Alan contemplait le corps en bas de l'escalier. Un accident, cela n'avait été qu'un accident et Clémence n'était qu'une victime du hasard. Pourtant il se revoyait converser avec elle, le ton montant entre les deux époux, il se revoyait la frappant, l'étranglant jusqu'à ce qu'elle perde conscience et meurt sur les marches de marbre de l'hôtel particulier.... Et il n'en éprouvait aucun remord et même un certain plaisir...

Il se souvenait de sa vie passée. Les Duchesne avait toujours été une famille aisée, plus qu'aisée même, richissime, parfaite incarnation de la bourgeoisie d'affaire montante en ce 18eme siècle. L'activité bancaire, soutenue par les emprunts que contactait la noblesse était florissante, faisant de ce clan bourgeois, un des plus riches, si ce n'est le plus riche de France.

Fils unique, Alan reçu une éducation plutôt poussée. Peu de plaisirs, si ce n'est quelques étreintes avec des servantes bien contentes de se retrouver dans les bras de l'homme. Non ce qui comptait, c'était le travail et juste le travail, impitoyable maitre devant l'éternel. Et bien sur son mariage se devait être non pas d'amour mais d'affaires, comme toute chose dans sa vie.

Elle se nommait Clémence Courtrais, fille unique d'un très riche armateur ami des Duchesne. Le mariage célébré, les deux jeunes époux connurent une nuit de noce fort agitée. Clémence n'était pas vraiment belle, encore vierge mais avec Alan, elle s'éveilla au péché de chair jusqu'à en raffoler. Le couple semblait heureux et destiné à un avenir radieux. La mort des parents de Clémence, puis ceux d'Alan, emportés par quelques épidémies fort fréquentes à l'époque... Cela n'eut pour effet que d'augmenter la fortune du couple valant à Alan, le titre d'homme le plus riche de Paris. Oui la vie aurait pu être ainsi fade et honnête sans l'évènement qui le changea à jamais.

Le travail était la seule maitresse d'Alan. Ce n'était pas le cas de Clémence qui dépensait sans compter pour acheter les faveurs de mignons et courtisan. En bon mari, notre homme ignorait les vices de sa femme jusqu'au jour où annulant au dernier moment un voyage d'affaire en province, il rentra à l'improviste chez lui et surpris sa femme dans les bras d'un autre homme...

Trahi. Il avait été trahi... Faisant chasser par sa domesticité le mignon, il eu une explication avec sa femme. Ce qui se passa, nul ne le sait si ce n'est Alan, mais au matin, il n'était plus marié, mais veuf. L'enquête sur la mort de son épouse fut rapide et madame Duchesne vite enterrée, notamment grace à des pots de vin bien placés. Le soir même de l'enterrement, Alan se rendit à une adresse qu'on lui avait conseillé dans le passé...

Le manoir des délices. Il loua pour noyer son chagrin deux délicieuses et lorsqu'il sortit au petit matin, un sourire satisfait ornait son visage... Il avait enfin trouvé sa voie, celle du vice le plus absolu. Très vite il devint un des clients privilégié du manoir, dépensant sans compter pour user et abuser à sa guise des pensionnaires qui s'y trouvaient. Le couple diabolique ne pu que remarquer ce client bien particulier...

Un client qui payait bien, fort exigeant avec les filles qui semblait avoir grande fortune. Il fallu peu de temps aux Boldwin pour identifier l'individu malgré le pseudonyme qu'il usait dans le manoir. Le banquier le plus talentueux de Paris était un de leur meilleur client et ils pouvaient en tirer parti.

Ce fut le début d'une longue et fructueuse association entre eux, d'une amitié certaine et même de plus dans le lit de madame, chose qu'il appréciait plus que tout. Il était rare, même chez les délicieuses de trouver un tel concentré de vices et de prestance chez une femme. En échange de certains privilèges et de faveurs, il faisait fructifier la masse d'argent importante que rapportait le manoir.

Veuf convoité, à la tête d'une immense fortune, il ne semble guère pressé de se marier.... a quoi bon avoir la bague au doigt lorsque tant de plaisirs ne cotent que quelques ducats ? Non Alan Duchesne, le vertueux mari était mort à présent, Alan Duchesne le libertin avait l'avenir devant lui....

Pile ou face. Comme une pièce, Alan possède deux aspects, un de façde, l'autre plus sombre. Monstre avide de chair dissimulé sous la peau d'un homme du monde, amant exigeant et sans pitié bien que compétent, veuf éternel, tout cela fait partie du caractère d'Alan.

La plupart des gens ne connaissant que l'aspect public d'Alan voit en lui un individu sérieux et travailleur. De fait l'individu a un certain don pour les affaires et en journée travaille de nombreuses heures dans le but d'accroitre son énorme fortune. Élégant et poli, sa compagnie est fort recherché lors des diners mondains Le sommeil ? Il n'en a besoin que de très peu, ce qui d'ailleurs arrange sa double vie.

Car sous son aspect privé, l'homme est un libertin vicieux qui n'aime qu'à user de sa fortune pour se livrer à la luxure et au vice. Il aime à dominer, soumettre les femmes à son désir, de gré ou de force. Leur infliger de la douleur, les punir ne le dérange pas lorsqu'il estime leurs prestations guère satisfaisantes. Car, au prix où sont leurs faveurs, les catins se doivent selon lui d'être de qualité. De fait fort peu de filles sont ses favorites mais ces dernières ont droit à de généreux pourboires, tant qu'elles réussissent à l'intéresser. Une des seules femmes qu'il respecte reste Amelia, sans doute en raison de leur goût commun pour le vice.

Arrogant, vindicatif sont deux autres défauts du personnage. Certes il n'est pas noble et le sait, mais il possède de par sa fortune de nombreuses relations et n'hésitera pas à en jouer pour écraser le moindre être qui oserait lui faire l'affront de s'opposer à lui... Il est riche et il sait que parfois la puissance de l'argent remplace la naissance.

Grand, plus d'un bon mètre quatre vingt cinq, Alan est doté de larges épaules. Son regard noir peut inquiéter mais le reste de son visage est avenant, toujours fort bien rasé. Il est doté d'un corps quasi parfait, bien entretenu montrant bien qu'il n'a guère à souffrir de la dureté de la vie en cette époque. Il est né dans la soie, il vit donc dans le luxe le plus ostentatoire.

Il aime à être bien coiffé, bien présenté. Sa prestance est indéniable et l'on voit très vite qu'il ne se prend pas pour n 'importe qui. Ses vêtements sont toujours faits de parfaites étoffes, de bijoux précieux. Il est de coutume de dire dans certains cercles de la haute société qu'Alan Duchesne n'est pas à la mode, il est la mode tout simplement. Qu'importe le prix de sa vêture, ce n'est pas un souci pour lui de toute façon.

Il peut paraître parfois précieux mais ceux qui le connaissent savent que sous cet apparence bonhomme se cache un loup avide de chair fraiche, capable de se montrer brutal si la situation l'exige. Ses larges mains sont la meilleure preuve de cette affirmation....