Il faut que je me calme oui je dois me calmer. Rester maître de moi même. Père rigolerait beaucoup s'il me voyait. Il me regarderait et me mettrait une bonne trempe. "Depuis quand on est pétochards dans la famille" m'assènerait-il d'un grand coup en me versant par la suite un coup de gnôle pour se faire pardonner de la baffe qui rougit encore ma joue. Je les imagine encore. Tout les deux. Au village, ma mère assise sur le banc qui attend que mon père revienne, le dos courbé par le poids du travail de la journée. Et je sais que c'est loin. Loin de moi très loin. Et pourtant, dans ma tête je les vois comme si je ne les avais jamais quitté.

Mais bien souvent. Dans ce décor sublime. Les embruns salés qui ramènent de la mer un gout frais et caractéristique, je sens encore le vent dans mes cheveux. Et je la vois. Elle. ses cheveux blond volent dans le vent et m’insufflent son parfum délicat. Je ne devrais pas je le sais. Je ne le devais pas et pourtant. Je connais son sourire par cœur et j'aimerai me perdre dans l'océan de ses yeux. Et pourtant ... je suis qui moi ... un pauvre bougre. Tombé amoureux d'une demoiselle inaccessible.

Ce petit mouvement ... régulier. Net et précis. Allez. Encore une fois. Ou deux peut être. Il faut mieux en faire trop que pas assez. Je m'affaire aussi rapidement que possible. C'est qu'il ne fait pas bien chaud ici. Un coup. Puis un autre. La sueur perle sur mon front et je sens mes muscles se raidir et mon dos commence à accuser le coup. Pour me donner du coeur à l'ouvrage. Alors que je sais qu'il n'y a personne ici. J'inspire profondément et

« Gortozet 'm eus, gortozet pell. E skeud teñval an tourioù gell » ma foi, la chanson est belle, elle chante en moi. Cet appel de la patrie cachée en mon âme me donne de la force. Une nouvelle fois. J'essuie la sueur d'un revers de main et soupire avant de me retourner vers le tas de bois qui m'attend encore. Je laisse la hache glisser entre mes mains caleuses et buter au sol avec un petit bruit sourd. Le pied traînant je vais chercher le reste de bûches à couper pour réchauffer le manoir. « E skeud teñval an tourioù gell. E skeud teñval an tourioù glav » je pose la bûche sur le socle et une nouvelle fois abat la hache dessus.

J'imagine que c'est un d'eux. Une de leurs sales pattes qui souillent mon rayon de lumière. La combinaison de la chanson douce mais puissante et les coups de hache dans ce pauvre bois qui subit mon courroux me permet de trouver un équilibre somme toute fragile puisque si je cesse de chanter, ou si je cesse de couper. Des images infernales viennent me hanter. C'est affreux. Et ça me fait mal en dedans. Comme si j'étais rongé par l'acide. Par un poison. Et ce poison, c'était bel et bien le manoir. Le décor ou se plantait notre histoire. Histoire juste dans ma tête. La princesse était violentée par le prince charmant, si encore il n'y en avait qu'un seul ... sous les yeux de la marâtre ravie. Et dans tout ça, qu'est ce qu'un pauvre petit domestique pouvait faire.

Ce coup fut légèrement trop fort et je manquais de perdre l'équilibre. Avisant la quantité de bois que j'avais déjà coupé, j'estimais que ça suffirait pour le moment, et si les Boldwin voulaient plus de bois, qu'ils m'envoient en couper à nouveau. Cet endroit désert tout autant que l'activité me plaisait. Et au moins, ma colère était utile. Dacryleinn ...

« C'hwi am gwelo gortoz atav ... C'hwi am gwelo gortoz atav » continuais-je à fredonner plus doucement alors que je rassemblais le bois et entreprenais de l'attacher ensemble.

Je ne sais pas où donner de la tête. Elle tourne, j'ai peur, mon ventre me fait horriblement mal, j'ai les mains mointes et le front brûlant. J'ai peur. Peur de donner à un homme la seule chose innocente qu'il me restait. Aujourd'hui a lieu mon dépucelage mais est-ce réellement un crime de dire que je ne veux point me laisser aller dans les bras d'un pur inconnu aujourd'hui ? Je veux vomir. Je ne peux tout simplement pas. J'ai refusé ce droit à Amon et me voilà ici, et même si je pense qu'il ne peut y avoir pire comme punition, je continue de croire que ce lieu me réserve des surprises.

