Je me demande vraiment pourquoi je continuais à venir. Chaque fois que j’approchais de ce bâtiment, je sentais le même vide m’envahir, c’était un lieu pourtant riche en émotions et je le savais parfaitement, les gens entraient et sortaient, ils passaient un bon moment avec une fille et repartaient aussi vite, ne connaissant même le prénom de celle qu’ils venaient d’avoir entre les bras. Cela ne fait pas encore un an que je fréquente cet endroit et je sais parfaitement que j’agace une partie des femmes, après tout, leur métier c’est de donner du plaisir et moi...elles se rendent compte que je ne jouis jamais que physiquement, que mon corps réagit à des stimuli de plaisir mais que ça n’est jamais strictement que ça, juste une réaction de mon corps. L’une d’elles...Je m’en voulais vraiment, je l’avais épuisée, combien de temps l’avais-je prise? Deux heures entières que j’avais passé à la prendre dans des positions différentes, sans jamais finir par jouir, mon esprit divaguant à totalement autre chose, oubliant l’instant présent, continuant mon oeuvre sans jamais finir, pour une experte du sexe, je suppose qu’elle avait du le prendre très mal. Je me demande si un jour l’envie m’en prenait, si je parviendrais à prendre une de ces femmes, une Délicieuse et faire durer l’exercice si longtemps qu’elle finisse par admettre elle-même ne plus en pouvoir. Je sais, ça serait assez mesquine de faire ça, mais qu’est-ce que j’en ai encore à faire ? Ma promise est morte, tuée pour quelques bijoux par un voleur qui avait pris la fuite et n’avait jamais été retrouvé, mais je me souviens de sa voix, de son regard, de sa pose, de son corps, je me souviens de son parfum, je saurai le reconnaître si un jour je le croise et ce jour-là, mes outils de travail deviendront sa torture. La chirurgie est un domaine où je suis doué, mes mains ne tremblent pas, je suis d’une précision machiavélique mais pour lui...non pour lui j’utiliserai mes ongles et mes doigts pour arracher son coeur et le faire s’étouffer avec.

Ces pensées violentes, je les ai constamment, chacune de ces nuits où je ne dors pas, et pendant mes nuits, toutes toujours brèves, toutes toujours d’au maximum quatre heures, je rêve à ma vengeance, je cauchemarde à cette scène d’horreur, j’y assistais impuissant, encore, encore et encore. Le Manoir, c’était mon évasion, j’y étais avec des femmes que je n’aimais pas, que je ne connaissais pas, parfois revoyant certaines mais souvent avec des jeunes apprenties, je crois que Ribaudes et Délicieuses ont de se frotter à ma frigidité psychologique, alors elles envoient les petites jeunes passer pour des incapables. Et parfois il m’arrive d’avoir avec moi une de ces femmes, de ne rien attendre plus que de la voie nue, allongée, recevant sous mes doigts quelques caresses même pas intimes, juste de toucher quelque chose de beau, de le sentir sous mes doigts. Arracher quelques frissons à un corps chaud et bien vivant pour me faire oublier combien froid je suis à l’intérieur. Et dire qu’il fut un temps j’étais un homme vraiment gentil, agréable et prévenant, un véritable bon-vivant, aujourd’hui j’étais un beau jeune homme qui paraissait plus vieux que son âge, le regard endurci par la vie, un air sombre dans ma façon d’être, je fais peur à du monde et je le sais, pourtant quand il faut aller chez le médecin, j’ai une clientèle très fidèle, je suis un médecin doué, personne ne dira jamais le contraire, mais je fais peur. Même si beaucoup savent ce qui m’est arrivé, il n’en demeure pas moins qu’ils craignent cette version si sombre de moi.

Pour aujourd’hui au Manoir, je ne suis pas sûr de ce que je veux, partagé entre une envie de besogner une femme à en faire effondrer son corps sur les draps et l’envie de simplement un peu de douceur, d’un compagnie agréable sans forcément quelque chose d’érotique. Ca doit bien être la première fois que j’aimerai tomber sur une Ribaude, ou peut-être pourrai-je demander une Délicieuse ? En tous les cas, quand j’arrivais au Manoir, on m’indiqua la même chambre que j’en avais l’habitude, une chambre simple, mais en arrivant dans cette ambiance, mes idées se changent, je demande une chambre de luxe, une fois n’est pas coutume, je change mes plans sans vraiment m’y attendre, habituellement ma vie est un timing parfait en toute seconde, pas aujourd’hui. Comme toujours j’ai avec moi ma pipe à opium et aujourd’hui je demande une bouteille de vin rouge, ils ont une excellente carte des vins, c’est presque dommage que le vin n’est plus le même goût dans ma bouche qu’il avait avant.

Prenant possession de la chambre, je pose la bouteille de vin déjà ouverte pour laisser au vin le loisir de décanter, je m’installe sur un fauteuil au fond de la salle, mon manteau accroché à un porte-manteau prévu à cet effet. Les bras reposant sur les accoudoirs et une lumière éclairant dans mon dos, je ne me rends même pas compte qu’avec ce charisme sombre qu’est aujourd’hui le mien il y a de quoi prendre vraiment peur...il faut dire que je n’ai plus peur de rien, même la mort semblerait douce à côté de mon calvaire. J’attends, patient et calme celle qui me rejoindra, basculant ma tête en arrière et fermant les yeux, j’inspire, j’expire, j’attends, patient.

Violette s'était désignée... ou plutôt n'avait pas refusé la proposition des filles qui s'était concertées. Dans le dortoir où dormaient ensemble apprenties et ribaudes, Violette ne se mêlait que très peu aux autres. Discrète et taciturne, elle s'asseyait souvent en tailleur sur son lit, regardant par la fenêtre tandis que les autres filles parlaient chiffon ou racontaient les dernières anecdotes de leurs clients.

Ce jour là madame Hooper était entrée dans le dortoir et avait annoncé qu'un client, un certain monsieur Julien, attendait une fille dans une des chambres de luxe et qu'il n'avait pas précisé son choix. La gouvernante ajouta qu'aucune Délicieuse n'avait voulu le rejoindre et qu'une d'entre elles devait forcément se désigner.

