Le Manoir des Délices
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 Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac}

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Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac} _
MessageSujet: Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac}   Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac} EmptyLun 28 Mar - 7:43

Près de deux semaines s'étaient écoulées depuis mon agression. J'avais été alitée durant une semaine puis, par soucis de gain, les Boldwin m'avaient fait reprendre les affaires. J'avais bien évidemment vu que Lady Boldwin portait un œil bienfaiteur sur moi, qu'elle me surveillait. Elle me couvait, sans que je ne comprenne encore pourquoi. Je me souvenais avec facilité de son visage décomposé, horrifié, lorsqu'elle m'avait retrouvé dans sa chambre, presque nue, blessée, m'évanouissant sous la force de la douleur. Oui elle avait eut peur pour moi. Pourquoi ? Après tout j'étais une fille comme les autres, une Ribaude faisant bien son travail. Je lui devais beaucoup, elle ne me devait rien. Pourtant à la voir on pouvait penser qu'elle me devait quelque chose. Je ne parvenais pas à comprendre.

Ma première semaine de travail avait commencé tout en douceur, avec Messire Tristan, un homme tout à fait charmant, doux, tendre, avec qui j'avais passé un excellent moment. J'espérais secrètement pouvoir le revoir, me plonger à nouveau dans son regard doux et fort à la fois. J'espérais pouvoir sentir à nouveau la douceur de ses lèvres sur les miennes. Rien qu'en y pensant je rougissais, j'étais stupide de ressentir de telles choses. Nous n'avions pas le droit de nous attacher à nos clients. C'était interdit. Nous devions êtres de parfaites courtisanes, des maîtresses exquises. Mais nous devions avec, en quelque sorte, un cœur de pierre. Nous devions abandonner nos sentiments.

Difficile, réellement difficile.

Cette semaine s'était bien passée. Lady Boldwin avait accepté de me faire lever le pied, du moins si je me sentais trop affaiblie. Mes côtés se montraient capricieuses, douloureuses sous les assauts des hommes. Leurs coups de reins secouaient mon corps fragilisé, me faisait bien souvent mal. Pourtant je ne montrais rien, me contentant de verser quelques larmes d'épuisement une fois ma couche retrouvée, bien blottie dans mes draps frais. Les jours s'écoulaient, se ressemblaient. Nos habitudes étaient toujours les même. Nous lever, nous laver, nous nourrir, nous vêtir, puis travailler. Parfois nous avions nos moments à nous, plus légers, faits de rires et de jeux, de douceurs et de secrets confiés.

Ici je n'étais pas détestée. J'étais quelqu'un de plutôt appréciée je crois. Pas sauvage, pas rebelle, j'obéissais et aidais mes compagnes de fortune. Mais l'intérêt de Lady Boldwin pour ma personne risquait de m'attirer certaines foudres.

Quelques jours plus tôt j'avais reçu un pli cacheté aux armes de la prévôté. Je fus, sur le coup, étonnée par son contenu. Lady Boldwin ne m'avait pas informé de sa volonté de poursuivre et retrouver le client qui m'avait malmené. Me savoir convoquée par le prévôt de police de Paris était étonnant. J'avais donc demandé un rendez-vous avec ma patronne, afin de lui en parler. Son désir était fort. Selon elle, il ne s'agissait pas de moi, mais de la sécurité de toutes les filles. J'étais la seule, en dehors d'elle-même, à avoir vu l'accusé. Il fallait donc que je témoigne. Mais cette idée ne me réjouissait pas. Il n'était pas agréable de parler de telles choses, surtout pas à un homme, même si celui-ci était quelqu'un d'important. J'étais gênée. Mais Lady Boldwin insista. Un pli fut envoyé au prévôt, écrit de ma main, lui disant que l'entretien pouvait avoir lieu quand et où il le désirait. Dans la même journée un nouveau pli me fut adressé. Le rendez-vous était fixé.

Cette après-midi là, j'avais eu quartier libre. Je pus me rendre seule au rendez-vous. Personne, à part Lady Boldwin, n'était au courant. Cela devait rester secret. Ma supérieure savait que je ne chercherais jamais à m'enfuir. Elle n'avait rien à craindre de moi. Loïc de Kerouac m'avait fait adresser un carrosse pour l'occasion. Vêtue d'une simple robe bleue clair, rien de splendide, mais rien d'aguichant, je pris la route, une boule au ventre. L'idée de conter mes soucis ne me plaisait pas. Je n'avais pas envie de revivre tout cela, je souhaitais simplement oublier, ne plus y penser même si mon corps s'amusait encore à me rappeler ce mauvais moment.

Le carrosse s'arrêta prêt du café Procope. Mes talons claquèrent sur le sol, mes cheveux virevoltaient sous mes pas, secouées très légèrement par la douce brise printanière. Je fis mon entrée dans le café, cherchant à être la plus naturelle et à l'aise possible. Quelques regards se posèrent sur moi, que je soutenais avec une force qui n'était pas réellement mienne. Je cherchais Loïc de Kerouac du regard. Lorsqu'enfin je le trouvais, je m'avançai vers lui, d'un pas léger. Mais au fond de moi j'avais peur, non pas de lui, mais de ce que nous allions dire.

Arrivée à sa hauteur, je le saluais avec respect.

- Messire de Kerouac, Rose Blondin, j'espère ne pas être trop en retard.

A son invitation je m'installai à ses côtés, les joues légèrement rougissantes. Messire de Kerouac était un bel homme. De nombreuses femmes devaient espérer l'avoir dans sa couche. Un homme comme lui ne laissait pas indifférente. Moi-même je le trouvais très charmant. Je n'avais pas encore eut à faire à lui. Et cette première rencontre était dans le cadre de sa profession, non de la mienne.

Nerveuse, je l'étais, cela devait certainement se sentir.
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Loïc de Kerouac
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MessageSujet: Re: Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac}   Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac} EmptyLun 28 Mar - 12:20

La charge de prévôt de police, ou plutôt de Lieutenant général de police n’est pas la plus facile à occuper. C’est pourtant un poste de pouvoir pour qui sait s’en servir, un poste qui vous fera aimer ou haïr des puissants de ce monde mais qui enrichira celui qui en tiendra l’office. Corruption ? Même pas, c’est là la juste récompense de ceux qui s’éloignent de la cour pour exercer cet office. Il est donc normal de prélever une taxe de protection à ceux qui peuvent la payer.

Bien sur, cela veut dire aussi qu’il faut savoir renvoyer la balle lorsque l’on fait appel à vous. J’avais été surpris que Lady Boldwin fasse appel à moi pour une affaire de ce genre. Oh, il m’est arrivé déjà de rendre service au couple diabolique gérant cette demeure de bon gout où l’homme bien né peut se délasser en laissant cours à ses vices, mais en général cela consiste à faire peur à un client endetté ou à un amoureux transi. Jamais encore, ils n’ont fait appel à moi pour l’agression d’une fille.

L’affaire sent mauvais. Je connais la chambre Crimes et châtiments, y allant parfois. La fille qui y a été torturée, massacrée même à ce que j’en sais doit avoir de la valeur pour le couple. Cela veut dire que le client est quelqu’un d’aisé, noble peut être et qu’il va me falloir être prudent. Néanmoins, je vais la résoudre, ne serait-ce que pour garder de bonnes relations avec les Boldwins…

Et puis… rendre vraiment une fois dans ma vie la justice, cela sera nouveau. Je ne suis pas un héros, je ne l’ai jamais été. Je suis une crapule qui en ce moment aimerait se dire qu’il n’est pas si mauvais. Alors tant pis, j’irai jusqu’au bout de cette histoire, je me le suis juré. Le défi est intéressant de toute façon et me permettra de sortir quelques idées noires des profondeurs de mon subconscient. Anne Lise est bien trop présente en mes pensées depuis notre dernière nuit et je ne sais comment guérir de cette affliction… Moi amoureux ? Quelle blague… je suis incapable d’être fidèle…

Ce n’est pas parce que je suis corrompu que je suis incompétent. Interroger une victime pour avoir un maximum de renseignements est un art savant. Il faut savoir mettre celle-ci en confiance, la rassurer sur son sort avant de poser de telles questions. Le commissariat du châtelet n’est absolument pas adapté pour cela. Le manoir ? Les autres filles se poseraient trop de questions. L’évidence même d’un lieu où la jeune femme pourrait se sentir à son aise, en pleine sécurité s’impose d’elle-même.

Lorsqu’il y a de cela plusieurs années, je suis revenu en France, je gardais souvenir plaisant de mon séjour en Inde. Outre le fait que ma fortune s’y soit bâtit, j’avais gardé gout pour nombre de choses en provenance de ce pays exotique. Le thé et les pâtisseries orientales font parti de ces produits dont la simple dégustation suffit à me transporter d’aise. Par la simple magie de leurs gouts sur mon palais, je voyage jusqu’à ce passé pas si lointain, je me replonge en ces douces années. Je fus donc fort aise lorsqu’à Paris, on me fit part de l’existence du café Procope, lieu où ce genre de plaisirs se vend dans une ambiance chaleureuse. L’endroit idéal pour converser en toute sérénité selon moi…

J’ai fait envoyé une voiture chercher la jeune femme. Contrairement à mon habitude, je n’ai pas revêtu mon uniforme de façon à ne point attirer les regards et gêner la jeune femme. Non je porte une veste azur assortie à mes yeux, un pantalon noire et une chemise blanche. Mes bottes sont parfaitement cirées et mon épée au pommeau sertis de rubis se trouve à mon coté. Ainsi vêtu, je ressemble à ce que je n’ai jamais été : un fils aisé de bonne famille sorti pour tromper son oisiveté. Devant moi, une théière fumante au senteur exotique , deux tasses et une assiette remplis de délicieux gâteaux orientaux semblent attendre patiemment mon rendez-vous.

Enfin la porte s’ouvre sur la demoiselle. Certes elle est simplement vêtu mais il faudrait être castré ou aveugle pour ignorer sa beauté. Il s’exhale d’elle une impression de fragilité apparente qui fait qu’on a envie de la protéger, même lorsqu’on est un être aussi perverti que moi. Etant souvent prise, je n’ai eu aucune occasion jusqu’à présent de partager sa couche…

Allons, je ne suis pas là pour cela cet après midi. D’un geste aimable je l’invite à prendre place à mes cotés, l’observant une lueur amusée dans le regard. La mettre en confiance, lui faire dire le plus de choses c’est là ma mission…


Installez-vous mademoiselle Blondin. Vous n’êtes point en retard, ne vous inquiétez pas… Puis-je vous proposer une coupe de thé avant de commencer ?

La tranquilliser, la mettre à son aise…. Sans attendre sa réponse, j’ai déjà saisi l’anse de la théière pour emplir les tasses de ce liquide exotique. C’est là un rituel que je maitrise à la perfection et cela fait je ne peux m’empêcher de rajouter :

La première chose que je vais vous demander est de vous mettre à votre aise. Ce thé a, dit-on dans le pays d’où il vient des vertus apaisantes. J’ai bien conscience que vous demander de parler de votre… agression ne sera guère facile, aussi l’important est de vous sentir en confiance.

Ma voix est masculine mais pas autoritaire. Je ne suis à cet instant pas un client mais le rempart inébranlable de la loi, le défenseur des faibles…

C’est beau de rêver n’est ce pas et de jouer un rôle qui ne fut jamais le mien ?
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MessageSujet: Re: Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac}   Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac} EmptyLun 28 Mar - 15:40

Certaines filles du Manoir éprouvaient une envie gigantesque de sortir, de voir la ville, la nature, de parcourir les rues, de respirer un air différent du notre. Elles pouvaient être prêtes à payer cher pour ça, quitte à avoir encore et encore des dettes envers les Boldwin. Prêtes à tout pour un sentiment de liberté éphémère. Je n'étais pas ainsi. L'extérieur m'angoissait et je pouvais facilement me contenter des jardins du Manoir, du parfum délicieux des fleurs minutieusement entretenues. Je n'aimais pas la foule, le bruit. J'appréciais bien plus le calme, la douceur, la solitude. L'extérieur me rappelait à quel point j'ignorais tout de ma vie d'avant, d'avant cet accident qui m'avait arraché ma mémoire, chaque souvenir. Le monde en dehors du Manoir était terrifiant pour moi. J'avais le sentiment de connaître des lieux, des visages, sans pour autant m'en rappeler réellement. Alors à chaque fois j'étais tourmentée, pleurant, mouillant mes draps fragiles. Ma vie d'avant ne pouvait pas me manquer. On ne peut pas regretter quelque chose dont on ne se souvient plus. Ma vie actuelle me satisfaisait. J'étais en sécurité. Enfin je l'avais cru, jusqu'à ce jour là, où j'avais cru mourir sous les coups de ce sauvage.

Si j'avais pu éviter ce rendez-vous, je l'aurais fait sans hésiter. Mais Lady Boldwin avait insisté. Je ne pouvais le lui refuser. Alors oui c'était à contre cœur que je m'y étais rendue. J'aurais nettement préféré faire le double de client en une nuit. D'autant plus que ressasser toute cette histoire n'allait pas m'aider à oublier. Je visais le rang de Délicieuse, le plus haut, le plus convoité. Je me devais d'être forte, irréprochable, d'avoir un caractère plus affirmé. Ces évènements n'allaient pas m'aider à atteindre mon but, j'en étais certaine, et ça aussi ça me terrifiait. Car moi, contrairement à la plupart des filles du Manoir, je ne vivais plus que pour ça. Je n'avais rien à perdre car j'avais déjà tout perdu en voyant ma mémoire s'envoler, mes souvenirs s'éclipser. J'avais tout à gagner.

J'étais là, face à l'intimidant Loïc de Kerouac. Il n'était pas client à cet instant, il était Prévôt de Police. Si je n'avais jamais eu cet homme entre mes cuisses, j'avais entendu des choses sur lui. Les murs ont des oreilles, les filles parlent. Je ne savais donc pas si je pouvais avoir entièrement confiance en lui, même si Lady Boldwin semblait de pas avoir de soucis avec la confiance. Nerveuse, mes doigts s'entre-mêlèrent avec discrétion, sous la table. Je n'avais pu répondre à sa proposition de thé que, déjà, il m'en servit une tasse sans en verser la moindre goutte.

- Je vous remercie. Dis-je d'une petite voix accompagnée d'un sourire très léger.

A son tour il reprit la parole. J'attirais la tasse fumante vers moi, respirant le délicieux parfum qui s'échappait dans les hauteurs. Je l'écoutais, portant mon regard intimidé sur lui. Pensait-il réellement que ce thé allait m'apaiser alors que ma seule envie était de prendre mes jambes à mon cou ? L'idée même de boire une gorgée me donnait la nausée malgré le parfum agréable qui me chatouillait les narines. Pourtant, par politesse, j'attirai la tasse à mes lèvres, soufflant sur le liquide coloré pour le refroidir. Puis je pris une gorgée qui me brûla légèrement la gorge, réchauffant ma poitrine.

- Il est délicieux.

Je me sentis stupide. Je ne savais que dire, que faire. Si nerveuse, mes épaules et ma nuque étaient douloureuses, tendues. Alors un soupire s'échappa de mes lèvres, très léger, à peine audible. Je cherchais de la force au fond de mes entrailles. Plus vite j'aurais parlé, plus vite cela serait terminé. Au bout de quelques secondes je repris enfin la parole.

- Je ne sais guère ce que Lady Boldwin vous a dit. Je crois qu'elle en sait autant que moi au sujet de cet homme. Il ne m'a pas dévoilé son identité. Vous savez certains clients souhaitent restez inconnus, ils viennent en toute discrétion. Alors nous ne posons pas de question. Je ne suis pas certaine de vous être d'une grande aide Messire.

Un claquement de porte me fit sursauter. J'en renversai ma tasse brûlante sur la table. D'un bond je me redressai, rouge de honte, totalement confuse.

- Je suis navrée. Pardonnez moi, je rembourserai le coût du thé..

Par chance il n'y avait pas de dégâts matériel et quelqu'un vint immédiatement nettoyer les dégâts, épongeant le liquide qui s'était renversé. Moi nerveuse ? Le mot était bien faible. Je me remis assise dans un soupire, le regard baissé. Oui j'étais mal à l'aise.

- Le monde en dehors du Manoir me fait peur ...

Osant relever le regard vers Messire de Kerouac, j'osai un très léger sourire, un peu forcé. J'étais confuse.