Après tout, une fois que je ne serais plus vierge, je serais à la merci de tous les hommes qui voudront m'utiliser pour se vider. Je ne parle pas de plaisir, comment peut-on en ressentir dans un endroit tel que celui-ci ? Dans une situation telle que celle-là ? Ne mentez pas. J'entends et je vois. J'entends et je vois que ce n'est pas la joie d'être une de ces filles considérées comme faciles et bonnes à donner un orgasme ou à être punie si ce n'est pas le cas. Je ne suis pas idiote, je sais que la vie dans ce manoir est pas drôle. C'est même fatiguant. Fatiguant alors que je ne vis rien. Je ne veux rien vivre.

Dans les couloirs du manoir, j'avance la tête haute, n'adressant guère un regard aux personnes que je croise. Je me tère dans un silence dont moi seule ai la clé. Je ne veux pas leur parler même s'il le faut. Puis mon français est encore moyen. Enlevée de Russie pour être amenée ici, quelle drôle et triste histoire. Si seulement Père savait pour moi. Je suis certaine qu'il ferait quelque chose comme venir me chercher. Il m'aime alors je suis certaine qu'il le ferait, si seulement j'avais un moyen de lui faire part de tout ça. Puis mère... Je veux pleurer. Je veux pleurer mais je me retiens. Pleurer ne mènera à rien et je le sais. Ca ne me rendra que plus faible et je ne veux pas l'être. Je ne dois pas baisser les armes, je dois rester forte même si ce n'est pas tâche facile.

Un jour je partirais, vivante ou morte je m'en moque. Je sortirais d'ici coûte que coûte. Je m'arrête devant l'une des rares fenêtres qui donnent sur les jardins. Mon regard se pose sur Manec'h. A quoi pense t-il pour être si énervé ? Pense t-il à son ancienne vie ? Pense t-il à moi ? Je lui ai dis qu'aujourd'hui était le grand jour mais.. Mais je ne peux pas.

J'attrape les pans de ma robe et fais demi tour pour descendre les escaliers et arriver devant la porte qui donnait sur le seul endroit qui m'est accessible en dehors du manoir. Je replace bien mon vêtement et mes cheveux. Je dois être présentable pour l'homme que j'aime. Je soupire pour me donner du courage, je peux le faire. J'avance d'un pas lent puis je m'arrête à quelques mètres tandis qu'il attache le bois ensemble. Je souris et m'avance encore un peu vers lui.

« Vous travaillez bien dur pour un temps si agréable. Que vaux cette colère qui émane de vous ? »

La musique et les mots. Voila des choses qui m'apaisaient toujours. Et il fallait croire que j'avais besoin de calme. Aujourd'hui de tout les jours du monde. Aujourd'hui ... bon dieu aujourd'hui Darcy allait perdre sa vertu. Un malotru allait poser ses pattes dégoutantes sur elle. Et je ne pouvais rien y faire. Rien que la pensée de cette scène me faisait mal au corps. Chaque fois que j'imaginais le regard lubrique de ce "chanceux" posé sur ma belle un long poignard s'enfonçait dans mon cœur, y trifouillait pour en sortir et recommencer quelques secondes plus tard. J'étais perdu. Je ne voulais pas que ça arrive. Et pourtant c'était inéluctable. Autant que le soleil laisse place à la lune. Dès ce soir ma belle sera une femme. Je soupirais et reprenais l'ouvrage. A défaut de pouvoir faire quelque chose réellement pour la sauver, je pouvais me défouler sur ce pauvre bois qui en fin de compte n'avait rien demandé. L'air était frais et mordant. Et la haine habitait tout mon être. Une haine que seule cette chanson pouvait apaiser. Cette chanson que ma mère me chantais quand j'étais gamin. Alors ... je me mettais à chanter. Habituellement c'était le souvenir de son visage, de son sourire, qui m'aurait calmé. Mais là ... au vu de la situation, ça n'aidait en rien. Bien au contraire. Un autre que moi explorerait sa magnifique personne. Et ça me rendait fou. De jalousie certainement. De colère aussi bien entendu. Et surtout d'envie.

J'avais cessé de couper du bois, il y en avait assez pour le moment, et je me disais qu'il était préférable que j'en garde pour plus tard ... au cas ou la vision d'un client déflorant ma Darcy se faisait trop vive. Doucement fredonnant, je ne l'avais pas vu ou entendue arriver et elle me fit sursauter au point de laisser échapper le bois qui vint se répandre au sol. Je rougis immédiatement mes yeux passant au bleu clair comme à chaque fois que je la voyais.