Quelques "Oh non pas lui !" ou des "C'est bon, moi j'ai déjà donné avec lui, non merci" fusèrent parmi les filles. Violette releva les yeux et regarda les filles d'un air surpris. Qu'avait donc ce monsieur Julien pour les rebuter à ce point ? Elle n'en avait jamais entendu parler. Voyant que Violette les regardait, une des ribaudes pointa un doigt vers elle et annonça "Violette, vas-y toi, tu ne l'as pas encore eu ce client là et puis il faut bien que tu te fasses la main... si j'ose dire..." avait-elle dit d'un sourire mesquin.

Violette ne répondit rien, poussa un profond soupir et se leva de son lit pour rejoindre madame Hooper non sans vérifier auparavant que sa coiffure était correcte, que son maquillage était bien mis, que son corset était bien en place et ses bas de soie bien remontés jusqu'au haut de ses cuisses.

Elles avaient raison d'un certain côté. Elle devait apprendre et s'améliorer si elle comptait un jour pouvoir rembourser sa dette auprès des Boldwin et enfin retrouver sa liberté. Elle ne ferait pas la fine bouche bien que la réticence des filles sur ce client ne la rassurait pas des masses.

Elle n'avait pas choisi cette vie là mais était bien obligée de s'adapter puisque son beau-père, ce grand médecin réputé, l'avait vendue au couple Boldwin. Certes, le plus dur était passé. La pucelle qu'elle était en entrant au manoir avait été mise aux enchères durant une grande soirée et c'est le couple de Kerouac qui avaient acheté sa virginité. Bien entendu, Violette aurait été de mauvaise foi en disant que cette première soirée avait été désagréable. Loïc et Anne-Lise avait su lui apprendre les bases de ce métier et avait fait d'elle une femme. Mais c'était psychologiquement que c'était difficile. Violette aurait aimé offrir sa virginité à un mari.... pas de cette manière. Mais ce qui était fait était fait.

Madame Hooper lui indiqua la chambre et lui rabâcha les oreilles sur le comportement qu'elle devait adopter et qu'elle ne devait pas oublier de lui réclamer l'argent.

"Oui madame." répondit Violette d'un ton neutre avant de frapper à la porte de la chambre.

La jeune fille attendit qu'on l'invite à entrer puis poussa le panneau de bois avant de refermer la porte derrière elle. Violette plissa les yeux pour distinguer le visage de l'homme mais celui-ci était assis à contre-jour, ce qui ne dessinait qu'une silhouette sombre dans l'encadrement de la fenêtre.

"Bonjour Monsieur, bienvenue au manoir, c'est moi qui vous tiendrai compagnie pendant une heure." dit-elle d'une voix presque timide, n'arrivant toujours pas à distinguer le visage de l'homme.

"Et heu... cela vous fera 8 livres, monsieur." ajouta-t-elle précipitamment pour ne pas oublier.

Je ne suis pas dupe au point de me laisser berner par ce qui se passe ici, je sais très bien que les femmes du Manoir n’ont pas franchement envie de venir me voir, la dernière en date était Delilah, avec ce qui était arrivé cette nuit-là, je suppose qu’elle avait bien compris, et j’espère fait comprendre aux autres, que ça ne servait à rien d’insister, qu’il valait mieux capituler de suite et laisser les choses aller. Ce n’était pas que la Délicieuse manquait d’expérience, qu’elle s’y était mal prise, mais elle s’était lancée un défi impossible et j’avais décidé de faire d’elle un exemple, ce n’était pas franchement en douceur que je m’y étais pris avec la Délicieuse, je l’avais prise jusqu’à la faire supplier pour que j’arrête, humiliation ultime pour une femme travaillant en cet endroit que de devoir admettre son incapacité à satisfaire un client et surtout de devoir admettre que ce dernier l’a faite capituler. J’espérais que Delilah s’était remise, je demanderai à l’avoir pour moi très prochainement à nouveau, pour pouvoir avoir un moment de pure tendresse avec elle, pour m’assurer qu’elle aille bien, parce que je n’étais pas fier de ce que j’avais fais, j’étais juste exaspéré de me sentir comme un défi pour elles, j’étais un client comme un autre, je venais chercher ici des femmes, de pouvoir toucher leur corps et de pouvoir en profiter parfois de façon beaucoup plus intime. C’était ainsi que je voulais qu’elles voient les choses et pas me voir comme une plaie ou un mal, ni même un défi avec un trophée à la clef pour celle qui me fera jouir autrement que physiquement. Et je savais aussi que je servais de bizutage pour les petites nouvelles, je suis même prête à parier que n’ayant pas précisé une fille ou une catégorie de fille en particulier, ça serait une jeune apprentie qui allait franchir cette porte, étrangement j’y suis préparé, bah ce n’est pas grave, elle ressortira d’ici en disant ne pas avoir compris la réticence des autres car aujourd’hui je ne veux que douceur et tendresse, je veux simplement admirer et caresser des courbes féminines sans que cela se veuille nécessairement avoir un quelconque lien avec un rapport intime.

Et c’est effectivement une petite jeune qui pousse la porte, visiblement intimidée, il suffit de voir sa petite hésitation dans sa démarche, la façon qu’elle a de ne pas forcément chercher mon regard mais plutôt le sol, elle est intimidée et semble redouter...Oui évidemment si les autres lui ont dit ne pas vouloir de moi sans préciser pourquoi, elle a dû s’imaginer bien des jeux pervers et peut-être même violents, ce soir pourtant nous serons très loin de cela. Ses mots sont timides, sa voix tremble, elle en est touchante et adorable à se comporter de la sorte. Elle m’indique le tarif, je le connais parfaitement, désignant la table et notamment les pièces posées à côté de ce verre de vin qui sera sien, je me lève, tâchant d’afficher un sourire et de prendre une voix douce ce qui, mêlé à cette attitude si détachée qu’est la mienne, pourrait bien faire froid dans le dos :

- L’argent est sur la table et je vous assure qu’il n’y a pas d’erreur, je sais parfaitement compter.

