Le Manoir des Délices
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 Soirée mouvementée [PV Alexandre]

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Soirée mouvementée [PV Alexandre] _
MessageSujet: Soirée mouvementée [PV Alexandre]   Soirée mouvementée [PV Alexandre] EmptySam 2 Juil - 14:44

Une nouvelle soirée au manoir. Tous assis autour des quelques tables réservés à leurs repas, Jules plaisantaient avec un petit groupe. Il avait toujours eut le contact facile, il connaissait les prénoms de tout le monde au manoir. Des domestiques aux délicieuses. A vivre les uns sur les autres, il ne comprenait même pas comment certains pouvait ne pas les retenir. Il savait que du côté des filles il y avait parfois des histoires de rivalités, mais il ne se sentait pas concerné par ce type d'enfantillages. Chaque soirée se ressemblait plus ou moins, il était rare qu'il en ressorte transcendé, parfois il faisait des rencontres intéressante. Mais il refusait clairement d'être racheté, peut être lorsqu'il serait plus âgé, mais pour l'instant il ne se voyait pas finir coincé auprès d'une femme outrageusement riche qui le considérerait comme un distrayant jouet. Se plier aux désirs d'une femme pour se payer le tailleur le plus cher de Paris, très peu pour lui. Il préférait la vie qu'il avait ici, il était libre de faire ce qu'il voulait de ses journées, sauf rendez vous bien entendu. Et il prenait les nuits comme des jeux, ou des défis.

Il se redressa pour quitter la pièce pour aviser du coin de l'œil, un autre mignon. Alexandre. En retrait, comme d'habitude, muet, pauvre âme. Ca ne devait pas être simple, et la vie n'avait pas l'air d'avoir été tendre avec lui, il suffisait de regarder ses yeux, ils parlaient pour lui. Quelques fois Jules avait essayer d'aller vers lui, de lui parler, mais ça n'avait guère été concluant. Il avait finit par abandonner, il n'avait pas non plus insister longuement, mais il respectait son choix, s'il voulait rester en retrait, il l'y laisserait. Il monta se changer, il entendait quelques filles piailler devant les glaces. C'était un moment qu'il affectionnait, chaque jour c'était un joyeux bordel, tout le monde courait, les filles se disputaient corset ou guêpière. Nous c'était toujours plus calme, mais ça nous arrivait assez régulièrement d'aller taquiner ce petit monde, en cachant la poudre de riz ou chapardant un parfum. Il ne fallait pas se leurrer ce n'était pas une vie facile et toujours joyeuse, pour certains c'était l'enfer sur terre. Mais Jules prenait tout à la légère, la vie était trop courte pour tout prendre au sérieux.

Il se débarrassa de ses vêtements décontracté pour enfiler une chemise blanche et un gilet long comme le voulait la mode. Mettre soigneusement tant de bouton pour les faire sauter l'heure d'après, quelle perte de temps. Mais l'élégance primait, ce n'était pas un vulgaire bordel, et la réputation du Manoir avait franchit les frontières. Il n'essaya même pas d'arranger ses cheveux et jeta un coup d'oeil à l'horloge, il allait être l'heure de descendre et miracle, il n'était pas en retard pour une fois. Il se dirigea comme d'habitude vers un fauteuil, le Manoir ouvrait ses portes et déjà les premiers clients affluaient. A chaque fois qu'un homme entrain il priait pour qu'il se dirige ailleurs que vers lui. Malheureusement pour lui, il plaisait. Et il pouvait le dire clairement, les hommes étaient des porcs. Heureusement pour lui il savait jouer la comédie, et à force de travailler ici il avait finit par s'habituer, même si sa première fois avec un homme ne fut pas réellement une partie de plaisir. Il préférait les femmes, même si celles qui venaient au Manoir n'étaient pas toute belles, intelligentes, ou de premières fraicheurs. Mais mieux valait une femme, et il en venait parfois à plaindre la gente féminine, travailler ici lui avait appris à traiter avec plus de compassion les femmes.

Perdu dans ses pensées, il arrêta de surveiller les arrivés pour se perdre sur les motifs du tapis. Il fut ramener sur terre d'une tape derrière la tête, et d'une mise en garde amusé d'un autre Mignon. Non ce n'était pas très professionnel. Il lissa machinalement son gilet sombre pour se donner une contenance et se redressa dans la fauteuil, si les patrons l'avaient vu avachis et les yeux dans le vague, nulle doute qu'il aurait eut le droit à une pluie de reproche. Et il préférait éviter ça, pour son propre bien.


Dernière édition par Jules Gaspard le Lun 4 Juil - 12:23, édité 1 fois
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Soirée mouvementée [PV Alexandre] _
MessageSujet: Re: Soirée mouvementée [PV Alexandre]   Soirée mouvementée [PV Alexandre] EmptyDim 3 Juil - 21:32

Une nouvelle soirée débutait. Une soirée semblable aux autres. Alexandre avait passé l’après midi à dessiner derrière un bosquet du parc et il n’était rentré au manoir que pour l’heure du dîner. Celui ci avait été vite expédié car le jeune homme n’aimait pas trop s’attarder dans la salle à manger bruyante, pleine de conversation qu’il ne pouvait suivre. Au moment des repas, l’endroit ressemblait à une ruche vrombissante à laquelle il se sentait étranger. Personne n’était désagréable avec lui mais son mutisme rendait la plupart des gens mal à l’aise malgré leur bonne volonté. Il y était habitué et si avant il en ressentait une profonde colère il s’était maintenant résigné et avait trouvé à sa solitude forcée une certaine douceur.