« Vous travaillez bien dur pour un temps si agréable. Que vaux cette colère qui émane de vous ? » je souris puis balbutiais. Je n'étais pas capable d'aligner deux mots en sa présence. Enfin il me fallait beaucoup de concentration. « Oh heu Miss Darcy. Je ne vous avais pas entendue. » dis-je éludant sa question et ramassant le bois épars. « Je heu ... les Boldwin ont besoin de bois. » dis-je simplement en montrant mon ouvrage. « Et je profite de cette activité pour évacuer la colère que me provoque l'idée de vous avec un autre homme que moi. » mes sourcils se fronçaient et je soupirais me demandant si ça avait déjà eu lieu. « Enfin je veux dire ... qu'un homme s'empare de vous. je ... hm ... » je rougis fortement, je n'avais jamais été doué avec les filles ... vraiment pas.

Je suis là, devant lui comme s'il ne s'était rien passé. Comme si je ne lui avais jamais dis qu'aujourd'hui était le jour réservé à la prise de ma vertue. J'aurais peut-être dû me taire mais je ne peux lui cacher des choses aussi importantes que celle-ci. Je me dois de tout lui faire, il est mon seul repère et la seule personne qui me soutien en plus d'être la personne qui compte le plus pour moi. Le voir là, se purger de sa colère... Je m'en veux un peu mais j'ai au moins le bonheur de lui annoncer qu'il ne s'est rien passé. Je n'ai pas franchis cette porte et même si je risque d'en payer les conséquences... Tant pis. Je lui souris et rougis à ses paroles. Je regarde le ciel bleu et ferme les yeux pour profiter de ce temps délicieux avant de poser mon regard bleu sur Manec'h.

« Ceci n'a pas eu lieu. Je n'ai pas pu ouvrir cette porte ... »

Je m'abaisse pour l'aider à récupérer le bois qu'il a accidentellement fait tomber et le lui donne. Je hausse les épaules et continue

« Je serais obligée de le faire un jour et je le sais, pourtant, je ne veux pas m'offrir à ces hommes tout comme je n'ai pas voulu m'offrir à mon mari. Quand j'étais enfant, ma mère m'a appris que perdre sa vertu était un acte sacré qui ne doit avoir lieu qu'avec l'être aimé. Je soutiens ça, même si cet endroit me fera aller à l'encontre de ce principe. »

Je fais une petite moue. En étant ici, je devrais aller à l'encontre de tous mes principes et Dieu, il est difficile d'oublier tous ces apprentissages.

« Excusez moi, je parle trop mais... Je ne veux pas être l'une de ces femmes et ceci me fait peur. »

Si seulement il ouvrait les bras pour me prendre contre lui et me dire qu'il me retirera de tout ça. Ouvre les yeux Darcyleinn... Lui et moi ? Ce n'est pas possible. Mais c'est toujours l'impossible qui nous attire, n'est-ce pas ?

« Pardonnez moi cette question, mais... L'avez-vous déjà fait ? C'est une question déplacée, je sais mais.... Si c'est le cas, j'aimerais l'avis d'un ami et ... Enfin non, ce n'est pas grave, je divague pardonnez moi. »

Je rougis et ris nerveusement. Que suis-je bête. Je détourne le regard et soupire tout en agitant ma main devant mon visage.

« Il fait chaud, vous ne trouvez pas ? L'air est... Etouffant. »

Et pour cause, il n'y a que très peu de distance entre nous et je peux sentir son souffle s'écraser sur mon visage. Si vous saviez tout ce qui me traverse l'esprit en ce moment même, toute estime disparaîtrait. Je le regarde dans les yeux, nous sommes rouges tous les deux et cette situation me fit rire nerveusement mais je ne me déplace pas. Je n'en ai pas envie. Au contraire, je veux être encore plus proche de lui.

Sa présence à mes côtés était aussi agréable que dérangeante. L'avoir si près me rendait fou. Je la regardais en biais. Je n'osais pas la regarder franchement de peur qu'elle ne devine mes sentiments. De peur qu'elle ne se rende compte à quel point j'étais perdu, et à quel point j'étais éperdu d'amour pour elle. Je me consumais et je n'avais plus de bois à couper. Je la regardais et lui expliquais la raison de ma colère et de mon emportement. L'idée de la savoir avec un autre. Je ne pouvais pas lui mentir pas à elle. Déjà en temps normal je suis un très mauvais menteur. Mais avec elle. C'était totalement impossible.

