Le Manoir des Délices
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 L'épée de Damoclès [PV Agnès]

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Timéo Langlois

Timéo Langlois

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L'épée de Damoclès [PV Agnès] _
MessageSujet: L'épée de Damoclès [PV Agnès]   L'épée de Damoclès [PV Agnès] EmptyDim 5 Aoû - 13:31

_ Où vas-tu?

Camille fait claquer le livre qu'elle était en train de lire et jette un regard courroucé dans ma direction. Alors que je pose ma mallette sur la table de la salle à manger et que j'enfile mon manteau, elle est déjà à me tourner autour avec une voix pleine de bouderies infantiles.

_ Je pensais qu'on sortirait ensemble ce soir... je m'ennuie... j'ai envie de sortir!


Ce soir, je ne peux pas. Je me suis engagé auprès d'Agnès Bourdon, la chocolatière qui m'a donné le plus candide des baisers. Je trouvais dans cette innocence tatillonne, tout le plaisir de l'avoir entraperçu sous un jour nouveau. Les femmes ont tellement de mystères qu'il me faudrait plusieurs vies pour espérer en comprendre le quart. Je pensais en connaître beaucoup sur les femmes mais la vérité, c'est justement qu'il n'y en a aucune. Il n'y a pas de règles générales et c'est là ce qui fait toute la difficulté de la démarche car tout se joue au détail.

Il y'a toutefois une jeune femme que je connais bien, voire très bien : ma jeune sœur Camille. Je sais que sa colère est sur-jouée, amplifiée pour me donner de la culpabilité et un sentiment de mauvais rôle mais ce soir, je suis au-dessus de tout ça
.

_ Nous sommes sortis tous les soirs depuis que tu es là... restaurants, boutiques, théâtres... Ce soir je me suis engagé auprès d'une de mes patientes. Nous sortirons demain soir.
_ Oui mais j'ai faim... Tu sortirais en me laissant mourir de faim?
_ Demande à Louise de te faire quelque chose
_ Je veux du chocolat!

Petite maligne qui me demande l'une des seules choses que je n'ai pas dans cette maison. Je n'aime pas le chocolat.... Si je suis resté si longtemps étranger au commerce de Mademoiselle Bourdon, c'est bien pour cela. Son regard s'illumine de malice, elle s'attend à ce que je reste avec elle ce soir.

_ Je t'en apporterai...
_ Tu ne sais pas choisir!
_ Alors dis-moi ce qui te ferait plaisir...

Elle attrape ma mallette d'un geste leste et court se placer de l'autre côté de la table en riant.

_ Que tu m'emmènes à la chocolaterie de mademoiselle Bourdon... c'est là que tu vas, non?

Je reste sans voix. Totalement interloqué, je tente de reprendre pied pour lui demander comment elle peut-être au courant mais elle me coupe l'herbe sous le pied avec ce même aplomb rieur :

_ J'ai regardé dans ton carnet de rendez-vous.

Mon Dieu, venez-moi en aide... Je ne sais plus si je dois être en colère pour le manque de respect auquel elle s'adonne au sein même de ma maison ou me féliciter d'avoir une sœur aussi ingénieuse... car elle avait tout prévue pour que ce soir encore, je la prenne avec moi. Mais je suis malgré ma déception, incapable de me mettre en colère contre elle. J'appuie toutefois mes mots pour leur donner toute la sévérité qui m'a fait défaut avec elle... cette fois, je ne plaisante pas.

_ Camille. Cela suffit. Lorsque tu viens à Paris, tu n'es plus la même personne... Tu deviens arrogante, imbus de toi-même, calculatrice... Tu n'as pas le droit de te conduire ainsi avec moi. Je t'accueilles ici chaleureusement et quand bien même je n'ai pas de temps à te consacrer, je me fais une obligation de t'en trouver... C'est la dernière fois que je t'accu...

Elle revient vers moi, redépose ma mallette sur la table avec des petits yeux embuées de tristesse et laisse une larme couler sur sa joue. Ce mauvais rôle que je décrivais plus tôt : je suis en plein dedans.

_ Je suis désolée... sincèrement. Mais emmènes moi avec toi, je te promets que je me conduirais bien. Il n'y a qu'ici où je peux m'amuser autant... Père est tellement ... S'il te plait, ne me renvoie pas à la maison!

Et elle gagne... Nous partons tous les deux pour la chocolaterie après quelques recommandations. Dans la voiture qui nous mène à la boutique, elle pose sa tête contre mon épaule et finit d'essuyer tous les reproches que je lui faisais. Je reste silencieux, je suis quelque part ennuyé d'emmener ma sœur avec moi. Bien que je sais qu'elle s'occupera aisément pendant que je serai en consultation avec Agnès, la savoir présente accapare une partie de mon esprit : celle du grand frère bienveillant.

Les portes d'"A votre seul désir" s'ouvrent devant nous alors que d'un regard silencieux qui en dit long sur toutes mes recommandations, je viens accompagner notre séparation. Camille a reprit un sourire lumineux et replonge dans ce monde dont elle a fait toute sa passion. De mon côté, je cherche du regard la belle chocolatière... Cette petite mise au clair m'a mis en retard et j'ose espérer qu'Agnès me pardonnera cet écart
.
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Agnès Bourdon Langlois
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MessageSujet: Re: L'épée de Damoclès [PV Agnès]   L'épée de Damoclès [PV Agnès] EmptySam 11 Aoû - 21:13

Deux semaines s'étaient écoulées depuis que la chocolatière avait fait la connaissance du docteur Langlois. Une rencontre involontaire vu que c'est en tant que client que le jeune homme s'était présenté à la chocolaterie d'Agnès. Une rencontre imprévue mais dont on n'aurait pu dire que le hasard faisait bien les choses. La jeune femme avait bien des à priori sur les médecins, à priori négatifs dus à de mauvaises expériences. Mais ce médecin avait trouvé grâce à ses yeux. D'ailleurs était-ce plus le médecin ou l'homme ? Difficile à dire. Les deux probablement car difficilement dissociables au moins pour le moment.

