui.

Pour le moment, à défaut de fréquenter des fils de famille de son âge, c'était plutôt sur une charmante jeune fille, Mademoiselle Adélaïde de L. qu'il jetait son dévolu. La coquine était loin d'être farouche et lui jetait des regards appuyés depuis un bon moment, avant de masquer une pudeur factice derrière un éventail qui ne servait qu'à cette fin. Amusé, il s'était peu à peu approché d'elle et, après s'être présenté, avait respectueusement demandé à la mère qui la surveillait jalousement s'il pouvait danser avec sa fille. On lui confia donc Adélaïde...
Il lui faudrait ensuite l'attirer rapidement à l'écart car il ne pourrait l'accaparer plus d'une danse ou deux d'affilée au-delà desquelles il passerait pour un rustre. Le chalenge était plaisant car il n'avait que quelques minutes devant lui…

L'hôte lui fit gagner un peu de temps car à peine avaient-ils terminé leur première contredanse et échangé quelques regards brûlants que celui-ci désira parler à ses invités. La musique s'arrêta tandis que les valets faisaient circuler quelques coupes de champagne. Bertrand en saisit deux et en offrit une à sa cavalière en profitant qu'ils étaient au milieu de la foule et que la mère de la jeune fille n'interviendrait pas pour interdire ce breuvage à sa jeune progéniture.
Le maître de maison porta un toast au mariage futur de sa fille Isabeau avec un barbon, le duc d'Enghein, qui faisait piètre figure comparé à sa fiancée.
Pendant le bref discours, Bertrand s'attarda à dévisager la promise, intrigué. A son arrivée, lorsqu'il avait salué la famille qui recevait, il lui avait semblé la connaître, mais il n'arrivait pas à se rappeler dans quel lieu il l'avait vue. Pas dans le château familial de ses propres parents, il s'en serait souvenu. En visite chez des voisins ? Probable… Il ne voyait que ça.

L'observant avec attention, il crut déceler qu'elle ne semblait pas si heureuse qu'elle voulait s'en donner l'air. Son sourire était contraint, il l'aurait volontiers parié. Mais aussi, quelle jeune beauté comme elle se réjouirait d'épouser cet homme mûr qui avait de l'allure, certes, mais dont le faciès n'avait rien de celui d'un Apollon ? Pauvre petite, elle devait se plier aux servitudes de son milieu comme lui-même s'y était plié... A la différence près qu'il était un homme et que son sort était nettement plus enviable du fait que, par son sexe, il avait le loisir de faire ce que bon lui plaisait, marié ou non. Ce qui ne serait pas le cas de cette pauvre enfant qui ne connaîtrait peut-être jamais les joies de l'amour physique. Quel dommage, il la trouvait tout à fait à son goût. Mais rien n'était perdu, il pouvait toujours attendre qu'elle trompe son époux, à moins que le duc ne la cloître dans son château. C'était un risque, les vieux maris sont jaloux…

Chacun leva sa coupe et but à la santé des futurs époux. Sa cavalière toussa, lui prouvant qu'elle n'avait jamais bu un breuvage alcoolisé. Ah ces jeunes filles de bonne famille ! Ravissantes pour certaines mais si éloignées des filles de mauvaise vie dont il appréciait tant la compagnie… Pourtant, si sa cavalière n'avait jamais bu de vin de Champagne, il soupçonnait qu'elle s'était déjà égarée dans des recoins de fenêtres pour marivauder en cachette avec des galants, elle lui semblait trop discrètement aguicheuse pour ne pas avoir essayé.

Il lui reprit sa coupe et alla la déposer ainsi que la sienne sur une nappe blanche avant de l'entraîner à l'opposé de ses parents.


Venez, Adélaïde, il fait trop chaud ici. Allons-nous retirer dans un endroit plus frais et moins comble, que nous puissions respirer un peu.

Elle eut une mine faussement effarouchée mais le suivit jusque dans un petit salon vert attenant à la salle de bal. Ayant refermé la porte derrière lui, il se tourna vers elle et lui sourit. Son instinct lui ordonnait de se jeter sur elle sans tarder, mais il n'oublia pas ses bonnes manières, craignant tout de même un esclandre.
Il avait tort, car quand il l'attira à lui pour l'embrasser, elle ne fit aucun embarras, se contentant de murmurer son nom d'un air pudique, trahie pourtant par un regard espiègle et déluré qui laissait envisager une foule de possibilités.


Oh ! Monsieur de Montarcy ! dit-elle encore alors qu'il descendait de sa bouche à son cou, prévoyant que son itinéraire allait dans un premier temps le conduire dans son décolleté.

Elle minauda un peu sans pour autant se montrer réfractaire, mais fit un peu de difficultés quand il voulut soulever sa jupe.


Adélaïde, laissez-moi faire ! dit-il d'un ton mi sévère mi rieur. On ne peut embrasser un homme sans éveiller son désir d'être tendre, vous devez le savoir puisque vous avez bien voulu me suivre jusqu'ici.

Tout en parlant, il glissa l'une de ses mains dans son dos et tourna la clé, la laissant toutefois dans la serrure. Puis il entraîna avec autorité sa proie vers un sofa qui faisait face aux baies vitrées, l'allongeant à demi et faufilant sa main sous ses cotillons.

Bertrand, je n'ai jamais… commença-t-elle légèrement affolée.

Chut, ma charmante, je ne vais pas vous faire de mal, je vous le promets. Je pense qu'au contraire vous ne pourrez que vous louer de mes bonnes attentions…

C'était une aristocrate, il n'avait pas l'intention de la violer si elle était trop récalcitrante, mais il comptait bien en tirer au moins quelques avantages auxiliaires qui pourrait peut-être le mener plus tard à en faire sa maîtresse consentante.
Louvoyant entre les jupons, sa dextre se faufila jusqu'aux jarretières, atteignant la région dévoilée en haut de la cuisse. Sa main s'attarda un moment à glisser lentement sur la peau satinée de la jeune fille pour l’apprivoiser, puis jugea enfin importun de remonter un peu plus et fut à la jonction des deux fuseaux, laissant ses doigts curieux découvrir sa féminité.

Adélaïde haletait, un peu craintive mais déjà soumise. Sa respiration se précipitait sous ses caresses, ayant peur pourtant qu'il ne commette l'irréparable.


Vous ne…

Non, "je ne." Nous ferons autrement…
souffla-t-il, totalement émoustillé de la sentir s'abandonner.

Elle ne tarda pas à prendre du plaisir mais il prolongea ses caresses tout en mignotant ses seins, désirant lui extorquer d'autres gémissements. Elle se rendit une seconde fois et il s'apprêtait à lui montrer quel effet elle avait sur lui quand ils entendirent un bruit venant du renfoncement de la fenêtre.

D'un seul mouvement, ils se levèrent d'un bond et Adélaïde poussa un cri d'oiseau affolé avant de courir jusqu'à la porte, de se battre avec la serrure et d'ouvrir enfin le battant derrière lequel elle disparut.

Pendant ce temps, le jeune noble avait franchi la faible distance qui le séparait de la large fenêtre.

Peste ! gronda Bertrand frustré, tirant d'un geste rageur le lourd rideau.

