La nuit était brune, presque trop sombre, avec une lune se cachant timidement derrière des nuages accumulés depuis quelques jours déjà en raison d'un mauvais temps persistant. C'était un ciel chargé d’électricité, un temps mit sur pause entre deux jours de pluies, ce type de soirée où la chaleur vous accable et l'air semble moite d'humidité et d'une chaleur infernale. Très peu de lumière donc, excepté peut être quelques maisons encore illuminées d'une faible lueur tardive, probablement quelques veilleurs nocturnes, allongés dans leur lit à lire un livre passionnant.
En dehors de cela, cette nuit-là n'était en rien une nuit bien différente du pseudo-confort parisien dans lequel Alexandre avait été éduqué depuis l'âge de ses quatre ans par Mme et M. Sancé, deux paysans d'une condition tout à fait modeste mais avec un très généreux cœur.
Les deux paysans l'avaient adopté alors que le garçon, âgé d'à peine quatre ans avait été abandonné par ses parents biologiques, s'étant rendu compte de son "infirmité". Autrement dit découvrant que leur fils resterait muet, ils avaient alors décidés qu'il serait une honte, une tare, un poids de trop et l'avaient laisser au bord de la Seine.
Le garçon était transit de froid lorsque le couple le trouva et décida de le garder, eux qui n'avaient jamais eu la chance d'être bénis par un enfant.
Il a depuis ce jour oublié clairement tant le visage de ses parents biologiques, que son prénom de naissance, peut être pour son bien en finalité.

Il y avait non loin quelques hennissements de chevaux, Alexandre s'en souviendrait entre mille. Leurs hennissements durant la nuit, qui parfois l'arrachaient de ses rêves et de ses cauchemars. Mais étrangement, cette nuit-là, il ne les entendit point, un silence presque assourdissant, probablement du à la chaleur qui accablait cette chaude nuit de juillet.
Cette nuit-là, Alexandre s'était mit au lit assez tardivement, incapable d'endurer correctement la chaleur, bien que certaines fenêtres soient restées ouvertes en soirée afin de faire entrer la fraîcheur.
Il n'avait pas su trouver le sommeil. Allongé sur son lit, il avait regardé fixement les poutres en bois au-dessus de lui, ou une araignée avait commencé à tisser sa toile. Ce soir-là, il s'était promit qu'il tenterait de déloger sa nouvelle colocataire indésirable et qu'il ferait la poussière pour soulager un peu le travail de sa mère adoptive.
Mais quelques minutes après avoir enfin trouvé le sommeils, une fumée âcre entrait déjà dans la petite pièce où il dormait. Le sommeil déjà très léger, le garçon ouvrit les yeux irrités par la fumée, et à commença à tousser alors qu'il ouvrait un regard ahurit : en face de lui se trouvait un brasier immense, léchant les murs et les poutres du plafond en bois. Une quinte de toux lui vint instinctivement alors qu'il trébucha par peur sur une latte du plancher après s'être relevé. Alexandre regarda autour de lui désemparé. Aucune source d'eau proche de lui ne pouvait l'aider, et désespéré, alors que le feu grandissait à vue d'œil et s'avançait déjà vers sa couche, il regarda l'unique fenêtre à ses côtés, suffisante pour son gabarit, étant la seule sortie possible. Alors avec difficulté, il en sortit maladroitement, se blessant les chevilles en tombant dans un buisson de ronces en contre-bas.
Sortit de cet enfer, l'horrible spectacle continuait à se dépeindre sous ses yeux, effarés. La bâtisse entière était en flamme, des couleurs ocres et rouges se dégageant alors qu'une épaisse fumée noire s'élevait vers le ciel. Alexandre, ne voyant aucunement ses parents autour de lui tenta d'appeler à l'aide. Sa bouche s'ouvrit désespérément mais aucun son, comme à l'ordinaire ne décida d'en sortir. Transit d'horreur, il resta un instant tétanisé, impuissant, alors que ses larmes dévalaient ses joues.

Après quelques heures à rester prostré devant le cadavre de son ancienne maison, n'osant pénétrer le cimetière qu'avait laissé les flammes, Alexandre se releva, tentant comme il pouvait de détacher son regard du cauchemar qui venait de se produire sous ses yeux. Il parvint à trouver ses parents et les enterra avant de partir, son cœur brisé et pour la première fois de sa vie, seul face au monde et à ses préjugés...

Durant quelques années, le garçon s'est débrouillé comme il le pouvait, bien qu'en réalité, il n'a fait que survivre difficilement, sans presque rien à se mettre sous la dent. Le monde est parfois tragique avec la différence, et de nombreuses fois, il lui est arrivé de se faire rejeter, alors même qu'il regardait un boulanger ranger du pain qui lui aurait fourni un repas pour trois jours.