Ce soir-là, elle attendait le médecin. Les quinze jours étaient écoulés et c'était l'heure du rendez-vous. Bien sûr c'était une entrevue médicale mais Agnès se réjouissait de revoir Timéo. Oui, Timéo et non le docteur Langlois bien qu'elle userait certainement du titre. Mais elle s'était plusieurs fois répétée ce prénom parfois à haute voix juste pour le plaisir de l'entendre. C'était étrange et inattendue pour elle qui n'avait jamais été attirée par personne. Timéo semblait avoir réussit à faire tomber l'une des barrières de la jeune femme. Il y avait encore du travail mais c'était déjà en bonne voie.

Curieusement, Agnès avait du mal à décoller ses yeux de l'horloge de la salle principale, attendant l'heure convenue. Elle avait donné ses consignes à son personnel et juste précisée qu'elle devait voir un médecin pour une sorte de rhume. Seule Blanche, sa domestique, était au courant de la situation. Agnès avait toujours eu une grande confiance en la jeune fille. Mais les minutes passaient et le docteur ne semblait pas venir. L'espace d'un instant la chocolatière se demanda s'il n'avait pas oublié leur rendez-vous mais pour un représentant du corps médical cela semblait peu probable. Peut-être avait-il simplement du retard ou alors une urgence. Mais finalement, elle le vit franchir la porte de l'établissement... accompagnée. Mademoiselle chocolat fronça les sourcils l'espace de quelques secondes avant de noter les ressemblances physiques entre le docteur et la jeune fille. Il devait s'agir de sa jeune sœur. Celle pour laquelle il était venu dans sa boutique. Il faudrait qu'elle pense à la remercier. Mais ce n'était pas le jour. Le sourire aux lèvres, Agnès s'avança vers eux.


« Bonsoir docteur Langlois. Mademoiselle Langlois je présume ? Soyez la bienvenue dans ma boutique. Je suis ravie de vous y accueillir. »

Sa voix était chaleureuse comme avec tous ses clients pourtant les habitués pourraient bien remarquer qu'il y avait quelque chose de plus. Un regard plus pétillant, des joues légèrement plus roses, une voix plus douce et plus amicale que d'habitude. La jeune femme fit un léger signe de main à Blanche. Cette dernière servait occasionnellement à la boutique. Jeune fille de dix-huit ans, blonde aux cheveux longs et au visage d'une grande douceur, Blanche était toute mignonne et digne de confiance.

« Pour attendre votre frère, je vous conseille le salon des Dames. Madame de Gouges y tient salon ce soir. Je pense que cela pourrait vous intéresser. Blanche, veux-tu t'occuper de mademoiselle de Langlois ? N'hésitez pas à demander ce que vous voulez, c'est moi qui vous l'offre. »

Blanche fit une légère révérence avant d'indiquer le salon avec la main, et d'inviter Camille de Langlois à la suivre. Agnès attendit qu'elle fasse ses au revoir à son frère avant d'inviter le docteur à la suivre. Elle passa derrière le comptoir avant de rejoindre les cuisines aux odeurs suaves et vaporeuses et d'arriver dans le couloir. Rapidement, elle emprunta un petit escalier menant au premier étage et donc à ses appartements privés. Sur le palier, elle ouvrit la porte boisée en face d'elle qui donnait sur le salon et la bibliothèque de la chocolatière.

« Je vous en prie docteur, entrez et mettez vous à l'aise. »

La pièce était très chaleureuse. Des bibliothèques ornaient chaque mur et supportaient des ouvrages de toutes sortes, parfois fort rares. Bien sûr une grande partie de la collection concernait le chocolat d'une manière ou d'une autre. Deux canapés de velours rouges se faisaient face au centre et deux fauteuils faisaient de même autour d'une petite table basse. Le bois était sombre et chaleureux. Des bougies éclairaient parfaitement l'endroit. Agnès invita le jeune homme à s'asseoir et elle prit place en face de lui.

« Merci d'être venue même si je ne sais pas si cette entrevue mènera à quelque chose sur le plan médical. Comment souhaitez-vous procéder ? »

Malgré toute la bonne volonté de Timéo, Agnès restait sceptique du fait de ses mauvaises expériences passées. Quand à savoir comment procéder, chacun des médecins qu'elle avait vu avait eu sa manière de faire. Il y avait ceux qui l'interrogeaient puis l'examinaient, ceux qui l'examinaient puis l'interrogeaient, ceux qui ne faisaient qu'interroger et ceux qui ne faisaient qu'examiner. Bref chacun avait sa manière de faire, restait à savoir laquelle serait celle du docteur Langlois.
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Timéo Langlois

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MessageSujet: Re: L'épée de Damoclès [PV Agnès]   L'épée de Damoclès [PV Agnès] EmptyDim 19 Aoû - 18:07

Je m'étonnais encore, en franchissant la porte de la chocolaterie, d'être frappé par les effluves de chocolat. La boutique ne payait pas de mine vue de la rue. Aux apparences très calme, dissimulée même, l'intérieur était pourtant en effervescence... peut-être même bien plus que lors de mon dernier passage matinal. Derrière la placide maintien de ma sœur qui ne semblait nullement incommodée par cet éclat d'activités. Je sentais d'ailleurs qu'elle trépignait d'impatience que la bride soit lâchée. Elle fait un pas plein d'aplomb et de grâce en avant mais s'arrêta quelque peu coupé dans son élan, stoppée par cette divine créature répondant au nom d'Agnès. Je m'inclinais respectueusement vers la gérante, aussitôt imité par Camille lorsqu'elle compris qu'elle était en présence de mademoiselle Bourdon, directrice de l'établissement.