La précision n’est pas inutile car il y a sur la table treize livres. Je n’ai pas l’habitude, qu’elle que soit la fille, son expérience et les jeux que nous pratiquons, de ne pas donner également directement un pourboire, pas à charge d’excuses envers elle ou peut-être que si finalement. En tous les cas, j’approche d’elle et sers les deux verres de vin, lui en donnant un, tout en tournant autour d’elle pour pouvoir la regarder, elle a une innocence vraiment ravissante, elle a beaucoup de charme par ce côté enfantin, sa clientèle doit beaucoup apprécier sa compagnie, la tendresse qui se dégage d’elle est presque palpable, je suis certaine qu’elle est d’une douceur infinie, autant que sa peau me semble douce d’ailleurs.

- Si vous vous demandez ce qui va suivre, car je crois deviner que les autres vous ont désigné d’office à cette façon dont vous semblez appréhender ce que je vais faire, n’ayez aucune crainte, je ne veux aujourd’hui que douceur et tendresse avec une présence agréable. Mais vous semblez nerveuse, j’ai justement de quoi aider à vous détendre.

Une main au milieu de son dos l’invite à prendre place sur le lit, les verres tintent et je la laisse découvrir le vin, un très bon vin rouge, mais ce n’est là que la première étape. Prenant ma pipe à opium, je l’allume, laissant sentir cette délicieuse odeur bien moins désagréable que celle du tabac. Tendant la pipe à la demoiselle :

- Juste deux bouffées et vous verrez, vous serez beaucoup plus détendue. Faites-moi confiance, je suis médecin.

Toujours à contre-jour, Violette était dans l'incapacité de voir le visage de l'homme avec qui elle devrait certainement partager le lit. Elle aurait pourtant voulu voir s'il avait un visage avenant ou si au contraire il avait un visage sévère. Pourquoi les autres filles ne voulaient plus s'occuper de lui ? Peut-être était-il brutal ? A cette pensée, Violette pâlit légèrement mais resta stoïque et droite comme un piquet. Elle ne se découragerait pas à cause de ce que pouvaient raconter les autres. Elle ferait sa propre expérience.

Pourtant, quand l'homme lui indiqua que l'argent était déjà sur la table, sa voix douce, presque suave et détachée ne la rassura pas autant qu'il l'aurait fallu... tout simplement parce qu'elle ne voyait pas le visage associé à cette voix. Violette frissonna et jeta un coup d'œil vers la table. Il avait laissé bien plus de pièces que ce qu'elle avait énoncé mais elle ne fit aucun commentaire puisqu'il assurait savoir parfaitement compter.

"Merci Monsieur" dit-elle avec un bref sourire devant la générosité de l'homme.

Puis l'homme se leva et s'approcha d'elle tout en lui tendant un verre de vin. Enfin elle put voir son visage et Violette se rassura un peu. Il était certes plus âgé qu'elle mais il ne s'agissait pas d'un vieillard ou d'un gros bedonnant. Au contraire il était charmant mais avait le regard un peu éteint, pas vraiment triste... juste éteint.

Il se mit à tourner autour d'elle et Violette le laissa faire. Visiblement, les hommes aimaient bien détailler la fille avec qui ils étaient. Violette trouvait ça à la fois gênant et gratifiant car ils arboraient souvent un petit sourire satisfait. Il la jugeait et la jaugeait du regard semblant réfléchir à ce qu'il allait faire d'elle. Et qu'allait-il faire d'elle ?

Il sembla lire dans ses pensées car il lui expliqua de lui-même ses intentions. Il avait deviné qu'elle avait été désignée d'office. Il semblait donc au courant que la plupart des filles le fuyait. Mais pourquoi ? Elle ne comprenait toujours pas. Il la rassura et lui expliqua qu'il ne voulait que douceur et tendresse, ce qui laissa Violette perplexe, comprenant de moins en moins la réticence des autres filles.

Il avait également remarqué qu'elle était nerveuse et il l'invita à se détendre, posant une grande main dans son dos. Violette prit place sur le lit et regarda son verre de vin. Elle n'avait que très peu de fois bu de l'alcool... c'était un peu fort. La jeune fille y trempa ses lèvres pour boire une petite gorgée avant de se lécher les lèvres. Ce n'était pas mauvais, ça réchauffait un peu et lui donnait le rose aux joues.

C'est à ce moment là qu'il lui tendit une pipe et Violette secoua timidement la tête pour décliner son offre. Elle ne voulait pas fumer mais il insista et Violette se senti obligée d'obéir. La jeune fille prit la pipe maladroitement entre ses doigts et la porta à ses lèvres pour en tirer une bouffée... ce qui la fit tousser immédiatement.

Portant ses doigts à ses lèvres, elle voulu lui rendre la pipe mais il insista de nouveau pour qu'elle en prenne une autre bouffée, prétextant qu'elle devait lui faire confiance parce qu'il était médecin. A ce mot, Violette releva les yeux vers lui et le dévisagea. Une horrible pensée venait de lui traverser l'esprit. Et si son beau-père décidait un jour de passer au manoir et exigeait d'avoir Violette pour une nuit ? Non, jamais elle ne pourrait se donner à cet homme abjecte qui l'avait vendue et forcée à travailler ici.

Violette sortit de ses pensées et tira finalement une seconde bouffée qui lui donna un léger tournis.