Mais sa colère tomba aussitôt, et ce qu'il vit le laissa bouche bée.
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Isabeau d'Aban

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MessageSujet: Re: Une rencontre inconvenante [PV Bertrand de Montarcy]   Une rencontre inconvenante [PV Bertrand de Montarcy] EmptyLun 10 Juin - 17:47

J'espérai voir les importuns déguerpirent rapidement mais j'étais loin du compte. Je compris rapidement qu'ils comptaient occuper les lieux un petit moment. C'était bien ma chance ! Vouloir un peu de solitude et de paix et me retrouver à me cacher derrière des lourds rideaux alors qu'un couple, probablement illégitime, semblait s'adonner à quelques jeux coquins voir plus.

Cela me contrariaient mais je les enviais aussi. Que n'aurais-je donné pour en faire autant. Mais autant avais-je sauté le pas au manoir autant je ne me voyais pas m'adonner aux plaisirs dans ma demeure. Je ne voyais de toute façon nul homme vouloir m'approcher. Le seul qui aurait bien voulu profiter de moi, était celui par qui je ne voulais pas être touchée. Il ne me laissait que peu de répits. Ma mère prenant le relais quand il n'était pas là. Elle ou un chaperon désigné par elle. Bref, je n'étais jamais seule ou presque. Seul la nuit me laissait quelques répits et me permettait de revivre ma nuit au manoir. Elle avait été si belle. J'avais découvert un tel univers de plaisir insoupçonné que je ne pouvais que plus encore regretter mon futur mariage et surtout mon futur mari.

Et voilà que je devais maintenant subir les soupirs et les minauderies du couple. Je soupirais silencieusement moi-même, collant mon front contre la vitre. J'essayais d'oublier ce qui devais se passer dans la pièce d'à côté mais mon corps s'échauffait doucement. Pourtant, ce n'était pas moi qui était l'objet des caresses et des baisers mais je devais être en manque d'une certaine façon. J'essayais cependant de me calmer un peu en me concentrant sur l'extérieur et en pensant à autre chose mais les soupirs me ramenaient à cette nuit au manoir. J'aimerai y retourner mais c'était désormais impossible.

Je commençais à trouver le temps long, surtout qu'à part les sons, je n'avais pas le droit à grand chose. J'avais envie de m’éclipser et de fuir cet endroit. Impossible de passer par la porte. Le couple me verrait sans nul doute possible mais je pouvais peut-être sortir sur le balcon. J'essayais de tourner la poignet en silence mais peine perdue. Impossible sans faire de bruit. Je dus faire du bruit ou un geste d'énervement car j'entendis soudain le couple réagir et la fille crier. La porte s'ouvrit brusquement laissant passer quelqu'un mais j'en tendis des pas venir vers moi et je me recroquevillais contre la fenêtre. Soudain les lourdes tentures s'ouvrirent dévoilant un homme que je connaissais de vu, monsieur de Montarcy. Les joues rouges, je m’inclinais en une légère révérence.


"Pardonnez-moi de vous avoir... dérangé monsieur de Montarcy."

Je n'étais pas certaine que les excuses, les miennes, soient ce qu'il fallait faire mais je ne voyais pas bien comment réagir. Si je m'étais manifestée dès le départ, il lui aurait fallu me présenter des excuses mais j'étais restée silencieuse, presque voyeuse de ce qui se passait dans la pièce. D'accord, je n'avais rien regardé mais j'avais très bien entendu. que dire du coup pour me sortir de là ? Je n'avais pas reçu de leçon sur la conduite à tenir dans ce cas. Néanmoins, je gardais un visage presque impassible malgré mon rouge aux joues qui trahissait ma gêne et montrai que je savais ce qui c'était passé. Je me relevais mais gardais les yeux baissés.

"Si vous voulez bien m'excuser monsieur de Montarcy, je me dois de retourner à al salle de bal et retrouver mon fiancé."

J'hésitais sur le terme et ma voix trahie ce que mon visage ne montrait pas c'est-à-dire mon dégoût pour lui. Parfois, je ne parvenais pas à le cacher. Cela arrivait essentiellement quand j’étais troublée et que mon masque se fissurait comme en cet instant.
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Bertrand de Montarcy

Bertrand de Montarcy

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MessageSujet: Re: Une rencontre inconvenante [PV Bertrand de Montarcy]   Une rencontre inconvenante [PV Bertrand de Montarcy] EmptyLun 15 Juil - 11:37

Un moment déstabilisé par la surprise de découvrir la fille de ses hôtes cachée dans le renfoncement d'une fenêtre et masquée par les lourds rideaux qui l'ornaient dans la pièce même où il s'était mis en devoir de se livrer à sa distraction favorite, Bertrand considéra l'intruse quelques secondes avant finalement d'éclater de rire lorsqu'elle s'excusa de l'avoir "dérangé".

Eh bien, Mademoiselle, il semblerait que vous avez fait fuir ma conquête du jour ! En gage de contrition, vous devriez ne pas faire moins que de tenter de vous faire pardonner…

Taquin, il l'observa sans vergogne et se réjouit de l'embarras dans lequel il la voyait, témoin en était le rouge qui lui était monté aux joues et qu'il trouva tout à fait charmant.

Ne sachant plus quelle attitude adopter, car après tout elle n'avait pas cherché à signaler sa présence quand il avait débuté les festivités – et c'était ce qui amusait le plus Bertrand, y voyant là un trait de caractère qu'il appréciait : la curiosité relative aux choses du sexe -, il se tut et la jeune femme en profita pour s'excuser et prétendre qu'elle devait retourner auprès de son fiancé.

Si le jeune Montarcy fut frappé par l'hésitation qu'il remarqua quand elle utilisa ce vocable avec une aversion non dissimulée, il n'en montra rien.

Certes, je ne doute pas que sa compagnie vous manque, Demoiselle d'Aban, répondit-il avec une pointe de raillerie, mais vous me devez dédommagement, souvenez-vous ? Je suis esseulé, pour le coup, et c'est de votre faute. Je détesterais envisager un tel manque de compassion de votre part. Soyez assez bonne pour me faire la conversation, du moins jusqu'à ce que j'ai oublié ma mélancolie…

Sans cacher son sourire goguenard, il retourna à la porte, la referma à clé et, gardant celle-ci dans sa main, il l'exhiba à sa prisonnière.

Le duc attendra ! dit-il d'un ton péremptoire. Peut-être qu'avec un peu de chance il se consumera d'ennui et en mourra ? Je suis persuadé que le voile noir siérait à votre teint.

Venez près de moi, ajouta-t-il en lui montrant le fauteuil situé près d'une harpe, soudain sérieux. Vous avez bien quelques minutes à accorder à un homme plein de vitalité et dans la fleur de l'âge, n'est-ce pas ? Vous aurez bien le temps de vous morfondre par la suite. Je sais de quoi je parle, mon mariage a été arrangé… maugréa-t-il plus bas.

Évitant soigneusement le canapé, il attendit qu'elle lutte contre ses hésitations et vienne le rejoindre, puis il saisit  une chaise et s'assit près d'elle, troquant son expression prédatrice contre un sourire amical.

Je vous plains, dit-il simplement. Les aléas d'une vie d'aristocrate ne sont pas toujours des plus agréables, c'est ce qu'ignorent les gueux qui nous envient. Mais eux se marient avec qui ils veulent et ne sont pas obligés de cacher leurs penchants. Nous, nos penchants, nous devons les satisfaire ailleurs, conclut-il comme pour lui-même.