_ Veuillez m'excuser pour ce retard, mademoiselle.

Aucune excuse ne me vint à l'esprit pour ne pas mettre ma jeune sœur dans l'embarras ou pour m'éviter d'étaler cette petite dispute familiale devant Agnès. Je choisissais donc de me taire après un affable sourire et un regard maladroit vers Camille. Je me sentais embarrassé qu'elle soit là sans en avoir prévenu la belle chocolatière. Néanmoins, Agnès avait vu juste, il s'agissait bien de l'une de mes deux petites sœurs, la cadette de la famille. Se sentant sans doute acculée par mon regard, Camille joua la carte de la flatterie pour se donner bonne conscience :

_ Mademoiselle Bourdon, je suis enchantée de pouvoir enfin vous rencontrer. On dit de vos chocolats, qu'ils sont les meilleurs de Paris.

La boite de chocolats composée par Agnès avait remporté un franc succès lors du dernier salon de lecture auquel elle avait assisté. Si j'ignorais totalement quel livre avait été lu, Camille m'avait raconté au moins cinquante fois, à mon grand désarroi, combien chaque conviée s'était resservie et quel chocolat elles avaient préféré. Pendant au moins deux jours, j'avais été son "héros", son "frère adoré", "le meilleur que l'on puisse avoir". Bien qu'elle ne sembla pas être de celles à laisser déborder leur joie, Camille était un torrent de bonne humeur. Aussi m'étonnais-je de ne pas la voir sauter de joie lorsqu'Agnès lui annonça lui faire cadeau de ses consommations du soir. Seule une étincelle pétillait dans ses yeux mais bien que de tout mon cœur, je souhaitais que ma jeune soeur s'amuse ce soir, je me devais d'intervenir. Il n'aurait pas été convenable de laisser Camille abuser de la générosité de la chocolatière. Encore jeune, elle ne réalisait pas son outrance :

_ Cela est très aimable de votre part mais je me dois de refuser... Je vous serai gré de me faire une facture de ce qu'elle consommera et je vous paierai ce qu'elle vous devra. Ma sœur doit encore apprendre la tempérance.

Si nous étions une famille aisée, nous ne pouvions toutefois pas nous permettre d'avoir le train de vie des plus grands, une trop grosse dépense aurait eu vite fait de freiner nos avantages pécuniaires. Camille, encore jeune, ne semblait pas prêter attention à la valeur de l'argent et à la difficulté que certains avaient pour le gagner... elle ne prenait que le meilleur dans tout, semblait parfois trop insouciante pour sa propre sécurité. En la laissant venir jusqu'à Paris, notre père me faisait confiance pour ne pas laisser sa petite dernière se faire "empoisonner" par la grandeur et les privilèges.

Je m'attendais à une réplique cinglante, pleine d'esprit et de bouderies mais la précédente dispute sembla avoir eu raison de ses réparties. Après un discret soupir blasé, elle sourit à Blanche qui ne devait pas être beaucoup plus vieille qu'elle, et salua Agnès d'une nouvelle révérence avant de nous quitter. Mon petit rappel à l'ordre ne l'empêcherait pas de s'amuser. Elle avait trop de joie en elle pour se laisser aller à la déprime... et puis je ne lui avais pas interdis la dépense, je lui avais simplement dit de rester raisonnable.

D'un pas identique à celui de la chocolatière, je la suivais dans son petit dédale de pièces et de couloir, me prenant d'admiration pour la cuisine dans lequel nous faisions un bref passage, observant avec quelle efficacité chacun remplissait la tâche confiée. L'étage était quant à lui, chargé d'une agréable fraîcheur qui contrastait avec la température des cuisines. J'entrais après y avoir été invité par Agnès.

Par déformation professionnelle sans doute, je prêtais une rapide attention à l'endroit. Certains de mes patients assimilaient un trop fort intérêt pour leur intérieur à du voyeurisme et je me devais donc d'être adroit dans mes œillades. Le fait est que l'endroit où vous vivez en apprend beaucoup sur la personnalité de l'habitant... Agnès en avait visiblement que pour son travail... Mais cela je l'avais déjà constaté lors de notre promenade en bord de Seine.

Je posais ma mallette près du canapé, m'asseyant à sa suite en lui souriant
:

_ C'est moi qui vous remercie. Je connais vos réticences à l'égard du corps médical... comme je vous l'ais expliqué il y a de cela quinze jours, nous allons simplement discuter de vos symptômes. Ensuite je vous ferai un diagnostic global pour essayer de déceler une éventuelle infection et si vous me l'accorder, j'aimerais vous prélever un peu de sang pour quelques analyses.