C’est que je ne vois pas ce que Violette voit, sinon j’aurai sans doute réalisé que dans ce contre-jour, avec ce qu’elle avait dû entendre sur moi et cette position que j’avais dans le fauteuil j’avais clairement de quoi faire peur et pourtant j’étais un très grand gentil, pas méchant...Delilah avait connu une punition qui lui avait été douloureuse mais ça avait surtout été son égo qui avait été blessé par mon comportement et je dois bien dire maintenant que ça avait été une erreur, j’avais été beaucoup trop dur avec la jeune femme, lors d’une de mes prochaines venues, je la demanderai expressément elle, ça arrivait rarement que je demande une femme en particulier, mais là je voulais m’assurer que tout allait bien pour elle, c’est que son orgueil et son égo avaient tous deux été mis dans une situation indélicate et désagréable. Elle est une fille du Manoir dont le travail est de donner du plaisir, hors elle avait échoué et pire que ça, elle avait été contrainte de supplier pour que j’arrête de la prendre car je l’aurais fais toute la nuit sans montrer la moindre trace de pitié. Ce soir tout est différent, je ne veux aucun sexe, cette affirmation n’avait pas découragé la Délicieuse, mais l’Apprentie qui pousse la porte, car il est évident que c’est une Apprentie à ce petit manque d’expérience que je sens, je ne pense pas qu’elle voudra jouer les héroïnes. Elle pense à demander le prix de l’heure et j’en souris, j’avais déjà préparé l’argent comme toujours, j’avais rajouté un pourboire qu’elle semble estimer à la volée, me donnant droit à un remerciement que j’accueille par un petit signe de tête semblant dire qu’il n’y a pas de quoi dire « merci » puisque ça m’apparaissait comme normal de faire.

J’approche de la jeune femme et me permets de la détailler, elle est belle, d’une douceur évidente qui lui donne un charme tout particulièrement agréable à constater, je savoure cette délicieuse vision qui s’offre à moi et puis je décide de l’aider à se mettre à l’aise car elle semble un petit peu nerveuse, le vin l’aidera à colorer ses joues d’un rouge très léger qui lui ira surement divinement bien, quand à l’opium et bien j’imagine que ça lui permettra de se détendre et de ne pas appréhender que je puisse lui avoir mentis. Je ne veux que douceur ainsi que je l’avais dis, je ne suis pas un menteur, on me traitera de ce qu’on veut mais définitivement pas de menteur. Aussi je l’invite à prendre place sur le lit et goûter le vin. Bien entendu je ne sais pas si elle aime ça ou non, mais j’apprécie qu’elle goûte malgré tout le vin, peut-être en faisant un effort sur elle-même et cette hypothèse est plutôt pour me ravir en réalité. Il devient vite évident que l’alcool n’est pas une consommation très habituelle de la jeune femme, ses jours déjà rosissent légèrement, oui elle n’a pas trop l’habitude et bien soit, dans ce cas, on peut considérer que le vin n’est pas forcément son fort, mais elle a fait un effort et j’apprécie vraiment cela.

Je lui tends alors la pipe, une longue pipe à opium qui lui donne un peu de mal, elle inspire et tousse rapidement, visiblement gênée par la fumée pourtant tellement moins agressive et plus agréable que celle du tabac mais le manque d’habitude est quelque chose contre quoi il est véritablement difficile de lutter. Sur mes mots, elle prend une seconde bouffée et je la sens un petit peu perdue, comme ayant un léger vertige, je reprends la pipe pour prendre moi-même quelques bouffées :

- Tu sens ce sentiment de chaleur et de frisson qui te parcourent ? C’est normal, laisse simplement aller tu vas voir, c’est très agréable. Inspire profondément par le nez et souffle doucement et longtemps par la bouche.

C’est une bonne façon d’accélérer le processus même si il est évident que face à son manque d’habitude, ça marche plutôt bien, je la sens plus détendue, peut-être même ne s’en rend-elle pas. Doucement, je l’invite à se lever, la déshabillant de sa robe, puis de ses vêtements jusqu’au dernier, mes mains remontent le long de ses cuisses, sur ses hanches, dessinant doucement le relief de sa poitrine avant de la faire allonger sur le lit, son dos et ses fesses présentés à ma vue et mes caresses. Je m’allonge à côté d’elle, de profil pour pouvoir la voir, une main allant et venant très doucement dans son dos et sur ses fesses, profitant de ses magnifiques courbes pour les admirer et les caresser d’une façon très douce et extrêmement sensuelle, peut-être même d’une façon excitante d’ailleurs.

Le vin lui avait donné un peu chaud aux joues. Violette avait fait l'effort de le goûter pour ne pas contrarier le client mais au final, elle n'avait pas trouvé ça mauvais du tout. Mais elle n'était tout de même pas habituée à boire de l'alcool, d'où la douce sensation de chaleur agréable que cela lui avait provoqué.

Elle fut un peu plus réticente en ce qui concernait la pipe. Fumer était une toute autre chose. Elle avait tenté de refuser mais il avait insisté et Violette s'était sentie obligée de prendre une bouffée. Cette pipe ne sentait pas le tabac comme elle avait déjà pu en sentir dans la salle d'attente où les patients de son beau-père attendaient. C'était une odeur qu'elle ne connaissait pas et elle ignorait ce qu'il avait mis dedans. La première bouffée lui avait soutiré une toux temporaire.

Et monsieur Julien avait insisté pour qu'elle prenne une seconde bouffée. Perturbée par le fait d'apprendre qu'il était lui aussi médecin, comme son beau-père, cet homme qui l'avait vendue sans scrupule au couple Boldwin, Violette prit la seconde bouffée et sentit une légère sensation de flottement.

Le client lui demanda si elle sentait à la fois ce sentiment de chaleur et de frissons. Violette acquiesça en souriant légèrement. C'était étrange mais agréable. Il lui donna quelques conseils de respiration que Violette appliqua. Elle inspira longuement par le nez puis souffla lentement par la bouche. Elle recommença plusieurs fois et l'effet prit un peu plus d'ampleur. Violette avait la sensation d'être enveloppée de ouate moelleuse qui lui faisait légèrement tourner la tête.

Violette se sentait bien et détendue. Elle se leva sur son invitation et se laissa dévêtir sans ressentir aucune gêne ni appréhension. La jeune fille ne faisait pas forcément le lien avec la substance dans la pipe... elle se sentait juste apaisée et ça lui convenait. Sans qu'elle ne s'en rende vraiment compte, elle se retrouva nue devant le client, dévoilant son corps menu à la peau pâle et délicate qu'il commençait à caresser doucement. Violette eut l'impression que la sensation était multipliée et quand les grandes mains chaudes de l’homme glissèrent sur sa poitrine, la jeune fille frissonna et laissa échapper un soupir de bien-être.