Quand ses yeux se posèrent sur son assiette presque vide il se rendit compte qu’il n’avait même pas fait attention à ce qu’il y avait dans son assiette. Un sourire railleur se dessina sur ses lèvres. Decidemment, il était souvent dans la lune ces jours ci. Il fallait qu’il se ressaisse. Pourquoi se sentait il si mélancolique ces derniers temps? Il avait pourtant traversé des moments bien plus durs que la vie au manoir. Ici il avait à manger, il avait un lit et de quoi dessiner. Il aurait du être heureux de sa condition. Une pointe de culpabilité l’aiguillona soudain et il se leva pour rejoindre son dortoir. Là bas, il se deshabilla et après une rapide toilette enfila une tenue plus appropriée pour la soirée. Une fois ses cheveux sombres disciplinés, il se regarda une dernière fois dans la glace avant de descendre. Il croisa quelques filles en retard, aida une jolie rousse à lacer son corset et ajusta la coiffure d’une autre jeune fille. Il savait que les Boldwin aimaient la ponctualité et il n’aimait pas trop voir les filles se faire réprimander comme des gamines de dix ans.

Il arriva dans le salon de réception et s’adossa à un mur, un peu en retrait. Les femmes se mettaient plus en avant car les clients hommes arrivaient tout le temps en début de soirée tandis que les dames venaient un peu plus tardivement...sûrement parce que dans la société un homme qui va au bordel est un homme qui sait jouir de la vie tandis qu’une femme qui fréquente ce genre d’endroit est une trainée. Elles étaient donc plus discrètes.

L’heure de l’ouverture du manoir arriva et peu à peu les délicieuses et ribaudes s’égayèrent dans le salon, au bras des clients qui avaient jeté leur dévolu sur elles. Alexandre les observait minauder, s’émerveillant de leurs talents d’actrices pour certaines, lorgnant sur les décolettés des autres. Après tout, à défaut de parler, il avait de yeux.
Une brique lui tomba soudain lourdement sur l’estomac quand il croisa le regard de la personne qui le fixait depuis quelques minutes déjà. Il n’allait guère s’amuser ce soir...







... Le client avait payé grassement et la soirée dura une éternité aux yeux d’Alexandre qui n’avait pas osé sortir de la chambre qui lui avait été attribuée depuis que l’homme était parti. Un notable à qui il aurait bien collé une raclée s’il n’avait pas été si influent en ville et si les Boldwin ne l’avait pas accueilli si obséquieusement. L’homme avait passé une bonne soirée sans aucun doute mais lui était bon à rester au dortoir pendant au moins une semaine.
Il passa la main sur son visage douloureux pour vérifier que rien n’était cassé. sa lèvre saignait et sa joue gauche le lançait mais rien ne semblait être brisé. Il se redressa péniblement sur la couche et soupira. Ses patrons allaient être furieux de le voir dans cet état mais le jeune homme savait qu’ils ne feraient pas grand chose contre le client. Un homme trop important.
Il se traina plus qu’il ne marcha vers un miroir dans un angle de la pièce. Un seul regard suffit. Des ecchimoses apparaissaient déjà sur son torse et ses avant bras et son oeil droit était enflé et douloureux.
L’homme lui avait fait payer le désir qu’il avait ressenti pour lui. Non content de s’être comporté comme une bête avec lui, il l’avait roué de coups pour se prouver à lui même qu’il restait un homme à part entière. Alexandre avait commencé à se rebiffer mais l’homme l’avait corrigé vertement et à présent le jeune homme tenait à peine sur ses jambes.
Jamais il n’avait encore eu à subir celà ici. Des filles avaient déjà été malmenées mais il n’en avait jamais encore fait l’expérience. Il ramassa ses vêtements et les passa laborieusement avant de se diriger vers la porte. La soirée touchait à sa fin et il avança prudemment dans les couloirs, peu enclin à croiser quelqu’un. Pas question de rentrer comme ça au dortoir. Tout le monde allait l’observer, lui poser des questions...non, il fallait qu’il se débarbouille et qu’il se lave.

Il se dirigea vers la salle d’eau attenante au dortoir des hommes et remplit une cuvette d’eau chaude. Il y plongea une serviette qu’il passa en grimaçant sur son visage tuméfié. Bon sang, il avait mal partout. Tout son corps était douloureux et il se sentait nauséeux. Certains clients étaient des animaux. Il en tremblait encore.

Fatigué, il s’assit sur le rebord de la baignoire et ferma les yeux. Il devait prendre un bain mais il ne sentait pas la force de remplir la baignoire. Il se laissa glisser au sol, le corps perclu de douleurs en se répêtant que demain serait un autre jour. Oui, il retrouverait ses fusains et son coin de jardin et irait voir Miss Hooper pour se faire porter pâle quelques jours. De toute façon, qui voudrait d’un homme qui semblait être passé sous les sabots d’un cheval au galop?

Il poussa un juron dans sa tête en voyant quelques gouttes de sang s’ecraser au sol. Voilà qu’il saignait du nez! Il lui fallait vraiment du repos...
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Soirée mouvementée [PV Alexandre] _
MessageSujet: Re: Soirée mouvementée [PV Alexandre]   Soirée mouvementée [PV Alexandre] EmptyLun 4 Juil - 12:17

La soirée avait été aussi calme qu'elle pouvait l'être, quelques clientes, des habituées pour la plupart. Aucune mauvaise surprise et pas mal d'argent récolté. Jules était satisfait, même si la dernière cliente avait tardé à quitter les lieux. Il fallait l'avouer il était plutôt mal avisé de chasser une femme qui vous payait si grassement. Et si souvent. Elle lui avait même ramené un présent, attention touchante, si la veste de Brocart, qu'il affectionnait peu en général, n'était pas à dominante jaune, couleur qu'il haïssait. Mais il jouait bien la comédie, comme un peu tout le monde ici. Et heureusement, parce qu'aucune des personnes qui venaient ici ne payaient pour entendre la vérité. Pour être abreuver de compliment, de phrases fausses et pour aller taquiner le septième le ciel sans avoir aucun compte à rendre.