Pour le moment, il s'agissait de faire comme la plupart des médecins... Tant qu'il n'avait pas trouvé le problème, il devait chercher. Ce serait sans doute l'étape la plus décourageante et fatigante qu'aurait à subir Agnès. C'est pourquoi il était important de définir les symptômes afin d'orienter les recherches et ainsi gagner du temps
.

_ Vous m'avez confié avoir le sentiment d'avoir une épée de Damoclès au dessus de la tête. J'aimerai comprendre d'où vous est venue cette sensation? Y'a-t-il des éléments dans votre vie qui vous a amené à cette conclusion?

Pour le moment, il fallait définir pourquoi Agnès avait le sentiment d'avoir quelque chose chez elle qui n'allait pas. La normalité est une chose bien relative... mais sentir que cette anormalité peut vous être fatale est autre chose. Dans tous les cas, je ne voulais pas faire mention d'un terme aussi négatif devant Agnès... Quand bien même il s'avèrerait qu'elle avait raison, elle ne serait pas anormale.
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Agnès Bourdon Langlois
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MessageSujet: Re: L'épée de Damoclès [PV Agnès]   L'épée de Damoclès [PV Agnès] EmptyMar 28 Aoû - 8:04

Il était vrai que sa confiance en la médecine était sérieusement amoindrie mais toute sa confiance n'avait pas disparu. D'ailleurs, Agnès croyait beaucoup dans les médecins mais juste elle y croyait pour les autres. Pas pour elle. Elle avait de nombreuses fois payé des médecins pour certains de ceux qui se présentaient à la fondation dans un sale état. Preuve qu'elle considérait bien les médecins utiles. C'était juste que son cas était probablement trop avancé ou trop atypique. Mais si Timéo voulait en savoir plus, elle pouvait bien se fendre de quelques explications.

« Faites ce que vous jugez nécessaire docteur Langlois. Je n'y vois aucun inconvénient. Je vais donc essayer de vous expliquer mon cas bien que celui-ci paraisse simple au premier abord. Pour résumer la situation, je ne dors pas. »

La phrase était lâchée, certes un peu rapide, sans vraiment d'explications mais la chocolatière avait toujours trouvé qu'elle résumait très bien sa situation. Maintenant, il fallait bien sûr développer un peu.

« Enfin ce n'est pas tout à fait exact. Disons que je dors très peu. A la différence des gens... normaux – elle hésita un instant sur le terme – je dors une heure, dans le meilleur des cas deux heures quand tout le monde a besoin de sept à neuf heures de sommeil. Tous les médecins que j'ai consulté m'ont tous dit la même chose « insomnie ». Mais je sais que ce n'est pas ça ! »

Agnès avait légèrement élevé la voix dans sa dernière réplique comme une sorte d'énervement face à quelque chose qu'elle ne maîtrisait pas. Elle posa un regard triste et mélancolique sur le médecin.

« Ne me croyez pas vaniteuse au point de me croire supérieur à un médecin qui a fait des études mais... mais je me suis renseignée... j'ai même acheté quelques ouvrages médicaux. Toutes les définitions qu'ils donnent de l'insomnie sont les mêmes : « difficultés à s'endormir, sommeil agité, plusieurs réveils par nuit, fatigue au réveil le matin et qui se prolonge dans la journée et les jours qui suivent si le problème n'est pas résolu... » »

La chocolatière récitait quasiment mot pour mot ce qu'elle avait pu lire dans chaque ouvrage qu'elle avait consulté.

« Mais ces symptômes ne me correspondent pas. Je n'ai pas de difficultés à m'endormir. Quand je suis fatiguée, je vais me coucher et au bout d'un quart d'heure, je dors en général. Je ne me réveille pas en général et je ne suis pas spécialement agitée quand je dors. Enfin, quand je me réveille, je ne suis pas fatiguée du tout. J'ai récupéré et je peux recommencer une journée de travail normale. Je n'ai pas non plus de fatigue particulière en journée qui serait liée au problème du sommeil. C'est juste... je récupère en une heure ce que les autres récupèrent en sept ou huit heures. »

La jeune femme finit par se lever, nerveuse, allant jusqu'à la fenêtre et contemplant les rues illuminées de Paris. Elle soupira. Une part d'elle craignait surement que Timéo ne la prenne pas au sérieux ou la croit cinglée ou pire hypocondriaque.

« Quand le premier médecin, et même les suivants, m'ont dit que c'était de l'insomnie, même si je n'étais pas d'accord, j'ai suivi leurs prescriptions et leurs médications. Tisanes, poudres, comprimés, hygiène de vie et j'en passe. J'ai appliqué consciencieusement chaque traitement, en espérant que cela fonctionnerait et que c'était moi qui me trompait mais en vain. Rien n'a fonctionné. »

Agnès cherchait à montrer au médecin qu'elle n'était pas complètement bornée. Elle avait quand même tenté de se soigner. Seulement rien ne fonctionnait et selon elle c'était parce que le diagnostique était erroné. A juste titre d'ailleurs.

« Quand à l'épée de Damoclès c'est simple. Beaucoup de gens verraient cela comme une chance de ne quasiment pas dormir et d'ainsi pouvoir vivre presque 24h sur 24. Mais je ne pense pas que le corps humain soit fait pour cela. C'est comme si je vivais deux fois plus que les autres et je crains que cela ne me condamne à mourir deux fois plus vite que tout le monde. »

Elle avait utilisé le verbe craindre et non pas savoir pourtant Agnès était bien convaincu que c'était ce qui planait au-dessus de sa tête. Une espérance de vie réduite de moitié, une mort qui la faucherait en pleine fleur de l'âge. Elle ne put s'empêcher de verser une larme. Généralement elle faisait tout pour ne pas y penser car cela l'angoissait profondément. Après tout, elle était humaine et la mort, elle la redoutait. Elle tourna son visage de poupée vers le jeune homme.