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Loïc de Kerouac
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MessageSujet: Re: Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac}   Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac} EmptyLun 28 Mar - 16:47

En général, je ne mène jamais les interrogatoires. J’ai des agents sous mes ordres pour cela, de braves et bons policiers à mes ordres qui résolvent les affaires tandis que j’en touche les lauriers. Non pas que je sois mauvais enquêteur, mais simplement parce que le travail n’est pas ce qui me motive le plus dans l’existence. Mais cette affaire est différente. Elle pue comme on dit dans le jargon. Les Boldwins reçoivent toute sorte de gens dans leur manoir et celui qui s’est rendu anonyme, payé le prix de Rose et de la chambre est sans doute un de ses nombreux fils de noble se croyant tout permis. En général quand un de ses imbéciles s’en prend à une fille dehors, j’étouffe l’affaire…

Mais dans ce cas précis, Lady Boldwin veut sa justice. Le pacte que j’ai signé pour sortir Anne Lise de là bas n’était pas que monétaire. C’est aussi un engagement, service contre service. Alors je me charge moi-même de l’enquête.
Rose est mal à l’aise. Il ne faut pas être devin pour le voir. Ma présence et le lieu l’intimident et les souvenirs de ce qu’elle a subi auprès de ce client s’étant montré assez pervers pour fâcher le couple diabolique n’aident pas. Je peux comprendre cela, moi-même n’ignorant pas ce qu’est la peur. D’aussi loin que je me souvienne j’ai toujours eu peur. Peur d’être anonyme, peur de ne pas m’en sortir, peur de perdre ce que j’ai gagné. Cette peur j’en ai fait une force mais ce n’est pas le cas de Rose.

Elle essaie de se montrer polie mais elle transpire la froide odeur de la terreur. Le moindre mot de trop, le moindre bruit la fait trembler. Une porte qui claque ? Voila la tasse qui tombe et se renverse répandant son contenu sur la table, tachant la nappe immaculée.


Cela n’est pas grave. Ma voix est calme, presque douce. Rose est certes une ribaude, mais pour le moment c’est une plaignante. J’ai besoin de son témoignage, d’une description pour avancer. Je ne sais pourquoi mais à présent je me fais un point d’honneur à trouver ce sinistre individu. Ce n’est que de l’eau quelque part et il n’est nul besoin de rembourser.

Le serveur s’occupe bien vite de nettoyer la table tandis que je saisis de mes doigts un gâteau pour le glisser vers ma bouche et croquer dedans. Je ne perds pas de vu la demoiselle. Ce n’est pas ici qu’elle pourra témoigner en toute tranquillité.

Je vois. Nous avons tous des peurs à surmonter en la vie. Mais du coup… Nous allons nous isoler. Les choses seront plus faciles.

D’un claquement de doigt j’appelle le serveur. Le café Procope possède un certain nombre de salons privés pour la clientèle préférant demeurer anonyme. Oh rien d’oser, nous ne sommes pas au manoir, mais il arrive parfois que quelque jeune poète souhaite se produire devant un public choisi et ces salons sont là pour cela.

Venez avec moi Rose. Nous serons plus à notre aise pour discuter. Désirez-vous boire un chocolat ? C’est délicieux savez-vous….

Le chocolat est une merveille qui nous vient des colonies. Son gout, entre acre et sucré est un délice pour les papilles et la plupart des femmes en raffole. Enfin la plupart des femmes aisées car son prix est aussi haut que sa provenance est lointaine… Plus de mademoiselle Blondin. Utiliser le prénom est un vieux truc pour mettre le témoin en confiance, pour réduire la distance…

Que ne ferais-je pas pour respecter ma part du marché ? Je tends une main cordiale à la jeune femme façon personnelle de la rassurer tandis que je me redresse. Plus loin, le serveur ouvre une porte d’où l’on peut voir un charmant salon aux couleurs chatoyantes et joyeuses semblant attendre nos personnes.

Là bas, nous ne serons pas dérangés. Oh… Je sais ce que vous vous dites… Pourquoi ne pas en rester là ? Pourquoi ne pas oublier ce cauchemar ? Mais vous n’oublierez jamais… A chaque client qui viendra vous voir, vous vous demanderez si ca n’est pas lui. Je connais ce genre d’individus, jamais ils ne s’arrêtent seuls. Aider-moi et je vous protègerai…

Le pire de tout c’est que je suis sincère. Je connais ce genre de triste sire. Contrairement à votre humble serviteur, la folie qui anime ces êtres n’est pas contenable. A chaque proie, ils vont de plus en plus loin. Cela se finit souvent de tristes façons, celles de corps repêchés dans la scène…

Après… Vous pourrez oublier. Supporteriez-vois le poids de la culpabilité si ce fou s’en prend à une de vos amies du manoir ? Il faut me dire tout, Rose…

Oui, j’ai besoin de tout savoir sur lui. Je sens que la demoiselle est une altruiste. La persuader que parler aidera les autres, c’est là je pense le bon moyen…
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MessageSujet: Re: Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac}   Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac} EmptyMar 29 Mar - 12:03

Messire de Kerouac fit preuve de beaucoup de douceur avec moi. J'en étais étonnée. Il fit tout pour me mettre à l'aise, pour que je puisse me détendre. Mais ma nervosité était si forte qu'il m'était difficile d'être totalement détendue. C'était encore trop et surtout il y avait trop d'éléments qui me perturbaient. J'étais une jeune femme polie, bien élevée, du moins j'avais visiblement gardé certaines valeurs que quelqu'un m'avait inculqué. Lady Boldwin, les Gouvernantes, prirent grand soin de me former à leur image ou plutôt selon leurs volontés. J'étais une jeune femme agréable, pas sauvage. J'étais également devenue une bonne comédienne, apprenant à jouer des rôles qui ne me plaisaient parfois pas du tout. Peut-être aurais-je du jouer un rôle ce jour là, me mettre dans la peau d'une femme plus forte, plus arrogante. Mais est-ce que cela m'aurait apporté quelque chose de bon en retour ? Je n'avais aucune raison de mentir sur moi. Lady Boldwin avait du dresser mon portrait de toute manière.

Je me devais donc d'être franche. De toute manière il m'était impossible de cacher mon angoisse, cette peur de tout, du moindre bruit. Oui j'avais peur du monde extérieur, me sentant uniquement en sécurité entre les murs du Manoir des Délices. Ce manoir était ma maison, mon chez-moi. Le seul lieu où j'avais des souvenirs, bons ou mauvais. Et ce jour là je me devais de conter les mauvais souvenirs, ceux qui me faisaient parfois me réveiller au beau milieu de la nuit, couverte de sueur, les larmes coulant le long de mes joues. Cette épreuve allait être difficile, je le craignais réellement, persuadée de ne pas réussir à m'en relever. Mais je devais être forte n'est-ce pas ?

Messire de Kerouac se fit à nouveau compréhensif vis à vis de mes peurs. Il proposa de nous isoler, pour que les choses soient plus faciles, pour que je puisse me sentir plus à l'aise, loin des oreilles curieuses, des regards pesants. Pourtant j'avais l'habitude de ces regards d'hommes. Mais j'étais là comme victime, non pas comme fille de joie. J'étais une simple femme ayant été brutalisée, battue. Pas une employée offrant sa chaire. J'étais Rose Blondin, une victime offrant son témoignage au prévôt de police en personne. Un homme charmant, qui se voulait rassurant. M'appelant par mon prénom, il me proposa de le suivre pour discuter, me demandant si je désirais boire un chocolat. Je l'avoue, j'étais gourmande. J'avais déjà entendu parler de cette merveille si onéreuse. L'idée d'y goûter de fit saliver.

- Avec plaisir Messire.

Un sourire plus sincère, bien que léger, se fit une place sur mes lèvres. Mon regard pénétra celui de l'homme alors que ma main alla se glisser dans la sienne. Je le suivis sans rien dire, observant la pièce qui venait de se dévoiler à nous. Une sorte de salon privé, cela me rappelait le Manoir, une bonne chose je l'avoue. Un lieu confiné et chaleureux, aux couleurs agréables. Nous étions seuls, personne n'allait nous déranger. Tout en marchant j'écoutais le prévôt parler. Ses mots ne me laissèrent pas indifférente. Oui j'avais peur, je ne souhaitais qu'une chose : oublier ce cauchemar. Et il avait raison, la peur était là en permanence même si je tentais de me rassurer. Une fois, quelques jours plus tôt, j'avais croisé un client aux mêmes allures que mon agresseur. Mon cœur s'était emballé, mes jambes s'étaient mises à trembler, jusqu'à ce que je m'aperçoive que ça n'était pas lui mais l'un de nos nouveaux habitués.

Messire de Kerouac voulait mon bien, me protéger. Mais surtout il me fit comprendre que ce monstrueux personnage pouvait s'attaquer à n'importe qui. Imaginer mon amie Bérénice dans les mains de cet homme me donnait la nausée. Je ne voulais pas qu'il puisse s'en prendre à quelqu'un d'autre. Je ne voulais pas que quelqu'un soit blessée parce que je n'avais rien osé dire. Ma gorge s'était serrée alors que nous étions entré dans ce petit salon. Je pris place, les yeux rivés vers le sol alors qu'un soupire s'échappa de mes lèvres.

- Vous avez raison. Je ne parviendrais pas à vivre avec de telles choses sur la conscience. Cet homme doit être arrêté et puni pour ce qu'il a fait. Dieu seul sait combien de femmes on été traitées ainsi avant moi.

A nouveau silencieuse, je laissai mon regard planer sur la pièce, observant chaque détail. Je laissai la douceur de l'endroit m'envahir, me détendre.

- Je vous l'ai dit, je ne connais pas son identité. Mais son visage, le son de sa voix restent gravés dans ma mémoire. Il est d'une beauté angélique, au premier regard je lui aurait donné le bon Dieu sans confession. J'imaginai un homme tendre, voulant simplement tester autre chose. On aurait cru un ange …

Le regard perdu, je parlais sans observer le prévôt. Une voix douce, un peu tremblante aussi.

- Il ne doit pas avoir plus de vingt-cinq ans. Beau, grand, blond, ses cheveux tombent soigneusement sur ses épaules. Je suis certaine qu'il est de bonne famille de part son langage, sa tenue de corps, ses vêtements bien soignés.

A cet instant un coup timide fut donné à la porte et le serveur revint à nous, accompagné de tasses fumantes. L'odeur sucrée me chatouilla immédiatement le nez. Sans attendre un mot de Messire de Kerouac, je plongeai mes lèvres dans la mousse délicate et bu une gorgée de ce délicieux chocolat. Un velouté de douceur. Je me surpris même à fermer les yeux en buvant une seconde petite gorgée. Avant de finalement reposer la tasse devant moi en rougissant.

- C'est un délice, merci beaucoup. Un sourire, avant de reprendre. Sans son nom comment pourriez-vous le retrouver ? Quels détails devriez-vous apprendre pour espérer pouvoir l'attraper ?

Je voulais bien parler, mais j'étais persuadée de ne pas en savoir assez. Pourtant, s'il me faisait creuser suffisamment, à la recherche du moindre détail physique, j'allais avoir de très grandes surprises, pas vraiment de bonnes.
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Loïc de Kerouac
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Loïc de Kerouac

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MessageSujet: Re: Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac}   Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac} EmptyMar 29 Mar - 15:51

On arrive pas là où j’en suis sans un minimum de psychologie. Comprendre les gens, apprendre leurs émotions et choisir la meilleure réaction est une arme bien plus efficace que la menace ou l’épée. Dans le cas présent j’avais parfaitement cernée la jeune Rose, cette fillette au corps épanoui ne sachant guère gérer son émotion. Lentement je l’amène, main en la main en la direction du salon, où nous allons nous trouver isoler de cette foule qui la terrifie.

Merde. Pourquoi j’ai pas confié cette affaire à un de mes inspecteurs. Pourquoi n’ai-je pas écouter mon instinct qui me disait de ne pas mouiller dans cette affaire qui sent mauvais ? Parce que les Boldwins me l’ont demandé ? J’aurai pu déléguer un enquêteur à y réfléchir et rester sur mon trône d’airain. J’aurai pu continuer à profiter de mes privilèges….

Alors quoi ? Alors quoi Loïc ? Qu’essayes-tu de montrer à ton propre toi ? Que tu peux être capable une fois dans ta vie d’accomplir un acte désintéressé ? Que tu peux être un être humain comme un autre et non pas ce monument de vice et de corruption que tu te plais être.

Rose parle et je souris toujours ne montrant rien de mon esprit tourmenté. Je suis Loic de Kerouac, soldat avide de richesses, criminel en uniforme. J'ai tué des femmes et des enfants. J'ai tué tout ce qui marchait ou rampait à un moment ou à un autre. J’ai pillé palais, temples et tombeaux. J’ai torturé et violé. Et aujourd’hui je risque tout pour l’agression d’une ribaude qui n’est même pas une délicieuse.

Peut être pour me dire à moi-même que je ne suis pas uniquement un monstre. Peut être pour me dire que moi-aussi, on peut m’aimer pour ce que je suis. Je n’en sais rien.

Les boissons sont arrivés et sous la lumière du lustre de cristal la jeune femme déguste son chocolat. Cela l’apaise, par contre ce qu’elle me dit ne me rassure pas. J’analyse chacun des détails concernant son agresseur et je n’arrive qu’à une conclusion : jeune, bonne famille et pervers. Je connais que trop bien ce genre de monstre, j’aurai pu si la vie m’avait fait naitre ainé d’une famille aisée être ainsi. Je sais que bientôt, l’homme passera au stade supérieur. Il tuera pour calmer sa soif de sadisme, d’abord rapidement puis de plus en plus sadiquement…

J’imagine le corps de Rose mutilé d’horrible façon reposant en une ruelle. Je vois son corps tuméfié, mutilé et déshonoré. En ma tête, le visage d’Anne Lise se substitue à celui de Rose. Après tou ne fut –elle pas catin non plus à une époque pas si lointaine ?

Comble de l’ironie, la seule chose à l’heure actuelle capable de se dresser entre lui et sa proie est un officier de police corrompu qui n’a jamais cru en autre chose que son propre intérêt. On est bien loin de ces chevaliers blancs d’antan allant combattre le dragon pour les beaux yeux d’une dame.


Comment le retrouver ? Les mots surgissent de ma bouche en un écho rassurant pour la jeune femme. Et bien il semble que c’est un noble ou du moins quelqu’un de très riche selon votre description. Il a donc du se rendre au manoir en calèche ou carrosse anonyme. Ce genre de véhicule est vite remarqué par les mendiants et autres faune interlope peuplant les nuits de notre ville. Comme le petit poucet de monsieur Perrault je remontrais la piste jusqu’à le retrouver. Néanmoins si vous pouvez m’en dire plus sur sa façon de parler ou sur un quelconque détail physique, tatouage ou marque de naissance…

Et encore. Le retrouver s’annonce être la partie facile de la chose. Si vraiment il est de haute naissance et qu’il en a les moyens, la haute cour de justice le relâchera. Après tout une catin n’est qu’une catin pour ses messieurs de la haute. Ce sont des femmes perdues et une de plus ou de moins, cela ne changera rien au monde. En fait, les deux seules options sont les suivantes : lui faire payer un préjudice ou s’arranger pour que de manière définitive, il ne soit plus capable d’effectuer son sinistre office…

Rose… Je pourrais sans nul doute le retrouver. Et ne craignez rien, je l’arrêterais…. Vous pourrez dire à vos employeurs que… L’affaire est entre de bonnes mains. Justice sera rendue même si cela ne s’annonce guère facile. Vous me remercierez après.

Qu’est ce que je raconte ? Depuis quand je prends le sentier de la justice. Pourquoi je m’apprête à cela alors que je pourrais arrêter ici ?

Peut être parce que cela voudrait dire enfin quelque chose.
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MessageSujet: Re: Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac}   Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac} EmptyMer 30 Mar - 7:46

La patience, le calme de Messire de Kerouac étaient rassurants. Il ne m'imposait rien de façon indélicate ou autoritaire. Il prenait son temps, m'écoutait sans m'interrompre. Je n'avais jamais fréquenté le prévôt au Manoir, j'avais entendu des choses mais j'étais plus de ces femmes qui se forgeait sa propre opinion des gens. Face à moi j'avais un homme qui semblait bien. Bien évidemment je ne savais rien de sa vraie personnalité, ni de ce qu'il pouvait penser. Mais son comportement avec moi était agréable et permettait de faire évaporer ma si forte angoisse. Je me sentais à l'aise, c'était le but recherché. Je me devais de répondre, de l'aider, de lui donner tout ce que je savais. Mais j'avais peur de creuser dans les profondeurs de mon esprit. J'avais peur de trop revivre ce moment si traumatisant. Je me contentai donc de le conter mes souvenirs les plus frappants, les plus évidents. Les mêmes que ceux de Lady Boldwin je pense. Le physique était une évidence tant il m'avait frappé. La douceur dégagée était pure, mais le comportement était diabolique. Un contraste déconcertant, frappant.

