Le pauvre bougre... être marié à une femme de forte tête qui refuse de se donner à son mari sous prétexte qu’elle ne la désire pas est déplorable. Elle venait au manoir de temps en temps et lui, il faisait de même de son côté. Un couple charmant, lorsque pris séparé, mais l’eau et le feu une fois réuni dans une même pièce. Il aurait pu l’obliger à respecter les enseignements de l’église voulant qu’une femme doive fidélité et blablabla, mais il était trop faible pour avoir une quelconque autorité sur elle. D'un autre côté, je ne pouvais m’en plaindre puisqu’il était très peu exigeant envers ce que je devais lui apporter. Parfois je devais le contenter avec des caresses et une bouche léchant et jouant avec son membre en érection ou il me demandait tout simplement de me laisser tripoter puis chevaucher jusqu’à ce que sa semence n’en vienne à couler en moi. Pour ce qui est de l’habilité à satisfaire le corps féminin je pouvais facilement le qualifier de débutant, mais il payait bien et il ne me brusquait jamais alors de quoi irais-je me plaindre? Si tous les clients étaient aussi faciles à satisfaire, la vie serait plutôt agréable pour toutes filles de joie dans cette situation.

La séance d’aujourd’hui n’a pas été différente des autres sauf pour un petit détail. Il était entré dans le manoir avec son épouse, ce qui n’est jamais arrivé auparavant. J’en étais à me demander si l’une d’entre nous allait devoir les prendre tous les deux, mais non, ils se sont séparés à la dernière minute sans un mot, sans un sourire. Que la vie devait être pénible une fois obligé de se côtoyer non? J’en venais à penser à ce qu’aurait pu être mon mariage avec M. de Toisant s’il avait eu lieu comme prévu. À cette pensée, le cœur me leva et une lourde colère monta en moi. Me ressaisir et tout de suite avant que des yeux scrutateurs ne se posent sur moi. Devoir me donner à celui qui avait tué ma sœur, revoir son sourire et ces yeux envieux… Plutôt mourir oui!!! Enfin non, mais de toute façon, j’étais à l’abri ici et je ne le crois pas capable de fréquenter ce genre de commerce. Malgré que, il me semblait être assez pervers pour y prendre un certain plaisir. Les Boldwin prendront ma défense, je n’avais rien à craindre entre ces quatre murs, rien... Enfin, c’est après avoir remisé ces pensées au plus profond de mon cerveau et après avoir revêtu ma robe que j’ai pris la direction de la sortie.

Une fois dans le corridor, mes pas me menèrent vers le bureau de dame Amélia et c’est en frappant avec douceur qu’une voix se fit entendre. Entrer dans ce bureau m’intimidait encore, même après toutes ces années. Je lui ai donc donné le montant dû avant de retourner d’un pas gracieux accueillir tout autre client potentiel. Mon chemin croisa celui de Lenaic et je n’ai pu m’empêcher de lui offrir un sourire des plus charmant.

Alors mon cher, tu as eu droit à l’épouse ce soir?

Comme à mon habitude, j’ai posé ma main sur son bras et approché mes lèvres de sa joue pour y déposer un chaste baiser amical. Il était devenu, après ce jour où on m’a brutalisée pour le simple plaisir de me voir souffrir, un ami et un confident. Jamais rien d’intime au niveau physique, mais il m’arrivait de lui dévoiler mes pensées les plus profondes. Il y en avait peu qui pouvaient se vanter d’un tel exploit en ce qui me concerne.

J’aimerais pouvoir passer un moment avec toi doux Lenaic… Tes bras me manquent.

Un clin d’œil et un sourire mesquin. Oui, il me prenait dans ces bras de temps à autre, mais seulement par amitié… enfin, je le crois, car je ne peux pas lire dans ces pensées. Rien ne me prouve le contraire lorsque l’on s’offre ce genre de moment intime. Si cela venait quand prendre fin, je ne connais pas et ne pourrais prédire ma réaction. Une journée à la fois et rien que penser à tout cela me retournait les entrailles. Il y a si peu de douceur gratuite dans cet endroit qu’il valait mieux ne pas penser à ce qui pourrait se passer.

Tu me réserves quelques instants lorsque la soirée deviendra calme?