« Cela doit vous paraître stupide et irraisonné mais je... je suis certaine... de ça. »

Elle se doutait qu'il y avait peu de chance qu'il la croit ou comprenne son problème. Mais il avait voulu savoir, elle lui avait dit. Agnès avait cette terrible impression d'être dans la peau de Cassandre de Troyes, la prêtresse d'Apollon qui pouvait prédire l'avenir mais que personne ne croyait parce que le dieu l'avait voulu ainsi. L'angoisse était atroce d'être convaincu d'une chose sans que personne ne vous croit autour de vous. C'était un fardeau bien lourd à porter et les épaules d'Agnès s'affaissaient sous ce poids. Elle passait son temps à travailler pour oublier ce problème et s'empêcher inconsciemment d'avoir une vraie vie à laquelle elle serait arrachée d'ici quelques années. Les yeux légèrement embués, elle observait la réaction de Timéo, la craignant pour ainsi dire. Face aux autres médecins, elle avait tenu le coup mais avec lui c'était différent. Même s'ils ne s'étaient rencontrés qu'une fois, elle ressentait quelque chose pour lui mais une chose qu'elle ne pouvait encore nommer. S'il la prenait pour une folle, elle se retrouvait seule et soudain cela l'angoissait de se dire qu'il pouvait franchir le pas de la porte pour ne plus jamais revenir. Anxieuse, elle attendait donc son verdict qu'elle craignait plus que mauvais à son encontre.
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Timéo Langlois

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MessageSujet: Re: L'épée de Damoclès [PV Agnès]   L'épée de Damoclès [PV Agnès] EmptyJeu 13 Sep - 13:24

Habitude ou chance, dans 85% des cas, je savais dire si je serais capable de sauver ou non le patient. Dans 10%, j'avais une réponse dans les premiers jours. Dans les 5% restants, j'étais incapable de me prononcer. Avec Agnès, ma faculté semblait avoir disparu... depuis le premier jour qu'elle m'avait avoué sentir ce mal invisible parcourir ses veines, je n'avais su dire si je serai capable de l'aider. Je me trouvais dans les 5%, dans cette toute petite marge. Attirer par ce nouveau cas scientifique, je m'étais peut-être trop engagé. Que l'on s'entende, je n'avais fait nulle promesse, je n'avais pas assuré résoudre ce cas... mais mon égo chantait le contraire et alors que je n'avais rien entrepris, j'imaginais déjà pouvoir soulager la chocolatière de ce poids.

Le cas de mademoiselle Bourdon était ô combien particulier. J'affichais un air hagard en l'écoutant m'annoncer très abruptement qu'elle ne dormait pas. "Pas" comme pas du tout? Je fus presque soulagée qu'elle reprenne en disant qu'elle dormait tout de même un peu, car sinon j'avoue que j'aurai simplement cru que, malgré ma bonne impression, elle se fichait clairement de moi. Toutefois la révélation était surprenante... Malgré mon professionnalisme, je peinais à cacher un certain scepticisme. Comme pour reprendre un certain contrôle sur une situation qui m'échappait, j'enchainais à sa suite
:

_ Vous semblez avoir longuement étudié le sujet... Il y'a bien des types d'insomnies. Mes confrères ont sans doute dû vous diagnostiquer une insomnie idiopathique. A ce propos, j'aimerai jeter un œil sur les traitements que mes collègues vous ont prescrits. Et si vous sentiez une quelconque amélioration... Le détail le plus anodin peut être une révélation capitale.

Je reprenais peu à peu mes marques, me remettant de ce surprenant aveu. Lors de mes études universitaires en Angleterre, nous avions fait une expérience très troublante... en empêchant des rats de dormir, nous avions observer un changement de comportement et une irritabilité croissante qui avait conduits ces animaux à la folie puis à la mort. J'étais perplexe, dans ce cas précis, c'est nous qui empêchions les rongeurs de dormir mais dans le cas de la chocolatière, quel était ce substitut? Quel facteur nuisait à son cycle de sommeil? Cependant j'évitais de lui parler de l'issu fatale d'un tel problème... Elle en était d'ores et déjà consciente mais l'entendre de ma bouche risquait de lui faire oublier tout le reste.

La tension de la jolie chocolatière était palpable. Ses yeux vairons reflétaient les larmes qu'elle tentait de retenir. Je me levais, posais une main amicale dans son dos :

_ Je vais vous aider Agnès. Vous n'êtes pas seule.

Je frottais amicalement son dos en signe d'amitié et de compréhension. C'est vrai, j'avais été surpris les premiers instants... j'avais même douté mais un homme a toujours besoin de remettre en question ce qu'il ne comprend pas... cela alimente sa capacité à réfléchir. Mais je faisais confiance à Agnès et je n'étais pas en train de flatter une folle pour pouvoir m'enfuir au plus vite. Pour lui prouver ma bonne volonté, je repris avec énergie :

_ Nous allons commencer par trouvez des substituts pour reposer votre corps, le temps que je trouve de premières réponses. Je vais vous demander, aux alentours de 14h tous les jours, de vous allonger dans un endroit calme et de vous reposer durant 30 minutes. Il n'est pas nécessaire que vous dormiez mais très important que vous vous reposiez. Si le sommeil est important, les phases de repos le sont tout autant. Hélas, nous vivons un quotidien qui ne nous le permet pas toujours.