Mais comment pouvais-je seulement l'aider ? J'étais persuadée que mes informations ne lui seraient pas d'une grande utilité. Non je ne remettais pas son travail en cause, j'étais certaine qu'il était un très bon Prévôt de Police, qu'il méritait sa place. Mais mes informations étaient si maigres. Beaucoup d'hommes pouvaient correspondre à cette description faite. Cela m'angoissais, je me sentis subitement inutile, me disant que tout ceci n'avait pas lieu d'être. Cet homme ne serait jamais retrouvé et il pourrait continuer encore et encore à faire du mal.

En réponse à mes doutes, Messire de Kerouac reprit la parole. Ma description lui permettait déjà d'établir un premier portrait. Il semblait déjà quasi certain de pouvoir tirer quelques informations auprès des mendiants par exemples. Ceci fut déjà rassurant, je me disais que quelqu'un avait peut-être aperçu cet homme. Cependant il me fallait chercher plus loin, le moindre détail avait son importance. Ainsi tâche de naissance, tatouage, cicatrices devaient être remémorées et dévoilées. Tout pouvait servir.

Alors que je soupirais, me frottant nerveusement les mains, il reprit la parole, m'assurant que l'affaire était entre de bonnes mains, que le coupable serait arrêté. Il se voulait rassurant, j'y cru sans aucune hésitation ou presque. Il parvenait à me toucher, semblant prendre les choses à cœur.

- J'ai confiance en vous Messire. Cet homme ne doit pas recommencer. Alors je … je vais tenter de tout revivre, de décrire tout ce que j'ai pu voir, entendre ou ressentir. Alors peut-être que des éléments en ressortiront.

Une gorgée de chocolat chaud, pour me détendre encore plus. Il était temps pour moi de creuser plus loin. Je détendis ma nuque, pris de longues inspirations, pour me relaxer. Puis, doucement, mes paupières s'abaissèrent. Je voulais provoquer toutes les images qui me restaient de cet homme. Revivre intérieurement la scène. Une nouvelle inspiration profonde et lente et les images firent leur apparitions. Je revivais les choses, attachée tout d'abord, observant le regard fou et glacial de ce client. Ma respiration fut immédiatement plus saccadée, sachant pertinemment ce que j'allais revivre.

- Il ne porte pas de bijoux, ses mains sont nues de chevalières. Il ne porte pas d'épée. Ses mains sont calleuses, comme s'il travaille beaucoup. Je sens … je sens une odeur boisée dans son linge, peut-être vit-il près d'un bois.

Mes informations étaient inutiles, j'en étais certaine, pourtant je continuai. Revivant chaque instant, chaque coup. J'avais peur, mes mains tremblaient, mais je ne voulais pas m'arrêter. Je voulais pouvoir me dire que j'avais fait tout mon possible. Alors paupières toujours closes j'avançais dans mon récit.Il avait retiré une partie de ses vêtements, se retrouvant torse nu face à moi. Un corps bien fait, si agréable à regarder. Et là je vis ce que je n'avais pas retenu.

- Il a une cicatrice, longue mais fine qui traverse son ventre. Faite à l'épée j'en suis certaine. Elle n'est pas récente cependant.

Il venait de se jeter sur moi, son membre à l'air, me pénétrant sauvagement. Je sursautai sous chaque coup de rein, son bassin frappant mes fesses sans ménagement. Et puis mon regard se porta sur son visage, sur cette mèche de cheveux calée derrière son oreille.

- Son oreille droite elle ...

Alors dans ma mémoire les images se mirent à changer. Le décor n'était plus le même. Il faisait nuit noire, il faisait froid. Des cris d'homme retentissaient, quelqu'un se faisait battre. Et moi, nue, allongée sur le sol de terre froide, je me faisais violenter. Et cet homme, ce visage, cette oreille au lobe tranché en deux. C'était lui, le même.

Mes paupières s'ouvrirent, des larmes se mirent à couler.

- Je … je ne peux pas.

J'en eus le souffle coupé, les jambes et les mains tremblantes. Les images que je venais de revivre, je les avais redouté depuis longtemps. Le Docteur Langlois m'avait dit qu'un jour, peut-être, les souvenirs enfouis de mon passé pourraient resurgir. Cet homme qui m'avait attaqué, je l'avais déjà rencontré, je l'avais déjà subit. C'était lui, le même, encore une fois. Celui à cause de qui j'avais tout perdu.
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Loïc de Kerouac
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MessageSujet: Re: Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac}   Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac} EmptyMer 30 Mar - 18:33

Depuis que je suis jeune, je fais preuve d’une intelligence aiguisée. On ne se hisse pas de la position de cadet de famille insignifiant à celle de prévôt de police, possédant une des plus grosses fortunes de Paris sans un minimum de sagacité. Alors mon esprit ne peut s’empêcher d’analyser chaque parole de la jolie ribaude, chacun de ses mouvements pour tenter d’arriver à une déduction…

Tandis qu’elle déguste son chocolat, je bois mon thé. Chaque gorgée me réchauffe et la substance orientale dégage les canaux de mon raisonnement. Chaque détail est analysé, chaque option envisagée pour tracer un portrait précis de celui qui a violenté la jeune femme. Le portrait est… Terrifiant mais se dessine peu à peu et me fait froid dans le dos :


Donc d’après ce que vous me dites c’est un homme jeune, portant pourtant une cicatrice et des mains habitués à un certain travail manuel. Cela peut se justifier si il est pratiquant de l’art de l’escrime. Au vu de ce que vous me dites, il ne se contente pas des salles d’arme mais semble habitué à se battre en duel. Il n’y a pas tant de monde comme cela en cette ville…

Pervers riche et habile aux armes. Ce descriptif peut coller à moi-même si l’on y réfléchit. Il m’est arrivé de franchir certaines limites dans le cadre de la chambre. Pourtant à chaque fois que je me sens glisser vers l’abime de la dépravation, je me raccroche au peu de conscience qu’il me reste. Je suis une ordure certes mais les ordures ont tout de même un fond d’humanité…

Qui es-tu toi qui a choisi de sombrer, de devenir un démon et non plus d’être un homme ? Pourquoi te comportes-tu ainsi ?

Rose est en panique. Le souvenir de cette soirée lui est difficile. Elle revit sans doute chaque instant de cette soirée. Reposant ma tasse sur la soucoupe attendant sur la petite table, je m’approche d’elle. La prendre en mes bras ? Mauvaise idée en définitive. Trop de proximité créerait un traumatisme encore plus grand. Alors je me contente de caresser sa joue d’une main qui se veut rassurante.

Yeux dans les yeux, je cherche à comprendre sa réaction. Mon instinct me souffle qu’il y a autre chose que cette simple nuit. Oh je ne doute pas que cette nuit là fut traumatisante mais il y a autre chose qui surgit des méandres de la mémoire de la jeune femme.

La pièce est vide. Nous ne sommes là que tous les deux, isolés de toute interférence, de tout bruit susceptible de venir troublé l’instant présent. J’analyse la réaction de Rose, me mordant la lèvre en réfléchissant. Mon instinct me dicte une évidence que je m’efforce de penser impossible…


Vous l’avez déjà vu…

Les mots jaillissent de ma bouche naturellement. Je connais le passé de Rose, je regarde toujours à qui j’ai affaire et je sais que la jeune femme souffre d’amnésie. Et je réfléchis… et si cette rencontre entre elle et ce sadique n’était pas du au simple hasard ? L’homme ne s’est pas contrôlé face à elle, a laissé passer sa rage sur elle…

Les pièces du puzzle se rassemblent. L’homme a déjà frappé en ville, peut être tué. Rose dans son ancienne vie fut une de ses victimes. Par miracle, elle en a réchappé mais est resté amnésique. L’homme lui a continué son petit bonhomme de chemin, tuant parfois, sinon se contentant de torturer des filles de joie. Il décide un jour de passer au manoir, choisit une fille et…

Et il reconnait sa proie. Il est furieux, se déchaine sur elle car il réalise soudain qu’il a loupé sa proie. Il reste suffisamment conscient pour ne pas la tuer là bas, sachant qu’il risque gros. Mais une fois sa colère passé, une fois sorti du manoir….

Il a du réfléchir et se demander comment éliminer un témoin gênant. Elementaire mon cher Loic. Je ne dis rien de tout cela à Rose bien sur. J’écrirai à madame Boldwin pour qu’elle prenne les mesures appropriées en matière de protection du manoir…

Moi je le traquerai en espérant le trouver. Le trouver avant qu’il ne passe à l’action. Je ne montre rien de cela bien sur, j’essaye de calmer la jeune femme face à moi en mêlant gestes doux et paroles apaisantes…
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MessageSujet: Re: Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac}   Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac} EmptyJeu 31 Mar - 15:13

J'avais, depuis mon arrivée au Manoir des Délices, redouté le moment où les souvenirs reviendraient … ceux d'une vie passée, ceux de l'accident. Qui était l'homme retrouvé avec moi ? Qui étais-je tout simplement ? Je n'étais pas certaine de vouloir savoir. Je n'étais pas certaine de vouloir quitter ma vie actuelle. Naturellement il y avait bien mieux que la vie d'une Ribaude, bien plus correcte que d'être une femme qui offre du plaisir. Mais étais-je faite pour ces robes magnifiques, ces soirées ennuyantes ? Étais-je faite pour être une parfaite petite épouse ? Trop de questions, trop de doutes également. Oui, le Docteur m'avait prévenu. Mais voyant les mois se transformer en années, j'avais renoncé à découvrir la vérité. J'ai su me contenter de ce que j'avais, sans regretter ce que j'avais pu perdre.

Mais là tout changeait. Pourquoi n'avais-je pas reconnu cet homme le jour de mon agression ? Pourquoi ma mémoire m'avait-elle à nouveau fait défaut ce jour là ? Les Boldwin avaient cru que ma vertu m'avait été volée le jour de l'accident … Peut-être pas. Peut-être que j'avais été mariée à un homme charmant. Peut-être que quelque part, quelqu'un m'attendait.

A cet instant précis je ne pensais cependant pas à toutes ces choses. J'étais oppressée, la respiration difficile, les mains tremblantes. Je revoyais devant mes yeux le visage de cet homme et les souvenirs s'entre-mêlaient, ceux de l'agression, ceux de l'attaque. Il avait du me reconnaître, à moins d'avoir agressé tant de femmes qu'il n'était plus capable de se souvenir de moi. Mais le mal était le même, les coups identiques, la rage aussi forte. A nouveau il avait posé ses mains sur moi, violant mon intimité, souillant mon âme. A nouveau il m'avait laissé pour morte ou presque, se disant que je n'étais qu'une bonne à rien. Comme il avait du rire, s'il m'avait reconnu, en voyant dans quoi j'étais tombée.

Moi je ne riais pas. J'avais envie de hurler, mais les cris restaient coincés dans ma gorge. Seules les larmes parvenaient à franchir la barrière de mes longs cils, venant s'échouer sur mes joues rosies par l'angoisse. Je ne pouvais pas continuer. Je ne voulais pas. Ce fut bien trop difficile. J'avais cette crainte d'en découvrir plus, de revivre encore plus les horreurs de cette nuit que j'avais jusqu'ici oublié. Mais comment le dire à Messire de Kerouac, comment lui expliquer ce qui s'était passé ? Je ne savais pas ce que Lady Boldwin lui avait dit de moi, s'il connaissait tout de mon arrivée au Manoir, de l'état dans lequel le couple m'avait retrouvé. Je ne parlais pas vraiment de tout ça. Oh oui entre filles, parfois nous parlions de nos vies d'avant. Avec les clients tout était différent. Ils ne voulaient, en général, pas entendre parler de nos vies, qu'elles aient été douces ou misérables. Alors j'avais appris à rester Rose, tout simplement, l'inconnue, celle au passé oublié. J'aurais pu m'inventer une vie, mais à quoi bon ?

Si j'avais voulu partir en courant, je n'aurais pas pu. Mes jambes n'auraient pas suivi mes volontés. J'étais clouée sur place, assise, les mains crispées sur ma poitrine douloureuse. Les larmes coulaient sans que je ne puisse les arrêter. Alors Messire de Kerouac quitta sa place, se mit à mes côtés et sa main chaude se glissa sur ma joue. Un geste tendre, comme j'en avais peu l'habitude. Je dus retenir un sanglot. Pour être franchement j'aurais presque pu lui sauter dans les bras pour y pleurer ma détresse, mais là encore je ne fis rien, cela aurait été fortement déplacé.

Mon regard remplit de larmes se perdit dans le sien, le silence était tombé dans la pièce. Pas un mot, juste ma respiration bruyante. On aurait presque pu entendre mon cœur affolé qui frappait ma poitrine avec violence. Je n'avais rien dis, seulement que je ne pouvais plus continuer, mais il comprit. Ses quelques mots soufflés à mon attention me firent écarquiller les yeux. Comment pouvait-il savoir ? Je dus ravaler de nouveau sanglots, ma main sécha mes yeux qui brûlaient. Il me fallut encore quelques instants avant de pouvoir reprendre la parole. Quelques secondes sans parler, à reprendre mon souffle, à tenter de me calmer, paupières baissées. Et enfin, mon regard se reposa dans le sien.

- C'est lui qui … qui m'a attaqué ... il y a plus de deux années. Je ...

Le doute, la peur. Je dus chercher mes mots.

- Je n'avais jamais retrouvé des images du passé … jamais. Pas même l'autre jour lorsqu'il m'a agressé et là je … Son oreille ...Mes doigts glissèrent sur le lobe de mon oreille droite. Son lobe est tranché en deux. Cela ne m'avait guère marqué le jour même pourtant aujourd'hui cela me semble si frappant Mais c'est lui, le même, j'en suis certaine.

Cet homme était un monstre. Pour la seconde fois il s'en était pris à moi. Je fus alors certaine de ne pas être la seule.

- Il faut l'arrêter, je vous en supplie. Il ne doit pas recommencer ...

Ma voix venait de se briser, les larmes se remirent à couler. Mes bras, enroulés autour de mon corps, eurent l'apparence d'un rempart contre l'extérieur. J'avais peur, peur de retomber à nouveau sur lui ; peur qu'il s'en prenne à quelqu'un d'autre.


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Loïc de Kerouac
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MessageSujet: Re: Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac}   Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac} EmptyJeu 31 Mar - 19:23

Suis-je vraiment celui qui doit se charger de cette affaire ? J’étais certes celui qui par volonté du Roy, et surtout par l’achat de la charge de lieutenance, le chef de la police de cette bonne ville, poste qui permet à celui qui sait s’en servir de s’enrichir au détriment des patrons du crime. Jamais je n’ai véritablement mené d’enquête de ce genre… les monstres sont plus discrets en général.

Bon j’ai touché juste. L’homme et Rose ne sont pas des inconnus. Le détail sur l’oreille droite est plus que caractéristique et le trouver à présent s’annonce facile. Le souci se posera surtout une fois l’individu découvert. Si il est noble, comme je le subodore, la parole d’une ribaude n’aura aucun poids.

Je réfléchis en regardant la jeune femme face à moi. Je sais que si j’en reste là, son corps mutilé sera découvert au fond d’une ruelle, violenté sans nul doute. Si elle reste enfermé au manoir, l’homme engagera un tueur, comme on en trouve dans les bas fonds. Un poison, un client violent, nombreux sont les dangers qui pourraient menacer mademoiselle Blondin.

Et lui pourrait recommencer. Frapper, tuer, découper des filles de rien dont personne ne s’occupe. Le seul à pouvoir l’arrêter c’est moi et je suis tout sauf un champion de justice. J’en suis à cette réflexion lorsque mon damné subconscient me devance. Sourire aux lèvres cachant mon désarroi, je m’entends prononcer les mots suivants, comme possédé :


Je vous promets Rose de l’arrêter. Il vous a touché deux fois, il ne le fera pas une troisième fois je vous le promets

César franchissant le Rubicon s’est-il laissé guider par son subconscient ? Dieu existe-t-il vraiment et a-t-il décidé de me pousser à faire mon devoir pour une fois sans en espérer grande récompense ? Je n’en sais pas grand-chose en vérité, mais je ne doute pas que la demoiselle rapporte mes paroles à ses patrons. Je dois faire ce que j’ai dit pour rester crédible.