« Ceci n'a pas eu lieu. Je n'ai pas pu ouvrir cette porte ... » je crus bien que mon coeur allait s'arrêter de battre. Et si nous n'étions pas en public ... façon de parler, et si nous n'étions pas de rangs différent je crois bien que je l'aurais serrée dans mes bras et que je l'aurais embrassée. Au lieu de cela un sourire des plus idiots habitaient mon visage. Savoir qu'elle n'était pas passée entre n'importe quelles pattes me réjouissait au plus haut point. Mais il était impoli de le montrer trop alors que j'aurais voulu le crier au monde. Mais la suite de ses propos assombrirent mon visage et mes pensées. « Je serais obligée de le faire un jour et je le sais, pourtant, je ne veux pas m'offrir à ces hommes tout comme je n'ai pas voulu m'offrir à mon mari. Quand j'étais enfant, ma mère m'a appris que perdre sa vertu était un acte sacré qui ne doit avoir lieu qu'avec l'être aimé. Je soutiens ça, même si cet endroit me fera aller à l'encontre de ce principe. » Je fis une grimace de dégout. Non je ne voulais pas imaginer ça. Ramasser le bois me divertit de telles pensées. C'était ... horrible et beaucoup trop cruel pour que je l'imagine. Je ne me sentais pas à l'aise.

« Alors, enfuyez vous. » dis-je la fixant de mes grands yeux. Je me demandais ce qu'elle faisait ici. Une telle perle. Une beauté sublime. Que faisait elle ici avec ces femmes de peu de vertu et ces hommes aux désirs écarlates. Elle n'y avait pas sa place. SI je le pouvais je l'arracherait d'ici. Je l'emmènerait loin de là. Et je la garderai pour moi. Je la protègerait du monde. Je la comblerais. Et jamais au grand jamais elle n'aurait à faire ce qu'elle ne veut pas. Mais ... ceci n'est qu'utopie n'est ce pas. Elle était apprentie et moi domestique. C'était voué à l'échec.

« Excusez moi, je parle trop mais... Je ne veux pas être l'une de ces femmes et ceci me fait peur. » je la regardais avec de grands yeux « Vous ne serez jamais comme elle Miss Darcy. Jamais. Vous êtes si belle. Et tendre. Vous ... » mais je m'égarais dans mes pensées à son propos. Je pourrais parler de sa beauté pendant des heures et des heures si on ne m'arrêtait pas. « C'est elles qui devraient plus être comme vous! Vous êtes juste parfaite Miss Darcy » dis-je d'une voix faible mais abêtie par l'amour et les sentiments qu'elle fait naitre en moi. « Je ... ne changez surtout pas vous êtes un ange. »

« Pardonnez moi cette question, mais... L'avez-vous déjà fait ? C'est une question déplacée, je sais mais.... Si c'est le cas, j'aimerais l'avis d'un ami et ... Enfin non, ce n'est pas grave, je divague pardonnez moi. » je la regardais et baissais immédiatement les yeux. Oui je ... me doutais bien que je me trahirais tout seul. Le regard fuyant, je fixais le bout de mes chaussures crottées et jouais nerveusement avec un morceau de bois. « Hm ... je ... » je m'éclaircit doucement la gorge. « Non ... je n'ai pas eu ce plaisir. » je me sentais tout gêné. Un homme de mon âge toujours vierge c'est rare. Pas vrai. Je n'en avais pas honte. Ca ne regardait que moi. Mais l'avouer à celle que j'aime ... « Comme vous j'ai été élevé avec l'idée que celle avec qui l'on fait l'acte est la seule qui compte. » je m'empourprais à vue d'oeil. Ca devait être amusant à voir. Pour tout le monde sauf moi j'en avais bien peur. En relevant les yeux vers elle je constatais qu'elle semblait aussi gênée que moi. Ce qui m'arrachais un sourire doux. « Enfin ... oui je suis toujours vierge » dis-je rosissant jusqu'aux oreilles.