Je lui adressais un sourire encourageant. Il est toujours trop tôt pour songer à sa mort mais jamais trop tard pour mourir. Je ne voulais pas croire que la vie d'Agnès se terminerait si vite... pas avant que j'en sois arrivé à cette conclusion.

_ J'aimerais vous auscultez. Il faudrait que vous vous dévêtissiez...

Je marchais d'un pas courtois vers le couloir ou je comptais attendre le temps qu'elle ait retiré robe et corset. J'allais immanquablement la voir dans une tenue légère mais Agnès n'était pas certaines catins du manoir qui se déshabillait sans gêne et y prenait même un certain plaisir.

_ Dites-moi quand vous serez prête.

Je refermais la porte derrière moi et gardait une oreille attentive pour revenir le temps venu.
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MessageSujet: Re: L'épée de Damoclès [PV Agnès]   L'épée de Damoclès [PV Agnès] EmptyMar 6 Nov - 9:55

Agnès soupira de soulagement intérieurement en se rendant compte que le docteur Langlois la croyait bel et bien. Le pire dans toute cette histoire était certainement quand on ne la croyait pas. En particulier, les personnes issues du corps médical. Elle se rappelait d'un médecin qui lui avait conseillé des remèdes pour l'esprit comme si elle était folle. Bien sûr son cas était atypique mais bel et bien réel. Elle ne le savait que trop. Elle adressa un charmant sourire à Timéo. Même s'il ne trouvait pas de solution, elle se sentait étrangement mieux. C'était bien la première fois après tous les médecins qu'elle avait consulté.

« Je vous ferais un récapitulatif des différents traitements et des effets qu'ils ont eu sur ma personne. »

Elle sourit de plus belle en sentant la main chaude et réconfortante du médecin dans son dos. C'était apaisant. Cette fois-ci elle poussa un léger soupir de soulagement en fermant quelques instants les yeux.

« Merci à vous Timéo. Cela me fait du bien de savoir que d'une part vous me croyez et d'autre part que vous êtes là. »

Elle aurait pu dire simplement qu'elle était contente qu'il prenne son cas en charge mais ses mots sous entendaient un peu plus. Plus qu'un docteur, elle espérait aussi un ami. C'était peut-être ce qui lui manquait le plus. Après tout, à part des relations d'affaires ou des clients, avait-elle vraiment des amis ? Non, elle restait au final très seule et c'était parfois très dur à supporter. La chocolatière hocha la tête en signe d'assentiment quand il lui indiqua les moments où se reposer. En d'autres circonstances et avec quelqu'un d'autre, elle aurait avancé tout un tas de raisons qui faisaient qu'elle ne pouvait se reposer. Mais là elle était tout à fait prête à faire tout son possible pour appliquer les consignes du docteur même si cela devait un peu ralentir son rythme de vie.

« J'aimerais vous auscultez. Il faudrait que vous vous dévêtissiez... »

Une demande justifiée pour la jeune femme. Elle se doutait bien qu'il souhaiterait l'ausculter pour voir si ce n'était pas lié à un problème de poumons, de cœur ou autre. Agnès le laissa sortir avant de commencer à se dévêtir, ôtant corset et robe qu'elle déposa avec soin sur le dossier du fauteuil, restant en chemise blanche qui lui arrivait à mi-cuisses, bas de soie et culotte de même couleur. Des sous-vêtements fins et délicats mais pas ostentatoires. Une fois prête, elle rappela le jeune homme.

« Vous pouvez revenir docteur Langlois. »

Elle l'attendait sagement au centre de la pièce, les joues légèrement rouges d'ainsi se retrouver en petite tenue. Certes c'était un médecin et d'habitude, cela ne lui avait jamais posé de problème mais là, elle se sentait curieusement un peu gênée. Probablement parce qu'elle le considérait un peu plus que comme un simple médecin.
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MessageSujet: Re: L'épée de Damoclès [PV Agnès]   L'épée de Damoclès [PV Agnès] EmptyDim 9 Déc - 10:19

Après un regard par dessus mon épaule pour vérifier que personne n'entrapercevrait la nudité d'Agnès lorsque j'ouvrirais la porte, je me glissais dans la pièce. J'étais médecin, habitué à voir au manoir et ailleurs, des jeunes femmes plus nue que cela. Pourtant ma gorge se serra un instant en voyant la silhouette dévêtue de la chocolatière. Ses formes se devinant aisément sous sa chemise blanche, la rendant plus désirable que si elle avait été nue. Très vite, je repris mes esprits, il était hors de question de ne pas être à mon affaire et de me détourner de mon objectif : aider Agnès comme le docteur, l'ami que je m'étais promis de devenir. En quelques pas, le médecin était de retour et ce corps si féminin ne renfermait plus pour moi que le mystère d'un dérèglement à élucider.

_ Asseyez-vous sur le sofa je vous prie.