Posant ma tasse vide à présent, je m’assois regardant mon visage au travers du reflet que me renvoie une des glaces du salon. Je suis fatigué, fatigué de ma vie telle que je la mène et j’ai choisi de prendre un chemin risqué plutôt que celui de la tranquillité. Je dois agir de façon rapide et efficace et surtout trouver un moyen d’arrêter celui que je surnomme déjà le monstre.


Rose… Je verrais cela avec madame Boldwin mais il vous faudra vous limiter à une clientèle de gens choisis parmi vos habitués. Je vais être franc avec vous, mais vous êtes actuellement sans doute la seule personne encore vivante à savoir à quoi il ressemble et capable de l’identifier.

Ai-je conscience que mes paroles ne sont pas rassurantes ? Peut-être que oui, mais ainsi Rose se tiendra tranquille le temps de l’enquête. Me redressant à nouveau, je tache d’adoucir l’ambiance, de lui montrer que cela ne sera que temporaire.

Avec votre description, il ne faudra guère de temps pour que je l’identifie. Ce ne sont que des mesures temporaires pour votre bien. Je ferais doubler les patrouilles discrètes autour du manoir….

Adrian et Amelia avaient un établissement discret de délassement. Il y avait peu de soucis de violences et les talents de bretteurs du maitre de maison suffisait à éloigner les indésirables. Mais cela serait guère suffisant si un professionnel du meurtre était en gagé…. Je hais ces gens là. Les tueurs professionnels sont souvent des indépendants et aiment à rester dans l’anonymat. Il est très dur de leur faire percevoir des taxes et la plupart refusent…

En général ce refus signifie la fin d’une belle carrière. Je ne suis pas homme à qui on dit non.

Retour au salon. J’étudie les possibilités qui s’offrent à moi. J’étudie Rose et me demande si cela a fait ressurgir autre chose de son passé. L’a-t-il attaqué par hasard ou pour autre chose lié au passé de la belle ? Il me fallait en être sur…


Rose… Dites moi…. Vous ne vous souvenez de rien ? Votre passé… Est peut être la clef de cette histoire… Lorsque j’étais dans l’armée, j’ai vu des soldats perdre la mémoire suite à des traumatismes… et la retrouver peu à peu ensuite… C’est peut ^être ce qui vous arrive…

Rose… Quel mystère caches-tu ? Pourquoi cet homme veut-il donc tant te tuer ? Les réponses sont cachées en toi….
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MessageSujet: Re: Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac}   Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac} EmptySam 2 Avr - 16:05

A cet instant je sus que ma description allait aider. Il ne devait pas y avoir énormément d'homme qui répondait aux détails que j'avais pu fournir. Le prévôt de Police avait donc ses chances de retrouver ce monstre. Oui mais … mais parviendrait-il à l'arrêter ? Et si cet homme était quelqu'un d'influent ? Je savais, oh oui je savais que l'argent faisait beaucoup, aider les gens à s'en sortir, à acheter le silence. Nous même étions soumises à ça, l'argent que nous gagnions était celui du plaisir, mais également du secret, de ces hommes cachant leurs petits détours par le Manoir. Alors même si mon agresseur était retrouver, personne ne pouvait être certain qu'il serait arrêter, qu'on l'empêcherait de recommencer. Et cela me fit froid dans le dos. Messire de Kerouac avait beau me promettre de l'arrêter, je ne pus totalement le croire. J'avais peur, j'étais terrifiée à l'idée que l'homme recommence, qu'il revienne. Après tout, il m'avait eu deux fois, pourquoi pas une troisième ? Et peut-être que cette fois il finira le travail, me tuera …

Naturellement je ne voulais pas mourir. Ma vie semblait tout juste avoir commencé … J'étais trop jeune j'avais toute la vie devant moi. Et il y avait Tristan, qui avait su me toucher comme aucun client auparavant. Allais-je devoir lui en parler ? Allais-je pouvoir me confier à quelqu'un ? Les Boldwin allaient forcément être mis au courant.

- Merci Messire de Kerouac … merci ... soufflais-je doucement.

J'observai le prévôt. Il semblait réfléchir en silence, les yeux rivés sur sa tasse de thé. Ce moment de silence fut aussi angoissant que soulageant. Je forçais mon corps à se détendre, mon cœur à ralentir son rythme sauvage. La peur ne m'avait pas quitté depuis cette nuit là, elle risquait de m'empoigner encore longtemps, tant que cet homme n'était pas retrouvé et puni. Pourtant j'allais devoir vivre avec, continuer à travailler. Ou les Boldwin allaient-il me renvoyer car je faisais courir un risque aux autres filles ? J'en doutais, mais tout était possible.

Messire de Kerouac me sortit de mes pensées en reprenant la parole, au sujet des Boldwin justement. Il allait parler avec Lady Amélia afin que je sois limitée dans ma clientèle, que des habitués, pour ne pas prendre de risques. J'allais devoir travailler beaucoup plus, quitte à m'épuiser. Mais savoir avec qui j'allais passer des heures me rassurait malgré tout. Et le prévôt avait raison, j'étais certainement la seule vivante à pouvoir identifier ce monstre. Un frisson parcouru mon corps alors que j'acquiesçais en silence. Naturellement cela n'avait rien de rassurant, mais il s'agissait de la stricte vérité.

Assise, toujours crispée, je suivis le prévôt du regard alors qu'il se relevait. Il se voulait rassurant, disant que toutes ces mesures n'étaient que temporaires. Il semblait y croire plus que moi, certain de pouvoir retrouver le coupable. Ou alors il jouait la comédie, le rôle de sauveur rassurant et courage, promettant à la pauvre Ribaude d'être bien vite en sécurité. Si c'était le cas, il jouait vraiment bien et j'avais envie de le croire. J'avais envie de me dire que oui, bientôt tout pourrait rentrer dans l'ordre, que très vite je n'aurais plus qu'à oublier tout ceci sans m'en soucier, sans en avoir peur encore et encore. J'avais même hâte que cette peur s'en aille. Je ne voulais plus y penser, encore moins revivre de tels souvenirs. Je n'étais pas prête à savoir qui j'étais, pas prête à découvrir ma vie passer. Je n'étais pas certaine d'en avoir envie. Alors quand le prévôt me demanda si je ne me souvenais de rien d'autre, j'eus un nouveau frisson.

Et s'il avait raison à nouveau ? Si j'étais la clé de tout cela et si … et si cet homme n'était pas tombé sur moi par hasard ? Tout était possible. Les tueurs existaient, je le savais. Certains étaient grassement payés pour éliminer des personnes dérangeantes mais … mais en quoi pouvais-je être dérangeante pour quelqu'un ?

Un soupire, le regard baisser, avant de reprendre enfin la parole.

- C'est la première fois que des souvenirs me reviennent. Le Docteur Langlois m'avait prévenu, il m'avait dit qu'un jour je pouvais retrouver la mémoire, me rappeler de tout. J'avais fini par me dire que cela n'arriverait pas. Plus de deux années sont passées … Je ne suis pas certaine de vouloir m'en rappeler, pas certaine de vouloir découvrir qui j'étais. J'étais peut-être mariée, j'avais peut-être des enfants. Cela remet tout en question, absolument tout ...

Mon regard se releva vers Messire de Kerouac, un regard plein de larmes, de doutes, de désespoir également

- Est-ce vraiment nécessaire de m'en rappeler ? Ma description vous suffit non ? Je … Je ne suis pas prête pour me rappeler. Je ne sais même pas comment faire. Ces images sont arrivées par hasard, peut-être qu'il n'y en aura pas d'autres ...

J'eus alors un doute, un instant de réflexion. Si je voulais aider, je me devais de faire tout mon possible. Cela allait me coûter cher j'en étais certaine, mais je devais soumettre cette idée au prévôt.

- Pensez-vous qu'en me rendant sur les lieux de l'accident j'aurais d'autres souvenirs ? Mais pour ça il faudrait que Lady Boldwin accepte que j'y aille.

Et ça c'était une autre histoire. Je n'étais pas certaine qu'elle accepte, qu'elle désire me voir retrouver mes souvenirs. Il faudrait peut-être faire sans son accord ...

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MessageSujet: Re: Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac}   Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac} EmptyLun 4 Avr - 17:12

Le monde est une jungle. Les plus forts dominent les plus faibles, cette règle de la nature, je ne l’ai que trop observé. Je l’ai apprise et me suis toujours comporter de façon à faire partie des prédateurs et non des proies. Je suis parti de rien, d’un passé qui ne me réservait qu’un avenir de second couteau pour atteindre les hautes sphères et je suis devenu prédateur.

Rose n’est pas cela. La jeune femme est une proie fragile et douce dans un monde où ces traits de caractères sont des faiblesses. Le manoir est un refuge artificiel, Adrian et Amelia ne pourront la protéger sans cesse des dangers de l’extérieur. Elle me fait penser à ces princesses de conte de fée qui isolées du monde dans leur jeunesse se retrouvent fort dépourvues lorsque confronté à la réalité, elles doivent survivre.

Je reste un instant silencieux tandis que je l’écoute. La description fournie est suffisante pour que je commence à envoyer mes hommes cherchés. Non le soucis est tout autre et en définitive ne concerne que la jeune femme. Fuir dans l’oubli salvateur de l’amnésie en vivant dans la peur de son passé ou affronter celui-ci pour découvrir qui elle est ? C’est là son propre choix mais d’expérience je sais que si elle choisit l’oubli, la peur sera toujours là.

Mes yeux se dardent sur elle, et je réponds enfin à ses interrogations, d’une voix calme, mais sans pour autant la rassurer. Elle est face à un croisement de sa vie et du chemin qu’elle prendra dépendra son propre futur.


Et bien, je ne peux nier que vos souvenirs seraient d’une précieuse aide mais… Mais ils ne sont pas indispensables en fait. C’est plus pour vous que je soulevais cette option. Nous avons tous des fantômes dans notre passé et nous pouvons les fuir ou tenter de les affronter. Mais la fuite… N’est pas la meilleure des solutions si je puis me permettre un conseil. Vous aurez beau courir vite, le passé vous rattrapera toujours…

Est-ce moi qui dis cela ? Moi l’homme qui fuit les sentiments comme la peste et qui me retrouve peu à peu en train de changer ? Rose est un miroir pour moi, un miroir où je vois l’absurdité de ma propre situation, mes propres contradictions. Je ne veux pas m’attacher et pourtant lentement je coule vers ce que je m’efforce de nier au fin fond de moi…

Un croisement….
Voila que je continue comme si mon interlocutrice n’était plus là. Nous arrivons tous parfois à des moments de notre vie où il nous faut faire des choix vitaux, où prendre un chemin ou un autre n’est pas sans conséquences. Parfois l’inconnu fait peur mais il peut s’avérer que prendre des risques est payant. L’amnésie, le manoir, tout cela agit sur vous comme un cocon protecteur mais vous ne serez jamais rassuré car vous vivrez dans la peur qu’il se fende à nouveau…

Oui à chaque client qui passerait, la jeune femme se demanderait si il l’avait connu autrement. La peur l’empêcherait de faire son travail correctement. Me dirigeant vers le plateau, je remplis à nouveau la tasse de la jeune femme de chocolat, percevant son trouble grandissant.

Si vous en parler avec madame Boldwin, je pense qu’elle autorisera une sortie sur les lieux à condition que vous soyez escortée. J’ai cru comprendre qu’elle vous considère comme une délicieuse potentielle… D’après ce que je sais vous vous plaisez en ce lieu et si cette amnésie crée un malaise, et bien… Votre travail se fera plus mal.

Les Boldwins le sauraient aussi bien que moi. Une fille traumatisée est une mauvaise chose pour les affaires. Le passé de Rose ? Il ne changerait rien à l’affaire. Certaines des filles ont été mariées, ont eu une vie avant le manoir. Si les proches de la demoiselle tenaient à elle, pourquoi ne l’avait-il pas retrouvé ?

De toute façon que risquez-vous ? Vous aurez vos réponses mais vous serez maitresse de ce que vous en ferez... .Vous vous plaisez au manoir ? Et bien vous y resterez mais au moins pourrez-vous ne plus vous poser ses questions. Et si la peur est trop forte, choisissez des gens surs pour vous accompagner… Je m’arrangerais pour qu’une patrouille se trouve non loin de là.


Nous avons tous des choix à faire dans notre vie ai-je dit et répété. Il est temps pour rose de faire celui qui dirigera le reste de sa vie.

Pour le pire et le meilleur comme on dit. Le doute de l’inconnu ou la réalité joyeuse ou triste ? A elle de voir de quoi son futur sera fait.
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MessageSujet: Re: Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac}   Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac} EmptyMar 5 Avr - 14:58

Je sentis à cet instant précis que les choses ne seraient plus jamais pareilles dans ma vie. Ce souvenir de mon passé qui venait de surgir si brutalement allait éveiller bon nombre de sentiments en moi. La peur, c'était évident, et peut-être la curiosité au bout d'un certain temps. Mais en attendant cette éventuelle envie d'en savoir plus, c'était la crainte qui dominait. Je n'étais pas prête à affronter autant de choses. J'avais un tueur sur le dos, qui allait certainement vouloir s'en prendre encore à moi. J'étais en danger, je le savais. Le Manoir, même s'il représentait pour moi un cocon chaleureux et sécuritaire allait devenir un lieu de crainte permanente. Je savais que les Boldwin tenaient tout particulièrement à la sécurité de leurs filles, même s'ils ne se montraient pas toujours doux avec certaines d'entre nous. Mais à leurs yeux, leurs punitions étaient légitimes. Un client n'avait cependant pas le droit de frapper une fille au point de l'empêcher d'exercer. Ce fut le cas pour moi. Des filles étaient déjà morte auparavant, parfois dans des circonstances très étranges. Mais à nouveau un client n'avait pas le droit de vie ou de mort sur l'une d'entre nous. Alors ma sécurité allait être une priorité. J'allais être surveillée, mes clients allaient être minutieusement sélectionnés. Et par ma faute toutes les filles allaient certainement être surveillées elles aussi. Par malheur les Délicieuses seraient peut-être privées de leurs sorties autorisées.

Alors non, le moment n'était pas le plus adapté pour de nouvelles révélations sur ma vie passée. Je savais qui j'étais, Rose Blondin, fille de joie, excellente Ribaude. Je n'étais l'épouse de personne, la mère d'aucun enfant. J'étais la maîtresse de plusieurs hommes. Voilà tout.

Mais si ma vie passée était utile pour cette enquête alors je devrais m'y plier. Je n'étais simplement pas certaine de bien le vivre. J'avais besoin de l'avis du prévôt, savoir ce qu'il en pensait. Lorsqu'il reprit la parole, j'eus une sorte de soulagement. Les informations données étaient suffisantes, le reste n'était donc pas obligatoire. Mais selon Messire de Kerouac, il serait bon pour moi de retrouver ces souvenirs. Il avait raison, je cherchais à les fuir, je ne voulais pas me rappeler, ni même affronter des membres d'une éventuellement famille. Comment un époux pourrait-il réagir en retrouvant son épouse, en apprenant qu'elle avait vendu son corps à un nombre incalculable d'homme ? Non je n'étais pas prête à affronter les cris, les pleurs, ni même les joies de retrouvailles. J'écoutais, perdue dans ses mots. Il secouait mon monde. Quelque part il devait avoir raison. J'avais peur de voir mon monde s'effondrer. Il était peut-être préférable pour moi de tout découvrir. Alors j'aurais le choix de la vie à mener.

Un merci murmuré à son intention et la tasse de chocolat fut à nouveau portée à mes lèvres. Je restai silencieuse, écoutant ses conseils. J'étais maîtresse de mon destin. C'était à moi de choisir. Tout cela ressemblait plus à une corvée. Pourtant je me devais certainement d'y mettre les pieds.

Un soupire s'échappa de mes lèvres et soudain des mots franchir la barrière de mes lèvres, sans réfléchir.

- Vous pourriez peut-être m'y accompagner ...

Consciente de mes mots, je relevai mon regard vers le prévôt de Police.