Il arrivait à la porte du dortoir, il avait déjà la main sur la poignée quand il se ravisa. Il avait bien mérité un bain, et demain se serait sans doute impossible de trainer, à cette heure ça devait être complètement vide, et faire quelques allés retour pour aller chercher de l'eau ne le dérangeait pas outre mesure. Jules poussa la porte de la salle d'eau, et s'arrêta net en y voyant un corps prostré.


« Désol... »


Il s'interrompit lorsqu'il vit qui était la personne. Il était mal en point, et bien visiblement, les Boldwin allaient peu apprécier. Il se souvint vaguement qu'un homme l'avait choisis ce soir, un homme que tout le monde souhaitait éviter. Il grimaça. Jules songea qu'il était parfaitement inutile de lui demander comment il allait. Mal c'était évident. Il l'observa d'un air neutre, la dernière chose qu'on avait envie de lire dans le regard de quelqu'un à cet instant, c'était la pitié. Il s'aperçut qu'il saignait du nez et attrapa sur une étagère un tissu propre qu'il lui tendit alors qu'il s'accroupissait devant lui pour lui demander :

« Est ce que tu accepterai mon aide, si je te la proposais ? »

Pour être passé par là, il savait qu'on se sentait mal, qu'une envie de vomir vous prenait aux tripes. Ce n'était pas un peu de savonneuse qui vous ôtait ça. De toute façon les ecchymoses ne partent pas comme ça. Alexandre était muet, donc il n'attendait pas de réponse. Il avait déjà décidé qu'il l'aiderait, persuadé que celui ci était capable de passer sa convalescence en retrait, et tout le monde préférait ignorer ce genre de cas, ou pire faire preuve d'une fausse compassion qui dégoulinait de pitié et de la peur que ça leur arrive aussi.


« Tu aurais du venir trouver quelqu'un tout de suite ! »

La colère perçait dans sa voix, mais elle n'était pas dirigé contre Alexandre, mais uniquement contre cet homme qui se croyait au dessus des autres. Il n'y a que ceux qui n'assument par leur désir qui blessent. Avec le temps, Jules savait les repérer, et les éviter autant que possible. Mais le choix n'était pas toujours possible, surtout lorsque la personne était importante. Et Alexandre avait la malédiction d'être d'une beauté rare. Il se redressa et jeta un coup d'œil à la baignoire elle était vide et sèche, des sceaux étaient posés à proximité. La pièce était muni d'un foyer, et un feu y était déjà allumé. Il poussa un léger soupire, il n'aurait pas du s'énerver, mais il lui arrivait d'être sanguin. Et c'était un doux euphémisme.

« Est ce que tu veux que j'aille te chercher de l'eau ? »

Et de quoi faire des compresses. Son œil était déjà enflé, il senti une vague de colère affluer, qu'il contint tant bien que mal. Il avait très envie de retrouver cet homme, le frapper ne changerait strictement rien à la solution, mais ça le soulagerait un peu. Il l'observa, guettant ce qui pourrait être une réponse affirmative, ou un rejet catégorique.
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MessageSujet: Re: Soirée mouvementée [PV Alexandre]   Soirée mouvementée [PV Alexandre] EmptyMar 5 Juil - 12:39

Alexandre avait l’impression d’avoir le corps tout engourdi tant il était douloureux. Il avait déjà connu cette sensation quand, autrefois, il avait reçu quelques raclées dans la rue. Des histoires de territoire, de regards mal interprétés...la vie dans la rue était truffée de pièges et si le jeune homme avait toujours été assez avisé pour savoir les éviter il n’avait pas pu toujours y echapper. Etant solitaire, il avait essuyé quelques sévères raclées et les sensations après coups étaient les mêmes que ce soir : froid, engourdissement et nausée. Il n’y avait qu’une solution, c’était de penser à autre chose. Alexandre était doué pour s’évader par l’esprit. C’était une force car aucun univers clos ne pouvait empêcher ses pensées de vagabonder, libres.

Il ferma donc les yeux et remplaça la sensation de douleur qu’il ressentait dans son corps par une sensation tout intellectuelle de bien être. le chaud pour remplaçer le froid, la joie pour remplaçer la tristesse. Le soleil sur sa peau nue, une brise légère, des odeurs de pain chaud, le bourdonnement d’une ruche...des images simples qui occultaient l’horreur du moment.

Mais ce soir il avait du mal à s’évader. sa poitrine était douloureuse à chaque respiration et dès qu’il fermait les yeux des images de la soirée lui revenaient en mémoire. L’envie de vomir le saisit à nouveau. Comment pouvait on prendre son pieds en faisant souffrir quelqu’un d’autre? Pour Alexandre c’était une conception de la vie absolument incomprehensible. Il avait hurlé et tenté de se soustraire à cette violence gratuite mais quand il avait vu qu’il n’était pas de taille il n’avait plus fait que subir en se protégeant le mieux qu’il pouvait. Le résultalt était qu’il mettrait sûrement longtemps à oublier cette soirée et qu’il allait être à la torture quand un nouveau client se présenterait.