J'espérais que ce bref égarement ne s'était pas lu dans mon regard. C'était la première fois que l'homme prenait le pas sur mon métier lorsque j'étais en train d'exercer. Agnès n'était pas du genre à colporter des rumeurs mais il suffisait que quelques langues disent que je profitais de ma profession pour voir des femmes dévêtues et ce serait de nombreuses portes qui se fermeraient. Au delà de cela, je ne voulais pas gêner ma patiente... une confiance devait être présente entre moi et Agnès. « Amicus magis necessarius quam ignis et aqua », l'amitié est plus nécessaire que le feu et l'eau. Depuis cette balade sur les quais, je restais intimement persuadé que plus qu'un traitement, c'est d'un ami dont Agnès avait besoin. Nous avions une passion pour notre travail. Une passion qui pouvait devenir dévorante. J'avais la chance d'avoir autour de moi des mains prêtes à me sortir d'une lente disparition. C'est cette main que je tendais vers Agnès aujourd'hui. Peut-être me trompais-je, mais je crois qu'elle l'avait saisi.

_ Respirez profondément et calmement.

Je m'asseyais à ses côtés, venant poser mon oreille près de sa poitrine, puis entre ses omoplates. Je prenais son pouls sur son poignet délicat, je vérifiais ses réflexes, je restais concentré à ne pas me perdre dans ses yeux lorsque je glissais mes mains dans son cou à la recherche d'éventuelles infections. A première vue, tout semblait normal, pas de râles, pas de grosseurs, les réflexes psychomoteurs étaient bons. Je datais et notais précautionneusement toutes les données dans mon carnet, la laissant se rhabiller.

_ Votre corps ne trahi aucun symptôme... vous paraissez d'une belle santé.

J'avais une petite déception, j'aurai voulu avoir une bonne nouvelle à annoncer à la belle chocolatière. Cependant d'autres s'y étaient brûlés et je devais me montrer patient. Je repartirai bredouille aujourd'hui.

_ Pourrions-nous convenir d'un nouveau rendez-vous à mon laboratoire, chez moi, cette fois ?

J'étais beaucoup mieux équipé dans mon appartement, ayant fait venir des quatre coins du monde, du matériel issu des dernières technologies, des plantes exotiques, des remèdes chinois, etc... L'investissement était colossal mais nécessaire pour rester à la pointe du progrès. Je faisais parti de cette vague de jeunes médecins prêt à se retrouver dans l'innovation là où mes plus anciens confrères ne juraient que par les saignées et s'outrageaient ouvertement de tout ce matériel barbare qui tuait leur métier. « Qu'est-ce qu'un jeunot tel que vous peut bien m'apprendre ? » M'avait craché un vieux médecin lorsque nous nous étions tous deux retrouvé au chevet d'une malade, appelé par un mari désespéré. Aujourd'hui, je sais qu'il n'y avait rien à lui répondre, seul importe le patient.

_ La semaine prochaine à la même heure, vous conviendrait-elle ?
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Agnès Bourdon Langlois
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MessageSujet: Re: L'épée de Damoclès [PV Agnès]   L'épée de Damoclès [PV Agnès] EmptySam 15 Déc - 12:12

Malgré le fait qu'Agnès est eu recours à plusieurs médecins déjà, elle ne put s'empêcher de rougir légèrement quand Timéo revint dans la pièce. Une réaction étrange alors qu'elle s'était dénudée bien d'avantage face à d'autres de ses confrères. Mais là c'était légèrement différent. Elle avait conversé plusieurs fois avec lui. Elle était même allée se promener avec lui et il était certainement ce qui était le plus proche du terme "ami". Et pour achever le tableau, elle se sentait étrangement attiré par cet homme. Une chose qui ne lui était encore jamais arrivé. Elle avait côtoyé pas mal d'hommes depuis sa sortie du couvent mais aucun n'avait jamais réussit à la troubler ou lui donner envie de plus que de simples discussions polies. Mais la chocolatière sentait qu'avec ce médecin cela pouvait être différent, très différent.

"Oui bien sûr docteur."

La jeune femme s’exécuta et vint se placer sur le sofa. Il ne fallait pas oublier la raison de la venue de Timéo ici. Il devait tenter de percer le mystère de son dérèglement physique. Elle se laissa donc faire et obéit à chaque demande du médecin. Agnès restait dubitative. Non pas qu'elle ne croyait pas dans les capacités de Timéo mais elle ne voulait pas avoir trop d'espoirs. Elle avait déjà espéré beaucoup de ces prédécesseurs et cela n'avait rien donné si ce n'est des déceptions et une angoisse plus forte qu'avant. Après le 4e médecin consulté, la jeune femme avait fini par en prendre son parti et elle avait fait une croix définitive sur une potentielle guérison. Peut-être que perdre tout espoir était un peu extrême. Si elle avait plus d'espoir du tout, elle n'aurait pas consulté deux autres médecins et maintenant le docteur Langlois. Mais elle refusait de se faire de fausse joie et surtout de trop croire en un miracle qui avait toutes les chances de ne jamais arriver.

Agnès resta attentive durant tout l'examen. Parfois ses joues se tintèrent involontairement de rouge suivant comment Timéo la touchait. Évidemment que ce n'était qu'un examen médical mais elle ne pouvait empêcher son corps de réagir aux mains masculines. Au bout d'un bon moment, le médecin acheva son examen sur la conclusion que physiquement, tout semblait aller bien. Une réponse qu'elle avait déjà entendu par six fois. Maintenant, c'était toujours rassurant de voir qu'elle allait bien mise à part son souci de sommeil. Laissant Timéo finir de rédiger son compte rendu, elle se releva et alla se rhabiller.


"Oui, il n'y aucun problème pour moi. La semaine prochaine et la même heure me conviennent tout à fait. Laissez moi simplement votre adresse docteur."