- Je veux dire que … Lady Boldwin n'aurait rien contre si cela s'avère être pour les besoin de l'enquête. Je suis ne suis pas certaine de trouver le courage d'y aller une autre fois et sincèrement je ne suis pas non plus certaine que Lady Boldwin me laissera y aller. Nous ignorons tout de mon passé, elle craint peut-être de me perdre si je me découvre une vie extraordinaire. Hors, si cela est nécessaire à l'enquête elle ne sera pas obligée de le savoir. Je suis prête à payer Messire de Kerouac, je n'ai pas beaucoup d'argent mais … je suis prête à payer de toutes les façons possibles.

Posant ma tasse sur la table, je me mis debout. J'étais consciente de l'ampleur de mes mots. Je savais dans quoi je m'engageai.

- Une gouvernante m'a expliqué où j'ai été retrouvée, je suis certaine de pouvoir vous y conduire. Je … je ne veux pas abuser de votre temps. Mais je vous l'ai dis, je suis prête à payer. Cela restera entre nous je vous le promets. Il vous suffit de me dire que cette sortie est nécessaire pour l'enquête.

Mon regard bien ancré dans celui du prévôt, j'attendis sa réponse comme un condamné attendrait son jugement. Je n'étais pas certaine de retrouver cette force un jour. S'il refusait, alors j'accepterais. S'il acceptait, les choses allaient prendre une tournure non prévue. Et oui, j'étais prête à payer. Je n'avais que peu d'économies, j'avais quelques bijoux de valeurs offerts par des clients et j'avais mon corps, prête à le lui offrir en guise de paiement. Après tout, c'était mon métier.

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Loïc de Kerouac
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MessageSujet: Re: Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac}   Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac} EmptyMar 5 Avr - 19:14

Rose se tâte, Rose hésite. Elle sait que de son choix dépend son futur. Elle est seule apte à décidé ce qui est bien ou non pour son futur. Vivre dans l’ignorance ou vivre en connaissant son passé ? Il n’y a là aucun choix parfait, juste décider quel démon on désire affronter.

Elle a choisit. Elle a choisit le choix de connaitre son passé mais doute de la réaction des Boldwins à son sujet. Le couple diabolique a sans doute ses propres projets sur elle, des projets qu’il ne m’appartient pas de connaitre. J’ai ma propre tache, retrouver l’assassin, le reste, la propriété du corps de la jolie jeune femme ne me regardait guère…

Une nouvelle fois je la fixe alors qu’elle me fait une proposition étonnante. Se donner à moi pour parvenir à son but. L’espace d’un instant un sourire se dessine sur mon visage alors que je l’observe plus attentivement. Elle est d’une beauté délicate, fleur que l’on déguste bien volontiers avec plaisir. Je n’ai aucun doute sur sa capacité à satisfaire ses clients et la simple évocation de m’amuser à profiter des plaisirs de la chair en telle compagnie m’émoustille, faisant naitre une sourde chaleur en moi…

Mais pourtant ma réponse se fait raison et non instinct. On n’arrive pas à ma position sans pouvoir gérer mes appétits de mâle après tout :


Ma chère Rose , je m’en voudrais de vous causer soucis en vous honorant en une couche de moults caresses et attentions. Ce privilège, je dois le demander aux Boldwins car ce sont eux vos patrons légitimes. Croyez bien que cette affaire réglée, je serais fort aise de fêter cela en votre compagnie au manoir. Vous, si vous le désirez, me montrerez votre reconnaissance à ce moment. Néanmoins…

Je repose la tasse sur la table. On m’a demandé d’élucider cette affaire. C’est Amélia elle-même qui m’a demandé de m’en charger et je reste maitre d’élucider ce mystère de la façon qui me satisfait le mieux… Si au passage Rose retrouve la mémoire, est-ce ma faute ? Pour une fois que je mène une affaire honnêtement, je ne vais pas me laisser démonter par quelque corruption…

Néanmoins je reste seul juge de ce qu’il appartient de faire pour mener mes investigations. Vous raccompagner et passer par les lieux de votre agression ne me parait pas stupide et c’est ce que nous allons faire. Après tout, nous ne faisons rien de mal, ca reste pour une investigation… Si on me pose la question, je dirais aux Boldwins qu’il valait mieux cela que de laisser un tueur en liberté s’en prendre à leurs filles. Ce genre d’histoire n’est jamais bon pour le commerce.

Le pire c’est que c’est là la vérité. Si Rose retrouve la mémoire, elle reste liée au manoir, trimant pour racheter sa liberté ou, dans le cas où sa famille serait aisée, peut être celle-ci la rachètera. Les conséquences, pour le couple en tout cas ne seront pas désastreuses.

Bien ma chère… Quand vous vous sentirez prêts, nous pourrons rejoindre ma voiture et nous rendre sur les lieux. N’ayez pas peur, mon cocher et mon valet nous accompagneront et tous deux sont d’anciens soldats à mon service depuis les indes…

D’un geste voila que je désigne la lame à mon coté, dont la garde ornés de superbes pierres précieuses resplendit sous la lumière du salon. Mon épée, chef d’œuvre de forgeron est sans nul doute l’objet le plus précieux à mes yeux en ma tenue.

Quand à votre serviteur, il peut se vanter d’être une fine lame, élève et à présent égal de nombreux maitre d’arme. Non vous n’aurez rien à craindre…

A présent, je récupéré mon couvre-chef, me dirigeant vers la porte du lieu. Ma main se pose sur la poignée de celle-ci que je tourne doucement sans pour autant l’ouvrir. J’attends la réponse de Rose, j’attends qu’elle me dise si elle est prête à affronter les fantômes d’un passé si terrible qu’elle en a perdu tout souvenir. Vivre sans souvenirs, voila une peine que je ne supporterais guère…

Pouvons-nous y aller ma chère ? J’ai promis à madame Boldwin de vous ramener avant que la nuit ne tombe sur notre cité ?
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MessageSujet: Re: Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac}   Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac} EmptyMer 6 Avr - 15:40

Ce changement si soudain en moi m'effrayait, je l'avoue. D'une minute à l'autre j'étais passée du refus de retrouver mon passé, à l'envie d'en savoir plus. Je n'étais pas certaine de pouvoir assumer tout ça, mais Messire de Kerouac avait su me pousser à aller de l'avant. J'étais toujours entrain de me poser des questions sur moi, sur la vraie moi. Cette j'allais peut-être tout découvrir, ou au moins une partie. Libre à moi de refuser cette ancienne vie, de continuer l'actuelle qui ne me déplaisait pas. Mais au moins j'allais savoir. Enfin pour ça il fallait que le prévôt de Police accepte ma décision. Je savais que ma proposition pouvait être très étonnante … surtout venant d'une femme aux apparences si fragiles. Mais j'avais apprit que la volonté était une force, et que, pour atteindre ses buts, il fallait tout donner. Alors oui, j'étais prête à vendre mon corps s'il le fallait. C'était ce que j'avais de plus cher, ce que je savais faire de mieux. Je ne m'attendais qu'à deux réactions possibles : un refus total, une acceptation de mon offre complète. Je ne m'étais pas attendue à une autre possibilité, et pourtant …

Debout, les doigts noués autant que mon ventre, je restais silencieuse, attendant une réponse. C'est après quelques secondes que Messire de Kerouac reprit la parole. Je ne pus m'empêcher de rougir à ses premiers mots. J'étais surprise par ce refus, même s'il ne refusait pas de partager ma coucher une autre fois, dans d'autres circonstances. Il était très professionnel, ne voulant pas abuser de la situation. J'eus l'impression que peu d'hommes auraient agit de cette manière et je fus touchée.

- Je comprends ... murmurai-je en baissant la tête.

Cependant il n'en avait pas fini. A ses mots je redressai mon visage, un sourire léger aux coins des lèvres. Il était entrain d'accepter. Oui mon idée ne lui déplaisait pas, il était d'accord pour passer sur les lieux de mon agression. Je vacillais entre soulagement et crainte. Une grosse dose d'émotions était entrain de m'envahir. J'allais toucher mon passé du bout des doigts. Peut-être que cette promenade jusqu'à ce lieu ne m'apporterait rien, peut-être que tout si, mais au moins j'aurais essayé, au moins je ne serais pas restée là à ne rien faire. Les premiers souvenirs s'étaient manifestés, j'étais persuadée que d'autres pouvaient resurgir. Et je ne voyais pas qui pouvait faire cette démarche avec moi. Je n'avais personne qui était capable de m'accompagner; Les Boldwin auraient refusé j'en étais certaine. Le Prévôt de Police était l'homme de la situation. Son geste, son acceptation, sa douceur me mettaient à l'aise. Je trouvais cet homme touchant, responsable. J'avais confiance en lui. Il aurait pu profiter de la situation, il ne le faisait pas. Pour ça je lui étais reconnaissante.

- Je vous remercie Messire, du fond du cœur !

Il n'aurait pas eu à préciser que j'étais en sécurité avec lui et ses hommes. Il venait de gagner ma confiance quasi totale. Alors je me trompais peut-être sur lui, il n'était peut-être pas l'homme que j'imaginais, peut-être qu'avec les filles il était différent. Mais là je n'avais pas un client devant moi, j'avais un homme de loi.
Mon regard glissa jusqu'à son épée qui m'impressionnait. Les armes ne m'avaient jamais attiré, au contraire, elles avaient tendance à me terrifier, me repousser. Mais Messire de Kerouac la portait bien et je ne doutais pas de ses capacités à s'en servir.

Ce fut en silence que je le suivis, lui adressant un sourire sincère. Avant de grimper en voiture, j'avais indiqué au cocher le chemin à suivre. La petite route, près d'un bois, était assez isolée, un chemin menant aux extérieurs de Paris, vers les demeures plus riches certainement, dans la direction de Monceau. Ensemble nous prîmes place dans sa voiture. Qu'il était étrange d'être aux côtés d'un homme aussi connu que lui. Devant les clients du café, je m'étais faite toute petite. Encore une fois ce monde n'était pas le mien. Les regards d'une foule ne me plaisaient guère. Comment aurais-je pu être une femme connue, choyée, montrée ? Aucune idée …

Silencieuse, j'observai la ville qui défilait. J'étais si différente au Manoir, bien plus souriante, plus avenante ; jouant un rôle tout simplement. Messire de Kerouac avait face à lui la femme que j'étais devenu après mon agression. Pas la catin de luxe.

- Je ne sais guère comment je réagirai si mon passé me revient en mémoire. Mais vous avez raison en disant que je serais libre de choisir. L'extérieur me fait si peur que je ne suis pas certaine de supporter une autre vie. Je suis devenue quelqu'un d'autre ...

Un soupire s'échappa de mes lèvres, mon regard qui s'était posé sur le prévôt se reposa sur la vitre, observant les routes qui se dessinaient. Au bout de quelques minutes à ne rien dire, il me semblait bon de préciser quelque chose.

- Merci d'avoir refusé un paiement. Ce n'est peut-être pas grand chose pour vous, cela vous semble peut-être normal, mais pour moi c'est beaucoup. Les hommes ne nous voient pas toujours comme des femmes à part entière, ils ne nous traitent pas comme ils traiteraient leurs épouses. A croire que nous n'avons pas de sentiments, pas d'âmes …

Mon regard croisa le sien et exprimait toute ma gratitude. J'étais sincèrement touchée.

Le reste du chemin si fit plus ou moins en silence. Quelques mots échangés, rien de plus. La tension devait être palpable chez moi. J'avais peur, j'appréhendais le moment où mes pieds toucheraient le sol. Nous venions d'emprunter un petit chemin, les bois se dessinaient à l'horizon. Et soudain, sans savoir pourquoi …

- Nous devons nous arrêter, c'est ici !

Lorsque Messire de Kerouac fit arrêter la voiture, je m'empressai d'en sortir, n'attendant pas que quelqu'un vienne m'aider, me tenir la main. Mes pieds se posèrent sur la terre poussiéreuse, mon regard examinait les lieux. C'était là, j'en était certaine. Doucement, tremblante, je m'avançai. Il y avait un petit ravin, une roche imposante. Accroupie, mes doigts allèrent frôler la pierre froide, mes paupières s'abaissèrent. Les larmes se mirent à couler. Les souvenirs furent violent, si vrais, comme si tout ceci s'était passé la veille.

Je me rappelais alors du froid hivernal qui me faisait claquer des dents. Le goût du sang s'était répandu dans ma bouche, écœurant, mes lèvres gercées me faisaiten mal. Il y avait cet homme, à l'oreille blessée, penché sur moi, son corps brûlant secouant le mien sous ses coups de reins. Des coups encore, encore et toujours … Henri ! avais-je hurlé … Mon frère. Mon pauvre frère. J'avais un frère, battu à mort par ces ordures. Mes bijoux furent arrachés de mes doigts, j'étais riche. Une alliance ornait mon index. J'avais été mariée.

Je tombai à genoux, le corps secoué par de violents sanglots.
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MessageSujet: Re: Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac}   Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac} EmptyMer 6 Avr - 21:45

Les rues de Paris sont dégagées à cet instant de la journée. Il ne faudra guère de temps à mon carrosse pour parvenir sur les lieux. Pour le moment je suis installé face à la demoiselle écoutant ses remerciements. J’avoue, parfois j’ai traité des filles de façon indigne mais ne me suis-je pas aussi attaché, au-delà de toute raison à une des ribaudes du manoir, à tel point que ne supportant de la voir avec d’autres hommes, je l’ai racheté pour une fortune.

Je ne suis ni bon, ni entièrement mauvais. J’ai mes humeurs et pour une fois j’ai envie de faire un acte désintéressé. Si, et cela arrivera peut être dans le futur, j’ai envie de me livrer au péché de luxure avec Rose, je le ferais selon les règles établies. C’est donc avec une certaine compassion, arrivant même à être sincère que je tache de lui répondre :


Les femmes comme vous sont d’une compagnie agréable pour les hommes seuls ou dotés d’imagination… Avec vous, je puis être prince un soir, méchant le lendemain, sans pour autant dépasser les limites. Non, votre métier est peut être déconsidéré par certains frustrés mais il est d’une grande utilité pour ceux qui en cette ville aiment le plaisir…

A condition d’avoir les moyens. Le manoir est loin d’être à la portée des bourses des roturiers de la ville. Je me détourne un instant pour fixer à travers la fenêtre du véhicule les rues de la ville. Paris, capitale de France, centre culturel de l’Europe est aussi une pieuvre urbaine qui recèle en son sein le pire de l’âme humaine. Les saints côtoient les démons, les riches les pauvres…

Et mon travail est de faire régner l’ordre en un tel lieu, tout en bien sur m’enrichissant au passage. En fait ce n’est même pas de la corruption, puisque j’ai payé ce droit au Roi lorsque j’ai acheté ma charge. Cette ville est mon domaine et j’entends que les sinistres assassins qui gênent les honnêtes pêcheurs en terrorisant les catins soient mis hors d’état de nuire.

Rose m’interpelle. Nous voila sur les lieux où s’est déroulé sa première agression, un endroit situé en frontière de la cité. Que venait faire une femme comme Rose ici ? Pourquoi nul voisin n’a su ou pu l’identifier ? Le mystère semble s’épaissir et lorsque je sors à la suite de la demoiselle, je ne peux m’empêcher de me poser nombre de questions.

Pourtant je n’en parle pas. Je laisse Rose refaire connaissance avec un passé qui la fuit depuis un certain temps. J’observe ses réactions et ce que je subodorais se produit. Les souvenirs, ce qui constitue l’évènement le plus traumatisant de de sa vie, affluent elle comme un torrent déchainé après une saison de pluie. A sa réaction, je ne doute pas qu’elle revit chaque instant…

Silencieuse, elle pleure s’écroulant à genoux au sol. Je ne sais ce qui lui ai arrivé précisément ce jour là mais cela semble terrible, suffisamment pour lui donner envie d’effacer cela de sa mémoire, de tirer un trait sur sa vie passé. Lentement, je m’avance, posant ma main senestre sur son épaule, geste que je veux rassurant. Je murmure d’une voix calme son prénom :


Rose…. Vous êtes en sécurité… Qu s’est-il passé ce soir là ? Retrouvez-vous souvenir du passé et désirez-vous en parler ?


Il faut qu’elle se calme. Je ne peux la ramener au manoir dans cet état. Je dois élucider ce mystère, autant par devoir, cette valeur que j’ai pourtant tendance à bafouer parfois que par désir d’en savoir plus. La curiosité est un autre de mes défauts et je veux en savoir plus…

Des le lendemain, je ferais savoir à mes informateurs que je cherche des renseignements sur cet homme ou sur ce qui s’est passé dans le coin. Il doit y avoir eu des traces à l’époque et quelque vieux dossier oublié recèle encore des indices là-dessus… Mais pour le moment l’important est la demoiselle agenouillée. Me penchant, je la saisis en mes bras, la redressant de ma seule force.