Il la fit s'allonger sur le lit et Violette posa sa joue sur la courtepointe, un sourire ravi sur le visage. Il continuait de caresser son dos et ses fesses avec une sensualité qui ne lui échappa pas. La jeune fille le vit s'allonger près d'elle et Violette regarda le visage de l'homme tout près du sien. Elle lui offrit un sourire doux avant de prendre enfin la parole.

"Les autres filles sont des bécasses... Moi j'aimerais que tous les clients soient comme vous..." dit-elle avant de pousser de nouveau un profond soupir de bien-être.

Ses caresses se firent un peu plus appuyées, réveillant une légère fébrilité chez la jeune fille dont la peau frémissait sous ses doigts. Ses yeux bleus se plissèrent un instant en détaillant le visage de l'homme.

"J'ai l'impression de vous avoir déjà vu quelque part..."

C'était assez amusant de voir la façon dont le vin lui avait coloré les joues, j'aimais beaucoup ce que je voyais, ça lui donnait un charme tout particulièrement délicieux, un léger rouge qui allait très bien avec ses airs de petite jeune fille presque semblable à une poupée, j'aimais beaucoup mais j'imagine que c'était peut-être plus quelque chose de personnel, un goût bien à moi. En tout cas, le maquillage naturel que ça lui offrait mettait en avant ses beaux yeux, elle avait un regard troublant et absolument magnifique, le genre de regard dans lequel je serai parfaitement capable de me perdre pour penser à bien des choses. Je sais que c'est un manque de respect mais en regardant certaines personnes, mon esprit dérive complètement et j'en oublie totalement la personne face à moi, quand certaines personnes ont un regard aussi profond et sublime que celui de Violette, je peux dériver extrêmement rapidement et me rendre compte seulement bien des heures plus tard que je ne suis plus du tout avec la personne. Peut-être que ça n'arrivera pas avec Violette, peut-être qu'elle saura captivé mon attention suffisamment pour que mon esprit ne vogue pas ailleurs, oui peut-être mais c'est sans garantie bien entendu.

Je note qu'en dépit de ses appréhensions, elle a accepté de boire un peu de vin et même de fumer un peu d'opium. La première bouffée la fait tousser, la deuxième, après que j'eus insisté et dit qu'étant docteur je savais ce que je faisais, semble passer beaucoup mieux. Je lui laisse un peu de temps pour se faire aux effets, pour que son corps assimile la fumée, c'est sans doute sa première fois, aussi je préfère ne pas lui en faire fumer plus, autrement les conséquences pourraient rapidement devenir dramatiques. Elle semble rester calme, je lui dis ce qu'elle devrait ressentir parce qu'elle ne le ressentira que plus encore ou qu'elle le réalisera si ça n'avait pas encore été le cas. Je lui explique une petite technique de respiration utilisée habituellement pour aider les gens à se détendre, avec l'opium qu'elle vient de fumer, cela va l'aider à se sentir vraiment détendue, ça va la libérer de ses appréhensions, de ses craintes, tout va lui sembler étonnement facile et sans grande importance. Détachée de cette réalité, elle n'en sera que plus douce et qui sait si elle ne me surprendra pas avec des envies qu'elle ne se connaitrait même pas elle-même en temps normal !

A son sourire, je devine qu'elle se sent divinement bien, elle ne tique pas quand je la déshabille pour mon plus grand plaisir, elle a une innocence vraiment très plaisante et une douceur incroyable dans ses traits. Je me permets de la découvrir doucement du bout des doigts sa peau est d'une douceur incroyable, on dirait vraiment une poupée, une poupée qui soupire de bien-être quand mes doigts approchent de sa poitrine, c'est marrant son innocence en prend en un coup quand je vois ses mamelons se durcir un tout petit rien, ça lui donne un air à peine plus femme, ça lui va bien, ce charme de femme-enfant est vraiment plaisant, troublant aussi mais très plaisant. Docile, elle se laisse allonger sur le ventre, j'admire ses courbes et m'autorise à les découvrir de mes doigts, allongé à côté d'elle de façon à pouvoir regarder ses formes mais également trouver son beau regard. Je n'ai peut-être plus la notion de plaisir mais je sais admirer une belle femme, Delilah est une femme magnifique avec cette maturité qui lui donne une prestance incroyable, Violette a un charme bien plus discret, mais tout aussi délicieux à contempler, bien des clients seront heureux de l'avoir et ses mots me sont surprenants :

- Ah bon ? Et pourquoi sont-elles des bécasses, que disent-elles donc sur moi ? Et pourquoi voudrais-tu que tous les clients soient comme moi ? Dois-je en conclure que je te plais ?

J'appuie un rien plus mes caresses et elle frémit, il ne faut pas être un génie pour avoir compris à sa timidité en entrant qu'elle n'a pas forcément le désir d'être avec des clients, qui sait si mes doigts ne lui feront pas naitre des envies qu'elle voudra réaliser ?

- Maintenant que tu le dis, c'est vrai que tu ne m'as pas l'air si inconnue non plus. Aurais-tu déjà été à mon cabinet ? Docteur Guillaume Julien ?

Mes doigts descendent juste doucement à l'arrière de ses cuisses, descendant très légèrement entre sans approcher vraiment de son sanctuaire. Puis elles reviennent à ses fesses, son dos, sa nuque, redescendant pour venir flirter avec la forme de sa poitrine, chatouillant sans le vouloir sa hanche, revenant à ses fesses à nouveau puis ses cuisses...Toujours sensuellement pour faire naitre en elle un désir, simplement parce que j'aime toujours ce joli corps livré à mes envies.

Allongée sur le lit, la peau de son ventre caressant la courtepointe sur laquelle sa joue était posée, Violette flottait dans une réalité un peu abstraite à cause du vin qu'elle avait bu mais surtout des deux bouffées d'opium qu'elle avait aspirées sous la demande du client... cet homme qui disait être médecin et dont les mains parcouraient son corps avec volupté. Violette se sentait bien... ça faisait longtemps qu'elle ne s'était pas sentie aussi bien, aussi paisible et détachée de tout stress, de toute appréhension et de toute inquiétude. Elle se contentait d'apprécier ces douces caresses que Monsieur Julien lui offrait avec douceur et sensualité. La peau blanche de son dos, de sa nuque, ses fesses ou encore ses cuisses, frémissait à ce contact tantôt léger tantôt plus appuyé qui lui arrachait quelques soupirs de plaisir et de bien-être non contenus.