Il était vrai qu'elle ne connaissait pas encore le lieu de vie du médecin. Elle acheva de se rhabiller et revint prendre place auprès de Timéo. Elle avait toujours le sourire aux lèvres.

"Ne soyez pas trop déçu docteur. Vous trouverez peut-être quelque chose la prochaine fois."

C'était étrange car les rôles soudain s'inversaient. C'était la malade qui essayait de consoler son médecin. Enfin, peut-être pas consoler, mais en tout cas limiter son désapoitement. Il espérait surement lui trouver quelque chose. Elle le voyait bien à sa tête. Elle ne put s'empêcher de lui donner un petit coup d'épaule joueur, une grande première pour elle.

"Et puis comme ça, ça nous donne une nouvelle raison pour nous revoir, non ?"

Ses joues s'étaient de nouveau empourprées mais elle était heureuse de son petit trait d'humour. Mais elle se rendit compte aussi que même s'il avait trouvé quelque chose, elle aurait trouvé un moyen de le revoir. Curieuse idée chez elle. La chocolatière se surprenait à vouloir passer du temps avec Timéo. Son cœur aurait-il trouvé preneur finalement ? Peut-être. Le temps le lui apprendrait mais il fallait que le médecin aussi éprouve quelques sentiments pour elle même si elle sentait bien qu'il y avait bien un petit quelque chose entre eux. Elle lui sourit alors avec tendresse.

"Cela me fera grand plaisir de vous revoir Timéo. - se sentant un peu mal à l'aise, peu habituée à ce genre de situation, elle se releva - Je vous raccompagne docteur. J'espère que votre sœur aura trouvé son bonheur."

Sage et souriante, elle l'attendit près de la porte de son salon. La soirée bien qu'un peu décevante sur le plan médical avait été fort agréable par ailleurs. Elle irait presque voir le médecin juste pour le plaisir de le voir. Mais elle espérait qu'elle le reverrait en d'autres occasions.
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Timéo Langlois

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MessageSujet: Re: L'épée de Damoclès [PV Agnès]   L'épée de Damoclès [PV Agnès] EmptySam 22 Déc - 12:42

La bienséance voulait que je ne puisse toucher Agnès plus que je ne l'avais fait. Tant de zones restaient pour ainsi dire inexplorées, mon examen totalement inachevé. Les femmes médecins étaient proscrites, étant recalées au rang de sage-femme alors qu'elles auraient pu agir là où nos droits s'arrêtaient. Les médecins hommes ne pouvaient palper le corps des femmes sans manquer à toutes les règles en vigueur. Je ne pouvais en rien aller plus loin dans ma démarche. Pendant un temps, j'avais songé à prendre une femme en assistante mais j'avais rapidement abandonné l'idée. L'époque n'était pas prête à de tel changement et moi-même, je ne savais quelles responsabilités lui confier. Néanmoins, j'avais fait soigneusement le tour de ce qui m'était permis de faire mais je n'en étais pas satisfait, et encore moins rassuré. Je détournais les yeux lorsque la belle chocolatière pointa une déception que j'aurai voulu lui cacher.

Agnès semblait tellement calme dans un moment où elle aurait pu se laisser saisir par l'angoisse que la situation m'en laissa mal à l'aise. J'avais en main la vie d'une femme et comme le jeune étudiant que j'avais été durant mes premières années, je ne comprenais rien au mal qui la faisait souffrir. Dès ce soir, je me plongerais dans mes lectures de rapports, cherchant un cas similaire... puis je lirais les livres de mes confrères jusqu'au petit matin. Je refusais de croire qu'Agnès était un cas unique, un cas isolée sur cette multitude de possibilités. Je reposais mes yeux, légèrement surpris par cette frêle secousse, dans ceux vairon de la chocolatière. Le médecin se laissa une nouvelle fois happé par l'homme hypnotisé et mon esprit vagabonda sur ses lèvres, perturbé par sa présence si proche de mon corps.


_ Il y a milles autres raisons que j'aurai pu trouver pour vous revoir...

Finis-je par laisser échapper. Au diable les convenances ! Cette femme m'inspirait tant de désir que je peinais à faire un pas en arrière pour ranger mes affaires dans ma mallette. J'inclinais respectueusement la tête en gage d'un bon sentiment et la suivait jusqu'à la porte, le cœur en fusion, impatient de la retrouver la semaine suivante. Pour me libérer l'esprit et le cœur, je rebondis d'un sourire rieur en la suivant dans le couloir :

_ Oh, ne vous en faites pas pour elle !

D'ailleurs je la retrouve au rez-de-chaussée, attablée avec d'autres femmes, bondissant de joie en retournant ses cartes gagnantes. Je n'aime pas la voir jouer à des jeux d'argent mais le sourire épanouis et plein de reconnaissance pour cette soirée me rend incapable de lui faire le moindre sermon. Récupérant ses gains, elle sautille hors de la table et salue respectueusement la foule avant de nous rejoindre. Je ne peux m'empêcher de dévisagé un jeune homme à peine plus vieux qu'elle, pourtant propre sur lui, qui la dévore du regard alors qu'elle vient gracieusement rejoindre le rythme de mes pas. Je frissonne à l'idée de voir ma petite sœur au bras d'un homme et réalise à quel point son irritante présence me manquerait.

Une dernière fois, nous saluons Agnès et je peine à retenir Camille qui lui donnerait presque l'accolade tant son excitation est toujours palpable. Le cœur remplie d'émotions différentes, nous montons dans la voiture pour retourner tranquillement jusqu'à mon appartement
.

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