Rose, reprenez-vous… Il le faut…

Ce sont là mes seules paroles alors que je l’abrite du cocon protecteur de mes bras puissants en un espoir vain pour la sauver.
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MessageSujet: Re: Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac}   Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac} EmptyVen 8 Avr - 17:42

Mon corps ne parvenait plus à supporter le poids de la souffrance liée aux souvenirs qui me submergeaient. Ce fût bien trop douloureux, trop soudain, pour que je puisse tenir le coup. Pourtant j'étais forte, du moins j'avais toujours pensé l'être. Mais je n'avais pas été préparée à ça, pas prête pour subir un tel choc. Mon esprit, mon corps, déjà bien fragilisés par les semaines précédentes, ne pouvaient plus en subir d'avantage. J'avais tant hésité, passant du refus de savoir à la curiosité d'en apprendre plus. Je m'étais doutée que les choses ne seraient pas douces à découvrir. On m'avait assez souvent conté l'état dans lequel les Boldwin m'avaient retrouvé. Violée, frappée, à moitié morte, le visage gonflé par les coups. Je n'avais gardé aucune séquelle physique si ce n'était une petite cicatrice à l'avant-bras gauche, à peine visible. Les seules cicatrices restantes avaient été psychologiques. Mon esprit avait préféré se plonger dans l'oubli pour ne pas souffrir. Mais il était visiblement temps pour moi de découvrir la vérité. Seulement, ces images violentes et douloureuses ne me donnaient pas envie -sur le coup en tout cas- d'en apprendre encore plus. Peu importe qui j'avais été, femme d'un riche homme, maîtresse d'un autre, mère d'enfants … Cela n'avait plus d'importance, cela n'en avait jamais réellement eu. J'étais Rose Blondin. Voilà tout. J'offrais le plaisir aux hommes et femmes.

Mais à ce moment précis je n'étais plus rien. Simplement une femme tombée à genoux sur le sol poussiéreux, le visage souillé par des larmes abondantes qui ne semblaient plus vouloir s'arrêter de couler. Mon corps fût secoué par mes tremblements et mes sanglots, ravivant légèrement la douleur de mes côtes. Mon cœur semblait s'être déchiré en deux, s'effondrant pour laisser un trou béant à la place. Si j'étais Rose Blondin, j'étais également la sœur d'un homme assassiné, la femme d'un homme endeuillé. J'étais une femme souillée, abandonnée que quelqu'un avait voulu tuer pour des raisons qui m'étaient encore inconnues.

Le prénom de mon frère ne semblait plus vouloir quitter ma tête, ma voix y résonnant avec violence, hurlant son prénom avec les forces que j'avais pu trouver au moment du drame. Et les cris de douleurs résonnaient également, les miens, ceux de Henri. Les ricanements des hommes aussi … Au moins un en plus de mon agresseur. Deux ordures qui m'avaient arraché ma vie.

La main de Messire de Kerouac ne me fit pas réagir, ne me fit pas sortir de mon état de souffrance. Il m'était impossible de bouger. J'avais si mal, si peur. Mes mains portées à mon crâne semblaient vouloir m'arracher les cheveux, la tête, pour ne plus rien entendre, ne plus rien voir … Ne plus être, tout simplement. Je voulais m'endormir, ne plus me réveiller ou alors en ayant tout oublié. J'aurais voulu que jamais Lady Boldwin ne fasse appel au prévôt pour cette affaire. Ainsi tout aurait été encore normal, juste comme avant. Mais malheureusement ma vie allait être de plus en plus douloureuse, j'en étais certaine.

La voix du prévôt parvenait jusqu'à moi sans pour autant me faire réagir. Aucun mot, aucun son ne parvenait à franchir la barrière de mes lèvres. J'étais vide, sachant seulement pleurer toute ma douleur. C'est donc telle une poupée de chiffon que je me laissais faire, redresser par cet homme qui était mon seul appuie à cet instant précis. Réfugiée dans ses bras, blottit contre son corps, je ne pus cependant mettre fin à mes pleurs. J'avais besoin d'évacuer. Mes mains s'agrippèrent presque avec force au corps du prévôt, comme pour ne pas sombrer plus, me raccrocher à lui me semblait être une question de survie.

Il m'aura fallut quelques longues, très longues secondes pour me calmer un peu. Alors mon corps se détacha très légèrement de celui de prévôt, mon visage était rougi par les larmes et la gêne. Du revers de ma main j'essuyai mes larmes, reprenant mon souffle.

- J'avais un frère, Henri. Il a … il a été battu à mort. Lady Boldwin m'avait dit que quelqu'un avait été retrouvé en même temps que moi, mais si défiguré qu'il fut méconnaissable. Mais il s'agissait de mon frère, j'en suis certaine.

Mes yeux glissèrent sur ma main, nue de bague. De nouvelles larmes se mirent à couler en silence. Et d'une voix brisée je repris.

- Je crois … je crois que j'étais mariée. Je portais une sublime bague que seul un homme de bonne famille aurait pu m'offrir. Je crois … je crois que ça n'était pas un hasard. J'ai l'impression que tout ceci avait été préparé. Je n'ai pas de preuves mais je le sens au fond de moi.

Mon regard croisa rapidement celui du prévôt.

Ce qu'il m'a fait vivre il y a quelques semaines n'était rien comparé à ce qu'il m'a fait la première fois. La prochaine fois il parviendra à ses fins.

Imaginer qu'il puisse y avoir une troisième fois me terrorisait. Pour ne pas fondre en larmes je dus baisser à nouveau les yeux, prenant ensuite une grande inspiration. Mes bras s'enroulèrent instinctivement autour de mon corps, maigre rempart face au monde.

- Lady Boldwin ne doit pas savoir ...

J'avais peur en effet, pour moi, mais aussi pour elle. Je ne haïssais pas cette femme, au contraire, elle m'avait sauvé la vie. Je ne savais pas ce qu'elle avait fait pour moi. J'ignorais d'ailleurs que le corps d'une femme défiguré, méconnaissable, avait été posé à la place du mien. Je ne savais pas que ma vraie famille me pensait morte, que j'avais été enterrée. J'ignorais tout et les Boldwin s'étaient enlisés dans les ennuis.
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MessageSujet: Re: Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac}   Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac} EmptyLun 11 Avr - 20:11

Je viens d’un coup de comprendre une chose importante. Les Bolwins ont un peu triché avec Rose. Une femme mariée de bonne naissance, cela ne disparait pas comme cela de la surface de la terre. Son mari a du la faire rechercher ou alors, si il y a eu corps de retrouvé, il ne sera pas sorcier de savoir qui est la véritable Rose Blondin. Quelque part, je les comprends. La jeune femme est belle, bien éduquée et ayant perdue toute mémoire et est, dans le dur office qui est le sien, une sorte d’employée idéale.

Je suis un des seuls à présent à connaitre la vérité. C’est un élément précieux qui me permettra sans nul doute d’accroitre mon influence sur le couple maléfique. Ou alors de laver mon âme déjà bien sale en disant la vérité. Ou de garder cela au tréfonds de mon âme, comme un secret que je serais seul à détenir.

Reste le souci de l’assassin. Le hasard a voulu que Rose se retrouve sur sa route et qu’il se rende compte qu’il a raté son contrat. Ce qu’il allait faire à présent risquait de changer bien des choses. Outre le fait qu’il n’en resterait pas là, le simple fait qu’un homme soit au courant de qui était Rose présente un danger pour la belle.

Toujours mon regard fixé dans les iris de la demoiselle, je tache pourtant de la rassurer. Etrangement je suis sincère dans ce que je fais. Une force nouvelle semble me motiver à me montrer plus humain que je ne l’ai jamais été. Je sais pourtant au fond de moi que cela peut causer ma perte. Je n’ai de crédibilité qu’en me montrant cruel…

Il serait amusant de voir un être comme moi sombrer à cause du seul acte désintéressé qu’il ferait dans sa vie. Même le rachat du contrat d’Anne-Lise était intéressé, puisque c’était dans le seul but de la garder pour moi et moi seul.

Mon regard balaye une nouvelle fois le paysage. Je dois dans l’immédiat prendre une décision, chose que je ne tarde pas à faire :


Bien madame Boldwin n’en saura rien, n’ayez crainte. Ce qui s’est passé ici restera notre secret tant que vous le déciderez.

Promesse dans le vent ? Même pas. Pour le moment je n’ai aucun intérêt à dévoiler cette carte et quand bien même je le ferais, à mouiller Rose dans cette histoire. Mon sourire se veut rassurant à son égard tandis que je continue à échafauder nombre de théories. Regarder les rapports de l’époque, chercher un certain Henri dans les morts ou blessés de l’époque sera fastidieux mais cela dévoilera une partie du mystère de l’agresseur de la demoiselle.

Plus j’avance dans cette enquête, plus celle-ci est intéressante. Un proche est peut être le commanditaire de cette triste affaire. J’ai droit, par contumace de par ma charge à une part de la fortune de tout condamné pour crime grave. Un homme capable de louer les services d’un spadassin expérimenté ne peut qu’être riche de toute façon. Ainsi je satisferais tout le monde.

Doucement j’aide la jeune femme, lui offrant mon bras pour se redresser et avancer vers la direction de ma calèche. Il va être temps de repartir et de la ramener dans le lieu où elle sera le plus en sécurité, ce manoir où elle vend son corps pour quelques pièces.

Suis-je différent, moi qui vend mon intégrité régulièrement en acceptant nombre de pots de vin ?

Le soleil se couche doucement. Bientôt le noir manteau de la nuit recouvrera la capitale et les monstres sortiront de leurs antres pour en arpenter les pavés. Parmi ceux-ci ma proie et le temps est compté pour le retroiver et le capturer.

Reste une question. Le point pour lequel je vais faire entorse à mon égoisme habituel, le cadeau que je fais à cette demoiselle au passé brisé :


Rose… Si jamais je découvre qui vous etes…. Voulez-vous le savoir réellement ? Vous n’êtes pas mal lotie chez les Boldwins et vous avez commencé nouvelle vie. Le choix de vous retourner éclaircir les brumes de votre passé est votre mais vous pouvez aussi vous concentrer sur l’avenir.

La proposition est faite. Avant de monter dans le véhicule, j’attends la réponse de celle-ci… Une réponse qui influera de manière irrémédiable son avenir.
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MessageSujet: Re: Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac}   Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac} EmptyVen 15 Avr - 7:07

Les images, les souvenirs, me terrorisaient. La présence de Messire de Kerouac était rassurante mais pas assez pour me calmer. Je tremblai sans pouvoir m'arrêter et luttai pour que mes larmes cessent de couler. Je devais me ressaisir car nous allions devoir rentrer sous peu. Lady Boldwin ne devait pas me voir dans un tel état. Même s'il était normal d'être perturbée en parlant de mon agression, mais là c'était pire, bien plus douloureux. Il ne fallait pas qu'elle se doute de quoi que ce soit, autant pour moi que pour le prévôt à qui elle faisant confiance. Moi aussi je lui faisais confiance, il faisait déjà beaucoup pour moi. Personne auparavant ne m'avait permis de fouiller ainsi mon passé, personne ne m'avait ouvert cette porte. Était-ce un bien ou un mal ? Aucune idée. Il était trop tard pour faire marche arrière. Je comprenais que ma disparition était mystérieuse. J'avais été une fille de bonne famille, ou du moins j'avais visiblement été mariée à un homme d'un bon rang. Pourquoi n'avais-je pas été recherchée ? A moins que mon époux avait organisé tout ça … Mais dans le cas contraire quelqu'un avait bien du vouloir me retrouver. Comment les Boldwin s'y étaient-ils prit pour que personne ne se soucis de moi ? J'avais beau apprécier Lady Boldwin, mais des tonnes de doutes envahissaient mon esprit à son sujet, au sujet de ma disparition. Et elle ne devait pas s'apercevoir de quoi que ce soit. Le prévôt de Police devait se taire, ne rien révéler à ma patronne.

Mon ventre fut noué jusqu'à ce qu'enfin Messire de Kerouac prit la décision que tout ceci resterait entre lui et moi, notre secret, jusqu'à ce que je décide de tout révéler, ce qui à mon avis n'était pas prêt d'arriver. Mais j'étais soulager, cela du se lire sur mon visage.

- Merci Monsieur … Merci ...

Trop de choses de choses se bousculaient dans mon crâne et j'avais toujours peur pour ma vie, si ce n'était plus qu'avant. Je ne devais pas encore avoir peur des réactions des Boldwin. Chaque chose en son temps, je me devais d'abord d'éclaircir le mystère de mon passé, de ma disparition.

Ma main glissa au bras du prévôt, lui adressant un sourire sincère de remerciement. Ensemble nous nous dirigeâmes vers sa voiture où nous étions attendu en silence. Le soleil se couchait doucement, la nuit allait commencer pour moi. J'allais vendre mon corps, j'allais devoir me forcer à oublier tout ça pour quelques heures et être une maîtresse parfaite, comme toujours. Aux portes de la voiture, le prévôt s'arrêta, posa son regard sur moi. Sa question me fit frémir, me fit douter. Voulais-je savoir qui j'étais ou voulais-je simplement avancer ?

- Je crois qu'il est trop tard pour faire comme si rien ne s'était passé. Trop tard pour revenir en arrière. Même si … même si j'ai peur, je dois savoir qui j'étais. Comment pourrais-je m'épanouir avec toutes ces questions, ces doutes ? Mon regard humide de larmes se figea dans le sien. Je veux découvrir la vérité. Alors ne m'épargnez pas je vous en prie, mais juste lorsque vous serez sur et certain de qui j'étais.

Mon choix était fait. Je ne voulais pas qu'il me fasse par de ses hypothèses. Je voulais être informer au moment même où il serait sûr, où nous pourrions enfin mettre un vrai nom sur mon visage, pas avant, pour ne pas me faire de fausses joies, de fausses idées.

Nous reprîmes places dans la voiture, l'un en face de l'autre, en silence. Le paysage défila à nouveau doucement devant nous. Je réfléchissais toujours et encore …

- Pourquoi personne ne m'a cherché jusqu'ici ? Si j'étais mariée, ou même fiancée, pourquoi l'homme que j'aimais n'a rien fait pour me retrouver ? Nous sommes aux portes de Paris, les choses ne passent pas inaperçu par ici ...

Je réfléchissais à haute voix. Les réponses pouvaient être si nombreuses. Au fond de moi j'étais persuadée que le prévôt se posait les même questions que moi. Tout ceci était tellement étrange. Mais je devais oublier, pour le moment. Mes mains frottèrent doucement mes yeux, chassant toutes les larmes restantes. De mes mains j'époussetais ma robe, recoiffais légèrement ma chevelure. Je devais être présentable en arrivant au Manoir.

- Comptez-vous rentrer ou passer la nuit au Manoir Messire ? Je me rendis alors compte que cela ne me regardait pas, je me mis à rougir. Pardonnez moi, je suis trop curieuse. Mais sachez que malgré tout mon offre tient toujours. Je saurais vous remercier. Vous … vous êtes quelqu'un de bon, à mes yeux en tout cas. Vous avez vos vices, vos démons, mais aujourd'hui vous m'avez été d'une grande aide Messire, je me suis sentie en sécurité à vos côtés, cela fait longtemps que je ne m'étais plus sentie ainsi.

La peur était devenue une habitude, les bruits, les voix, les odeurs. Je parvenais à tout intérioriser, à ne rien montrer. Avec Messire de Kerouac j'avais pu faire tomber le masque et sa présence s'était voulu rassurante, protectrice. Ce fût très agréable.

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Loïc de Kerouac
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MessageSujet: Re: Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac}   Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac} EmptySam 16 Avr - 11:29

Les rues se sont vidées alors que nous rentrons. Il ne faudra guère de temps à mon carrosse pour nous conduire au manoir. Rose a pris sa décision, celle d’en savoir plus sur un passé qui n’existe plus en sa mémoire. Toujours souriant, j’approuve son choix même si je sais que les Boldwins n’approuveront pas. Rose leur rapporte à mon humble avis de nombreux écus et le simple fait de savoir qu’ils risquent de la perdre à cause d’un mari jaloux… Sans parler des autres répercussions…

Je sais, je protège le coupe diabolique mais mon pouvoir, bien que grand a des limites. Si Rose est la femme légitime de quelque noble ou bourgeois, je ne pourrais m’opposer à ce que sa famille légitime la récupère. Il y a des choses pour lesquelles la corruption a des limites. Les questions de la jeune femme m’interrogent aussi, je me pose les mêmes….