Il était allongé à côté d'elle et elle le regardait. Ses yeux à lui fixaient son regard. violette lui sourit. Non vraiment, les autres filles n'y comprenaient rien... A cette remarque, qu'elle avait formulée sans vraiment y réfléchir, le médecin lui demanda alors des précisions.

"Je ne sais pas ce qu'elles disent sur vous... J'ai juste vu qu’elles ne voulaient pas venir alors c'est moi qui suis venue... Je ne regrette pas... je me sens bien avec vous, moi. C'est pour ça que je dis ça... ce sont des bécasses qui ne savent pas ce qu'elles perdent..." dit-elle dans un soupir alangui.

Ses doigts s'égarèrent sur ses fesses et Violette émit un léger gémissement avant de poursuivre.

"Je voudrais que tous les clients soient comme vous parce que vous êtes tendre et que... hmm... vos caresses sont très agréables.." répondit-elle sans le lâcher des yeux.

Violette lui avait alors dis que son visage lui était familier mais la jeune fille ne se souvenait pas exactement ni où ni quand elle l'avait déjà rencontré. Monsieur Julien lui avoua alors que lui aussi avait l'impression de l'avoir déjà vue avant.

"A votre cabinet ? Non c'est impossible... Mon beau-père est médecin, c'est lui qui m'a soignée quand j'étais malade... je ne suis jamais allée voir d'autres médecins que lui..." répondit-elle.

Les doigts de Guillaume s'égarèrent vers ses cuisses et Violette poussa de nouveau un petit gémissement d'excitation. Sans crier gare, la jeune fille se tourna à son tour sur le côté, face au client et s'approcha de lui, si près que son corps se colla au sien. Doucement, elle l'enlaça et enfouit son visage dans le cou de l'homme dans ce qui ressemblait être une tendre étreinte.

"Je le déteste. Mon beau-père." se confia-t-elle soudain, l'opium aidant à abandonner toute réticence.

"J'ai travaillé longtemps chez lui. C'est moi qui accueillait les clients du "grand docteur" David Stanley !" poursuivit-elle, ignorant que Guillaume connaissait très bien ce confrère et que c'était probablement là que Violette et lui s'étaient déjà croisés.

La jeune fille enfouit un peu plus son visage dans le creux de l'épaule du client et continua son récit, le côté douloureux de l'histoire faisait légèrement trembler sa voix.

"Mais au lieu de me trouver un mari, il m'a vendue à monsieur et madame Boldwin."

Elle semble se détendre, douce petite chose aux courbes si agréables, femme-enfant dont le charme est vraiment troublant. Elle est séduisante c’est vrai, un style très différent des femmes plus mûres du Manoir, un style moins adulte, moins sexy, une petite pointe de timidité mais tout cela la rend vraiment désirable. Lorsqu’elle est entrée, elle me semblait fragile et intimidée, je voulais la mettre à l’aise, bien conscient que les autres ont décidé de la jeter en pâture à celui qu’elles ne veulent plus voir, elle a du imaginer le pire et pourtant elle vient dans un de ses soirs où ma seule envie est celle de caresser un corps doux et ravissant comme celui d’une fille du Manoir. Elle a donc de la chance, je doute qu’elle ne soit comme Delilah, elle ne voudra pas essayer de réussir là où les autres ont échoué, visiblement elle ne sait même pas pourquoi toutes ces réserves quand à moi. Ca me fait sourire, elles ne lui ont même rien dis, elles l’ont envoyée avec la peur au ventre, je trouve ça plutôt petit d’ailleurs, mais ce qui est fait est fait de toute façon non ? Afin de la mettre à l’aise, je lui offre un peu de vin et de l’opium, ça va la détendre, d’autant qu’elle ne semble pas avoir l’habitude, elle va se relaxer et se détendre rapidement, ça va lui faire du bien parce que je la sens nerveuse.

Ses mots me font rapidement sourire, visiblement ses relations avec les autres filles semblent être un peu tendues, voilà déjà deux fois en si peu de temps qu’elle les traitait de bécasses, j’en souris, amusé franchement par ce que j’entends là. Mes doigts continuent d’explorer sa peau, si douce et tendre sous mes doigts, ses fesses si fermes qui la font gémir lors d’une caresse, c’est marrant mais elle ne semble pas coller au Manoir, si innocente, si fragile, ça ne semble pas être le genre de lieu pour elle alors que fait-elle là ? Je ne comprends pas bien, en tout cas, je me demande si elle a déjà eu un client qui a suscité l’envie et pour lequel c’est elle qui aurait voulu que des choses arrivent ? Sa remarque sur les clients tend à prouver que j’ai vu juste, mes caresses sont agréables, je crois bien qu’elle ne se rend même pas compte de ce qui lui arrive, c’est particulièrement mignon je trouve, mais que voulez-vous je ne cherche pas à la faire céder à des envies charnelles mais j’avoue que ça serait amusant d’y parvenir. Peut-être serait-ce une des seules fois où c’est entièrement d’elle que viendrait le désir.