Le jeune homme était donc à cet instant dans ses pensées quand la porte s’ouvrit. Il sursauta violemment et son coeur fit une embardée violente dans sa poitrine. son regard effrayé tomba sur Jules qui commençait déjà à s’excuser en refermant la porte.
Alexandre soupira de soulagement et laissa son front retomber sur ses genoux. Il n’avait pas besoin maintenant de la sollicitude de ses pairs. Il avait vu comment on regardait les filles qui se faisaient rouer de coups. C’étaient des regards de compassion mais derrière ces regards on pouvait clairement lire du soulagement, soulagement de n’avoir pas été celle qui a été passée à tabac. On plaignait la pauvre fille mais on se réjouissait d’être indemne puis on l’oubliait rapidement parce que penser à ces choses dans cet endroit était effrayant.

Pourtant la porte ne se referma pas et il entendit Jules s’approcher. Retenant sa respiration, il se recroquevilla un peu plus, peu enclin à étaler devant les yeux de l’autre garçon sa pitoyable apparence. Si la douleur était supportable, la honte l’était beaucoup moins. Tout sur son corps racontait l’abominable soirée qu’il avait vécue et malgré son métier, il restait un homme et il avait sa fierté; fierté bien égratignée par le fait qu’il avait été le jouet sexuel et le défouloir d’un salopard pendant plus de deux heures.

Il entendit Jules se saisir d’un linge avant de s’accoupir devant lui pour lui proposer un peu d’aide. Sa première réaction fut de lever vivement les yeux vers lui pour lui adresser un regard noir, aussi méfiant que celui d’un animal. Laisse moi tranquille, semblait dire ce regard. Et surtout ne me touche pas.

Pourtant il ne lut aucune compassion ecoeurante dans le regard de son vis à vis, ni aucune curiosité mal placée. Il attrappa vivement le tissu et se recroquevilla à nouveau, mettant le plus d’espace possible entre eux. Il appliqua le tissu sur son nez et appuya fortement pour stopper l’hemoragie. Avec un peu de chance l’autre s’en irait et ceserait de le regarder.

Mais Jules n’était pas enclin à partir et pire, il le sermonna sur le fait qu’il aurait dut prévenir quelqu’un. Alexandre releva à nouveau la tête pour lui tendre un regard acéré qui parlait à lui seul. Pourquoi aller voir quelqu’un? Pour subir une myriade de questions toutes plus honteuses les unes que les autres? Pour se laisser soigner par quelqu’un qui ne le plaindra qu’en apparence et qui pensera que de toute façon il avait bien du le chercher d’une façon ou d’une autre et qu’il n’était de toute manière qu’une putain qui faisait son boulot? Hors de question.

Jules ne sembla pourtant pas destabilisé par son apparente hostilité. Se redressant, il lui proposa même de remplir la baignoire d’eau. Alexandre l’aurait bien foutu à la porte mais l’idée d’un bain était tentante et de toute façon, il était incapable de se relever alors mettre quelqu’un dehors de plus grand et plus costaud que lui, c’était tout simplement de l’ordre de l’utopie. Il aurait même eu du mal à déloger une fillette de cinq ans.
Ravalant sa fierté il acquiesca donc en baissant les yeux, honteux de sa propre faiblesse. Maintenant il avait presque envie de pleurer comme une gamine mais cela ne rajouterait qu’un peu plus d’humiliation à sa situation.

Serrant les dents il se releva avec difficulté et se saisit d’un seau pour aider Jules mais il en fut incapable. Tremblant, il se rassit sur le bord de la baignore et tendit un regard honteux au jeune homme. Il allait devoir le laisser se débrouiller tout seul.


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MessageSujet: Re: Soirée mouvementée [PV Alexandre]   Soirée mouvementée [PV Alexandre] EmptySam 9 Juil - 20:05

Les regards acérés que lui lançaient Alexandre n'ébranlaient pas la détermination de Jules. Il savait pertinemment qu'il devait redouter le jugement ou une quelconque sentence qui ne tomberait pas, pas de sa part en tout cas. Il resterait totalement stoïque. Il finit par acquiescer et Jules fut soulagé qu'il le laisse l'aider, ça n'était pas donné. Mais Alexandre semblait ne pas vouloir le laisser faire tout seul, il l'observa se redresser et grimaça légèrement en lisant la douleur que trahissait ses gestes et la crispation de son visage. Tremblant et honteux il finit par relâcher le seau. La honte. Il n'avait pas à la ressentir. Jules récupéra le seau et amorça un geste pour poser la main sur son épaule, mais il se ravisa, il n'accepterait sans doute pas les contacts physiques.

« Alexandre, tu n'as pas à avoir honte. Tu n'es pas responsable, ce n'était pas de ta faute. C'est ce lâche qui mérite de la ressentir. »

Sur ce, il parti remplir les seau, en plusieurs voyage il remplit une partie de la baignoire, et mit le reste à chauffer dans l'âtre pour que le bain soit à bon température. Pendant qu'il s'afférait autour de l'âtre pour faire un naître un bon feu, il réfléchit. La situation d'Alexandre n'était pas simple, lorsque ça lui était arrivé, il était resté terré, la moindre personne approchant recevait un chapelet d'insultes fleuris, et il s'était chargé lui même de s'assurer que le client qui lui avait fait ça ne remette plus les pieds au manoir. Hors de cet endroit, ce n'était plus un client, simplement un homme, un homme qui avait payé non pour avoir le droit de faire ce qu'il voulait, mais payé ses actes. Mais la situation d'Alexandre était plus compliqué, son client n'était pas un anonyme.

Au cours de son dernier voyage il avait ramené de quoi écrire et du papier, mais l'avait mis de côté, c'est lorsque ses yeux tombèrent dessus qu'ils se rappelèrent à sa mémoire. Il les apporta à Alexandre, si jamais celui-ci voulait écrire, afin de s'exprimer, ou dessiner s'il le souhaitait.