Il devait avoir choqué cette jeune Isabeau à la candeur virginale mais si elle était honnête, elle devait approuver ses propos si l'expression de mépris qu'elle avait eue plus tôt ne l'avait pas trompé. Les jeunes filles actuelles étaient élevées dans le respect des parents et de leur rang, et nulle n'aurait songé à s'insurger, d'autant plus si la crainte de la religion s'y mêlait. Bien qu'il soit homme, lui aussi s'était plié aux désirs de son père, d'autant plus redevable à celui-ci de lui avoir sauvé la mise à son départ de Suède. Mais si  la contrainte était déplaisante pour lui, elle était beaucoup plus lourde pour une jeune fille de bonne famille…

Aimez-vous le théâtre ? demanda-t-il pour rompre la glace. On donne Les Deux Amis, de Monsieur de Beaumarchais, en ce moment à Paris. On vous y verra ? J'espère au moins que votre futur époux aura le bon goût de vous offrir toutes les distractions auquel votre rang vous donne droit et qu'il sera assez aimable pour ne pas vous cacher aux yeux du monde…

Et des distractions elle en aurait besoin pour rompre la monotonie de sa future existence. Lui-même n'allait-il pas au Manoir pour satisfaire…

Soudain interloqué, il la regarda fixement, détaillant avec attention ce visage qu'il avait déjà pensé croiser. Le Manoir ! C'est là qu'il l'avait aperçue ! Son minois charmant avait attiré son regard et il s'était attardé sur elle lorsqu'il l'avait vue à la lueur des chandelles. Lui-même était dans l'ombre et elle ignorait peut-être qu'elle l'avait croisé. Confondu, il resta silencieux un moment, réfléchissant à tout ce que cela impliquait. Puis un sourire corrompu releva sa lèvre et un projet amusant prit corps dans son esprit. Se levant, il se plaça derrière son fauteuil et se pencha par-dessus son épaule pour lui souffler dans l'oreille :

Mademoiselle d'Aban, si vous croyez pouvoir échapper à la vigilance de vos parents et profiter encore un peu de votre vie de fille à marier, je m'offre de vous servir de chaperon. Après tout, pourquoi offrir à ce barbon les prémices de votre initiation aux désirs charnels ? Je connais un Manoir qui ferait vos délices…

Ce disant, ses doigts s'étaient posés au creux de son épaule et glissaient doucement vers le décolleté dont il survola les rondeurs tandis que son souffle réchauffait son cou.

…Et je ne souffrirais pas que vous refusiez de m'y accompagner… conclut-il d'une voix suave.

Si le ton était léger, l'intonation sonnait pourtant comme une menace. Elle  devait avoir saisi qu'il avait un moyen de pression, mais il ignorait si elle savait lequel.

 
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Isabeau d'Aban

Isabeau d'Aban

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MessageSujet: Re: Une rencontre inconvenante [PV Bertrand de Montarcy]   Une rencontre inconvenante [PV Bertrand de Montarcy] EmptyLun 5 Aoû - 9:54

Hélas, comme je le craignais, l'homme ne semblait guère décider à me laisser partir. Il estimait que je lui devais réparation pour avoir fait fuir sa conquête. Comme si je l'avais fait exprès ! Je me serais bien passé de tout cela pour ma part. son attitude aussi me déplaisait. Je n'aimais pas les hommes qui se croyaient au-dessus des autres et qui se croyaient tout permis. Je n'aimais pas qu'il croit que je lui devais quoique ce soit. Je n'aimais pas son air mais je ne pouvais pas vraiment faire autrement que de lui accorder quand même quelques instants. après tout, il faisait parti des invités de ma famille. Je ne pouvais le laisser ainsi sans échanger au moins quelques mots ne serait-ce que par pur convenance. Mais je devais aussi reconnaître que je n'avais pas vraiment envie de rejoindre mon promis. Et même si je n'aimais pas l'exigence de ce monsieur,  je préférais passer quelques instants auprès de lui qu'auprès de mon futur mari. Monsieur de Montarcy était de surcroît bien plus agréable à regarder que le vieux duc. Affichant un visage légèrement souriant, comme toute jeune fille de bonne famille se devait d'afficher, je vins m'asseoir sur le fauteuil désigné.

"Je ne pense pas vous être redevable de quoique ce soit monsieur mais je me dois de faire la conversation à un des invités de ma famille."

Je feignais de ne pas remarquer qu'il avait fermé la porte à clé et que j'étais donc sa "prisonnière". De plus, je jouais d'une certaine mauvaise foi afin d'accepter de rester en sa compagnie sans avoir l'air de lui obéir ouvertement. La noblesse vous apprenait à savoir manier les mots et à louvoyer en cas de besoin. C'était exactement ce que j'étais en train de faire. Je ne pouvais cependant que sourire ouvertement quand il évoqua le fait que mon futur mari puisse décédé avant l'heure.

"Je pense que le noir m'ira effectivement bien mieux que le blanc. Malheureusement, même si mon promis devait disparaître, il serait bien vite remplacé. Je ne doute pas que mes parents me trouvent rapidement un nouveau parti."

Oui, je n'étais qu'un pion dans leur échiquier. Si ce n'était pas le duc, ça en serait un autre. Cela ne s'arrêterait que le jour où je me marierai et où ils auraient le titre et l'alliance auxquels ils aspiraient tant. Je les détestais pour ça, pour ne penser qu'à leur nom, leur titre, leur rang sans prendre le moindre de mes désirs en considération. J'avais l'impression de n'être rien de plus qu'une jolie poupée sans âme qu'on mettait à une place ou une autre suivant les directions que voulaient prendre la famille. A croire que je n'avais aucun désir personnel, aucune envie. Ils me dépossédaient de toute existence, de toute vie et de toute envie.Il était vrai que je n'aimais pas les sous-entendu de mon compagnon du moment mais je devais avouer qu'il n'avait pas tort. Les manants se mariaient comme bon leur semblait sans avoir à tenir compte de leur famille. Je n'avais jamais manqué de rien dans mon existence et pourtant il me manquait l'essentiel, une vie à moi.

"Oui les pauvres hères ignorent leur chance."

Je ne pouvais que confirmer ses propos. Pourquoi essayer de masquer les apparences en cet instant ? Cet aristocrate avait vu juste. J'étais malheureuse, je ne voulais pas me marier à cet homme à qui ma famille m'avait vendu. Autant le dire, il m'avait bel et bien vendu au plus offrant sauf que dans notre milieu, on ne le disait pas ainsi. Mais au final, le résultat était bien le même.

"Je donnerai bien toute ma fortune pour être en cet instant qu'une simple fille de paysans ou de boutiquiers. Peut-être serais-je amener à avoir un meilleur avenir que celui qui m'attend."

Je frissonnais en pensant à ce qui m'attendais sous peu. Je n'aurai pour me consoler que les souvenirs de cette nuit passée au manoir. Le seul moment où je me suis sentie heureuse et libre, où je me suis sentie enfin moi. Mais ce moment était bien fini, hélas pour moi. J'essayais de sourire aux propos de mon compagnon concernant le théatre.

"J'ignore si mes parents me laisseront m'y rendre. Il y a beaucoup de choses à faire d'ici le mariage. J'ignore également si mon futur mari me laissera sortir ou non. Je l'espère bien sûr mais je crains que cela ne change rien à ce que sera ma vie. Je devrais jouer la comédie comme je le fais déjà. Les sorties me permettront juste d'échapper quelques instants à l'emprise de mon mari. Et encore, de cela je n'en suis même pas certaine monsieur."

Il était vrai que j'ignorais ce que le duc comptait faire de moi une fois que nous serions unis. Me tenir enfermée dans sa demeure ou me laisser sortir ? Pour moi, dans un cas comme dans l'autre, je serais sous sa coupe et sans aucune chance de pouvoir lui échapper.