C'est dans une misère sans nom que le garçon, rejeté une première fois par ses vrais parents à l'âge de quatre ans, puis mit à mal à cause de la mort de ses parents adoptifs, se retrouva un soir d'hiver épuisé, n'ayant rien mangé depuis 3 jours déjà. Il lui était bien difficile de braver le froid, la neige n'avait pas encore commencé à tomber, mais le temps était suffisamment frais pour qu'il ne sente plus vraiment ses pieds dans de vieilles chaussures qu'il avait réussi à dérober à la volée.
Un soir d'hiver donc, alors que ses mains tremblaient et qu'il ne parvenait presque plus à marcher tant il en avait le vertige, il s'effondra non loin de la grille du Manoir des Délices, à quelques centimètres près d'un grand cheval noir qui hennissait. La nuit commençait à tomber, et le ciel, comme la nuit de la mort de ses parents adoptifs, semblait vouloir décharger ses foudres.
Alexandre, alors épuisé et rudement blessé, vacilla son regard en direction du cheval, qui se stoppa net face à lui, piétinant non loin sur les pavés de l'allée, alors que le jeune garçon protégea instinctivement son visage de ses mains sales, pleines d’égratignures d'une altercation avec un groupe de jeunes hommes lui ayant cherché du tort.
L'orphelin, tourna presque de l'oeil, n'ayant même pas la force de se relever pour fuir, comme il aurait voulu le faire habituellement. Il était trop habitué aux réactions violentes des nobles face à son handicap.
Adrian Bolwin sur son cheval aurait tout simplement pu l'ignorer et passer son chemin, voir même l'écraser des sabots de son cheval et parfois bien souvent le garçon se demande ce qui a pu faire qu'il en fut autrement.
En fait, avec réflexion, Alexandre pense que ce qui a décidé M. Boldwin cette nuit là était probablement les coups qu'il avait reçu de toutes parts par des garçons non loin du manoir. Cette nuit là, un soir assez froid et alors que ses pieds le faisaient souffrir, des garçons s'étaient pris d'une soudaine envie de s'amuser si on pouvait se permettre le mot, avec le muet de naissance et l'avaient rossé jusqu'à sortir un son de sa bouche... Ne pouvant rien faire face au groupe constitué de six garçons bien battis, Alexandre trop faible pour se défendre n'avait eut d’autre choix que de se laisser battre, recevant des coups tant injustifiés que terriblement violents, ce qui le laissa dans un état de presque mort.
C'est donc par une bonté d'âme incroyable que M. Boldwin a accueilli  Alexandre, l'a nourris, soigné et lui a offert un toit décent. Sans lui, le garçon serait probablement mort depuis bien longtemps, et jamais il ne pourra lui montrer combien il lui en est reconnaissant. Alors, bien que sa position au sein du manoir est bien établie et que le garçon participe à certaines conduites qui, il y a quelques années de cela lui auraient déplut, il ne peut s'empêcher de penser, que sans lui il ne serait plus de ce monde. Aujourd'hui, il se plait au Manoir. Il est nourri, logé, blanchi et surtout, protégé de la bêtise de la société... 

Il est difficile de se concéder certains défauts à soi-même, c'est probablement la chose la plus dure à faire en réalité. Peu de gens sont honnêtes envers ce qu'ils sont réellement, et ils sont soit trop humbles, soit trop imbus d'eux mêmes. Alexandre n'échappe pas à la règle, et si nous tentons de le décrire, nous dirons qu'il est principalement calme. Il ne supporte pas l'injustice car il y a trop souvent été confronté. En temps normal, il lui arrive d'être réservé et renfermé sur lui-même, ayant apprit depuis l'enfance à ne pas se mêler socialement aux autres, sa condition de muet n'étant clairement pas quelque chose de bien vue. Il est pourtant très intelligent et a horreur d'être pris en pitié. Ce regard, incessant que le monde porte sur lui, lui est insupportable. Il ne rêve que d'une chose, qu'on cesse de le regarder tel un objet cassé, comme une vilaine boite de musique qui ne demande qu'à être réparée. De ce fait, il préfère clairement ne pas s'exposer au jugement des autres, pour ne tout simplement pas voir ce regard qu'il hait tant, et pouvoir tout simplement vivre à l'écart.
A son compte on peut ajouter le fait que c'est un garçon très intelligent, la logique des choses étant pour lui quelque chose d'assez simple. Il a l'esprit vif et comprend tout très vite. Il est aussi perspicace dans beaucoup de situations, comprenant rapidement à la suite de déductions ce qui convient ou non de faire, par exemple dans le cas de ses clients.
D'un tempérament calme, il est foncièrement bon et doux, particulièrement dans ses gestes qui sont bien que très calculés parfois, tendres.
Il est également très volontaire et n'est pas regardant sur les tâches qu'on lui demande de faire au Manoir, pas même sur les clients qu'il a.

Alexandre est un homme grand mesurant 1 mètre 75 et battit d'une démarche très anodine, ne se démarquant en rien d'une quelconque particularité excepté par les temps pluvieux, il à tendance à traîné le pas suite à des douleurs refaisant surface de son enfance. Petit, Alexandre c'est  foulé une cheville, et manquant de moyens, ses parents n'ont pas réussis à le guérir entièrement ce qui lui provoque par les temps les plus maussades quelques tiraillements. Il arbore un visage assez fin, bien que sa mâchoire soit assez soutenue, ce détail se renforçant un peu plus par le fait qu'il se borne à arborer une barbe longue, refusant de ressembler au garçon imberbe qu'il était plus jeune. Ses yeux sont d'un bleu très beau bien que commun, ce qui lui vaut la plus par du temps des compliments quand son vis à vis ne remarque pas qu'il est muet. Il est doté par ailleurs d'une musculature, fine mais pourtant présente qui ne le fait pas paraître pour un être longiligne mais pour un homme avec une certaine prestance, bien qu'au final, son caractère dissimule entière cette construction naturelle, il paraît bien souvent hésitant, et n'a pas une démarche confiante et assurée. Ses yeux sont cependant le miroir de son âme. Très expressif, il est aisé de lire en lui pour un peu qu'on se donne la peine de le regarder, cet "idiot de muet".