« Il fait chaud, vous ne trouvez pas ? L'air est... Etouffant. » je hochais vigoureusement de la tête. Oui déjà l'ouvrage m'avait fortement réchauffé, et ne parlons pas de la colère qui bouillonnait en moi. A présent c'était une autre sorte de chaleur qui s'emparait de moi. « En effet. Ca devient ... presqu'irrespirable. » sa présence met tout mes sens en éveil et me trouble au plus haut point tant est que je me relève d'un seul coup et doucement lui propose « Voulez vous faire quelques pas » avant de lui tendre la main. Mais malheureux et maladroit comme je le suis en sa présence en me baissant pour lui proposer ma main je trébuche et finis presque accroché à elle. Bon dieu. Je sens son parfum au plus près de sa gorge et je vois sa poitrine monter et descendre au fur et à mesure qu'elle inspire et expire. « Je pardon je ... » je rougis une nouvelle fois puis pour essayer de me relever posais une main sur son corsage « Oh pardon. » dis-je tout gêné. Je m’emmêlais les pinceaux et je n'avais jamais eu plus honte de toute ma vie. Et pourtant elle était là. L’objet de tout mes désirs était à quelques centimètres de moi. Son souffle chaud faisait frissonner mes narines. Dans un élan que je ne me connaissais pas je me penchais et déposais avec vivacité mes lèvres sur les siennes. Je sentais la baffe arriver, je l'entendais même fendre l'air et claquer. Mais j'entendais bien profiter de ce moment le plus longtemps possible. Ça serait autant le premier que le dernier.

Je regarde Manec’h et je sens mon cœur et mon corps s’alléger. Je ressens une satisfaction et un bien être fou, je suis si bien ici… Même si je sais que je serais mieux dans ses bras, lui m’embrassant tendrement et je lui dirais que je l’aime. Là est la vision de l’amour que j’ai. Des bisous, des compliments et beaucoup de parole. Je me mords l’intérieur de la joue, si mon amour envers Dieu m’empêche d’ouvrir les portes du contact charnel, mon amour pour lui y est pour quelque chose. Je le veux lui, pas les porcs. Je veux ses mains, pas des pattes, je veux des lèvres, pas des ripes et je veux de la sensualité, non de la barbarie. Je sais qu’il pourrait me l’offrir, malgré nos rangs. Avant cette maison, j’étais une noble avec de bons principes et je le sais. Mes principes étaient corrects et j’étais une sorte de féministe accomplie qui disait non aux pouvoirs des hommes. Ici, je ne suis qu’une futur prostituée pas encore déflorée.

Je finis par lui faire part de ma pensée, de mon dégoût envers ces règles qui sont d’ouvrirs les jambes et de procurer un plaisir non réciproque. Je soupire, et la réponse de Manec’h me fit sursauter. Il a été si clair que j’en suis surprise, mais mes joues prirent une teinte rosée. Je souris, un sourire vide « On m’attraperait… Je ne suis pas une femme qui fuit. La seule fois que je l’ai fait m’a conduite ici.. » A cause d’un traitre. Je comprends qu’il avait besoin d’argent, mais il disait m’aimer et ce fût faux. Il m’a livré à mon fiancé qui m’a donné un avant-goût de ce qu’il se passerait ici. Je le déteste, je le déteste tellement que je lui souhaite la mort. Je veux qu’il meure entre les mains d’une femme qu’il aura traité comme une simple chienne. J’espère qu’un jour je pourrais le tuer de mes propres mains, mais je ne sortirais jamais d’ici. En revanche, je sais qu’il finira par revenir.

Je l’écoute me complimenter, et de rosées, mes joues passent à pivoines et je le regarde dans les yeux « C’est vous l’ange, ici… C’est sur vous, que les hommes devraient prendre exemple. Vous êtes l’homme parfait. » Je baisse la tête et attrape ma robe. Il me faut quelque chose à tenir. Je relève la tête vers le ciel et lui demande s’il est déjà passé entre les jambes d’une autre femme. Je trouve sa réaction mignonne et charmante. Je le regarde et d’un regard tendre je le remercie bien que gênée « Je suis heureuse, d’avoir rencontré quelqu’un comme moi. Vous êtes un homme respectable, Manec’h. Vraiment.. » Puis j’enchaine sur une remarque sur l’air qui m’étouffe. Mon corset est de trop et je commence à le sentir.

Il pense pareil et un rire franc passa mes lèvres en hochant la tête « En votre compagnie ? Avec grand plaisir » je commence à prendre sa main mais le maladroit trébuche, je ne bouge pas, mon souffle se coupe et je ne peux rien dire. Je sens mes joues me chauffer en sentant sa main sur mon corsage, ce n’est pas désagréable mais c’est surprenant. « Je… Non… Ce n’est… » Mais il me fit taire avec un baiser. Je passe mes mains sur son torse et attrape son vêtement pour le serrer délicatement entre mes petits poings. Je sépare mes lèvres des siennes et le regarde dans les yeux, toujours en gardant très peu de distance entre nous « Ne vous excusez pas. Surtout pas. » un sourire timide prit place sur mes lèvres et je dépose à nouveau mes lèvres sur les siennes avec tendresse et maladresse mélangé.