Soudain monsieur de Montarcy se stoppa dans sa discussion. Il semblait troubler pour ne pas dire décontenancé. Étrange pour un homme qui semblait si sûr de lui. Je ne pouvais que m'en inquiéter.


"Auriez-vous un souci monsieur de Montarcy ? Vous sentez-vous mal ? Vous aurais-je indisposé par quelques propos ?"

Je n'avais nullement eu l'intention de le choquer. J'avais même l'impression qu'il en fallait beaucoup à cet homme pour être choqué. Mais j'avais bien dû faire quelque chose pour qu'il se retrouve dans cet état. Et puis, il changea. Son sourire se faisant carnassier. J'eus alors la désagréable impression d'être une proie face à un prédateur. Je frissonnais alors qu'il se déplaçait, venant se mettre dans mon dos. Et puis les mots vinrent, les allusions, le marchandage. J'eus un sursaut. Il ne pouvait pas savoir. J'étais venu en catimini au manoir. J'avais tout organisé à l'avance avec lady Boldwin. Je ne m'étais pas attardée dans les couloirs et madame Hooper m'avait directement conduite à la chambre nuptiale pour l'occasion. Je n'avais croisé personne, j'en étais pourtant certaine et je ne voyais pas miss Boldwin le crier sur les toits. Alors comment...

"Je ne vois pas à quoi vous faites allusion monsieur de Montarcy et je ne compte pas vous accompagner où que ce soit."

Mon ton masquait à peine mon anxiété. Je me relevais brutalement alors que sa main s'aventurait là où elle n'avait aucun droit d'aller, me rappelant bien plus de choses que je n'aurai dû à ce moment. J'allais me mettre près de la porte, tournant un visage outré, simple masque, à l'impudent noble qui me faisait pareille proposition.

"Je ne sais pas à quoi vous faites référence monsieur et j'apprécierai que vous ouvriez cette porte. Maintenant !"

Je devais fuir cet homme et rapidement surtout s'il savait. Il jouait peut-être simplement, prêchant le faux pour savoir le vrai. Mais je ne pouvais en être certaine. J'espérais que cela soit le cas et que je puisse me sortir au plus tôt de ce mauvais pas.

"Dois-je réitérer ma demande ou comptez-vous obtempérer monsieur de Montarcy ? Ou dois-je faire appeler et crier à cette porte pour qu'on vienne me chercher ?"

Je ne tenais pas du tout à arriver à cette extrémité. Les médisances iraient alors bon train mais je n'avais pas vraiment d'autres solutions. Il devait m'ouvrir et au plus vite.
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Bertrand de Montarcy

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MessageSujet: Re: Une rencontre inconvenante [PV Bertrand de Montarcy]   Une rencontre inconvenante [PV Bertrand de Montarcy] EmptyMar 17 Sep - 21:09

Comédien dans l'âme, Bertrand afficha un air douloureux.

Mon pauvre petit…
se lamenta-t-il d'un air fichtrement convaincant.

Ainsi donc, vous ne savez pas à quoi je fais allusion et vous comptez si tôt me fausser compagnie ? Oh… Ce n'est pas bien gentil de votre part après ce que vous m'avez infligé. Car je doute que la mignonne que vous avez fait fuir ne revienne à de meilleurs sentiments à mon égard…

Elle avait rejoint la porte et s'insurgeait de son impudence, tournant vers lui un visage scandalisé. Amusé, il constata qu'il n'était pas le seul tragédien de cette scène. Persistant dans son rôle de vierge outragée, elle confirma qu'elle ne comprenait pas ses allusions et lui demanda de la laisser sortir ou lui laissa l'option de la laisser appeler et, somme toute, de faire un scandale dans la demeure de ses parents.

Soit… convint-il en sortant la clé qu'il avait cachée dans son habit. Puis il la replaça d'où il l'avait sortie.

Et puis non ! lâcha-t-il avec un sourire sinueux. Je suis assez joueur, voyez-vous ?

Ses deux mains se posèrent sur sa taille et sa bouche se posa familièrement dans le creux de son cou alors qu'il murmurait :

Criez ! Mais criez donc ! J'aimerais assez voir surgir une multitude de valets de pieds, se pressant derrière la porte en compagnie de votre Père. J'imagine celui-ci demander ce qu'il se passe et prier l'individu se trouvant derrière le battant, - moi-même -, d'ouvrir immédiatement. De votre côté, vous pousseriez des cris d'orfraie pour demander du secours. Ils iraient sans doute quérir une hache pour se faire un passage…
Ce serait amusant, vous ne croyez pas ?

Seulement, je crois que vous n'avez pas songé aux conséquences…
conclut-il en la lâchant pour lui tourner le dos.

Tranquillement, il s'en fut jusqu'à la fenêtre derrière les rideaux de laquelle elle s'était précédemment réfugiée. Sa voix se fit plus basse, l'obligeant à tendre l'oreille pour l'écouter, voire à le suivre pour ne pas perdre le reste de la conversation.

Ce manoir dont je parlais tout à l'heure est un endroit captivant, on y rencontre des gens charmants et parmi les mieux nés…

Ouvrant l'huis, il posa ses mains sur la balustre et huma l'air du soir, admirant le jardin et fixant son attention sur une fontaine dont les jeux d'eau devaient couvrir les conversations indiscrètes.

…J'y ai même vu récemment une jeune fille de bonne famille, une de ces aristocrates dont on jurerait que la virginité n'est réservée qu'à celui qui l'épousera. Je crois malheureusement que l'heureux élu aura une surprise le soir de sa nuit de noce. Laissez-moi vous conter que sa promise a probablement perdu son hymen dans ce lieu de perdition…


Se retournant enfin vers elle, il conclut avec nonchalance :

Mais je vous ennuie sans doute avec mes histoires.  J'ai bien peur que les débauches d'une jeune aristocrate choquent désagréablement vos oreilles chastes. Pourtant l'anecdote est cocasse, qui pourrait donc imaginer sa présence dans ce lieu qui, il faut bien en convenir, n'est rien d'autre qu'un bordel ? Que faisait-elle là-bas ? Elle se cachait, c'est manifeste, mais elle a été imprudente, elle aurait dû revêtir un loup de satin pour cacher ses traits. Elle ne l'a pas fait, la faute en vient peut-être à son jeune  âge ou à son manque d'expérience…  Les femmes mariées sont beaucoup plus avisées dans ces circonstances.

Il marqua une légère pause, le temps de la laisser s'imprégner des mots et appréhender le fait qu'il savait mais tournait autour du pot pour faire durer le plaisir.

Que pouvait bien motiver sa visite ? Ce que j'ignore, c'est si elle venait là pour son simple plaisir ou si elle est une sorte de courtisane occasionnelle se donnant aux clients de passage… Peut-être trouverai-ma réponse en interrogeant les hommes que vous comptez appeler pour qu'ils viennent vous délivrer de votre séquestration ? Rien de mieux que des avis masculins pour m'éclairer, les hommes les mieux faits, les notables, fréquentent ce genre d'endroit. Votre père, peut-être ? Votre futur époux ?
Sont-ils discrets, l'un comme l'autre ? Dans le cas contraire, la réputation irréprochable de cette jeune délurée serait malheureusement perdue à jamais, peut-être même finirait-elle dans la rue, déshéritée et reniée par sa famille ? Quelle tristesse…


Cette fois il extirpa la clé et se dirigea vers la porte pour l'ouvrir. Se retournant une dernière fois, il fixa la jeune femme d'un air froid montrant qu'il n'avait plus envie de plaisanter.