« L'eau sera chaude dans quelques instants. »

Jules tira un tabouret et s'assit face à lui.

« Les Boldwin vont être furieux. »

Ce n'était pas une accusation, simplement une constatation. Alexandre était un atout pour cette maison, et ses blessures n'allaient pas partir en un jour. Il allait être mis au repos de force, et pendant ce temps aucun argent gagné.

« Tu préférais sans doute que personne ne soit au courant, mais autant te préparer à la condescendance. Et si je peux me permettre de te donner un conseil, il n'y qu'une seule chose à y opposer, le mépris le plus profonds. La fierté aussi, cet enflure ne te l'as pas pris. »

Il avait l'impression de jouer les grands frères, mais il savait par quoi passait actuellement Alexandre. Pas exactement, tout le monde était différent, mais le plus effrayant c'est le regard des autres. Il faut apprendre à les ignorer. Garder la tête haute, ne pas accorder la victoire au monstre, ne pas se laisser briser. C'est ce qu'ils aimeraient croire, parce qu'alors aucun risque que leur déviance ne soit ébruité.

« Si tu veux... écrire, je te lirai. »


La formulation était étrange, mais l'idée était passée. Il ne voudrait sans doute pas revenir immédiatement ni sur ce qu'il ressentait, mais il voulait qu'il sache qu'il était là, qu'il ne comptait pas l'ignorer tout de suite après. Même si jusque là ses relations avec le plus jeune n'étaient jusque là pas de la franche camaraderie, ça n'empêchait pas d'éprouver de l'empathie.
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MessageSujet: Re: Soirée mouvementée [PV Alexandre]   Soirée mouvementée [PV Alexandre] EmptyVen 15 Juil - 21:41

Alexandre laissa Jules s’occuper du bain, honteux de le voir faire tout le travail. Se faire couler un bain était une chose si banale que le fait de ne pas pouvoir le faire était une chose très honteuse. De plus, Jules avait travaillé toute la soirée, il avait sûrement envie de se reposer, pas de s’occuper d’un garçon pas même capable de se défendre tout seul. Le jeune homme était mortifié par ce qu’il lui arrivait. Il aurait du se défendre, il aurait du refuser de se faire traiter ainsi... mais il n’avait rien fait. Il s’était laissé violer et tabasser - il n’y avait pas d’autres termes pour nommer ce qu’on lui avait fait subir- et il n’avait même pas réussi à se défendre. Pourtant il avait été à bonne école dans la rue. Mais ici, rien n’était pareil. Il n’avait plus l’impression d’être le même homme. Il n’avait plus rien à voir avec le garçon sale et taciturne qu’il était avant. Aujourd’hui, il se sentait perdu. Il avait certes un toit et de quoi manger, il était aussi très reconnaissant envers Adrian de l’avoir recueilli alors que perssonne ne voulait de lui mais il n’arrivait pas à se faire à ce travail. Quand il se regardait dans un miroir il ne se reconnaissait pas en ce jeune homme attirant et il avait constamment l’impression de jouer un rôle. Sourire, charmer, exciter les sens étaient des choses qui ne lui étaient absolument pas familières et il était des plus maladroits dans ses approches avec les clients. Au début, il avait pensé que jamais personne ne s’intéresserait à lui mais il avait été très étonné de voir que sa candeur et sa spontanéité attirait les gens qui venaient au manoir. Victime de son succès, il se cachait toute la nuit derrière le masque du mignon bien dans sa peau et s’ecroulait une fois le dernier client parti. La vie au manoir lui avait apporté une certaine stabilité mais il avait du mal à se glisser dans la peau d’un mignon... et après cette soirée, passer un moment avec un nouveau client serait difficile.

Jules finissait de remplir la baignoire d’eau chaude. Le feu dans l’âtre crépitait mais Alexandre était frigorifié. Les paroles réconfortantes de l’autre garçon ne le réchauffèrent guère. Il lui disait de ne pas avoir honte, que ce n’était pas sa faute. Pourtant, il l’avait laissé faire. Il aurait pu le mettre à la porte de la chambre, quitte à s’attirer les foudres des Boldwins mais il ne l’avait pas fait.

Il se saisit de la feuille et du crayon de graphite que Jules venait de lui ramener mais se contenta de triturer l’objet entre ses doigts. Que pouvait il écrire? Il avait juste envie d’oublier, de couler au fond de cette baignoire et de ne jamais remonter à la surface.


Il détourna le regard quand Jules vint s’assoir face à lui sur un tabouret. C’était trop difficile de regarder quelqu’un en face, trop douloureux et humiliant. Il se mordit sa lèvre, déjà abîmée, quand Jules lui dit que les Boldwins allaient être furieux. Bien sîr qu’ils n’allaient pas être contents mais Alexandre ne savait pas vraiment comment ils allaient réagir quand ils s’apercevraient qu’il ne pourrait pas travailler pendant plusieurs jours. Allaient ils rejeter la faute sur lui? Après tout, il avait bien fallu qu’il fasse quelque chose pour que ce pervers s’acharne sur lui.

Il frémit également quand Jules lui fit la remarque qu’il ne pourrait pas rester caché et que tout le monde allait finir par être au courant. Son coeur accéléra dans sa poitrine et il dut fermer un instant les yeux pour calmer sa respiration devenue soudain difficile. Il ne voulait pas qu’on le regarde, il ne voulait pas qu’on parle de lui et qu’on le regarde avec pitié et surtout il ne voulait pas que le regard des autres lui rapelle cette soirée. Il voulait oublier, point final.