Elle dit que j’ai l’impression de lui être familier, elle me fait cet effet aussi maintenant qu’elle en parle, reste à savoir d’où nous pouvons nous connaître. L’idée d’avoir été son médecin n’est pas exclue mais apparemment non puisque son beau-père était lui-même médecin, du coup c’était sans doute parce que nous nous connaissions son beau-père et moi, ça paraît plutôt évident non ? En tous les cas, tout en réfléchissant, mes doigts s’égarent vers ses cuisses et Violette gémit son excitation, et bien alors, aurait-elle des envies qui grandissent ? L’opium inhibe beaucoup de choses en rendant ce monde distant, la pudeur en fait partie, elle libère les envies et les désirs, se pourrait-il que ses envies la fassent céder ? Elle approche et se blottit tout contre moi, expliquant que son beau-père, elle déteste, tiens donc, jamais je n’aurais deviné. Alors qu’elle est contre moi, mes mains continuent de voyager sur son dos, s’attardant en bas de son dos et sur ses fesses pour attiser un peu plus encore son envie, la faire céder devient un jeu amusant d’ailleurs et je m’y attèle avec grand plaisir. Elle semble avoir autant que moi besoin de réconfort d’avoir eu l’envie venant d’elle semble une bonne possibilité non ? Et soudain un nom qui me fait avoir juste un petit rire amusé, le docteur Stanley, un menteur doué et un médecin à la médecine douteuse, j’ai souvent eu l’impression que c’était plus par chance qu’il soignait ses patients que par talent, mais certains ne juraient que par lui alors...Toutefois, quand l’histoire me revient, j’ai peine au coeur de ce que je vais confesser à Violette :

- Lorsqu’il t’a présentée à moi pour la première fois, tu n’étais pas sa belle-fille mais son esclave, du moins il n’a pas dit ça ainsi mais son attitude le laissait comprendre, rien d’étonnant que aies fini ici alors. C’est donc quand je lui rendais visite que nous nous sommes rencontrés, ça me revient maintenant.

Violette était blottie contre Guillaume. Elle avait l'impression qu'il était le seul à la comprendre, le seul à pouvoir la réconforter, le seul avec qui elle se sentait bien, apaisée et en sécurité. Le corps emboîté au sien, il poursuivait ses caresses, lui arrachant quelques frissons, frémissements, voire quelques gémissements et soupirs de plaisir tandis qu'elle se confiait sans crainte sur les déceptions que lui avaient infligées sa famille et surtout son beau-père.

Au fil de la conversation, Violette comprit qu'elle avait vu juste. Elle avait déjà rencontré monsieur Julien auparavant mais ce n'était pas elle qui était allée chez lui, mais bien lui qui était venue chez elle... ou plus exactement au cabinet de son beau-père. Elle avait dû lui ouvrir la porte, comme aux autres clients, le priant de prendre place et de patienter le temps que le docteur le reçoive. Elle avait effectuée cette tâche si souvent...

Pourtant la révélation que lui fit Guillaume sur son impression lorsqu'il l'avait vue la première fois lui donna un pincement au cœur. Tout en restant contre lui, Violette recula la tête pour planter ses deux grands yeux bleus devenus humides par l'émotion dans ceux du client.

"Une esclave ?" répéta-t-elle.

"Je n'avais jamais vu cela de cette manière mais..."

Mais quoi ? Maintenant qu'il en parlait, elle pensait la même chose ? Maintenant qu'elle détestait son beau-père, c'était plus facile de penser ça ? Elle ne savait pas vraiment...

"Pourquoi ne m'avez-vous pas sauvée à l'époque... ?" demanda-t-elle avant d'enfouir de nouveau son visage dans l'épaule de Guillaume, montrant qu'elle ne lui en faisait pas le reproche mais que ça lui aurait peut-être permis d'avoir une vie correcte.

Violette se blottit d'avantage dans les bras de l'homme, comme à la recherche d'un réconfort plus démonstratif. Ses grandes mains chaudes continuaient de parcourir son corps blanc, caressant sa peau sans oublier aucune parcelle... son dos, ses fesses, ses cuisses... ses doigts la faisaient frémir toujours plus, si bien que Violette planta de nouveau son regard dans celui du Guillaume. L'opium avait fait envolé toute retenue et toute gêne mais sa timidité restait malgré tout dans sa voix.

"Pourquoi faites-vous cela ?" demanda-t-elle avant de préciser car elle se rendait compte qu'elle n'était pas forcément très claire.

"Je veux dire... Vous m'avez dit ne vouloir ce soir que douceur et tendresse mais vos caresses semblent inciter à plus... Je ne sais plus trop... ce que je dois faire..." dit-elle d'un air un peu perdu.

"A moins que vous ne me poussiez à désobéir et alors dans ce cas... ce n'est pas très gentil." conclut-elle avec une moue presque enfantine.

Tout contre moi, la jeune femme me donne une chaleur humaine très agréable. Je sens contre moi ses formes agréables, je sens contre moi la douceur de sa peau, sa poitrine, son souffle qui me réchauffe, sa présence est très agréable, elle me réchauffe doucement le corps et elle se laisse très docilement faire, elle se laisse très docilement caressée, j’apprécie sa présence. Elle est apprentie au Manoir, petite jeune qu’on a envoyé ici en bizutage et elle tombe sur un soir où je ne veux que douceur, car j’ai toujours aimé la douceur des formes d’une femme, pouvoir promener à ma guise mes mains sur le corps d’une belle femme a toujours été un plaisir, même dans ma dépression j’ai toujours su apprécier la douceur d’une peau, la fermeté de courbes féminines délicatement soulignées et elle est très belle. Elle a une beauté très jeune, lui donnant un air innocent qui est très agréable, l’alcool a rougi légèrement ses joues lui donnant un maquillage naturel qui met en avant ses yeux, l’opium semble avoir fait effondrer en elle toute notion de pudeur, toute notion de honte, elle est livrée, nue, sous le feu de mes caresses, et elle me laisse clairement entendre et comprendre qu’elle aime beaucoup les attentions que je lui porte. J’aime la sentir frissonnante, frémissante, gémissante, j’aime beaucoup cela. Sans doute eus-je apprécié qu’elle ne parle pas de son passé car les souvenirs me reviennent de la gentille petite portière qui accueillait les clients, traitée comme une esclave par celui qui se disait son père et visiblement qui l’avait vendu ici.