Je rejoins le grand salon, veillez à ne pas sortir en même temps que moi. Que vous soyez occupée à la danse ou à bavarder avec votre fiancé, retrouvez-moi impérativement près de la fontaine dans une heure. Je vous le conseille vivement… Ne me faites pas attendre, je pourrais m'imaginer que vous avez décidé de ne pas venir.
Il fait relativement sombre dans le parc, nous pourrons converser à loisir.


Prenant un air faussement triste, il ajouta avant de déverrouiller la porte et de disparaître.

Vous avez jusque-là été profondément désagréable avec moi et n'avez pas fait preuve de la courtoisie élémentaire que je pouvais attendre de la fille d'une telle maison. J'espère que vous allez faire un effort car mon caractère n'est pas des plus souples et je suis extrêmement susceptible. Je m'en voudrais d'être l'instrument de votre perte…


Sortant d'un pas décidé, il se rendit auprès des autres invités, jetant des coups d'œil vers le salon vert afin de voir Isabeau s'en échapper discrètement.  Il se fit ensuite un malin plaisir à dialoguer avec son père en sachant qu'elle ne pouvait entendre la conversation et devait se perdre en conjectures.  En réalité, il ne faisait que remercier l'hôte pour la réussite de la soirée donnée.

Passant son temps à badiner ici ou là, il attendait avec impatience que l'heure s'écoule. Enfin, il faussa compagnie à tout ce beau monde et partit se promener dans le parc. Arrivé près de la fontaine, il avisa un imposant saule pleureur dont les branches fournies retombaient jusqu'au sol. Il formait une sorte de cabane naturelle, une magnifique cachette à l'abri des regards… Parfait, c'est sous sa ramure qu'il l'entraînerait pour lui parler et lui proposer ce qu'il avait en tête.
Ne restait plus qu'à attendre.  Il avisa enfin une silhouette venir vers lui. Dans l'ombre, il ne voyait ni la couleur de la robe ni le minois de celle qui la portait  et resta dans l'expectative jusqu'à ce que l'apparition se rapproche de lui.
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MessageSujet: Re: Une rencontre inconvenante [PV Bertrand de Montarcy]   Une rencontre inconvenante [PV Bertrand de Montarcy] EmptyVen 25 Oct - 7:28

Un instant, un bref, si bref instant, je crus qu'il allait me laisser sortir. Je vis la clé sortir de sa poche, apparaître tel le Saint Graal. Je suis à peu près certaine d'avoir ressenti la même chose que le roi Arthur quand il comprit que jamais il ne l'obtiendrait quand le bellâtre replaça mon espoir de sortie dans sa poche. Il semblait jouer la comédie, faire semblant. J'avais pourtant été discrète au Manoir. Je ne comprends plus et la panique étreint mon coeur et tout mon être soudain.

Je sursautais alors qu'il osait me toucher, me prendre par la taille et m'embrasser dans le cou. Comment osait-il un tel geste ? Je n'avais qu'une envie le gifler. Mais cela me rappelait aussi les souvenirs d'une nuit dans les bras d'un charmant jeune homme. Je frémis à ce souvenir autant qu'à se baiser volé. Mais je me figeais, terrorisée cette fois, alors qu'il m'exhortait à appeler. J'avais bluffé et il semblait l'avoir deviné. Prise à mon propre piège, je ne pouvais risquer un scandale surtout vu ce que semblait savoir cet homme. S'il venait à parler à mon père, je serais perdue. Même si je niais, nul doute que mon père ferait mener des vérifications à commencer par faire vérifier mon hymen depuis quelques temps perdu.

Il s’éloignait et je gagnais le centre de la pièce. Il confirmait mes craintes. Il m'avait bel et bien vu. Effectivement, je n'avais revêtu aucun masque. Je n'y avais pas songé. Peut-être que je me croyais alors suffisamment à l'abri. Lady Boldwin semblait avoir tellement tout prévu que je n'avais pas songé à plus me protéger. Quelle idiote ! Je sentais mon sang se glacer dans mes veines au fur et à mesure qu'il évoquait ma faute que pourtant, je ne regrettais toujours pas. Néanmoins, je m’insurgeais, je n'étais pas une courtisane pour autant.


"Non, je ne me suis pas vendue ! Je ne suis pas une putain !"

Sans le vouloir, la colère mauvaise conseillère m'avait faite me rendre et donner raison à monsieur de Montarcy. Je venais, pour de bon, de confirmer ses soupçons. Pauvre de moi. Mais à ma grande surprise, il sortit de nouveau la clé ? Comptait-il me narguer derechef ? Non il allait ouvrir la porte mais mon calvaire ne semblait nullement fini. Il n'était que parti remise à dans une heure. Je savais, tout lui sans doute, que je ne pouvais me dérober. Je le regardais partir, me laissant tomber dans l'un des fauteuils. Mes jambes ne me portaient plus et je tremblais de tout mon corps. Qu'allais-je faire ? Aller à ce rendez-vous, cela allait de soit mais après ? Qu'allait-il exiger de moi ? De l'argent ? Des faveurs ? J'espérai le premier plus que le second. Le pire étant que je ne voyais aucun moyen de m'en sortir.

"Ma mie, que faites-vous donc seule ici ? M'attendriez vous pour quelques moments d'égarements avant notre union ? Je n'y vois nul inconvénient ma douce amie."

Je sursautais en entendant ses mots. Voilà que mon futur et ignoble mari s'y mettait. Il entrait et son regard sans ambiguïté me fit bien plus peur que n'importe quel exigence du gentilhomme qui l'avait précédé en ces lieux. Je me relevais rapidement, affichant un sourire que j'étais bien loin de ressentir.

"Oh je me sentais juste un peu fatiguée avec tout ce monde mon ami - je le rejoignais et glissait mon bras sous le sien - Venez mon ami et allons donc danser."

Je ne lui laissais pas le temps de répondre et l’entraînais vers le salon où je l'obligeais presque à me suivre dans un menuet. Je me crispais alors que je voyais Bertrand discuter avec mon père. Il n'allait pas ? Mon coeur était serré par l'angoisse mais habituée à ne rien laisser paraître, je continuais de sourire à mon cavalier. Je ne pouvais qu'espérer qu'il se taise. Les danses se succédèrent jusqu'à ce que mon fiancé demande grâce. Une aubaine pour moi car l'heure était quasiment passé. A peine le temps de saluer quelques personnes que je m'esquivais, me couvrant rapidement d'une cape, je sortais et rejoignais la silhouette que je devinais alors que j'approchais de la fontaine. J'étais à sa merci et nous le savions tous les deux. Je me posais devant lui, m'inclinant humblement devant lui. Inutile de jouer la comédie désormais.

"Me voici monseigneur - je me redressais et fixais la fontaine, prenant une profonde respiration - Vous aviez raison, j'étais bien au manoir. Mais je n'y ai été qu'une fois, une seule fois mais j'y ai perdu ma virginité. Je voulais juste avoir une nuit à moi, rien qu'à moi et avec quelqu'un qui ne soit pas ignoble aussi bien dans ses manières que dans son apparence. Je ne sais pas si vous pouvez le comprendre mais peu importe j'imagine, je suis à votre merci. Que souhaitez-vous de moi monsieur de Montarcy ?"