Quand Jules lui proposa d’ecrire quelque chose il lui lança un long regard attentf, cherchant à déceler la moindre parcelle de de curiosité malsaine ou de pitié mal placée dans ses yeux. Mais rien de trouble ne voilait son regard franc.
La main du jeune homme trembla un instant devant la feuille mais se ressaisissant, il commença à tracer quelques lettres hésitantes. Il n’avait pas envie de se confier mais la gentillesse de Jules méritait bien quelques remerciements
.

‘Merci pour le bain. Je n’aurais pas réussi tout seul’, ecrivit il en tendant un léger sourire au jeune homme, sourire qui se transforma rapidement en grimace de douleur. Il essuya une larme rageuse qui perlait au coin de ses yeux.

‘Désolé de t’imposer ce spectacle.’

Son ecriture se fit plus hachée.

‘ ca t’es déjà arrivé?ecrivit il avant de froisser la feuille et de secouer la tête énergiquement la tête. Jules n’avait pas à revivre des moments difficiles juste pour qu’il se sente moins seul dans sa galère.

Il réussit à se lever et ouvrit l’un des placards de la pièce. Il n’y avait pas grand chose pour se soigner, il devrait aller à l’infirmerie et cette perspective ne l’enchantait guère. Il aurait préféré se soigner seul, dans son coin.
Son regard croisa son reflet dans le miroir. C’était moche.
Il se retourna, défroissa la feuille et et ecrivit :
‘je vais pouvoir prendre des vacances’, pour détendre un peu l’atmosphère. Il ne voulait pas non plus passer pour un pleurnichard et de toute façon il ne se sentait pas la force de parler de ce qu’il avait vécu. Avec le temps peut être...
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MessageSujet: Re: Soirée mouvementée [PV Alexandre]   Soirée mouvementée [PV Alexandre] EmptyMar 19 Juil - 13:19

La main d'Alexandre trembla avant qu'il ne commence à écrire. Des remerciements, le plus âgés fit échos à son sourire, mais celui-ci se fana rapidement. Un nouveau message. Il ne lui imposait rien du tout, il n'était pas obligé de l'aider, il le faisait parce qu'il trouvait ça normal. Alexandre et lui n'étaient certes pas des amis, à peine des connaissances, mais le plus jeune n'avait rien fait qui mérite qu'il l'abandonne à son sort. Il commença à écrire une nouvelle phrase, mais avant qu'il n'ait pu la lire, celui-ci froissa la feuille et secoua tête, Jules haussa un sourcil, un peu intrigué, mais il n'avait pas envie de le brusquer. Puis, celui-ci se leva courageusement pour ouvrir un placard, il cherchait certainement certains onguents, qui permettaient de soulager les blessures, mais ce n'était pas ici. Tout était conservé sous clé pour en éviter un usage abusif.

Alexandre lissa la feuille qu'il avait préalablement froissé, pour écrire à nouveau. Jules se rapprocha pour pouvoir lire et un sourire amusé orna son visage.


« Tu peux même prétendre à une augmentation. »

Son regard s'arrêta sur la question écrite avant, sa mâchoire se crispa un instant, avant que son visage ne redevienne impassible.

« Ca m'est déjà arrivé, oui. »


Il était en un peu meilleur état tout de même, mais sa dignité avait pris un sacrée coup.

« Je sais ce qu'on ressent, c'est pas les bleus qui font le plus mal. »

Lui dire que ça irait rapidement mieux se serait mentir. Ca prenait du temps. Il fallait apprendre à relativiser, c'était peut être le plus compliqué, relativiser un tel acte. A l'époque il avait bien faillit quitter cette vie. Mais pour faire quoi d'autres ? Allez mendier dans les rues ? Ou se faire rattraper par son passé ? Très peu pour lui. Mais il ne savait pas ce qui en était de Alexandre, il ne le connaissait pas assez bien, pour savoir de quelle façon il pouvait prendre la chose. Il se doutait qu'il était solide.


« Cet homme ne remettra pas les pieds au manoir, les Boldwins y veilleront. »

Important ou pas, s'il voulait que ses habitudes ne soient pas divulgués, au risque d'entacher définitivement sa réputation, il n'aurait certainement pas intérêt à remettre un pied ici. C'était une promesse un peu mince, certes. Mais il ne pouvait rien lui promettre d'autre.

« Si ça ne va vraiment pas, reste pas tout seul. »


Il lui connaissait peu d'amis, à part Dawn avec qui il le voyait quelques fois. Elle faisait parties des filles venues sous la contrainte et qui refusait leur condition. C'était courageux, mais un peu stupide. En tout cas elle ferait sans doute une meilleur compagne que la solitude.
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MessageSujet: Re: Soirée mouvementée [PV Alexandre]   Soirée mouvementée [PV Alexandre] EmptyJeu 11 Aoû - 20:55


Alexandre se retourna vers Jules quand ce dernier lui avoua que ce genre de mésaventure lui était déjà arrivée. Le jeune homme ne s’en étonna pas car peu d’hommes venaient voir un mignon de manière complètement assumée. Et quand un homme est mal à l’aise il devient rapidement violent. Jules n’avait pourtant pas l’air de quelqu’un de faible ni de quelqu’un qui se faisait marcher sur les pieds. Alexandre avait du mal à l’imaginer dans ce lieu et il se sentait particulièrement stupide face à lui, couvert de bleu et pret à pleurnicher comme une fillette des qu’il serait seul, au fond de sa baignoire. Oui... vraiment stupide.