Pourquoi sa disparition a-t-elle passé inaperçu ? Je ne vois que deux options, aucune n’étant vraiment très rassurante mais qui me paraissant plus logiques. Me renfonçant dans le banc de cuir, me voila fixant la jolie Rose. Je dois être franc avec elle :


Il y a plusieurs options… il est possible qu’on ai fait croire à votre mort. Il y a assez de pauvres hères en cette ville pour qu’une substitution de cadavres soit possible. Si votre assassin s’est rendu compte du souci, peut être a-t-il procéder ainsi…. La seconde option…

Je m’interromps. La seconde option est sans nul doute la plus inquiétante et j’hésite à en parler. Mais je lui dois la vérité, je l’ai promis. Alors d’une voix plus douce, je repars dans mes explications, guettant tout signe sur le visage de mon interlocutrice :

L’autre option c’est que c’est votre époux ou votre famille qui ont voulu vous faire disparaitre. Cela expliquerait le manque de recherches à votre égard. En un tel cas le manoir reste pour vous l’endroit le plus sur.

Le manoir. Cette bâtisse dessine son ombre au loin. Dans quelques minutes nous serons arrivés et je réfléchis déjà à la version que je vais donner aux Boldwins. Rose me pose alors la question : Resterais-je ou au contraire est ce que je rentrerai chez moi pour affronter une nouvelle fois ma démone personnelle, tentatrice responsable de la perdition de mon cœur ?

J’hésite. Cela ne me ressemble pas d’avoir peur. Rose est bien mignonne et je ne doute pas que les clients doivent se succéder pour bénéficier de ses attentions. Je repense à aujourd’hui et je me rends bien compte que cette nuit sera rude pour elle…

On dit que les actes bons sont parfois récompensés. Il est temps de vérifier cette théorie. Le véhicule s’est arreté dans la rue face au manoir et je prends ma décision :


Et bien, je crois que le mieux pour vous est de vous reposer ce soir et de ne pas voir trop de clients. Je vous louerais donc pour la nuit, nous mangerons dans une des chambres, discuterons et autre et je vous quitterais pour rentrer, vous laissant du temps pour vous remettre.

Voila. Comme cela je serais rentré en ma demeure tard et je ne laisserai pas Rose dans la détresse de devoir affronter des mains inconnues sur elle. Une étrange impression de gêne m’envahit alors. Jusqu’à ma rencontre avec Anne-Lise, je ne m’étais jamais posé la moindre question sur le vécu des filles de la maison. Je payais, elle ouvrait les cuisses…

A présent c’est différent. Sortant du carrosse je tends la main à la demoiselle. Oui, laisser Rose avec certains clients ce soir n’est pas une bonne idée….


Menez-moi à la chambre de votre choix et faite commander un repas pour deux. Un peu de vin aussi, je crois que vous en avez besoin…


Aujourd’hui Rose a été confronté à son passé. Un passé qui rode quelque part dans cette ville, une sinistre vérité qui peut la broyer à tout jamais. Elle a besoin de se remettre…

Je rentrerais plus tard simplement.
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MessageSujet: Re: Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac}   Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac} EmptyLun 18 Avr - 16:45

Je ne pus qu'apprécier la franchise du prévôt. Il ne m'épargnait pas en répondant à mes questions, à mes doutes. Il trouvait mon histoire étrange, autant que moi si ce n'était plus. Il était possible que quelqu'un ait voulu faire croire à ma mort, que mon corps ait été remplacé par un autre. Mais qui aurait pu faire ça, mon agresseur ? Il semblait pourtant étonné de m'avoir retrouvé … Mon époux ? Ma famille ? Avaient-ils voulu me faire mourir, se débarrasser de moi ? Quelque chose clochait, j'en étais persuadée. Les Boldwin n'auraient pas du me retrouver et si quelqu'un s'était réellement intéressé à ma disparition … Il n'y avait pas de corps, j'étais là, bien vivante et … Bon sang, tout se mélangeait dans ma tête et dans mes tempes, mon sang se mit à battre bien trop violemment. Il fallait que je cesse de me tourmenter, j'en avais déjà trop fait pour la journée. J'étais épuisée, non pas physiquement, mais psychologiquement. Toutes ces interrogations, ces doutes et peurs ne pouvaient pas me faire du bien. Je devais me vider la tête, ne serait-ce que pour la nuit.

Seulement ma nuit je la connaissais d'avance. Une nuit comme les autres, à offrir mon corps aux hommes, plus rarement aux femmes. Des hommes payant pour nous avoir comme maîtresse d'une heure, parfois plus d'ailleurs. J'allais être la femme qu'ils désiraient, écarter mes cuisses, subir leurs assauts, laisser mes lèvres glisser sur leurs corps. J'allais être moi, une fille de joie appliquée, seulement je n'avais pas la tête à ça. Je savais d'avance que je n'allais pas me montrer suffisamment performante, que cet entretien avec le prévôt de police m'avait bien trop marqué. Et quelque part j'osais espérer que ce dernier éprouve l'envie d'être récompensé. Quelque part je n'avais pas envie de le quitter. C'était étrange, mais bel et bien éprouvé. Il était une sorte de bouée à laquelle je venais de m'accrocher, le seul à en savoir autant sur le passé, le seul qui avait su me rassurer. C'était stupide, j'en étais consciente. Pourtant je ne pus m'empêcher de lui demander s'il comptait rester au Manoir. Sincèrement, s'il comptait y passer du bon temps, j'aurais voulu qu'il le passe avec moi. Oui c'est vrai, je ne connaissais pas grand chose de ses mœurs, de ses envies et j'évitais de trop me fier aux rumeurs. Mais il savait maintenant que j'étais importante aux yeux de Lady Boldwin, il ne prendrait certainement pas le risque de fâcher Madame en me faisant du mal. Et, naïvement peut-être, je le croyais incapable d'être réellement mauvais avec une femme.

Nous approchions du Manoir, je reconnaissais le bâtisses en observant à travers la vitre. Mon ventre était entrain de se nouer. Pour l'une des premières fois de ma ''vie'', je craignais de rentrer chez ''moi''. J'avais peur d'affronter Lady Boldwin, peur de me retrouver seule aussi, de tomber sur un fou … Peur de tout, même des mots que Monsieur de Kerouac s'apprêtait à prononcer et pourtant … pourtant. Mes yeux s'agrandirent, choquée, surprise. Étais-je entrain de rêver. Visiblement non. Il me proposa de louer une chambre pour la nuit, ce qui n'était pas donné même s'il devait certainement avoir des prix au Manoir. Une chambre rien que pour nous, dans laquelle nous pourrions diner, discuter ou tout autre. Il voulait que je sois en sécurité, que je me sente bien, que je puisse me reposer. Il est vrai, je n'aurais pas pu enchaîner beaucoup de clients cette nuit là, je ne me sentis pas assez forte pour ça.

Je fus si touchée que des larmes se mirent à perler aux coins de mes yeux. Personne, à part les Boldwin, ne s'étaient donnés la peine de prendre soin de moi. Certains clients se montraient tendres, prévenant, m'offrant parfois des cadeaux. Mais ce que le prévôt voulait faire était bien plus grand que tous les cadeaux qu'on m'avait offert jusque là … Une nuit de repos qu'il allait me payer, ne s'attendant pas forcément à avoir mon corps en contre-partie.

- C'est … Messire vous n'êtes pas obligé de faire cela !

Je fus terriblement gênée, ayant l'impression d'abuser de lui, de son temps, de son argent. Pourtant il semblait sérieux. Et lorsque le carrosse s'arrêta, Messire de Kerouac en sortit, me tendant la main pour m'aider à sortir. C'est en rougissant, le regard brillant, que je la lui tendis, quittant la bulle qui m'avait abrité jusqu'ici. A nouveau il confirma son intention. J'allais devoir le mener à la chambre de mon choix, faire livrer un repas pour deux, ainsi que du vin. Une soirée rien que lui et moi … J'étais abasourdie.

- Très bien Monsieur. Suivez moi, dis-je avec un sourire sincère.

Ensemble nous fîmes notre entrée dans le Manoir. La Gouvernante de service ce soir là fut ravie de nous voir.

« Monsieur le Prévôt, bienvenue. Puis-je vous amener au ... »

- Monsieur de Kerouac passera la nuit avec moi. L'Orient est-elle prête ?

« Oui … Oui elle est libre. »

Une nouvelle Gouvernante, qui ne s'était certainement pas attendue à ce que je lui coupe ainsi la parole. Et moi, je venais de prendre les choses en mains, même si j'étais rarement froide avec le personnel. Mais là je n'avais pas envie de parler, je voulais me reposer, tout simplement.

- Parfait, la chambre ne sera plus disponible pour aujourd'hui. Faites, je vous prie, monter deux plats du jour ainsi que du vin à la chambre. Lady Boldwin sera également rassurée de savoir que je suis rentrée, avec Monsieur de Kerouac.

Avec une telle information donnée à Lady Boldwin, j'étais certaine qu'elle ne viendrait pas me voir avant le lendemain. Elle allait laisser le prévôt tranquille pour la nuit. La gouvernante s'éclipsa après avoir saluer le prévôt. Un soupire s'échappa de mes lèvres.

- Veuillez excuser ma froideur … Je n'ai simplement pas envier de perdre du temps ici et de croiser Lady Boldwin.

Ensemble nous montâmes les marches pour gagner l'étage puis la chambre ''Aux plaisirs d'Orient''. La bougie fut allumée devant la porte, signe que la chambre était réservée. J'invitais le prévôt à entrer, fermant derrière nous, à clé. Quelques bougies étaient déjà allumées, prêtes à s'éteindre. C'est tout en allant les changer que je pris la parole.

- Vous n'êtes pas obligé de faire ça Monsieur. Je m'en veux sincèrement à l'idée de vous faire dépenser vos sous. Mais vous semblez sûr de vous, alors j'espère vous faire passer une agréable nuit.

Les bougies furent toutes allumées. Mon regard brillait d'admiration face à cette chambre somptueuse. Les tentures, les coussins, les couleurs chaleureuses, tout ici me mettait à l'aise.

- Le repas devrait arriver sous peu. Je vous prie de m'excuser quelques instants, je vais aller me rafraîchir.

Chaque chambre importante avait une pièce annexe, dont la porte était cachée dans les murs. Une petite salle d'eau pour que les clients et les filles puissent se rafraîchir. Après une petite révérence, je m'y rendis, ne refermant pas complètement la porte derrière moi, toujours à l'affût du moindre bruit. Dans le miroir je pus contempler mes traits tirés, mes yeux légèrement bouffis. Mes mains plongèrent dans l'eau fraîche, la jetant sur mon visage pour le réveiller, sur mon décolleté. Moins de cinq minutes s'étaient écoulées, me permettant d'être plus fraîche, plus présentable. Lorsque je déposai la serviette son support, quelqu'un frappa à la porte, le dîner venait d'arriver.

Je laissais Messire de Kerouac ouvrir, retrouvant ma place dans la chambre. Attendant que la domestique installe le tout sur la table pour deux qui trônaient dans un coin de la pièce, près de la fenêtre. C'est en silence, laissant vin et repas, qu'elle nous quitta. Pour le coup j'étais mal à l'aise. Devais-je le traiter comme le prévôt ou comme un client ? Je n'étais plus sûre de moi, pourtant sa présence m'était toujours agréable.

- Je … Je suis désolée, je ne parviens pas à savoir ce que vous attendez de cette nuit Messire. Je ne sais guère si je dois vous considérer comme un simple client ou comme … je ne sais pas.

Je me sentis terriblement idiote. Le pauvre allait finir par regretter.
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Loïc de Kerouac
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MessageSujet: Re: Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac}   Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac} EmptyMar 19 Avr - 15:29

Pas obligé de faire cela... Effectivement je ne suis en rien forcé de faire ce que je fais, d'accorder à la demoiselle ce moment de tranquillité. Je peux la laisser exercer son office, laisser quatre ou cinq clients se délecter de ses charmes et rentrer chez moi profiter de ma soirée. A une époque cela ne m'aurait guère gêné plus que cela. Je crois que je me serais même offert le plaisir d'être le premier à user de ses charmes de la nuit. Mais j'ai changé, je me suis rendu compte qu'au fond de moi, je peux parfois éprouver autre chose que du vice.

Il est temps pour nous de quitter la calèche. Ma présence ce soir ne choquera pas. Le manoir est pour moi comme une seconde demeure, un lieu où je suis accueilli avec les honneurs du à mon rang. J'ai la chance d'être assez fortuné pour m'offrir ce qu'il me plait. Je souris donc lorsque pénétrant en les lieux, je laisse ma compagne traiter les détails comme si ces derniers viennent de moi. La gouvernante sait qu'il ne faut pas me contrarier mais sans doute ne s'attend-elle pas de la part de la jeune femme qui m'accompagne.

L'Orient. Bon choix, c'est là ma chambre préféré, sans doute parce qu'elle me rappelle des souvenirs de mon passé dans les colonies. Les senteurs épicées, l'encens et je ne sais combien d'autres souvenirs m'assaillent à l'idée de passer un moment là bas. J'ai vu des palais splendides, que l'on croirait sorti des contes des mille et une nuit, des princesses sauvages et libérées s'abandonnant en mes bras musclés. Même si je suis heureux de vivre en France, cette époque me manque un peu... J'imagine un instant Anne-Lise en tenue de danseuse orientale et cela m'excite je dois dire. Mais ce soir... Je ne suis pas au manoir pour prendre un du que j'ai payé.

Rose a fini de traiter avec la gouvernante. Elle s'excuse à mon égard de s'être montrer froide avec la gouvernante et je ne peux m'empêcher de rire doucement à ces mots. Dieu qu'elle est innocente... Je comprends de plus en plus pourquoi les Boldwins veulent garder telle perle en leur possession. Les ingénues, surtout lorsqu'elles sont jolies et capables de satisfaire un homme sont un fantasme répandu en la gente masculine:


Ne vous excusez pas ma chère. Je comprends tout à fait votre situation. A présent allons-y, on ne nous dérangera pas dans l'intimité de la chambre.

Nous voilà montant les marches de bois en direction de la chambre. Je connais le trajet par cœur, étant un habitué de la maison mais je laisse Rose prendre les choses en main, préparer la pièce en changeant les bougies. M'installant confortablement sur un des tas de coussins de la pièce:

Ma décision est prise, ne vous en faites pas. Prenez votre temps pour vous apprêter et vous rafraichir.

Qu'est ce que je fais ? Un acte bon pour oublier que je suis un être pitoyable incapable d'avouer son amour à une femme ? Une crapule qui s'enrichit aux dépends des gens honnêtes ? Peut être ai-je l'impression que de me montrer bon une fois dans ma vie me sauvera. Rose partie, je laisse échapper un soupir de mes lèvres. Je retarde le moment de rentrer chez moi, le moment où j'affronterais un certain regard...

Perdu en mes pensées, j'entends juste qu'on frappe à la lourde porte de bois, ultime frontière entre l'Orient et l'Occident. En quelques pas je rejoins l'entrée et j'ouvre à une servante qui se charge d'installer plats et vins sur la table prévue à cet effet avant de sortir. Rose, elle, est revenu plus fraiche qu'auparavant même si le poids de ses soucis se lit sur son visage. Elle semble gêné et il est vrai que l'incongruité de la situation a de quoi surprendre. Elle ne tarde pas d'ailleurs à me questionner sur le rôle qu'elle doit jouer dans cette pièce.


Et bien... Je cherche mes mots un instant tandis que je l'observe à la lueur des bougies. Il serait si simple de revenir en arrière de lui dire d'écarter les cuisses comme une bonne catin et de faire ce que je dois faire. Mais ce n'est pas ce que j'ai décidé. Je fouille ma bourse et je sors un à un les écus d'or, le prix de la chair de la demoiselle pour la nuit, les alignant sur la table devant elle.

Et bien... Disons que je vous offre cette nuit. Considérer moi comme un homme que vous avez invité le temps d'un repas et non comme le prévôt ou un client. Nous mangeons, discutons et après... Cela dépendra uniquement de vous et de votre désir de vous reposer. Alors considérer simplement que je vous offre cette nuit, une nuit où vous serez votre propre maitresse et non soumise à des clients...