Je relevais mon visage vers lui. Je bridais les larmes qui voulaient couler. Non, je ne voulais pas, je ne devais pas pleurer devant lui. Supplier ne servirait pas à grand chose. Il avait une idée en tête et me ferait payer ma faute même si pour moi, c'était tout sauf une faute et si je devais recommencer, je recommencerai.
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MessageSujet: Re: Une rencontre inconvenante [PV Bertrand de Montarcy]   Une rencontre inconvenante [PV Bertrand de Montarcy] EmptyMer 9 Avr - 20:18

Vous m'avez fait attendre, vous mériteriez que je vous punisse…
Décidément, vous ne m'accordez jamais la considération que je serais en droit d'attendre de vous…


Bertrand observait Isabeau, un léger sourire narquois aux lèvres.  Un peu plus tôt elle avait lâché un aveu sans le vouloir, et maintenant elle passait aux révélations, ayant pour le coup beaucoup perdu de sa superbe.
Il l'entraîna sous le saule pleureur pour continuer cette conversation, ne souhaitant pas avoir de témoins à cette rencontre au fond du parc.


Vous avez raison, Mademoiselle, vous vous êtes stupidement mise en défaut. La faute en est que, si vous eussiez été plus patiente, je vous aurais volontiers rendu le service de vous débarrasser de cet hymen gênant… Mais il est trop tard, n'est-ce pas ? A moins de passer entre les mains d'une matrone experte, cette encombrante barrière brillera par sa douloureuse absence… Espérons que votre époux ne fera pas annuler votre mariage le lendemain de vos noces, imaginez le scandale qui rejaillirait sur votre famille…

Loin de s'en apitoyer, il s'avérait que cette éventualité l'amusait.
Soupirant, il se mit à marcher de long en large de l'autre côté du tronc, semblant chercher une idée qu'il avait déjà en tête. Puis il se rapprocha d'elle, réchauffant sa nuque de son souffle chaud.


J'aurais bien une réponse à votre question. Vous souhaitez savoir ce que je veux ? demanda-t-il d'une voix suave. Contrairement à ce que vous imaginez, je veux veiller sur vos intérêts. Je serais malheureux d'imaginer que vous gâchez votre vie inutilement en compagnie de ce barbon. Il vous faut de la distraction, qu'on se préoccupe de vous, que vous y trouviez votre avantage. Sinon, vous allez vous consumer, Mademoiselle d'Aban, et ce serait d'une tristesse…

La saisissant à la taille, il la retourna vers lui et détailla son visage pâli, les doux cheveux savamment relevés, le regard alarmé et la poitrine généreuse. Se penchant, il déposa un baiser à la base de son cou et huma avec délice le parfum de sa peau. Ses doigts vinrent frôler le décolleté, suivant l'arrondi de sa poitrine avant de crocheter sa nuque et l'attirer pour un baiser brûlant qui ne lui laissa pas le loisir de s'échapper. En avait-elle au moins les velléités, sachant qu'elle savait son honneur entre ses mains ?

Se redressant, il sourit, satisfait de cette mise en bouche qui se révélait des plus prometteuses.


Rassurez-vous, je ne vais pas me rendre coupable de voies de fait ici, chez vous, alors que le Tout-Paris et le Tout-Versailles occupent votre château.
…Ce serait plus amusant s'il n'y avait ici que vos parents et votre fiancé, mais ce n'est guère le cas et de toute façon ce n'est pas le propos.

Vous avez dit tout à l'heure que vous étiez à ma merci. Vous l'êtes, mais je ne suis pas assez mesquin pour vous le faire remarquer…


Il s'arrêta un instant, sachant qu'elle attendait, brossa une poussière invisible sur sa manche, cueillit une petite feuille de saule avec laquelle il joua un instant, puis l'inséra entre ses deux seins, la laissant légèrement dépasser.

Vous avez dit encore que vous ne vous étiez pas vendue, que vous n'étiez pas une putain...
Eh bien je voudrais que vous en deveniez une !


Il lui laissa le temps de comprendre et s'amusa un moment de sa réaction puis reprit.

Je veux vous voir à l'œuvre au Manoir des délices. Et comme je ne suis pas méchant, je vous permets d'y venir masquée. Vous viendrez avec cette petite feuille comme passeport, prenez-en soin, elle me permettra de vous reconnaître. Comme vous êtes cliente, après tout, je gage que vous saurez rendre complice la tenancière des lieux et qu'elle vous prêtera une chambre.

S'éloignant d'elle, il leva un sourcil et laissa tomber :


Disons… dans trois jours ?  C'est à prendre ou à laisser !
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MessageSujet: Re: Une rencontre inconvenante [PV Bertrand de Montarcy]   Une rencontre inconvenante [PV Bertrand de Montarcy] EmptyMer 30 Avr - 12:59

Le noble se montrait arrogant, si sûr de lui. C'était un trait commun à de nombreux nobles, mes parents, mon frère, étaient ainsi aussi. A croire que l'arrogance allait de pair avec la particule. Je détestais cela. J'aurai bien aimé lui dire d'aller au diable avec la punition qu'il voulait m'infliger pour mon retard mais je ne pouvais et il le savait très bien. Je baissais simplement la tête autant pour cacher ma colère que mon impuissance. Je me sentais si faible face à lui, tout puissant, qui pouvait ruiner ma vie sur quelques mots. Il n'était évidement pas à l'origine de tous mes maux. J'étais la seule à avoir décidé de perdre ma virginité au sein du Manoir. Mais c'était lui qui menaçait de tout révéler. Bien sûr, je savais qu'à un moment ou à un autre, cela risquait de se savoir mais plus tard cela arriverait, mieux je me porterai.

L'homme fit mine de bouger, d'aller plus avant sous le saule pleureur. Nul ne pourrait nous voir et cela m'arrangeait complètement. Je ne tenais pas à être vue en sa compagnie alors que le bal était donné pour fêter mes fiançailles. Mes parents n'apprécieraient guère de me voir en compagnie d'un autre homme alors que mon futur époux devait me chercher. Pourtant, je devais avouer que quelque part, je préférai être là qu'auprès du comte. Enfin, je n'étais pas très certaine de moi. Je frissonnais alors que la soirée était plutôt douce. Mais je savais que c'était les nerfs qui me faisaient avoir froid. J'étais glacée à l'intérieur. Cette impression terrible d'être une morte vivante ne me quittait plus depuis un moment maintenant et ce soir, cette sensation était largement amplifiée alors que mon petit monde semblait s'écrouler.

Monsieur de Montarcy continuait à se montrer suffisant. Selon ses dires, il aurait aimé prendre ce que j'avais donné à un autre. Quelque part cela me réjouit. Pourquoi lui plutôt qu'un autre ? Parce qu'il était noble ? Parce qu'il me voulait ? J'avais perdu ma virginité comme j'en avais eu envie et je ne le regrettai pas. J'avais été heureuse durant cette nuit.


« Mon époux le remarquera effectivement sauf si je trouve une solution. Je vous demande de simplement garder le secret jusqu'au mariage. »

Modeste requête mais je savais qu'il allait me demander une lourde contrepartie. J'avais une petite idée de ce qu'il souhaitait, finir ce qu'il avait tout juste esquissé dans le salon du château. Je l'observais se déplacer. Il ressemblait à une sorte d'animal dangereux qui guettait sa proie, moi. Il savait déjà la chasse gagnée. Il avait raison. Je ne pouvais m'opposer à lui d'une quelconque façon. Du moins, je n'avais pas la moindre idée de ce que je pouvais faire pour le contrer et le fuir. Je sursautais quand je le sentis derrière moi. Je l'avais perdu de vu un bref instant et le voilà, tel un serpent, dans mon dos. Le serpent de la tentation certainement. Je ne me laissais pourtant pas prendre à ses belles paroles. Je ne nie pas que je pouvais être naïve, voir stupide parfois mais je n'étais pas totalement idiote pour autant.