En tous cas, il avait raison. Ce client ne remettrait plus les pieds ici. Un léger sourir vint fleurir sur ses lèvres à cette idée. Les Boldwins seraient furieux en le voyant le lendemain et la brute ne passerait plus les portes du manoir. Ainsi ce serait plus facile d’oublier. Le voir à nouveau, ou pire l’emmener à nouveau dans une chambre aurait été au dessus de ses forces. Et de plus plus personne ici n’aurait à pâtir de ses mauvais traitements. Un frisson le saisit quand il imagina cet homme dans la même pièce qu’une des jeunes filles de la maison...de Dawn et de son caractère ombrageux qui ne ferait qu’exciter ses appétits sadiques...

Il se détourna rapidement de ces pensées dérangeantes quand Jules lui conseilla de ne pas rester seul s’il ne se sentait pas bien. Alexandre haussa les épaules, un peu fataliste, et se dirigea vers la baignoire. il fallait profiter de l’eau chaude. Il posa un gros pain de savon sur le rebord et sa feuille et son crayon sur le tabouret qu’il avait utilisé precedemment. Sans atermoyer plus longement il ota avec quelques difficultés les quelques vêtements qui le couvraient et glissa dans l’eau chaude. Instantanément la douleur se réveilla dans les mutliples blessures qui recouvraient son corps mais elle restait supportable et commença à refluer au bout de quelques secondes. Son corps engourdi deenait lourd comme une pierre et il se laissa doucement glisser au fond de l’eau en fermant les yeux. L’eau chaude brûlait son visage mais le silence l’enveloppa avec délice, le coupant du monde...ce monde auquel il n’était pas adapté et qui l’effrayait assez pour qu’il préfère rester au manoir plutôt que de l’affronter.

Les poumons en feu, il fut obligé de remonter à la surface et respira une grande goulée d’air qui lui parut glacée. Il tourna son visage rougli vers Jules, etonné de le voir encore là. Il n’avait pas l’habitude de la sollicitude envers sa personne et la présence de Jules l’intriguait autant qu’elle le soulageait. Seul il se serait vautré dans son sentiment d’humiliation et se serait levé le lendemain encore plus nauséeux qu’au coucher.

Il tendit la main vers sa feuille et ecrit de sa main humide :


« Ca fait du bien. Après ça je serai comme neuf. »

Bon, son visage et son corps tuméfié mettraient un peu de temps à guérir mais la présence rassurante du jeune homme et l’eau chaude pansaient déjà les premières plaies.

La feuille était à présent trempée et il la souleva du bout du doigt. Mince, elle était inutilisable à présent. Il leva les yeux au ciel et se renfonça dans la baignoire en prenant le savon.
Il entreprit de se savonner vigoureusement le cuir chevelu et remit la tete sous l’eau pour se rincer. Une petite plaie à l’arrière du crane se remit à saigner mais il avait l’intention de se frictionner plusieurs fois le corps ce soir. Une sorte de boule bizarre vint se loger dans son larynx quand quelques images de la soirée lui revinrent à l’esprit. il faudrait plus qu’un bain pour qu’il se sente mieux. Une bête envie de pleurer le saisit soudainement et il replongea pour cacher ses larmes à Jules. Il se sentait minable. Il voulait retrouver sa petite pièce secrète, ses fusains, son vieux canapé défoncé. Il voulait que le monde entier l’oublie.
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MessageSujet: Re: Soirée mouvementée [PV Alexandre]   Soirée mouvementée [PV Alexandre] EmptyJeu 1 Déc - 22:26

Par respect d'avantage que par une quelconque pudeur, Jules détourna le regard quand Alexandre entra dans son bain. Il était vraiment amoché, ce monstre n'y était pas allé de mains mortes. Il s'avança vers la baignoire lorsque celui-ci tendit un papier détrempé. L'encre avait coulée, mais c'était encore lisible, il ne put masquer un sourire désabusé. Ce n'était guère un bain qui le ferait se sentir mieux. Seul le temps le pourrait, et le temps était un vicieux. Jules s'assit à demi sur une table non loin, le regard un peu dans le vague, tandis qu'Alexandre se savonnait. La vie n'était vraiment pas tendre avec certains, à croire que le destin s'acharnait particulièrement sur les êtres les plus sensibles. Il suffisait de regarder le plus jeune pour voir qu'il était d'un naturel plutôt doux, il ignorait son histoire, mais la vie d'un muet ne devait rien avoir d'un conte de fée. Et il espérait sincèrement que le dénouement final ne se ferait pas dans cet endroit.

Une fois encore il plongea la tête sous l'eau. Il devait s'y sentir bien, coupé du reste du monde. Tout est assourdis dans l'eau. Mais il n'y a que les poissons pour y rester longtemps, et très honnêtement Jules ne les enviait pas. Il ne chercha pas à l'obliger à ressortir. Personne ne pouvait sciemment se suicider dans une baignoire, l'instinct de survis était trop puissant chez un homme. Il se contenta de s'assoir à terre, dos contre la baignoire en attendant que Jules daigne à nouveau émerger. Lorsque le clapotis familier retentis, il pris la parole.


« Ce n'est pas le fait de te frotter comme un forcené et de rouvrir tes plaies par la même occasion qui te fera te sentir mieux. Je suis désolé. Il n'y a que le temps Alexandre, soit patient. Transforme ta douleur en haine pour cet animal. »


A ce niveau il ne considérait plus ce montre comme un humain. Animal pourrait sans doute vexer certains spécimen. Les beaux discours vous disent de ne pas haïr, mais tout ça se sont des imbécilités. Dans ce cas précis la haine aide. La haine de l'autre, surtout pas tourner ce sentiment vers soi même. Par ailleurs, elle commençait à fourmiller en Jules, il voulait lui faire passer l'envie de recommencer. Et personne n'irait fouiller les eaux de la Seine. Ce n'était pas sa vengeance il le savait, mais ça le démangeait tout de même. Mais ce n'était pas le moment. Tant qu'il était dans son bain, il ne pourrait communiquer. Peut être un jour apprendrait-il le langage des signes ? Jusque là l'eau ruinerait papier, ou craie s'il ramenait une ardoise.