J'offre à Rose un goût de liberté dans son existence bien rangé. M'asseyant devant le plat fumant j'hume celui-ci délicatement. La cuisine du manoir est plutôt de bonne qualité, nombre de clients appréciant les encas entre deux performances.

De la sole meunière... J'ai toujours aimé le poisson.

La conversation peut paraître banale mais je suis sur que c'est une nouveauté pour Rose. La plupart des clients ne parlent pas ou alors en général c'est pour éructer des insultes ou des vulgarités? M'emparant de la bouteille je rempli les verres et lève le mien en un toast.

A cette nuit Rose et qu'elle soit comme vous le désirez.

Reste à savoir ce qu'elle fera de mon cadeau. La liberté fait parfois peur. Dans la csemie obscurité de la pièce j'observe ses yeux. Peur, joie, que vais-je lire dans le miroir de l'âme que sont ses iris ?
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MessageSujet: Re: Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac}   Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac} EmptyMar 10 Mai - 11:23

Il fallait l'avouer, nous étions toutes de très bonnes comédiennes. Nous étions les fantasmes de nos clients, celles qu'ils désiraient avoir sous leurs draps. Rarement nous parlions de nous, ne notre vie passé, de nos goûts. Les clients ne voulaient pas -en général en tout cas- savoir qui nous étions et ce que nous aimions, ils venaient à nous pour nos corps et non pas pour nos cœurs ou nos cervelles. Et même entre fille il était rare de parler des petites choses de la vie, de ce que nous aimions ou non. Car nous savions qu'ici nous étions privées de tout, ou presque. Parler, se souvenirs, s'était se faire du mal avant tout. C'est comme imaginer de l'eau fraîche couler dans notre gorge lorsque l'on est assoiffé … mais qu'on ne peut pas boire. En réalité, en arrivant ici, nous devenions des femmes sans vies. Nous devions, pour notre bien, tout oublier. Par chance, je n'avais plus rien … même si les souvenirs commençaient à remonter.

J'étais intimidée, mal à l'aise. Je ne savais pas ce que le prévôt attendait de moi. Il m'offrait bien trop et je m'en voulais d'avoir légèrement insisté pour qu'il vienne au Manoir. Sa présence m'était rassurante, réconfortante même et j'aurais eu beaucoup de difficulté à me perdre dans les bras de mes clients cette nuit là. Mais il n'avait pas eu le couteau sous la gorge, il aurait très bien pu refuser ma présence, refuser de payer pour moi … Oui je me rassurai comme je le pouvais. Mais j'avais besoin de savoir ce qu'il désirait. Après tout … le Prévôt était un client fidèle du Manoir, je n'aurais donc pas été étonnée qu'il s'attende à plus de moi, plus qu'un repas et une compagnie.

J'avais peur. Peur de devoir être moi. Peur de ne pas avoir à jouer un rôle.
Car c'était là ce que je faisais de mieux.

Les joues rougissantes, le regard un peu fuyant, je sentis le regard du prévôt sur moi. Qu'il me prenne pour une sotte ne m'aurait même pas blessé. Mais ce regard n'avait rien d'accusateur et me fit rougir d'avantage. Il voulu me rassurer, me détendre, en disant que cette soirée était réellement la mienne. Je ne devais pas le considérer comme un client ou comme le prévôt, ni même me considérer comme une Ribaude. Nous étions deux jeunes gens qui dînaient ensemble, la suite dépendait de moi, simplement de moi. Pour une fois depuis trop longtemps, j'étais maîtresse de ma nuit. Il m'offrait un avant goût de liberté.

Mon regard s'attarda sur les pièce qu'il avait déposé sur la table, bien alignées, brillant à la lueur des bougies. Le prix de la liberté … Je pris les pièces pour les ranger. Les questions d'argents mettaient parfois mal à l'aise et je préférai m'en débarrasser rapidement. Quant à lui, tranquillement, il s'installa à table. Je le suivis de près. Le repas sentait terriblement bon, il était fortement appétissant. J'avais beau être une petite mangeuse, toutes ces émotions m'avaient donné faim. Je souriais, encore gênée, lorsqu'il versa le vin dans nos verres pour trinquer. Un sourire sincère glissa sur mes lèvres lorsque mon verre se cogna doucement au sien.

- A cette nuit, en charmante compagnie.

Je portai le verre à mes lèvres laissant l'alcool glisser sur ma langue, chatouiller mon palais. J'évitais de boire, sauf lorsque les clients le désiraient. Mais ce soir … et bien il s'agissait de mon soir, je pouvais donc me le permettre. Je reposais mon verre, m'emparant de ma fourchette et de mon couteau.

- Bon appétit Messire.dis-je en plongeant mon regard dans le sien.

Une première fourchette … ce fût délicieux. Nous n'avions pas de repas aussi bons, même si nous mangions relativement bien. Les grands plats étaient réservés à nos clients. Je ne pus donc m'empêcher de soupirer tant j'appréciais les différentes saveurs qui explosaient dans ma bouche.

- C'est un délice ! dis-je sincèrement. Je n'ai pas l'occasion de déguster un repas aussi bon tous les jours.

Une nouvelle bouchée … j'avais envie de l'entendre parler.

Parlez moi de Paris. Les rares fois où j'ai pu sortir, je n'ai pu profité de cette ville. Comment est-ce ? Avez vous déjà été à la cour du Roi ? Parfois je brûle d'envie de découvrir la ville, le monde …

La liberté avait un prix. Je n'étais pas encore prête et capable et de le payer. Parfois j'avais la chance de sortir avec un client, d'être conduite dans des réceptions. Je n'étais pas spécialement à l'aise avec les mondanités, la foule. Mais cela ne m'empêchais pas de brûler d'envie d'en apprendre toujours plus, de voir, toucher, sentir … je ne voulais pas être une sotte illettrée, j'avais soif d'apprendre. Je pouvais me nourrir, à travers les mots, si Messire de Kerouac acceptait de me faire rêver.


]HJ : Pas terrible désolée, s'il n'y a pas matière à répondre je changerai.]
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Loïc de Kerouac
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MessageSujet: Re: Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac}   Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac} EmptyMar 10 Mai - 16:18

Ce n’est pas pour rien que le manoir s’appelle le manoir des délices. Les plats qui nous ont été apportés sont pour nos papilles des mets délectables nous transportant dans des contrées lointaines. Je l’avoue, la gourmandise est aussi un de mes vices, même si il se trouve très loin derrière la luxure. Le vin que je goutte est un nectar digne des dieux, chaque bouchée du plat est un aller simple vers un paradis lointain.

Rose semble y prendre gout aussi .Je ne peux qu’approuver ses dires tout en la voyant à mon grand contentement se détendre. Elle n’a rien à craindre de moi, je ne la forcerais pas à écarter les cuisses, à subir mes assauts libidineux contre son gré…

Par contre et malgré que mon cœur soit occupé par une charmante blonde, j’avoue qu’honorer rose serait tout sauf déplaisant.

Bref, le problème n’est pas là. Nous mangeons et discutons comme de bon amis au restaurant. Je la regarde se régaler et me poser nombre de questions sur la vie à l’extérieur. Prisonnière du manoir, elle n’en connaît guère les extérieurs…


Ah Paris… Que dire si ce n’est que c’est la plus belle ville du monde. J’aime son architecture, j’aime me promener en ses rues bariolées et y vivre. Les marchés regorgent de produits, on y trouve les couturières les plus doués… Dans l’ombre certes, la pègre règne mais où serait le plaisir sans danger ? un jour vous deviendrez délicieuse et vous découvrirez par vous-même ce monde hétéroclite…


Je souris tout en finissant mon plat. La politique des Boldwins concernant les délicieuses m’a toujours surpris. Certes ce sont des femmes quottées mais à mon avis le couple diabolique fait une erreur en vendant leurs charmes à qui en a les moyens. Les faire choisir leurs clients, pousser les hommes à se battre pour elles redoublant d’efforts pour leur offrir des cadeaux à la manière des courtisanes leur rapporteraient sans doute plus. Enfin je leur fait confiance là-dessus…

Quand à la cour…. Ah Versailles… Il faut avoir vu une fois dans sa vie les fastes de ce lieu, avoir participé à un bal à la cour… J’ai eu cet honneur et j’en suis encore ébloui. Un jour ma chère ce sera votre tour. Je ne doute pas qu’il y ai dans la clientèle de ce lieu quelque noble qui faisant de vous sa favorite ne vous emmènerait pas là bas pour un moment agréable.

Je suis sincère. S’exposer au bras de belles jeunes femmes n’est en rien déshonorant et Rose y serait sans doute à sa place. Moi-même y ai emmené Anne Lise plus d’une fois. Je souris toujours, attendant qu’elle finisse à son tour son plat :

Et je vous fais la promesse que des que vous deviendrez délicieuse, si personne ne vous y emmène, je me porterais volontaire pour telle tache.

Promesse en l’air ? Non, même si je vais devoir jongler avec l’humeur de ma gouvernante et future épouse. Je ne doute pas pouvoir l’amadouer par quelque acte allant en son sens et je m’efforcerai de tenir cet engagement comme je le peux.

L’heure tourne et le repas est fini. Je lui ai promis que cette soirée serait la sienne et c’est ce qu’elle est. A nul moment, je ne lui ai donné le moindre ordre. J’ai payé son usage pour la nuit complète et cette nuit je lui offre car telle est ma volonté. Mes yeux croisent son regard et je lui souris :

Avez-vous bien diner ? Je l’espère…. Comme je vous l’ai dit, je vous fait cadeau de cette nuit. Vous avez besoin de vous délasser, de vous reposer avant de reprendre l’office qui est le votre. A présent si vous désirez que je prenne congé, n’hésiter pas à le dire…

Je me redresse, contournant la table pour saisir sa main dans la mienne, tout en continuant :


Quoique vous décidiez c’est votre choix… Alors qu’est ce qui vous ferait plaisir rose ?


Et suspendu à ses lèvres, sous la lumière tamisée de la pièce, j’attends sa réponse, prêt si besoin à m’éloigner si tel est le cas…
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Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac} _
MessageSujet: Re: Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac}   Rendez-vous, en toute discrétion {Messire de Kerouac} EmptyMer 11 Mai - 8:27

Je ne savais rien de ma vie d'avant mon accident. Peut-être avais-je été une femme aigrie et fort désagréable. Je m'étais construire, entièrement, devenant une bonne personne. Du moins c'était l'impression que j'avais. Je m'étais forgée un caractère, j'avais développé des goûts et des envies. J'aimais la musique et le dessin ; la nature et les animaux. J'aimais découvrir, encore et encore. Je rêve parfois de grands bals où je me rendais dans une sublime robe, comme celles que Lady Boldwin portait. Et même si je me sentais mal à l'aise au milieu de la foule, j'avais ces rêves, comme n'importe quelle femme je crois. Ici je n'étais pas réellement libre, je ne pouvais pas flâner dans les rues de Paris, pas seule en tout cas. Et n'ayant jamais de bonne compagnie pour sortir, ma peur m'empêchait de mettre le nez hors du Manoir, sauf lorsque j'y étais contrainte comme ce jour là.

Le prévôt, de part son statut et sa liberté, pouvait aller où bon lui semblait. Il devait connaître Paris mieux que n'importe qui, avait du se rendre dans de grandes réceptions, peut-être même était-il déjà allé à la cour du Roi de France. Cette pensée fit briller mes yeux de curiosité, comme une petite fille face à un somptueux cadeau.

Je n'avais pas envie de penser à moi et ma vie. J'avais envie de rêver. Je voulais que Messire de Kerouac me fasse rêver rien qu'avec ses mots. Alors lorsqu'il prit la parole, je fus suspendue à ses lèvres. L'écouter était un plaisir, premièrement car sa voix était des plus charmante, deuxièmement parce qu'il ne parlait pas pour rien dire. Avec ses simples mots je pus m'imaginer flânant dans les rues de Paris, m'amusant des produits vendus par les marchands, savourant les odeurs si variées … essayant de nombreuses robes de talentueux couturiers. Quelque part cette vie aurait pu me plaire, malgré le danger qui pouvait rôder dans les coins des ruelles. Peut-être avait-il raison … un jour la chance me sourirait et je deviendrai un Délicieuse renommée, alors ce jour là ma liberté se verrait devenir différente, j'aurais la chance moi aussi de parcourir la ville durant mes heures de liberté.

- Je crois que j'ai hâte que ce jour là arrive.

Un sourire glissa sur mes lèvres alors que je me remis à déguster mon plat. Ce soir là, je m'étais estimée chanceuse. Je dînais à ma faim, j'étais libre de tous clients, accompagnée par un homme que je trouvais réellement charmant et prévenant. Avec moi en tout cas. Entre deux fourchettes, Messire de Kerouac continua à me conter ses découvertes. Cette fois il me parla de Versailles. Souvent j'ai rêvé de m'y rendre, de découvrir au moins une fois ce monde si différent où les richesses étaient abondantes. Une fois au moins j'aurais voulu être traitée comme une Dame, non pas comme une catin. Un jour peut-être, comme il le disait, j'aurais la chance d'y aller. Certaines rares filles avaient eu cette chance en devenant la favorite d'un riche et influant homme. N'ayant que très peu confiance en moi, je m'imaginais difficilement devenir la favorite d'un tel client.

Terminant mon plat, tranquillement, je fus surprise par la promesse que le prévôt me fit. Mon regard plongea timidement dans le sien, je sentis mes joues rougir. M'imaginer à son bras, foulant les terres de Versailles ne pouvait que me rendre heureuse. C'était bien trop pour moi … trop d'honneur et de bonté. Et j'eus du mal à comprendre pourquoi il se comportait ainsi avec moi. J'étais touchée, flattée. Ce fut toujours en rougissant que je pris la parole.

- Ce serait un honneur pour moi de m'y rendre à votre bras. Un grand honneur. Vous êtes trop bon avec moi Messire.

Personne ne s'était donné autant de peine pour moi, personne n'aurait fait tout ce qu'il avait accomplit en une journée. Sa gentillesse, sa prévenance, me rassuraient terriblement. Mes peurs s'étaient envolées, seule ma timidité était encore présente. Mon regard sur lui était maintenant si différent. En le rencontrant j'avais eu le prévôt en face de moi, un homme de loi chargé de mon agression. A cet instant précis je n'avais ni le prévôt, ni un client à mes côtés … juste un homme attentionné, au charme frappant. Le genre d'homme que beaucoup de femmes auraient aimé avoir. J'ignorais ses éventuelles faces cachées, je m'en moquais.

Calmement, avec toute son élégance, il se leva et fit le tour de la table. Sa main s'empara de la mienne avec douceur, mon regard plongea dans le sien. Respectueux, il acceptait de s'éclipser et de me laisser seule pour le reste de la nuit. Il n'attendait rien de moi, si ce n'était que je prenne du plaisir, que je puisse me reposer.
Avec le repas et le verre de vin, la fatigue s'était évaporée. Je me sentais bien, presque totalement à l'aise. La soirée ne devait pas se terminer, je ne le désirai pas. Impossible de retourner à ma routine et ma solitude. Qsa compagnie était bien trop agréable.

Assise, je le contemplai en silence durant quelques instants, ma main dans la sienne.

-Je mentirai en disant vouloir être seule. Votre compagnie est très plaisante Messire. Rares sont les moments comme celui-ci et à vos côtés je me sens différente et respectée. Vous vous doutez que cela ne doit pas arriver régulièrement.

Avec grâce, je quittai ma chaise. Mon regard plongea timidement dans le sien. Pouvait-il voir mes joues rougir sous la lumière tamisée de la chambre ?

-Vous avez fait beaucoup pour moi en ce jour. Trop certainement et je vous en serais indéfiniment reconnaissante. Il serait égoïste de ma part de vouloir vous retenir trop longtemps ici. Vous devez certainement être fatigué ou avoir des occupations plus importantes. Alors si vous devez vous en aller j'aimerai vous demander une dernière requête, pour clore cette nuit en douceur ...

Je baissai les yeux, prise par une gêne immense. Ce que j'allais lui demander était très certainement déplacé et m'intimidait. Pourquoi voulais-je cela alors qu'un autre homme avait su marquer mon esprit comme personne ? Peut-être parce que la solitude me pesait et que la compagnie du prévôt m'était très agréable … Quoi qu'il en soit, ce fut le regard toujours baissé, la voix douce et hésitante, que je repris.

-Accepteriez-vous de m'offrir un baiser ?

Mon regard n'osa croiser le sien, se posa sur ses lèvres. Je pouvais comprendre qu'il refuse. Mais au fond de moi j'espérai qu'il accepte.


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