Elle reprend mon mot quand je dis qu’elle m’était apparue comme une esclave, elle me dit ne pas y avoir pensé elle-même mais visiblement elle tombait d’accord avec mes mots, j’en souriais doucement, c’est vrai que c’était l’impression que ça donnait. Il lui ordonnait et levait la main sur elle quand elle n’était pas assez rapide à son goût, j’ai souvenir d’un jour l’avoir entendue la gronder, insultant et menaçant alors qu’elle avait eu la maladresse de verser un rien de thé à côté de ma tasse. Elle avait été congédiée comme une malpropre, jamais un « sil te plait », jamais un « merci », j’avais mal au coeur pour elle, mais je ne pouvais rien faire. Affronter son père pour la protéger, il eut fallu que je la demande alors en mariage ou que je m’attire les foudres des bien-pensants et j’étais fiancée, et j’étais amoureux, je ne voulais compromettre le brillant avenir qui m’était promis en ces temps bénis. Si j’avais su comment cela finirait, si j’avais su que je finirai ainsi à la caresser avec douceur et tendresse, alors oui je serai intervenu pour prendre sa défense, mais j’ignorais alors quel triste dessein l’avenir me réservait :

- Je te demande pardon Violette. Je ne pouvais rien faire à cette époque, il était ton père, l’affronter pour te défendre aurait été mal vu, je ne pouvais être mal vu des gens de la ville, j’avais ma fiancée, ma profession, je ne pouvais pas risquer ça. Je suis navré.

Je la regarde, continuant de caresser son corps avec douceur, aucun geste vraiment déplacé, aucun geste vraiment intime, je lève un sourcil à sa question, pourquoi je fais quoi ? Les explications viennent et je lui souris, amusé honnêtement par son innocence. Une Délicieuse aurait été sans doute frustrée à sa place de ne pas recevoir plus, mais il semblait que Violette ne voit des idées lui venir face à mes gestes, peut-être est-ce même la première fois qu’elle désire cela avec un client ? Un brin d’égoïsme oui mais visiblement elle est partagée entre son devoir d’obéissance et ce qu’elle a envie de faire, je lui adresse un sourire, arrêtant mes doigts, posés très légèrement sur ses fesses :

- Je ne cherche pas à te faire désobéir. J’aime les courbes d’une femme, plus encore quand elles sont aussi belles que les tiennes. Y promener mes doigts m’y est plaisant, sentir ta peau si douce me fait sentir vivant, mais il semble que je te donne des idées ? Ou serait-ce des envies ? N’aies pas peur ma belle Violette, si tu as envie de quelque chose, tu as droit de le faire, tu ne seras pas punie. Je veux que tu apprécies et savoures ce que je fais, je veux que tu acceptes ce que ton corps ressent et que tu décides d’en profiter. Tu te sens des envies, alors autorise-toi à les vivre, en ma présence, ce soir, tu as le droit d’écouter ton corps et lui donner ce qu’il demande.

Violette avait demandé à Guillaume pourquoi il ne l'avait pas sauvée alors qu'il s'était rendu compte qu'elle n'était pas heureuse dans sa famille. Bien sûr, le mot "sauver" avait été un peu fort, "défendre" aurait été plus approprié... quoi que... lorsqu'on faisait le point sur sa courte vie et surtout sur sa situation actuelle, ce qu'elle était devenue désormais, une prostituée, prisonnière de ce manoir alors qu'elle aurait été capable de bien tant d'autres choses plus valorisantes... peut-être que si finalement, le mot "sauver" était approprié.

A cette question, naïve il est vrai, Guillaume s'était simplement excusé, expliquant qu'à l'époque, sa brillante situation ne lui avait pas permis de prendre la défense d'une simple petite bonne de médecin. Même si elle n'avait pas vraiment attendu de réponse de sa part, ses excuses lui firent chaud au cœur car elle le sentait vraiment désolé pour elle.

"Je comprends, ce n'est pas grave." dit-elle en se blottissant de nouveau contre lui.

Elle avait l'habitude de toute manière. Elle n'était pas quelqu'un d'important et elle n'attirait l'attention de personne. Son existence n'avait pas grande valeur après tout. C'était ce qu'on lui avait toujours fait ressentir alors elle avait fini par le croire et trouver ça normal.

Sa vie était vouée à obéir et faire ce qu'on lui demandait. Fini l'accueil des patients du docteur Stanley, elle devait désormais offrir son corps à des inconnus. C'était ce qu'on lui demandait, c'était ce qu'elle devait faire. Peut-être un jour, très lointain, ce nouveau travail lui permettrait de rembourser sa dette auprès du couple Boldwin et alors ce jour là, elle pourrait partir et vivre sa vie... prendre elle-même des décisions et faire ses propres choix. C'était si lointain de toute manière, alors pourquoi y penser déjà...

Alors elle s'était blottie contre ce client qui savait lui apporter tendresse, douceur et réconfort. Sa chaleur lui faisait du bien, tout comme ses caresses qui la faisaient frémir... si bien qu'elle ne sut plus très bien quelles étaient les attentes du client. Il était vrai que les caresses appuyée de Guillaume avaient éveillé une légère excitation chez la jeune fille mais Violette, formatée à obéir, ne voulait pas outrepasser les désirs du client.

Il lui assura qu'il ne voulait pas la faire désobéir volontairement et qu'il aimait simplement caresser les courbes d'une femme. Il la complimenta d'ailleurs à ce sujet et Violette lui répondit par un sourire timide. C'était si rare les compliments, elle en avait si peu reçus que ça lui donnait une sensation étrange. Il affirma qu'il avait compris qu'elle avait quelques idées ou désirs et Violette minauda légèrement en guise de réponse sans vraiment avouer que c'était le cas.

Il la rassura ensuite, lui autorisant un écart sans risque de punition. Il lui demanda d'écouter son corps et de répondre à ses propres envies... mais c'était quelques chose d'encore un peu difficile pour elle, novice en amour, tout juste déflorée, Violette était encore innocente. La jeune fille se mordit la lèvre tandis qu'elle plantait ses grands yeux bleus dans ceux de Guillaume. S'autoriser quelque chose ? Dans l'immédiat, Violette avait envie de quelque chose et, encouragée par Guillaume, elle le fit. La jeune fille tendit le cou et vint poser ses lèvres sur celles du client pour lui donner un baiser... chaste dans un premier temps, plus appuyé ensuite. Poussée par la désinhibition de l'opium, elle entrouvrit légèrement les lèvres pour goutter aux siennes de façon plus approfondie, mais toujours avec cette gourmandise et cette douceur qui la caractérisaient.