« Allons monsieur de Montarcy, inutile de me mentir. Mes intérêts n'ont pas grand intérêt pour vous. Ce qui vous préoccupe, c'est vous et seulement vous. Vous avez trouvé un moyen de vous amusez à mes dépens. Mais, je vous prie, dites-moi ce que vous souhaitez pour préserver mon secret. »

Autant jouer carte sur table. Je ne me sentais prête à faire des faux semblants pour une fois. Qu'il dise donc ce qu'il voulait de moi plutôt que de tourner autour du pot ainsi. Il me saisit alors, me tourne vers lui et ne se gêne pas pour aller déposer un baiser sur ma gorge. Je ne fais rien pour le repousser. Vu ce qu'il sait de moi, je ne peux me soustraire à lui. Mais ma gorge ne lui suffit pas, bientôt c'est à mes lèvres qu'il s'en prend. Je n'aime pas sa façon de faire mais ses lèvres sont loin d'être désagréables, je me dois de le reconnaître. Pourtant, je le fusille ouvertement du regard lorsqu'il me libère.

« Si vous n'étiez pas mesquin, vous ne me le feriez pas remarqué mais ce n'est pas le cas, monsieur. »

Mais tout ce que je pouvais imaginer était bien loin de ce qu'il voulait de moi en réalité. Mon cœur semble manquer un battement lorsqu'il dit son souhait, faire de moi une putain. Comment ose-t-il me demander une chose pareille ? Je me retiens de le gifler. Mes poings se ferment et se crispent. Mes ongles me rentrent douloureusement dans mes paumes pourtant je sens à peine la douleur. Ma colère et mon indignation semblent plus fortes que tous mes autres sentiments à cet instant.

« Me voir à l’œuvre ? Mais je ne sais rien du tout sur ce que font ses filles au Manoir. Je ne saurais pas quoi faire ! Je n'ai été cliente qu'une seule et unique fois et personne n'aurait dû me voir et je n'ai vu personne, ni les lieux. Que vous vouliez coucher avec moi, soit. Mais non, je ne jouerai pas les putains. »

J'arrachai la feuille d'entre mes seins. Il voulait me vendre à ma famille, qu'il le fasse mais je ne m'abaisserai pas à ça. Je ne voulais pas.

« Si vous voulez de moi, si vous voulez le manoir, très bien. Mais je ne jouerai pas à ce petit jeu. Prenez la chambre qui vous convient et je vous y retrouverai. Masqué ou non, ça ne changera rien pour moi. C'est à prendre ou à laisser monsieur de Montarcy. »

C'était risqué mais ma tolérance avait des limites. Cela pouvait sembler une peccadille parce qu'au final il aurait ce qu'il voulait, moi. Mais je refusais de faire semblant, de jouer. Je passais mon temps à ça. Il me faisait chanter, soit, mais je n'étais pas prête à m'abaisser à tout et n'importe quoi. Je risquais ma vie et ma réputation, je le savais mais de toute façon, tout se saurait un jour. J'essayais juste de gagner du temps. Je regardais l'homme droit dans les yeux. Libre à lui de tourner casaque et d'aller tout dire aux miens mais je refusais de jouer selon ses règles.
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MessageSujet: Re: Une rencontre inconvenante [PV Bertrand de Montarcy]   Une rencontre inconvenante [PV Bertrand de Montarcy] EmptyVen 9 Mai - 20:17

Elle lui demandait le secret et Bertrand ne put s'empêcher de froncer le nez à l'idée que le vieux pervers allait fourrer cette jeune beauté dans son lit.

Pourquoi acceptez-vous ce mariage ? Êtes-vous à ce point vénale que vous souhaitiez l'or et le titre ?
Pourquoi ne pas avoir refusé ? Certaines ont essayé…


Il était curieux de la réponse. Il savait bien qu'on mariait le plus souvent les filles sans leur demander leur avis, pour un titre justement, des richesses ou pour des terres. Mais il arrivait aussi que certaines se rebellent et que le père affectueux se laisse attendrir devant les réticences de sa fille. Or celle-ci ne semblait pas particulièrement soumise. Soit c'était une enfant aimante et elle acceptait cette union infâme pour tirer ses géniteurs d'un mauvais pas, soit l'heureux élu lui avait jeté de la poudre aux yeux avec sa fortune et sa haute noblesse. Certaines se seraient bien contentées d'un barbon pour mettre la main  sur ces menus avantages en attendant que ledit barbon trépasse... Faisait-elle partie de celles-là ?

Et comment allait-elle pouvoir cacher au mari l'absence de son hymen ? Il n'ignorait pas que des matrones pouvaient arranger les choses, voire simuler la perte d'une virginité au moment adéquat, mais l'idée était dérangeante d'imaginer que le barbon allait la toucher en toute légalité. Pour un peu, Bertrand aurait coopéré pour aider la donzelle à y échapper…

Il sourit quand elle prit sa remarque sur sa mesquinerie au premier degré, puis son sourire s'élargit encore quand elle réalisa ce qu'il lui demandait. Elle ne saurait que faire, disait-elle, les poings crispés et le regard flamboyant.


Je vous montrerai…
la coupa-t-il d'un air innocent. Vous ne m'avez pas repoussé, tout à l'heure, c'est déjà un début…

Mais elle refusa tout net sa proposition, acceptant tout juste qu'il couche avec elle.
Il l'écoutait tenter de se rebeller, blessée dans son amour propre de fille de famille à mille lieues d'être émancipée. C'est avec un rictus goguenard qu'il répondit, suivant d'un œil distrait la trajectoire de la petite feuille qu'il avait glissée un peu plus tôt entre ses seins.


Masquée ou non, ma Dame ? Alors soit ! Venez sans porter de loup. Je gage que certains de vos invités seront ravis de vous rencontrer dans ce lieu de perdition qui, soit dit en passant, est fréquenté aussi par une bonne partie de la gent masculine que vous recevez aujourd'hui pour vos fiançailles.

Il fit mine de sortir du couvert du saule pleureur puis sembla se raviser et se retourna.


Je vous ai dit tout à l'heure que ma proposition était à prendre ou à laisser, inutile de me parodier pour jouer les perroquets, je n'ai nullement besoin que l'écho me réponde…

Qu'imaginez-vous donc ? Que je veuille juste coucher avec vous ? Vous vous méprenez sur mes intentions. Qui vous dit que je serai le client ? La seule chose qui m'intéresse, voyez-vous, c'est de m'amuser. Les distractions de qualité sont si rares… Alors aussi belle que vous soyez, et aussi sensible que je puisse être au charme féminin, n'envisagez pas une seconde que vous réussirez à me mener par le bout du nez, Demoiselle.


Avec un air de défi, les prunelles de la jeune femme s'étaient ancrées dans les siennes et, ainsi parée de ce petit air farouche qui lui seyait bien mieux que son air bien-pensant, Bertrand la trouvait bougrement jolie et attirante. L'envie lui vint de la prendre dans ses bras pour l'amener à capituler, mais il s'en abstint et changea de conversation pour  la désarçonner.

Où en sont-ils, en ce moment ? Vous croyez que ces messieurs se sont retirés dans la bibliothèque, où on leur a servi un alcool, pour fumer un cigare ? Où bien pensez-vous que votre père et votre futur époux parcourent ensemble tout le château à votre recherche ?
Croyez-vous qu'ils vont faire une battue ?
termina-t-il en riant franchement.