« Si un jour quelqu'un te dit d'accepter ce qui t'es arrivé, fais moi le plaisir de lui en cogner une. Il n'est pas question d'accepter, mais il n'est pas non plus question de te laisser dépérir. Ne donne pas de pouvoir à ce monstre sur toi. Il en serait trop heureux. »

Rien ne ferait plus plaisir à cet homme que de savoir qu'il avait détruit son honteux plaisir. Comme si ça légitimait son acte. Comme s'il y avait quelque chose à légitimer. Certains rats méritaient plus de compassion que les hommes. Surtout que les hommes qui trouvaient leur plaisir dans la destruction de l'autre.

« Plus loin y a une ardoise et une craie, ça ne sert à rien d'y rester des heures, tu risques de tomber malade, et tes plaies ne vont jamais se refermer. Il va falloir que t'y fasses attention, notamment celle à la tête, elle est pas jolie à voir. »
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MessageSujet: Re: Soirée mouvementée [PV Alexandre]   Soirée mouvementée [PV Alexandre] EmptyMer 21 Déc - 14:04

Alexandre frottait son corps vigoureusement, vaine tentative d’effacer ce qu’on lui avait fait plus tôt. Mais la saleté était toujours là. Il ne se sentait pas avili comme maintenant tous les soirs. D’habitude, une bonne douche décontractait son corps et son esprit mais ce soir l’eau ne servait à rien. Elle ne faisait que raviver les douleurs et lui rappeller les actes brutaux qu’il avait subi. D’ailleurs, Jules lui fit la remarque qu’il allait finir par se faire mal à frotter aussi fort et qu’il devait transformer sa douleur en haine pour son agresseur.
La haine...il avait toujours eu du mal à en éprouver envers quelqu’un d’autre que lui même. Malgré tout ce que ses parents adoptifs lui avaient dit, il restait persuadé que c’était sa faute s’il était muet, qu’il était trop stupide pour faire cet acte qui semblait si naturel aux autres et il avait souvent éprouvé de la haine envers lui même. Pour les autres c’était différent. Il avait certes subi de nombreuses brimades mais à force il avait fini par croire que c’étaient ses agresseurs qui avaient raison et qu’il n’était qu’un monstre qui n’avait pas sa place dans la société. Il avait du mal, encore aujourd’hui, à ne pas se sentir coupable de tout ce qui lui arrivait.

Pourtant il savait au fond de lui que Jules avait raison. il ne devait pas donner à ceux qui lui faisaient du mal le pouvoir de le détruire aussi facilement. Il ne vivrait pas vieux sinon.

Se sentant encore plus stupide avec son gant de crin à la main, il le lacha et le regarda couler au fond de la baignoire et attérir sur ses orteils. Jules lui conseilla alors de sortir de l’eau. En effet, celle ci refroidissait peu à peu et Alexandre frissonna, comme s’il se rendait compte soudain qu’il avait froid.

Il se saisit d’un grand drap posé près de la baignoire et entreprit de se lever et de s’enrouler dedans. Sa tête lui lançait et tout son corps était à vif.
Grelottant, il s’assit sur le rebord et passa une main sur son front. Une coupure assez profonde entaillait la base de son cuir chevelu... il se souvint de sa tête heurtant brutalement le coin de la table de chevet...il ferma les yeux et respira profondément, réprimant son envie de vomir. Il allait devoir soigner ça plus sérieusement, la blessure n’allait pas se refermer aussi facilement. Il allait falloir recoudre un peu... et il allait avoir besoin de l’aide de Jules parce qu’il ne se sentait pas la force de se rendre tout seul à l’infirmerie.

Trop crevé pour aller chercher son ardoise, il montra son front à Jules et fit le signe avec sa main de recoudre la plaie, espérant que le jeune homme comprenne. Puis ses yeux claires retournèrent observer ses pieds, toujours honteux d’avoir à demander de l’aide ainsi à son camarade qui avait sûrement envie lui aussi d’un bon bain avant de retourner à son lit.
Il pensa un instant à Dawn, réprimant l’envie d’aller courir dans son dortoir pour se jeter dans ses bras et s’autoriser enfin à chialer comme un gosse. Dawn ne le jugeait pas, elle l’acceptait comme il était. Avec elle il pouvait être ce qu’il était, sans se cacher derrière un quelconque masque. Mais Dawn devait dormir profondément et elle n’était jamais seule dans son dortoir. Il ne voulait pas non plus lui faire peur avec ses vilaines ecchymoses. Il irait la voir plus tard...oui, quand il irait mieux. il ferait son portrait ou alors il dessinerait ses mains...elle avait de jolies mains...ou alors il mangeraient des chocolats et riraient dans sa cachette secrette...

...il se réveilla brutalement de son rêve d’un instant. il était toujours dans la salle de bain, grelottant nu sous sa serviette. Jules n’avait pas bougé et il était hors de question d’aller chouiner sur son épaule.

Il se leva et, un peu chançelant, ramassa sa longue chemise laissée au sol. Sa tête lui tournait et il s’appuya contre le mur pour s’empêcher de chuter. Un goût de sang lui remonta à la bouche. Sa tête lui faisait de plus en plus mal. Des tâches noires se mirent à danser devant ses yeux et la dernière chose à laquelle il pensa avant de perdre connaissance fut qu’il avait oublié de vider la baignoire.
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