Il reprit enfin son sérieux et la regarda, une expression railleuse au visage.


Allons ! Je crois qu'il est temps d'aller les rassurer ! Comme ma proposition ne vous sied guère, je m'en vais,  ô combien déçu et peiné, rejoindre tout le beau monde qui séjourne dans votre salle de bal. D'ailleurs il faut que j'aille présenter mes civilités au Duc, je ne l'ai pas encore fait jusqu'à présent et je dois y remédier. Il ne faut jamais négliger les personnages haut-placés, ne croyez-vous pas ?

Il se courba pour une brève révérence et écarta une branche.

Mes hommages, ma Dame,
dit-il avant de sortir de la cachette improvisée.
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MessageSujet: Re: Une rencontre inconvenante [PV Bertrand de Montarcy]   Une rencontre inconvenante [PV Bertrand de Montarcy] EmptyMar 24 Juin - 12:09

La situation était tout bonnement en train de déraper et je ne contrôlais plus rien. Pour la première fois, je regrettais presque la nuit que j'avais passé au Manoir. Non ! Non il ne fallait pas que je pense ainsi. Je ne devais pas regretter, surtout. Cela aurait donné raison à celui qui se trouvait en face de moi. Je devais me souvenir du plaisir que j'avais eu et comment j'avais été libéré de mon rang cette nuit là. Pas de masque à porter, juste être soi-même et je l'avais été. J'avais été heureuse cette nuit là. Vraiment heureuse et je ne devais pas la regretter malgré ce qui était en train de se passer. Ce que j'avais vécu valait bien quelques sacrifices.

« Vénale ? Non, je ne le suis pas. »

Je ne l'avais jamais été. Si ça avait été le cas, je serais certainement heureuse de cette alliance. Mon futur époux me donnerait ce que je voulais. Enfin, de ça je n'en étais pas vraiment sûr. Il paraît qu'il était du genre à compter son argent. Il dépensait sans compter que pour avoir ce qu'il voulait plus que tout. Et pour le moment, c'était moi. Alors il étalait sa fortune devant les miens qui réagissaient comme des papillons devant une flamme. Sans compter ce sacro saint titre. Si seulement j'avais pu leur faire oublier tout ça. Je souris, dégoûtée par les miens.

« Aucune chance de faire changer mes parents d'avis. J'ai déjà essayé. En vain. Ils me vendent comme une simple marchandise. »

J'étais écœuré par leur comportement. Pourtant, je ne parvenais pas à fuir. Je les aimais malgré tout. Peut-être possédais-je un brin d'espoir qui me faisait croire que mon père changerait d'avis à un moment. Quelle folie ! Il ne changerait pas. Il ne changerait rien. Je ne pouvais qu'accepter. Si je me rebellais, il m'enfermerait jusqu'au mariage. Je sentais qu'il était totalement capable de cela et ma mère encore plus. Mon frère ferait battues sur battues pour me retrouver et me ferait payer ma défection face aux miens. Je l'entendais déjà me maudire, me dire que je n'avais pas le sens de la famille, que je déshonorais notre nom. Maudits soit-ils tous !

Les larmes me montaient aux yeux devant leur indifférence, voir leur méchanceté que je savais bien réelle derrière toutes les apparences qu'ils donnaient. Tout était bon pour préserver leur nom. Tout. Et je faisais parti de ce tout. J'en étais même le point central en ce moment. Et voilà que je devais composer avec un autre noble qui se jouait de moi, me faisais chanter pour jouer les filles de joie. Le manoir ne m'attirait pas plus que cela. Certes j'y avais passé une bonne, une merveilleuse nuit mais je n'étais pas une catin. Enfin, je pense que je n'en étais pas une.

Il disait vouloir m'apprendre. Je me passerai volontiers de son apprentissage. Je savais certainement bien peu de choses. Alexandre qui avait été mon amant s'était plié à mes désirs sans forcément m'apprendre des choses. Ce n'était pas le but de toute façon. Je voulais juste avoir un homme gentil avec moi, un bel homme même si cela pouvait sembler futile, quelqu'un qui s'occupe de moi et me fasse croire que j'avais de l'importance pour lui même si c'était pour de faux, même si ce n'était que pour l'argent que je lui rapportais. J'avais accepté le jeu et je n'avais pas été déçue.


« Je n'ai pas envie d'apprendre. »

Mes mots n'étaient pas terriblement bien affirmés. Je ne voulais pas apprendre mais il ne m'en laisserait pas le choix. Je me retrouverais à subir ses désirs et caprices. Les nobles, les hommes, ils étaient tous pareils. L'idée de me retrouver démasquée devant des gens ne m'avait pas effleuré. Peut-être que je m'en fichais ou peut-être que je n'attendais que ça et que je sois mise dehors de chez moi... Si seulement. Mais ma famille ferait tout ce qu'il faut pour que ce mariage se réalise. Au fond, même en leur disant ce que j'avais fait, ils feraient tout ce qui était en leur pouvoir pour faire disparaître le faux pas que j'avais fait. Je l'observais alors qu'il semblait vouloir me laisser seule. Mais il ne manquait pas de me rappeler les invités, mes parents, mon futur mari. Nul doute qu'ils devaient se demander où j'étais passée. Je jetais des coups d’œil furtif autour de moi, dans le parc, du moins là où je voyais quelque chose. Rien. Rien pour le moment du moins. Je fermais les yeux et laissais les larmes couler sur mes joues. Quelque part cela me faisait du bien. Je finis par rouvrir les yeux, voyant la silhouette floue de l'homme. Je m'avançais et passais à sa hauteur sans le regarder.

« Ils se fichent de moi. Si vous leur dites ce que j'ai fait, ils trouveront juste une solution pour que le mariage se fasse quand même – je pris une profonde inspiration – Vous avez gagné, monsieur, je ferais selon vos désirs. »

Sans attendre, je filais vers le château. Je me dirigeais vers l'une des pièces où je savais pouvoir me rafraîchir avant de retourner au bal. Je ne pouvais pas apparaître les yeux rougis et le visage à moitié défait. Pourquoi jouais-je encore ce jeu ? Probablement parce que je ne connaissais rien d'autre. C'était ma vie, une vie maudite, mais une vie quand même. Je crois que je ne saurais pas voir la déception dans les yeux de mes parents. Les seuls moments où j'avais été heureuse dans cette famille c'était quand je parvenais à leur arraché un sourire de fierté. Leurs yeux brillaient alors pour moi. C'était cette étincelle de reconnaissance qui me faisait rester plus que tout autre chose. Monsieur de Montarcy aurait ce qu'il souhaitait. Je jouerais le jeu comme je l'avais toujours fait. Je pénétrais la petite pièce d'eau et faisais face au miroir. Je reconnaissais si bien celle qui me faisait face. Celle qui se cachait au fond de moi et qui se dévoilait si peu. Je reniflais et cherchais poudre et crème. Il y en avait toujours partout comme si le repoudrage était monnaie courante. Je m'appliquais à masquer mes rougeurs, à farder les traits des larmes sur mes joues. Quelques instants et je retrouvais mon masque. Je me vidais de toute émotion et plaquait un sourire charmant sur ce visage qui était si peu mien. Je me voyais dans le miroir mais pourtant je ne me reconnaissais pas cette fois. La fille que je voyais n'était qu'une étrangère. C'était cela mon vrai masque.
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